Fabrique de sens
 
Accueil > Oreille attentive > Bidonville de Gennevilliers / 5 colonnes à la une

Bidonville de Gennevilliers / 5 colonnes à la une

Texte intégral du document de « Cinq colonnes à la une », diffusé le 4 mars 1960. Les photos qui illustrent cette transcription, faite par Taos Aït Si Slimane, sont des copies d’écran.

Ces images lépreuses de bidonvilles ne sont pas la suite de celles que vous avez vues tout à l’heure à Hong-Kong, pour les filmer nous ne sommes pas allés dans quelles que banlieues de Marrakech ou d’Alger mais à trois kilomètres à vol d’oiseau de l’Arc de Triomphe de l’Etoile à Gennevilliers. Dans quelques jours les bulldozers vont raser cette capitale de la misère où trois milles Nord-Africains, Algériens pour la plupart, vivent dans des conditions que la vérité de ces images me dispense de commenter. Peut-être faut-il que vous sachiez encore, qu’à quelques minutes de chez vous, trois milles autres vivent ainsi dans d’autres bidonvilles. Ce que vous allez voir n’est pas un reportage, c’est un document à l’état brut, réalisé par Jean-Claude Bergeret et une équipe de « 5 colonnes à la une », dans des conditions qui ne sont pas celles d’un tournage normal. Partout où nous sommes allés nous n’avons rencontré, à quelques exceptions près, que silence et méfiance, les hommes qui vivent dans ces conditions n’aiment pas que des étrangers viennent ouvrir leurs plaies et leur cœurs avec la foi et l’impassibilité d’un bistouri.

Les premiers jours, les enfants eux-mêmes se méfiaient de nous.

Ils faisaient le tour de nos caméras comme on passe au large d’un animal hargneux. Quelques uns pourtant ont fini par se laisser apprivoiser.

Le reporter : Quel âge as-tu Ahmed ?

Ahmed : J’ai 9 ans.

Le reporter : 9 ans. Il y a longtemps que tu es en France ?

Ahmed : Ah, oui.

Le reporter : Combien d’années ?

Ahmed : 4 ans.

Le reporter : 4 ans. Et avant, tu étais où ?

Ahmed : J’étais en Algérie.

Le reporter : Où ça en Algérie ? Tu ne sais pas ?

Ahmed : A Constantine.

Le reporter : A Constantine. Tu as encore des parents en Algérie ?

Ahmed :

Le reporter : Qu’est-ce qu’il fait ton papa ?

Ahmed : Il travaille dans un café.

Le reporter : Il travaille dans un café ?

Ahmed : Oui.

Le reporter : Dans le bidonville, dans la Casbah ?

Ahmed : Non, à côté.

Le reporter : A côté. Et ta mère ?

Ahmed : Ma mère, elle ne travaille pas.

Le reporter : Tu as des frères, des sœurs ?

Ahmed : Oui, une sœur et un frère.

Le reporter : Et vous habitez ici ?

Ahmed : Oui, mon frère, il habite là-bas.

Le reporter : Vous êtes nombreux dans la pièce ?

Ahmed : Oui.

Le reporter : Combien ?

Ahmed : Hein ?

Le reporter : Combien êtes-vous, dans une pièce ?

Ahmed :

Le reporter : Tu ne sais pas ?

Ahmed : Quatre.

Le reporter : Vous couchez tous dans la même pièce ?

Ahmed :

Le reporter : Qu’est-ce que tu fais ? Raconte-moi ce que tu as fait aujourd’hui toute la journée.

Ahmed : J’ai joué au ballon.

Le reporter : Tu n’as joué au ballon…

Ahmed : J’ai été cherché de l’eau à mon père.

Le reporter : Tu as été cherché de l’eau ?

Ahmed : A mon père.

Le reporter : Oui, c’est loin l’eau ?

Ahmed : Ah, non, c’est derrière, là.

Le reporter : Et tu as un grand seau ?

Ahmed : Oui.

Le reporter : Tu portes un grand seau d’eau, toi ?

Ahmed : Oui.

Le reporter : T’es costaud, dis donc !

Ahmed :

Le reporter : Tu y vas plusieurs fois par jour ?

Ahmed : Deux fois par jour.

Le reporter : C’est toi qui fais les commissions ?

Ahmed : Oui.

Le reporter : Et toi, Mehdi ? Tu es Tunisien, toi ?

Mehdi : Oui, monsieur.

Le reporter : Quel âge tu as ?

Mehdi : 11 ans.

Le reporter : Hein ? Je n’ai pas entendu.

Mehdi : 11 ans.

Le reporter : 11 ans. Il y a longtemps que tu es là ?

Mehdi : Oui…

Le reporter : Combien ?

Mehdi : 4 ans.

Le reporter : 4 ans, comme Ahmed alors. Tu me racontes des blagues, ce n’est pas vrai.

Ahmed : Ah, non, non…

Mehdi : 4 ans et demi, comme ça…

Ahmed : Moi, je suis venu avant toi.

Le reporter : Tu as des frères et des sœurs ?

Mehdi : Oui…

Le reporter : Combien ?

Mehdi : Sept.

Le reporter : Sept ! Comme le petit Poucet dis donc ? Tu connais l’histoire du Petit Poucet ?

Mehdi : Oui…

Ahmed : Lui aussi, il s’appelle le petit Poucet.

Le reporter : Il avait sept frères et sœurs aussi. Et alors, vous habitez tous dans la même pièce ?

Mehdi : Oui.

Le reporter : Et qui a construit la maison ?

Mehdi : C’est mon père, avec mon oncle et puis des autres gens.

Le reporter : Tous seuls ils ont construit ça ?

Mehdi : Oui.

Le reporter : Qu’est-ce qu’il fait ton père ? Il travaille dans le bâtiment ?

Mehdi : Oui.

Le reporter : Ah, bon, alors c’est son métier, il sait construire une maison.

Mehdi : Oui.

Mais le plus étrange, n’est-ce pas que la vie ici soit si peu différente dans ses rites quotidiens de la vie normale ?

Qu’il y ait un semblant de Poste ?

Un semblant d’administration ?

Des boutiques ?

Qu’on y abatte les moutons, comme à l’abattoir ?

Que le boucher sourit, sur le pas de sa porte ?

Que la porte du coiffeur s’ouvre devant un vrai client ?

Le reporter : Depuis quand êtes-vous installé ici coiffeur, Monsieur Rachid ?

Coiffeur : Cela fait… Depuis novembre 58.

Le reporter : Depuis 58, un an et demi.

Coiffeur : A peu près comme ça.

Le reporter : Et avant ? Vous étiez où, avant ?

Coiffeur : Avant, j’étais à Nanterre.

Le reporter : Coiffeur à Nanterre, c’était dans un bidonville également ?

Coiffeur : Oui, dans un café nord-africain.

Le reporter : Parce que vous ne pouvez pas trouver de place chez un coiffeur ?

Coiffeur : Je n’ai pas trouvé. J’ai trouvé mais enfin c’est un peu chère, à deux millions à peu près.

Le reporter : Deux millions pour vous loger ?

Coiffeur : Non, pour trouver une place où coiffer.

Le reporter : Ah, pour trouver un salon ?

Coiffeur : Pour ouvrir un salon.

Le reporter : Et vous habitez ici même ?

Coiffeur : Oui, j’habite ici.

Le reporter : Dans cette pièce là ?

Coiffeur : Oui, dans cette pièce.

Nous avons poussé aussi la porte du bistrot à l’heure de l’apéritif et des rêves, des bons et des mauvais.

L’un de ces hommes est un mécanicien qualifié mais il ne trouve de l’embauche que comme manœuvre, quand il en trouve. Pourquoi ?

Le reporter : Est-ce que vous croyez que d’autres camarades que vous, parce qu’ils sont Algériens sont défavorisés dans le travail ?

L’ouvrier qualifié en mécanique : Oui. Parmi beaucoup d’Algériens, ils ont des capacités, même de professionnels, et ils font les manœuvres. Voilà, moi-même, je vous montre des certificats de professionnels, et manœuvre dans le bâtiment. Pourquoi ? Je vais demander un travail et on me dit : oh, en Algérie, on n’apprend pas la mécanique. Certains prennent l’Algérie pour un gourbi où l’on n’apprend pas la mécanique.

Le reporter : C’est idiot !

L’ouvrier qualifié en mécanique : C’est idiot. Ils savent qu’en Algérie il y a des voitures, des garagistes mais pour vous refuser à l’embauche, ils vous disent ça.

Le reporter : Et pour trouver un logement, vous avez trouvé facilement ?

L’ouvrier qualifié en mécanique : Non, pas facilement. Je n’en ai jamais trouvé. J’en ai trouvé mais quand je me présente, avec la couleur que j’ai on me le refuse.

Le reporter : Parce que vous êtes Algérien ?

L’ouvrier qualifié en mécanique : Oui, c’est ça.

Le reporter : Où logez-vous finalement ?

L’ouvrier qualifié en mécanique : Où logez-vous ? Je me loge toujours avec mes compatriotes. J’accepte les conditions…

Le reporter : Au bidonville ? Ici ?

L’ouvrier qualifié en mécanique : Au bidonville. Il y a même des garnis où ils sont 4-5. Et tout ça, c’est pas bien. Un ouvrier, un homme seul qui se couche avec un homme comme lui dans un lit, c’est pas juste, pourtant… Moi je crois qu’il y a des chambres vides mais personne ne veut les donner.

Le reporter : Et vous, Monsieur, depuis combien de temps habitez-vous au bidonville ?

Un homme : Trois ans.

Le reporter : Vous aimeriez avoir un meilleur logement ?

Un homme : Ah, non, j’étais dans l’hôtel, dans le XIIIème.

Le reporter : A l’hôtel ?

Un homme : Oui, on était à 4 par chambre, vingt mille francs la chambre, qui a 4 mètre sur 4.

Le reporter : Vous payez cher le loyer ?

Un homme : Eh ben, oui, cinq mille chacun, vingt mille francs.

Le reporter : Pourquoi vous n’êtes pas resté là ?

Un homme : Parce que c’est trop cher.

Le reporter : Vous préférez le bidonville au fond.

Un homme : Eh ben, oui.

Le reporter : Mais si vous êtes mis à la porte ?

Un homme :

Le reporter : Si on détruit votre maison ?

Un homme : On va chercher ailleurs.

Le reporter : Où est-ce que vous allez chercher ?

Un homme : Comme on est venu d’Algérie, sans domicile, on a cherché. Il faut chercher pour trouver.

Voici l’un des hôtels dont parlait cet homme. Les propriétaires nous ont chassés pendant le tournage. Hôtel, dit le petit Larousse, maison meublée où descendent les voyageurs. Les voyageurs, les voici.

Le reporter : Il y a longtemps que vous habitez là, Monsieur Boubacher (orthographe du nom incertaine ?

Boubacher : Ah, oui, cela fait depuis 46.

Le reporter : 46, 15 ans ?

Boubacher : 15 ans, oui. 46-47 à peu près.

Le reporter : Monsieur Boubacher, on m’a dit que pour rentrer dans cette chambre, il fallait payer un pas de porte ?

Boubacher : Oui, on a payé.

Le reporter : Combien ?

Boubacher : Ça dépend, chacun comment ça tombe le patron, combien il a payé. Il y en a qui a payé 50 mille, il y en a qui a payé 30 mille, il y en a qui a payé 80 mille, il y en a d’autres 200 mille. Il y en a même 300 mille.

Le reporter : Jusqu’à 300 mille ?

Boubacher : Oui, 250 jusqu’à 300 mille.

Le reporter : Et combien payez-vous par mois de loyer ?
Boubacher : On paye 2124 francs par mois.

Le reporter : 2124 francs par mois.

Boubacher : Par chambre. Il y en a qui sont 6, il y en a qui sont trois. Il y en a qui sont 2, ça dépend. Il y en a qui sont à un, il paye 2124 francs.

Le reporter : Vous habitez tout seul ici ?

Boubacher : Non, Monsieur, moi avec mon cousin.

Le reporter : Votre femme n’est pas avec vous ?

Boubacher : Non, elle n’est pas avec moi.

Le reporter : Où est-elle ?

Boubacher : Elle est à Alger.

Le reporter : Et vous ne pouvez pas la faire venir en France ?

Boubacher : Ah, non, parce que je n’ai pas assez de pognon pour la faire venir.

Le reporter : Pas de logement ?

Boubacher : Pas de logement, ni rien du tout. Même que je suis tout seul et je suis emmerdé déjà. Je ne peux pas faire venir ma femme.

Le reporter : Qu’est-ce qui se passe en ce moment, on essaye de vous obliger de partir ?

Boubacher : Ah, oui, obligé.

Le reporter : On m’a dit qu’on vous avait coupé l‘électricité ?

Boubacher : Oui, c’est vrai, on l’a coupé, ça fait trois semaines monsieur.

Le reporter : Vous n’avez plus d‘électricité ?

Boubacher : Non, y en a plus, ça fait trois semaines. Moi j’ai juste les petits bougies et c’est tout.

Le reporter : Vous vous éclairez avec les bougies ?

Boubacher : Juste avec les petits bougies et c’est tout.

Pour compléter ce document, nous avons voulu voir un ménage d’Algériens dont la vie soit semblable à la nôtre. Nous l’avons trouvé dans un HLM qu’envieraient bien des ouvriers métropolitains. Monsieur et Madame Zaïd travaillent tous les deux, lui est ouvrier tôlier, elle est ouvrière décoratrice. A eux deux, ils gagnent environ 130 mille francs par mois.

Le reporter : Quel âge avez-vous, Monsieur Zaïd ?

Monsieur Zaïd : Bientôt 41 ans.

Le reporter : 41 ans. Votre prénom, c’est Mohammed.

Monsieur Zaïd : Mohamed, oui.

Le reporter : Je ne vous demande pas l’âge de Madame Zaïd. Depuis quand êtes-vous en France ?

Monsieur Zaïd : Depuis le 23 août 39.

Le reporter : Vous êtes un vieux citoyen de Paris, maintenant.

Monsieur Zaïd : En principe, oui.

Le reporter : Madame Zaïd est aussi là depuis longtemps ?

Madame Zaïd : Depuis 46.

Le reporter : Depuis 46.

Madame Zaïd : Depuis décembre 46.

Le reporter : Vous vous connus en France tous les deux ?

Madame Zaïd : Non, non, on ne s’est pas connu en France. Mon mari est mon cousin germain.

Le reporter : Ah, vous êtes des amis d’enfance ?

Madame Zaïd : Oh, il m’a quitté très, très jeune.

Le reporter : Il vous a retrouvé ?

Madame Zaïd : Oui.

Le reporter : Vous avez une petite fille, je crois ?

Madame Zaïd : J’ai une petite fille de 11 ans.

Le reporter : Comment s’appelle–t-elle ?

Madame Zaïd : Elle s’appelle Aziza et puis elle a un nom français aussi.

Le reporter : Depuis que vous êtes en France, Monsieur Zaïd, est-ce qu’il vous est arrivé que quelque chose ou quelqu’un, un événement ou une personne, vous force tout d’un coup à vous souvenir que vous êtes né à Alger et non pas à Quimper ou à Périgueux ? En vous promenant dans Paris, il ne vous est jamais arrivé d’être pris dans une rafle de police par exemple ?

Monsieur Zaïd : Si, une seule fois. C’est exactement à Place de Pigalle. Comme de bien entendu, je me trouvais là, j’étais chez des amis musulmans, qui ma foi nous sommes sortis faire un petit tour et le panier à salade, c’est le cas de le dire, est passé puis on nous a demandé nos papiers d’identité et on nous a fait montés…

Le reporter : Embarqués. Madame Zaïd vous deviez être très inquiète de ne pas voir entrer votre mari ? Qu’est-ce que vous avez pensé de tout ça ?

Madame Zaïd : Ah, moi j’ai trouvé que c’était injuste. On devrait demander les papiers d’abord avant de les mettre dans les cars de police. Parce que malgré tout regardez la femme de notre ami aurait eu un bébé comment j’aurais fait ?

Le reporter : Madame Zaïd, vous êtes très bien logée ici, vous avez un très joli appartement ?

Madame Zaïd : J’essaye de l’arranger du mieux possible.

Le reporter : Il y a longtemps que vous habitez là ?

Madame Zaïd : Oui, Monsieur, ça fait trois ans.

Le reporter : Et avant, est-ce que vous avez eu beaucoup de difficultés à vous loger ?

Madame Zaïd : Oui, je suis restée 10 ans dans une petite pièce, il n’y avait pas d’eau, il fallait traverser un jardin pour aller de l’eau. On n’avait pas de gaz, on n’avait absolument rien du tout. On est resté 10 années dans cette maison.

Le reporter : Est-ce que vous pensez qu’à Alger, vous vivriez exactement de la même façon qu’ici ?

Monsieur Zaïd : Ah, pas tout à fait.

Le reporter : Quelles différences y aurait-il ?

Monsieur Zaïd : Il y aurait beaucoup de différences. Premièrement différences, ma femme porterait le voile, chose qu’elle ne porte pas ici.

Le reporter : Ça ne vous manque pas, je pense.

Monsieur Zaïd : Si par moment.

Madame Zaïd : J’ai la maladie du pays très souvent.

Le reporter : Mais pas du voile ?

Madame Zaïd : Si, ça me plaisait assez.

Le reporter : Vous ne pensez pas qu’ici vous jouissez peut-être d’une liberté plus grande ?

Madame Zaïd : Oui, ça je le reconnais.

Le reporter : Oui.

Madame Zaïd : Oui, oui.

Le reporter : Vous croyez qu’à Alger, vous seriez moins libre en tant que femme, par exemple, par rapport à votre mari ?

Madame Zaïd : Oh, non, non, je ne serais pas très libre, d’ailleurs, je n’aurais pas le droit de sortir, je serais accompagné par ma mère ou ma belle-mère ou mon époux. Et il faudra que je suive les coutumes de là-bas, que je ne sorte pas. Les femmes se réunissent ensemble et je n’ai pas le droit de voir les hommes.

Le reporter : Mais qu’est-ce que vous préférez, le système d’Alger ou le système de Paris ?

Madame Zaïd : Non, je reconnais que je préfère ici.

Le reporter : Tout de même un peu ?

Madame Zaïd : Oui, oui.

Le reporter : Et vous, Monsieur Zaïd ?

Monsieur Zaïd : Pour moi, il n’y a pas de problème que cela soit en France ou en Algérie, j’ai toujours la même liberté.

Le reporter : Vous croyez que si vous étiez à Alger, vous auriez la même façon de vivre ? Vous auriez le même appartement ? Le même…

Monsieur Zaïd : Non, du tout.

Le reporter : Pourquoi ?

Monsieur Zaïd : Il n’y aurait pas de ressemblances du tout parce que les coutumes changent tout à fait.

Le reporter : Est-ce que vous gagneriez la même chose ?

Monsieur Zaïd : Non, du tout. Je gagne beaucoup moins d’argent en Algérie. D’ailleurs les salaires en Algérie sont beaucoup moins forts que ceux de la Métropole.

Le reporter : Est-ce qu’il y a du chômage ?

Monsieur Zaïd : En Algérie, oui, parce qu’il n’y a pas d’industrie.

Le reporter : Monsieur Zaïd, avez-vous une idée personnellement de la solution qui pourrait être celle du problème algérien ?

Monsieur Zaïd : Une idée personnelle…

Le reporter : Vous serez appelé à voter dans le cadre de l’autodétermination, vous savez qu’il y aura plusieurs solutions, je ne vous demande pas d’ailleurs de me donner votre solution…

Monsieur Zaïd : Non.

Le reporter : Il y a le secret du vote. Est-ce que vous savez déjà comment vous voterez ? Madame Zaïd a dit : oui. Vous savez, Madame Zaïd.

Madame Zaïd : Oui, je pense, oui.

Monsieur Zaïd : Oui, certainement je saurais moi aussi comment voter, certainement.

Quelques centaines de mètres séparent Monsieur et Madame Zaïd de ces hommes, quelques centaines de mètres qui sont un siècle, c’est nous qui devons les aider à les franchir.

Messages

  • 1 11 novembre 2010, 09:49

    Devoir de mémoire, il ne reste rien aucune trace visible, aucune exposition, rien pour rappeler aux jeunes leur histoire.Les autorités locales passent sous silence cette partie de notre histoire.C’est la mémoire qu’on assassine



Haut de pageMentions légalesContactRédactionSPIP