Fabrique de sens
 
Accueil > Oreille attentive > Transcriptions d’émissions de France Culture > Extrait de l’émission de France culture Soft Power, Le Grand Palais entre (...)

Extrait de l’émission de France culture Soft Power, Le Grand Palais entre dans une nouvelle ère

Extrait de l’émission de France Culture Soft Power par Frédéric Martel, du dimanche 23 mars 2025, transcrite par Taos AÏT SI SLIMANE.

Source : Présentation sur le site de l’émission : Le Grand Palais rouvre ses portes après une rénovation monumentale. Avec pour ambition de devenir un lieu culturel festif et ouvert à tous, le Grand Palais doit conjuguer excellence artistique, accessibilité et équilibre financier.
Avec
• Didier Fusillier, président de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais
• Nathalie Obadia, galeriste à Paris et à Bruxelles, auteure et professeure à Science Po.

Plusieurs séquences au sommaire de Soft Power : en première partie d’émission, les actualités culturelles et numériques qui ont marqué la semaine ; puis un entretien avec la galeriste Nathalie Obadia (à partir de 47min. dans le podcast) et enfin un échange avec Didier Fusillier, président de la RMN-Grand Palais (à partir de 1h11min. dans le podcast).

Le Grand Palais entre dans une nouvelle ère

Après d’importants travaux de rénovation, le Grand Palais a rouvert en partie à l’été 2024 pour accueillir les épreuves d’escrime et de taekwondo des Jeux Olympiques de Paris et réouvrira intégralement en juin 2025. Lieu parisien emblématique, le Grand Palais ambitionne de devenir un carrefour culturel international, inclusif et vivant grâce à une programmation riche et variée.

Didier Fusillier, président de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais revient sur les évolutions du Grand Palais, le succès des expositions Chiharu Shiota et Du Cœur à la Main : Dolce&Gabbana ainsi que sur les projets de modernisation de la vingtaine de musées qui constituent la Réunion des musées nationaux.

Le Grand Palais entre dans une nouvelle ère

[…]

Frédéric Martel : […] Je reçois maintenant Didier Fusillier, président de la RMN-Grand Palais, bonsoir Monsieur !

Didier Fusillier : Bonsoir !

Frédéric Martel : On va parler des différentes casquettes que vous avez : Le Grand Palais, la Réunion des musées nationaux, on parlera de vos projets, des grands projets, des expositions qui arrivent, du budget. On va parler de votre nécessité de faire du « fundraising », comme on dit, c’est-à-dire quoi ? de la …

Didier Fusillier : De la recherche de fond.

Frédéric Martel : Puis, j’aimerais commencer par une question sur ce Grand Palais, qui ré-ouvre à petit pas, on peut dire, tout au long d’une année, qui a commencé avec les jeux olympiques, et la grande ouverture aura lieu le 05 juin prochain, c’est ça ?

Didier Fusillier : Oui, parce que le Grand Palais, c’est un bâtiment national, évidemment, mais immense, qui avait été réalisé pour l’Exposition universelle de 1900, créé à l’époque, c’est la légende, en trois ans, mais quand même, il a été édifié en 3 ans. Il a quand même été édifié sur les bases d’un palais encore plus grand, qui avait été fait en 1875, qui s’appelait le palais de l’industrie, développé, parce qu’il avait mal placé aux Champs-Élysées. Il faut imaginer quand même cette époque complètement insensée où on arrivait à démonter des trucs aussi énormes, 72 000 m², c’est plus grand que qu’importe quel château. C’est vraiment quelque chose d’important. L’idée a été, enfin ce n’est pas l’idée, de toute façon il aurait été fermé, s’il n’y avait pas eu de travaux, donc, il a été désossé entièrement : C’est à dire que tous les escaliers sont tombés, tous les châssis de fenêtres, toute l’électricité, enfin tout, sont restés les murs …

Frédéric Martel : Il a été vidé.

Didier Fusillier : Il a été entièrement vidé, repris. En 2002, il y avait déjà eu des travaux sur une partie de de la verrière. C’est un bâtiment qui a connu beaucoup de choses. En 1944, il a été incendié. On a attendu 20 ans pour refaire toute la partie sur les Champs-Élysées, ça, c’était Malraux. Et puis après il s’est affaissé carrément de 12 cm, ça a l’air de rien, mais 12 cm, il partait mal, il tombait de vers la Seine. Là, il y a eu des travaux importants pour solidifier et remonter le Grand Palais. Et, maintenant, on a par exemple créé 46 ascenseurs, alors qu’avant il y en avait 2. Mais, le plus lourd, c’est vraiment tous ces escaliers qu’il a fallu entièrement démonter et refaire sur place. Le bâtiment étant tellement différent, il n’est pas pré préformé, donc il faut tout refaire à chaque fois. Donc c’est un bâtiment, Nathalie le sait bien, qui ré-ouvre effectivement après les Jeux Olympiques, avec ses difficultés : Il y fait froid, tout d’un coup, il pleut dedans. En fait, c’est la Gare de Lyon, on pense, mais comme il y a des travaux, tout le monde se dit : « Ah ben évidemment, on va … ».

Frédéric Martel : Mais c’est aussi une serre, il fait chaud aussi parfois …

Didier Fusillier : Voilà, mais ça, j’attends. On en parlait tout à l’heure. J’attends les mêmes qui vont venir me dire : « Mais, c’est une étude ici ! » Il faut s’y faire …

Frédéric Martel : Vous refroidissez par le sol, c’est ça maintenant ?

Didier Fusillier : Et on réchauffe, normalement ...

Frédéric Martel : Vous refroidissez et vous réchauffer par le sol …

Didier Fusillier : Normalement. Sauf qu’on oublie qu’en fait ce Grand Palais est toujours en travaux. On l’a ouvert in extremis pour les Jeux Olympiques, uniquement la Nef centrale et quelques galeries autour. Mais il y a plus du double de cette surface : c’est le Palais de la Découverte, c’est le bâtiment central … Le Grand Palais, c’est 3 palais en un. Ce qui est beau, c’est que Girault, qui avait été à l’époque chargé de ça, qui a dit : « Non, mais moi je vais contrôler la construction de son truc … », on lui a donné en compensation le Petit Palais, qui est déjà énorme aussi, à construire …

Frédéric Martel : Qui est en face, c’est pour ça que je ne vous laisse pas parler, c’est juste en face du Grand Palais, le Grand et le Petit Palais. Et on va aussi rouvrir les balcons, qui étaient fermés, c’est ça ?

Didier Fusillier : Voilà, les balcons ont été ré-ouverts. C’est très beau aussi - c’est François Châtillon, architecte des monuments de France, qui est à la manœuvre, avec toute son équipe - parce que les matériaux sont magnifiques, c’est vraiment du chêne épais, c’est fait pour durer très longtemps. On ne va pas revenir avant un siècle sur ce bâtiment, qui est plus confortable quand même. Ces galeries, sont en hygrométrie. On a un confort.

Frédéric Martel : Juste pour bien comprendre, et pour terminer cette présentation un peu générale, vous avez évoqué le Palais de la Découverte, qui est juste derrière. On a l’impression que vous voulez faire une nouvelle, presque une rue, qui permettra de traverser les deux palais. On pourra rentrer par l’un et sortir par l’autre, et c’est l’idée de les avoir reliées alors qu’ils ne l’étaient plus.

Didier Fusillier : Déjà on le on le verra, c’est à dire que quand on entre par la grande entrée du Grand Palais, on voit le bout, qui est l’ancienne entrée du Palais d’Antin. Maintenant, en fait il y aura une seule grande entrée, qui va permettre de desservir les nouvelles galeries, qui vont être animées par le Centre Pompidou.

Frédéric Martel : Là, il s’agit de quoi, 6 galeries, c’est ça ? Pendant les 5 ans qui viennent ?

Didier Fusillier : 6 sur 20 galeries. Mais il y a des restaurants, il y a des boutiques, et toute une série d’expérimentations pour les enfants. Et ce qui est très nouveau, c’est que nous aurons 7000 m² gratuits. Et ça, avant, pour rentrer au Grand Palais, il fallait un ticket. Et là, vous allez pouvoir entrer et découvrir cet endroit, qui est quand même complètement dingue, qui est fabuleux. Et nous allons essayer également de faire en sorte que la Nef en été, pour le tiers de sa superficie, soit également d’accès libre, ce qui va permettre à beaucoup de monde de rentrer dans le Grand Palais, parce qu’en fait, si on n’avait pas le la possibilité d’aller voir ou, anciennement la FIAC, Art Basel, ou Paris Photo ou le Saut Hermès … On ne pouvait pas rentrer dans la Nef. Beaucoup de monde, j’ai été surpris pendant les Jeux, beaucoup de gens …

Frédéric Martel : Vous ont dit : c’est la première fois que je viens …

Didier Fusillier : Ou rêvent de rentrer dedans …

Claire Bommelaer : On a plaisanté, tout à l’heure sur : il fait trop chaud, il fait trop froid, ...

Didier Fusillier : Mais non, mais non …

Claire Bommelaer : … rappelons que le ces variations de température, ou ce fait qu’il faisait trop chaud ou trop froid, cela a amené le Grand Palais à être fermé une grande partie de l’année. Avec les travaux, combien de mois par an, est-ce que vous allez pouvoir être ouvert, exploité, exploitable ? En fait, ce trop chaud ou trop froid a été plus ou moins réglé, parce qu’on rappelle un dîner, je crois que c’était Art Basel, où tout le monde s’est pelé de froid.

Didier Fusillier : J’ai une grande spécialiste de la question de la température, à côté de moi, Nathalie, on est très complice tous les 2, parce qu’évidemment, elle m’appelle à 01 h 00 du matin en disant : « Tu vas me régler ce problème de chauffage quand ? » En fait, ça fait partie de la vie, et on s’entend bien … Mais en fait, ce sera ouvert …

Claire Bommelaer : C’est moins anecdotique qu’il ne paraît ...

Frédéric Martel : C’est une question sérieuse de Claire Bommelaer, elle est au Figaro, aller au garde-à-vous smiley sourire

Didier Fusillier : Cela sera ouvert 12 mois. Il faut savoir que le Grand Palais a toujours été fermé en été et aussi en hiver, le mois de janvier.

Frédéric Martel : Il n’était presque jamais ouvert alors smiley sourire

Didier Fusillier : Mais, réellement …

Claire Bommelaer : C’était un problème …

Didier Fusillier : On va voir déjà en été. Le principe est assez simple, c’est que vous avez une dalle thermique, qui est vraiment un nouveau concept de kilomètres de tuyau d’eau. Le problème, c’est que le Grand Palais, personne ne s’en rend compte, n’est pas fini, donc, quand vous lancez, l’eau, il faut qu’elle fasse le tour du bâtiment, et pour peu que vous coupiez un endroit, tout à coup il y a plus d’eau. Mais, ce n’est pas pour ça, j’en viens, comme ça, on n’en parlera plus, j’espère, le fameux dîner de femmes. Et j’en suis encore désolé, parce que tout le monde arrive à un dîner comme ça, sauf que c’est le jour quand même où Orly a annulé tous ses vols, parce que les réacteurs des avions étaient complètement gelés, c’est le jour où il a fait le plus froid à Paris, tout le monde arrive en petit costume, en robe longue, c’était magnifique d’ailleurs, mais l’organisateur avait mis la veille, sans qu’on le sache, de la moquette sur toute la dalle, ce qui a coupé entièrement tout chauffage. Donc, oui, ça, on ne pouvait pas s’y attendre. On a été stupéfaits et il ne voulait pas retirer sa moquette … Voilà

Frédéric Martel : Passons à autre chose. J’ai une question pour vous, il paraît qu’il fait très chaud et très froid smiley sourire

Emmanuel Paquette : Pour parler des travaux. Le coût était estimé à 466 000 000 d’euros. L’État en a pris une grande partie à sa charge, de l’ordre de 288 000 000 d’euros, et il vous restait vous 150 000 000 d’euros.

Didier Fusillier : Ils restent toujours …

Emmanuel Paquette : Sur 30 ans. J’ai fait une règle de 3, si je ne suis pas trop bête, je me suis peut-être trompé, mais 5 000 000 d’euros par an à payer sur 30 ans. En tout cas si c’était linéaire, ça ne l’est peut-être pas, je voulais savoir comment vous allez encaisser ce prêt qu’il va falloir commencer à rembourser ?

Didier Fusillier : Comme nous commençons à rembourser, ce n’est pas 5, c’est 9 millions.

Frédéric Martel : Ah oui, on savait qu’il était mauvais smiley sourire

Emmanuel Paquette : Je ne sais pas faire une règle de trois en fait smiley sourire

Didier Fusillier : Nous, on le connaît bien le chiffre, parce qu’effectivement le Grand Palais n’a jamais fait plus de 1 500 000 euros dans son histoire de résultats nets. Effectivement, c’est un sujet, mais je crois que c’est très vertueux, c’est-à-dire que l’État en assure plus de la moitié, mais près de la moitié est aussi assumé par le Grand Palais, avec ses grands mécènes : Chanel, Velux, Axa, qui nous ont aussi apportés près de 30 000 000 d’euros.

Frédéric Martel : En gros, il vous faut dégager une dizaine de 10 000 000 d’euros par an.

Didier Fusillier : Oui, il faut dégager d’euros 10 000 000 d’euros par an, sur un budget 110 000 000 d’euros à peu près, c’est beaucoup.

Frédéric Martel : 16 à 17% de subventions, en gros …

Didier Fusillier : On a effectivement 16% de subventions, on en a très peu, à l’échelle, quand on voit le chiffre, cela fait quand même 18 000 000 d’euros, mais par rapport au budget global, c’est assez peu.

Emmanuel Paquette : Donc, ça complique les économies de chauffage ?

Didier Fusillier :

Emmanuel Paquette : Non, non, je plaisantais. Pardon !

Frédéric Martel : Quels sont vos projets, Didier Fusilier ?

Didier Fusillier : … La question des ouvertures et des fermetures notamment des galeries, c’est très, très bien réglé. Pour le moment, on n’a eu aucun problème, par exemple sur nos 2 grandes expositions : Chiharu Shiota et Dolce&Gabbana. Aucun problème, ça, c’étaient les grands tests en plein hiver, et on sait qu’en plein été ça marche ...

Frédéric Martel : Les deux sont magnifiques, au passage

Didier Fusillier : … et on a eu les Jeux Olympiques, donc on sait que ça, ça marche. Le problème c’est la Nef, mais de toute façon on n’arrivera jamais à régler le problème de la Nef, parce qu’avec c’est 43 mètres de hauteur, Il n’y a rien à faire, on ne sera jamais comme dans un appartement. Mais c’est aussi ce qui fait son charme, même si on doit améliorer des choses. On a commencé à l’améliorer, mais bon.

Frédéric Martel : Du coup, votre modèle, Didier Fusilier, je rappelle que vous êtes président de la Réunion des musées nationaux, on en parlera dans un instant, et du Grand Palais, c’est donc de la location, le sponsoring. Ça veut dire accueillir. On parlait tout à l’heure d’Art Basel à Paris, le sommet de l’IA, pour le président de la République Emmanuel Macron et la France, pour Chanel, c’est Dolce Gabbana, une exposition magnifique d’ailleurs, avec un flux incroyable de personnes jusqu’à 2 h du matin. Vous avez dû ouvrir jusqu’à 2 h du matin chaque jour.

Didier Fusillier : Oui, hier, on y était d’ailleurs à 2 h du matin.

Frédéric Martel : Moi, j’y étais à 21 h.

Didier Fusillier : Oui, c’était complètement blindé. Enfin, il y avait un monde de fou.

Frédéric Martel : Ça permet de bien voir les œuvres, parce qu’on marche très, très lentement.

Didier Fusillier : Oui, mais même Chiharu Shiota que nous …

Frédéric Martel : Artiste japonaise.

Didier Fusillier : Artiste japonaise qu’on a pu présenter avec le Mori au Japon et la Galerie Daniel Templon, qui nous a bien aidés, ça a été le même délire. C’est à dire qu’on a fini par ouvrir jusqu’à 00 h 00, c’était complet. Il faut se dire qu’on ferme à 02 h 00 du matin, mais on ouvre à 08 h 00. Donc on a juste 3 h en fin de compte entre la fermeture, parce que 2 h, c’est l’heure du dernier qui rentre, mais il reste au moins 1 h dedans.

Frédéric Martel : Cela fait encore six heures, c’est vous qui comptez mal ce coup-ci smiley sourire

Didier Fusillier : Bref. Mais, non, parce qu’en fait, les personnes sortent à 03 h 30 du matin. On n’y croit pas, mais moi je crois beaucoup à ça, parce qu’on a un public qui adore ça. Moi, j’adore quand on me propose de venir à 11 h 00 du soir, parce que vous avez pu manger avant, si vous avez des gosses, ils sont couchés, vous venez, ça a l’air de rien mais ce sont les Champs-Élysées. Je crois aussi beaucoup au contexte dans lesquels sont les musées. Les Champs-Élysées, ça a toujours été un monde de la nuit, et le public retrouve les Champs-Élysées en nocturne, parce que c’est tellement magnifique, c’est vraiment splendide.

Claire Bommelaer : Et vous avez une certaine souplesse comme ça pour pouvoir changer les horaires, les faire très étendues ? Vous parlez de 08 h 00 à 02 h du matin, quelle institution culturelle a la capacité de faire des nocturnes aussi étendues que ça ?

Frédéric Martel : Ça, c’est la magie Didier Fusillier …

Claire Bommelaer : Quelle est votre martingale ?

Didier Fusillier : On l’avait déjà fait à la Villette pour Toutânkhamon. Ceux qui avaient vécu ça, c’était quand même délirant, 1 500 000 personnes, du jamais vu. Je crois que les 2 dernières semaines, on était ouvert en permanence.

Frédéric Martel : Même toute la nuit …

Didier Fusillier : Oui, on avait fini dans une sorte de chose insensée. Mais moi, j’aime ça, après, il faut je crois convaincre les équipes, et il n’y a pas de raison de pas y arriver, parce que les personnes sont payées, elles ont des primes, elles sont payées plus donc elles sont volontaires. Personne n’est obligé, contraint. Donc, c’est un modèle, sinon, c’est refuser, je ne sais pas, 70 000 personnes. Donc à un moment donné, vous ne pouvez pas dire : ben oui, il faut que tout mon travail … Donc, on crée quelques … parce qu’on ne peut pas imaginer le succès. Chiharu Shiota, par exemple, c’est une artiste, ce qui n’était quasiment jamais vu en France. Japonaise, on tablait sur 100 000 personnes à peu près. On aurait été content. On a fini à 308 000. Pour nous, ce n’était pas possible, d’autant qu’on est rentré par une porte, qui est là encore était en plein travaux. ’ailleurs, Dolce&Gabbana si on retire toute la scénographie, on est dans une galerie brute, donc il va falloir que cela se termine très vite pour le Centre Pompidou, avec Niki de Saint Phalle, Pontus Hultén et Jean Tinguely, qui arrivent …

Frédéric Martel : D’ailleurs, à un moment, on monte 3 étages, on doit redescendre 3 étages.

Didier Fusillier : Je vous remercie de faire … ça ne vous a pas échappé. Mais, vous savez, moi je crois beaucoup que le public sait qu’il vit une aventure comme ça. Pendant les Jeux Olympiques, il savait qu’il y avait un truc …

Frédéric Martel : Il y avait de l’escrime et du Taekwondo …

Didier Fusillier : Il y avait de l’escrime et du Taekwondo, en Olympique et Paralympique, là aussi c’était invraisemblable, parce qu’on avait quand même 12 000 spectateurs, et la clameur du Grand Palais, on l’a aussi eue au Saut Hermès, ce week-end, la clameur du public, c’est une chose, moi qui ai vu tellement de spectacle dans le monde entier, je n’ai jamais entendu une clameur pareille. C’est pour ça aussi que le public vient, il vient au Grand Palais pour une expérience.

[…]

Frédéric Martel : Une question autour de la réunion des musées nationaux, justement, c’est quoi d’abord ?

Didier Fusillier : Alors ça, cela a été inventé dans la fin du dix-neuvième, 3e République, 1895. L’idée à l’époque, où les musées n’étaient pas gérés, où il n’y avait pas comme aujourd’hui des gros établissements, a été de créer la Réunion des musées nationaux, qui permettait de gérer à l’époque le Louvre, Orsay, enfin tous les musées.

Frédéric Martel : Qui depuis ont pris leur indépendance, mais vous restez au fond en gros les gros qui aident les petits, c’est un peu ça l’idée, non ?

Didier Fusillier : Nous avons encore une vingtaine de grands sites : Château d’Écouen, le Musée de Cluny, qui est une merveille avec les collections de la Renaissance, du Moyen-Âge, mais aussi Saint-Germain-en-Laye, c’est quand même là que Louis 14 est né, c’est un château splendide, qui est aussi le domaine de l’archéologie française, mais aussi le Musée national de la préhistoire en Dordogne, le Château de Pau …

Frédéric Martel : Tout ça, c’est vous qui les gérez, je dirais en direct ?

Didier Fusillier : On les gère avec le service des musées de France. Vous savez, la France c’est toujours un peu compliqué, on a une partie, pas tout, donc ça peut créer des … mais enfin, on s’en sort plutôt bien. On a aussi 37 boutiques, notamment la boutique du Louvre, la boutique d’Orsay, de Château de Versailles, le Louvre Abu Dhabi, le Fondation Vuitton, par exemple, c’est nous qui gérons …

Frédéric Martel : C’est un marché public ouvert, vous pouvez gagner ou perdre le Louvre, Versailles, ou l’Orangerie, selon les années.

Didier Fusillier : C’est ça. Quand je suis arrivé, on avait perdu 4, là on sentait vite arrivé la débandade totale, or, pour nous c’est très important, c’est 37% de nos ressources. C’est aussi pour les équipes quelque chose de très, très lourd. On est à peu près 980, il a plus de 400 personnes qui sont dans les boutiques évidemment. Donc ça a été très dur, parce qu’avant on avait un monopole, donc c’était simple, mais depuis quelques années, on est passé dans le public, on est confronté à des Anglais, des Coréens, des Français, qui n’ont pas les mêmes charges sociales que nous, qui n’ont pas les mêmes statuts, qui peuvent prendre des intérimaires, nous on ne peut pas. Et là, on en gagné, 5 coup sur coup, on est très content. On a changé de stratégie par la qualité des produits que l’on fait. On a discuté aussi avec les organisations syndicales, qui chez nous sont quand même très, très combatives.

Frédéric Martel : Le mot était choisi avec précision, combatives.

Didier Fusillier : Oui, combatives dans le sens de ne pas perdre, et pas combatives pour se convaincre soi-même de son propre ...

Frédéric Martel : Pour être de votre côté. Au-delà des boutiques, il y a aussi des publications. Et vous vous occupez des billetteries sur ces 2 points.

Didier Fusillier : Oui, évidemment on a la plus grande maison d’édition publique quand même en France, on a la vingt-quatrième, si on prend tout le monde. C’est quand même un chiffre d’affaires important, on crée aussi beaucoup de catalogues. Souvent, quand vous prenez un catalogue de musée, vous avez une publication qui vient de chez nous. On a aussi inventé des catalogues, on est en train de gagner beaucoup de marchés vers l’étranger, parce qu’on a un nouveau type de papier, qui rend les catalogues beaucoup plus légers. On s’est rendu compte effectivement, quand vous sortez d’une expo et que vous trimballez un catalogue qui pèse 3 kilos, c’est compliqué.

Frédéric Martel : Nathalie Obadia est enchantée par ce que vous venez d’annoncer …

Didier Fusillier : Nathalie portait beaucoup dans toutes les capitales du monde. Il faut que nous nous adaptions. On a aussi l’Agence pour la photo, on en gère 1 800 000. Toutes les photos de tous les musées nationaux sont gérées par nos équipes pour les pour les droits, pour la protection …

Frédéric Martel : Il y a aussi les moulages. Alors ça, c’est une très ancien je crois, depuis la Révolution française, non ?

Didier Fusillier : Oui alors ça, c’est une magnifique histoire. C’est en 1793, la Convention décide qu’il faut protéger, parce que c’est la guerre, les grandes œuvres, surtout du Louvre à l’époque. Donc, on crée l’atelier des moulages du Louvre, ça, c’est géré aussi par nous avec le Louvre. Les chalcographies aussi, c’est splendide.

Frédéric Martel : Quand on achète une petite Joconde en l’occurrence, pas une sculpture, une sculpture dans un magasin, c’est souvent vous qui l’avez fabriqué pendant la nuit, puisque vous dormez très peu, apparemment 3 h

Didier Fusillier : Oui, les François Pompon par exemple, les ours polaires, enfin tu t’es tous ces objets. On a reproduit, ça, cela a été ma stupéfaction, on visite Saint-Denis, parce que les ateliers sont à Saint-Denis, ce sont des métiers d’armes d’une précision incroyable, parce que c’est vraiment de la couture, les éléments sont cousus, puis ils sont assemblés, c’est très, très beau, et il y avait la Pietà de Michel-Ange, je me suis dit : « c’est pas possible, qu’est-ce qu’elle fait là ? ! »

Frédéric Martel : On l’avait laissé, la dernière fois, elle était à smiley sourire

Didier Fusillier : Là, vous vous dites, mais comment est-ce possible ! En fait, nous avons depuis le 19ème siècle, le moule de la Pietà. Donc, même si le pape veut refaire la Pietà, il passe par nous. On a tous ces moules depuis le dix-neuvième siècle. Nous avons par exemple des contreforts du temple d’Angkor, qui ont totalement disparus, mangés par la jungle, dont nous avons les moules qui ont été faits en en plâtre au XIXe siècle, et nous serons à Osaka pour le pavillon de France, où nous serons devant avec notamment le baiser de Canova, que nous venons de …

Frédéric Martel : C’est l’Exposition universelle au Japon.

Didier Fusillier : Et ça va être très, très beau, c’est opération qui s’appelle « Coup de foudre », et qui va partir dans toute la France ensuite.

Claire Bommelaer : On a parlé tout à l’heure du Centre Pompidou, qui allait fermer. Il va trouver une terre d’accueil, avec une partie des collections chez vous, au Grand Palais. Ça va prendre quelle forme ? Qu’est-ce que cela va donner comme exposition ? Enfin, comment est-ce qu’on va retrouver le Centre Pompidou au Grand Palais ?

Didier Fusillier : Nous, nous nous réjouissons d’accueillir le Centre Pompidou, toutes les équipes de Laurent Lebon. Pour commencer, on adore le Centre Pompidou. Il y aura effectivement comme le disait Frédéric, 6 galeries, 4 très grandes et 2 autres, un tout petit peu plus petites, l’une au nord, l’autre au sud. Nous allons accueillir Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle dès le 4 juin, avec l’Art Brut qui sera donné dans l’autre partie. Après il y aura Mathis. Avec le Centre Pompidou, nous allons aussi accueillir le Musée d’Orsay, avec une exposition incroyable sur Cézanne et sa postérité. Donc, c’est une grande ouverture, qui va …

Frédéric Martel : On parle d’une grande expression, Marcel Duchamp, un peu comme celle que le Centre Pompidou avait fait pour sa création, finalement, il va la faire au moment où il disparaît, mais pour mieux revenir, c’est ça ?

Didier Fusillier : Oui, ça va être vraiment quelque chose d’assez sublime. Parce que tous les grands conservateurs du Centre Pompidou, on le disait les curateurs hier, travaillent. Nous sommes en co-production, on coproduit ensemble les expositions, leurs coûts, mais aussi leurs recettes. Mais on aura aussi nos expositions, par exemple : Nan Goldin, une exposition qui est aujourd’hui à Berlin, qui est une splendeur ; Hilma af Klint, qu’on connaît très, très peu, mais qui va être une grande révélation ; Francis Alÿs, dans l’art contemporain. Puis, on en parlait tout à l’heure, surtout Claire Tabouret et Eva Jospin, qui vont venir dans nos galeries. Donc, c’est aussi pour nous, le Grand Palais, la volonté de produire ses propres expositions, qui seront à côté du Centre Pompidou. L’idée, c’est vraiment que le Grand Palais devienne une fête. Vous allez pouvoir y passer une journée, si vous voulez.

Frédéric Martel : En même temps, il n’y a pas de curateurs, contrairement à ce qu’on a au Centre Pompidou ou qu’on a dans beaucoup de musées. Au fond, il y a Didier Fusillier avec son génie, son côté développeur, au bon sens du terme, c’est à dire que vous développez des projets de tous côtés. Mais est-ce qu’il ne manque pas des curateurs ou comme il y a un directeur de musée d’art moderne, et cetera.

Didier Fusillier : En fait, nous avons un comité artistique d’une quinzaine de personnes, qui font partie de notre équipe, et on a évidemment beaucoup de partenaires …

Frédéric Martel : Et les curateurs invités pour telle ou telle exposition ?

Didier Fusillier : Évidemment, chaque exposition a un curateur qui discute avec l’artiste, ce n’est pas nous qui faisons nous-mêmes. C’est une collégialité, c’est pas du tout quelqu’un qui décide tout seul, un tel, un tel. C’est beaucoup plus complexe. Programmer le Grand Palais, c’est difficile.

Claire Bommelaer : Juste à côté du Grand Palais, il y a le Palais de la Découverte, qui lui est …

Didier Fusillier : Est dedans, il n’est pas à côté.

Claire Bommelaer : Il est décalé du point de vue des travaux. Quel est le calendrier du Palais de la Découverte ?

Didier Fusillier : Il va déjà ouvrir le 5 juin avec deux expositions très belles : « L’intelligence artificielle » et « Transparence », pour les petits. « Transparence » qui va durer 2 ans, qui sera juste en dessous de la Rotonde de d’Antin, c’est un espace splendide. « Transparence », uniquement des œuvres d’artistes. Et Bruno Maquart et ses équipes préparent une nouvelle scénographie pour le Palais de la Découverte, qui va s’inscrire dans les 8 galeries, c’est grand aussi le Palais de la Découverte, c’est un autre bâtiment, qui est vraiment une splendeur d’Art déco. C’est splendide.

Claire Bommelaer : Et on pourra passer de l’un à l’autre, c’est ça ?

Didier Fusillier : On pourra passer, on l’a fait par exemple pour le sommet de l’intelligence artificielle, on ne passe pas par la grande vitre, qui, elle est fixe, mais par 2 portes latérales, mais pour ça, il faut ouvrir les 2, et là, on se retrouve avec des problèmes de jauge de pompiers, des services de sécurité qui sont compliqués, et très, très complexes au Grand Palais, mais on pourra.

Emmanuel Paquette : On voit avec le retrait du financement public, la hausse du mécénat qui vient pallier, partiellement, au retrait du public. Je voulais vous poser une question sur le prix des billets, parce qu’on voit une tendance globale, qui touche quasiment tous les musées, de dire qu’avec les difficultés budgétaires qu’on connaît dans le public et du gouvernement, l’idée est de rehausser les tarifs. cela avait été un peu contesté et critiqué au moment d’Art Basal, dernièrement, avec des tarifs qui s’envolaient, qui pouvaient partir très, très haut. Je voulais savoir si ça, c’était un des éléments que vous aviez en votre possession, et sur lequel vous réfléchissez justement d’augmenter les prix, d’augmenter les tarifs, justement pour financer notamment l’emprunt dont on a parlé tout à l’heure.

Didier Fusillier : Il y a 3 modèles au Grand Palais, mis en place à mon arrivée : nous produisons nous-mêmes, Chiharu Shiota, 100% de production, avec effectivement une aide de notre mécène principal, la création d’un fonds de dotation, qui n’existait pas du tout au Grand Palais, avec Channel qui nous apporte quand même 6 000 000 par an pour nous aider sur la programmation artistique. Ça, ça n’existait pas du tout et cela nous permet de produire nous-mêmes, ce que l’on ne pouvait pas faire avant. Après, il y a des co-productions que nous pouvons faire, que ce soit avec des privés, comme pour Dolce&Gabbana, ou le public, comme le Centre Pompidou. Il y a aussi la location pure d’espaces, comme pour Art Basel. Donc, la tarification est effectivement différente. Art Basel fixe ses prix. Nous, on n’a pas à intervenir dessus. Ils ont eu 40% d’augmentation de leur fréquentation, Paris Photo, pareil. Là, on se prépare encore à tous les salons qui arrivent, avec aussi des fréquentations importantes. Pour nous, par exemple, Chiharu Shiota, c’était 14€, 8€ pour les enfants, gratuit jusqu’à plus de 20 ans, ce n’était pas cher. Pour Dolce&Gabbana, c’est 22,00€ et les enfants rentrent pour 15,00€, alors que là, c’est une organisation privée avec nous. Comme vous voyez, nous, on est très, très attentifs à faire en sorte qu’à chaque fois il y ait des expositions qui soient hyper-accessibles. Pour les expositions pour les enfants, cela sera gratuit. Il y aura aussi beaucoup de choses qui vont être gratuites.

Frédéric Martel : Est-ce que la patinoire revient en décembre ?

Didier Fusillier : Elle est revenue. Là, on a dépassé tout ce qu’on pouvait imaginer, puisque, vous savez, qu’on a fait 200 000 personnes en 3 semaines. Là, on finissait non pas à 02 h 00 du matin mais à 05 h 00 du matin. Cela a été vraiment « insensé », parce que ce sont 2 patinoires olympiques qui sont ensemble. C’était une surface énorme, et le matin, c’était réservé pour les grands champions, qui venaient s’entraîner là. C’était vraiment un enchantement. C’est ça la magie du Grand Palais. On peut avoir Niki de Saint Phalle, on peut avoir Duchamp, on peut avoir une patinoire, on peut avoir un Basel et on avoir le Saut Hermès. Je crois que ce bâtiment incarne …

Frédéric Martel : Le Saut Hermès, c’est des chevaux, c’est ça ?

Didier Fusillier : Oui. C’était ce week-end. C’est beau, parce que là aussi, on a créé, avec les organisateurs, une magnifique carrière, qui était gratuite sur les Champs-Élysées, où on a vu les plus beaux chevaux du monde ! Il y avait Cayman, ce cheval absolument incroyable, et des milliers de personnes étaient dehors, pour voir les cavaliers s’entraîner au pied des Champs-Élysées. Cette volonté que nous avons d’ouvrir le Grand Palais par des fêtes, des concerts qui vont revenir, mais aussi en ouvrant sans doute l’espace entre le Petit Palais et le Grand Palais, pour de très grandes manifestations, notamment des carnavals, des défilés qui vont être là aussi …

Frédéric Martel : Ça veut dire privatiser la rue, ça veut dire fermer, quoi ?

Didier Fusillier : Oui.

Frédéric Martel : Vous avez l’autorisation de vos amis … ?

Didier Fusillier : Non, mais pourquoi pas.

Frédéric Martel : Mais, vous allez le faire, vous allez fermer la rue, vous allez me dire, si vous lâchez les chevaux et tout ça, la rue sera fermée, quoi.

Didier Fusillier : Oui, voilà. C’est un beau coin quand même. C’est assez beau, parce que vous avez au fond des Invalides, c’est d’une splendeur …

Frédéric Martel : La Seine d’un côté et les Champs-Élysées de l’autre …

Claire Bommelaer : Vous avez un mécénat avec Channel, où vous dites qu’il est récurrent. Est-ce qu’il n’y a pas un risque que des marques concurrentes de Chanel ne mettent pas un pied au Grand Palais, parce que le lieu est très lié à Chanel. Il y a même une entrée Gabrielle Chanel ?

Didier Fusillier : Oui, suite à l’investissement de 25 000 000 de Channel, comme nous avons une galerie qui s’appelle Clarence Dillon, parce qu’ils nous ont aussi beaucoup aidés sur les travaux. Ça, c’est normal, cela se fait partout. Mais, effectivement ça nous interdit aussi certains rapports avec certaines grandes maisons de luxe, ce qui est normal, ce qui ne nous gêne pas, parce que les 4 grands défilés Channel ont lieu au Grand Palais, on ne pourrait pas en faire davantage de toute façon. Mais il n’y a pas de blocage. Avec Chanel on n’a eu, par exemple, aucun problème pour organiser Dolce&Gabbana. On n’est pas sur un blocage étroit, ce qui n’est en tout cas pas la vision de ce grand groupe de mode.

Frédéric Martel : Que va devenir le Grand Palais éphémère, dont le nom n’est peut-être pas si éphémère que ça ?

Didier Fusillier : Il est totalement éphémère puisque là, il est en voie de démontage.

Frédéric Martel : Mais on en fait quoi ? Il va ré-exister quelque part ?

Didier Fusillier : Vous savez, le Grand Palais éphémère a été construit par GL events, avec Wilmotte, le magnifique architecte du splendide bâtiment, est démonté, et le propriétaire GL events pense à des pistes pour le réinstaller ailleurs, mais ça, on le on ne le sait pas. En tout cas il ne peut pas rester là, parce que c’était une loi pour les Jeux Olympiques qui a permis de le construire là, mais il était voué à ne pas rester …

Frédéric Martel : Très, très près de la tour Eiffel, en occurrence.

Didier Fusillier : Oui, vous savez, il y a un écosystème, avec des oiseaux, toute une faune qui est là, qui a été extrêmement perturbée, dans un moment où les villes réfléchissent quand même beaucoup au réchauffement climatique …

Frédéric Martel : Vous voyez, vous revenez à la question du réchauffement …

Didier Fusillier : Vous savez, je passe ma vie avec des moufles et des Mun boots, il faut le savoir …

Claire Bommelaer : Il n’a pas que les oiseaux, il y a les riverains aussi, je crois, les utilisateurs du Champs de Mars, c’est plus large que les oiseaux, je crois.

Didier Fusillier : Je ne me permettrais pas de les mettre aussi dans les oiseaux aussi, les riverains, mais enfin, on a été à peu près …
Frédéric Martel : Cela pourrait être des noms d’oiseaux qu’ils s’envoient, pour filer la métaphore … Paris Museum week va ouvrir cette semaine, c’était aussi une des raisons du calendrier, du 24 au 28 mars. Là, la ville va devenir un point de convergence des acteurs culturels et patrimoniaux, à l’occasion de cette première Paris Museum week, qui est organisé notamment par la revue Beaux-Arts magazine, dont on recevra d’ailleurs le directeur la semaine prochaine. Vous êtes associé à ce type d’événement, vous essayez d’y être ?

Didier Fusillier :Non, on n’est pas associé à tout. Évidemment, on s’entend très bien …

Frédéric Martel : En vous écoutant depuis le début, je le croyais.

Didier Fusillier : Non. On pourrait, d’ailleurs il ne faut pas non plus nous tenter plus que ça.

Frédéric Martel : J’imagine que Fabrice Bousteau va vous appeler dès ce soir, après cette conversation.

Didier Fusillier : Non. On est très amis avec Fabrice, avec Frédéric Jousset aussi. On travaille beaucoup ensemble d’ailleurs, on anime leur boutique au Hangar Y. Et puis c’est un groupe qu’on aime bien sûr.

Frédéric Martel : Fabrice Bousteau, directeur de la rédaction de Beaux Arts magazine.

Claire Bommelaer : Vous avez parlé tout à l’heure de votre rêve, de temps en temps de piétonniser l’avenue qu’il y a entre le Petit et le Grand Palais, est-ce que vous seriez pour un net recul de la voiture dans ce le quartier du Grand Palais ? Que cela soit près des Champs-Élysées. C’est quoi ? Je ne sais pas comment s’appellent l’avenue qui est entre les entre le Petit et le Grand Palais, Wilson ?

Didier Fusillier : Avenue Wilson Churchill. Il se trouve que c’est une voie prioritaire, non pas que pour l’Élysée, du président de la République, mais pas que lui. C’est pour Paris. S’il fallait évacuer Paris pour une raison ou une autre, c’est un axe central pour ça. Donc, il est impossible de la piétonniser pour toujours. Mais, on l’a fait d’ailleurs pour le dernier Art Basel, la rue a été bloquée pendant 4 jours. Donc, on est capable de le faire.

Claire Bommelaer : Vous êtes capable de bloquer les rues.

Didier Fusillier : Oui, c’est agréable aussi, bloquer des rues, parce qu’on redécouvre des espaces, des jardins. Vous savez, il y a aussi beaucoup de jardins qui sont autour du Grand Palais. L’héroïne, Yvonne, du Grand Meaulnes, Alain Fournier le raconte dans le jardin de la Petite reine, qui touche le Grand Palais. Le Grand Palais, c’est aussi beaucoup de jardins qui ont d’ailleurs été rachetés par l’État et la Ville de Paris, ce nous permet aussi d’imaginer un développement à l’extérieur du Grand Palais, ce qui n’était pas possible.

Emmanuel Paquette : Une petite question sur les Jeux Olympiques qui ont exposé le Grand Palais aux yeux du monde entier, est-ce que vous êtes capable aujourd’hui de mesurer l’impact que ça a pu avoir, ou que c’est en train d’avoir sur votre activité en termes de visite ? Et comme vous le disiez précédemment, sur votre modèle économique, des sociétés tierces qui veulent absolument utiliser le Grand Palais pour des événements.

Didier Fusillier : Oui, parce que nous en avons beaucoup. Déjà, on n’a plus aucun créneau, on a même du mal à trouver une date dans l’année, parce qu’on a beaucoup d’événements qui se produisent. Mais c’est vrai qu’on a des demandes qui viennent de partout, d’Indonésie, du Golfe …

Emmanuel Paquette : Ce n’était pas du tout le cas avant.

Claire Bommelaer : L’effet JO ?

Didier Fusillier : C’était pas du tout cas avant. Il y a l’effet JO, il y a le fait de la réouverture du Grand Palais, et puis de la beauté de la Nef. Quand on rentre dans la Nef, c’est étrange, parce que c’était le même volume, mais là tout a été nettoyé, quand vous rentrez, c’est étincelant. C’est vraiment un choc physique de rentrer dans cet espace-là. Nous on le mesure, et qui ce soit, que cela soit des enfants, des personnes plus âgées, tout le monde s’arrête et regarde le truc. On va lancer toute une série de spectacles, par exemple dès le 4 juin, avec le Chaillot, avec beaucoup de chorégraphes, cela va être très beau de jouer avec la tombée du jour. Parce que quand le soleil se couche dans le Grand Palais, c’est d’ailleurs vraiment un phénomène surnaturel, tout devient rouge, et on va essayer de travailler de nouvelles formes de spectacles, là aussi qui ne s’arrêtent pas, qui meurent dans la nuit, qui commencent à 21 h et qui finissent à 02 h du matin. Donc le spectacle se transforme en une autre forme de musicale, tous les artistes sont assez heureux de ça. C’est un champ d’expérimentation le Grand Palais.

Frédéric Martel : Dernière question, vous vous occupez aussi, via la Réunion des musées nationaux, des audio-guides qu’on peut trouver dans beaucoup de de de musées, notamment celui du Louvre, avec ces Nintendo DS, je crois, il y a des immersions en 3D, et cetera. Quand on utilise souvent ces appareils, notamment au Louvre, on se perd parce que ça ne marche pas du tout. Il y a tant de gens à la Réunion des musées nationaux, on peut pas inventer des dispositifs numériques audio-guides qui fonctionnent, comme une espèce de Waze finalement, pour se promener dans les musées ?

Didier Fusillier : Alors ça, on vient d’ouvrir un marché. On a pas mal de réponses formidables. Quand vous allez au Stedelijk par exemple à Amsterdam, c’est assez extraordinaire. Vous avez-vous prenez votre smartphone et vous n’avez même pas besoin d’écouteurs, vous vous flashez un QR Code, qui est là, et l’audio-guide suit votre visite à vous et le son est totalement pour vous. Vous, vous $êtes à un mètre et vous n’entendez rien. Je ne sais pas comment ils font. Il y a beaucoup de moyens aujourd’hui de le faire, on va les développer à terme, d’une façon assez étonnante. De la même façon qu’on va aussi essayer de changer, on s’est inspiré des Jeux Olympiques, pour les entrées, pour éviter de se faire fouiller avec toutes ces clefs, ces trucs à chaque fois, qu’on ait des portiques beaucoup plus intelligents, ce que l’on a vécu pendant les jeux et qu’on a adapté au Grand Palais.

Frédéric Martel : On en reste là pour ce soir, merci infiniment Didier Fusiller.

Didier Fusillier : Merci à vous !

[…]

Un message, un commentaire ?

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.



Haut de pageMentions légalesContactRédactionSPIP