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La charte de la Cité des sciences et de l’industrie, 1989

Charte publiée, en supplément du Citoyen, revue interne de la Cité des sciences et de l’industrie, N°35 de décembre 1989

LA CHARTE DE LA CITÉ DES SCIENCES ET DE L’INDUSTRIE

Notre action doit s’inscrire dans la durée. Pour y parvenir, nous devons travailler ensemble, dans un grand souci de cohérence. Et pour que cette cohérence existe vraiment, il est nécessaire qu’elle se fonde sur une philosophie commune, qu’elle prenne corps dans un document qui serve de référence à nos projets.

Tel est l’objet de la présente charte qui s’articule autour de quatre questions :
• Comment se présente aujourd’hui notre domaine, notre champ d’activité que l’on définit grossièrement comme celui de la diffusion de la culture scientifique et technique ?
• À l’intérieur de ce vaste champ, quelles sont la vocation centrale et les missions de la cité ?
• Compte tenu de cette vocation et de ces missions, quel est le « contenu » ou, si l’on préfère, le sens que nous devons donner à nos projets ?
• Ce contenu, ce message, comment les exprimer, comment leur faire prendre forme en nos projets ?

Enfin, la conclusion évoquera les méthodes et la manière de travailler qui seront les nôtres pour atteindre les objectifs que nous nous serons ainsi fixés. C’est un point que le projet d’entreprise aura à compléter, à préciser.

Culture scientifique et technique

Dans quel état se trouve aujourd’hui ce champ aux territoires incertains et contestés, que l’on nomme « culture scientifique et technique » ? Ces trois mots ont fait l’objet, en France, au cours des deux dernières décennies, d’un certain nombre de réflexions, débats et réalisations. Où en est-on aujourd’hui ? Quelles significations ces mots peuvent-ils prendre pour la décennie 90 ? Nous avons besoin, pour préparer les évolutions de la cité, d’y voir plus clair, de mettre à jour nos idées et, si possible, d’aboutir à une formulation partagée, commune inspiratrice de nos actions à venir.

QU’EST-CE-QUE LA CULTURE ?

Prenons pour commencer le mot culture. Nous pouvons en retenir la définition suivante : Ensemble à la fois hérité, appris et vivant de connaissances, de mythes, de traditions, de représentations, de valeurs, d’idées et de modes de vie qui, devenus références et repères, permettent à chacun de se situer dans le temps et dans l’ espace afin de mieux comprendre le mode dans lequel il vit, de se former une opinion, d’assumer ses responsabilités collectives dans les cercles successifs qui forment son univers (famille, lieu de travail, village, quartier, ville, région, nation, Europe, planète ...), d’y être plus autonome et plus solidaire à la fois, et enfin, de prendre part à la préparation de l’avenir afin qu’il soit porteur de plus de bien-être, d’épanouissement, de paix, de liberté et de justice.

Beaucoup des mots qui composent cette définition renvoient de façon forte à la science, à la technique et à l’industrie. Toutes les trois, en effet, tiennent une part déterminante dans nos systèmes de production d’idées, d’informations, de biens et de services. Elles font partie d’une interaction constante entre différents éléments qui se nourrissent l’un l’autre.

Par ailleurs, il est évident que chacun des « cercles » cités plus haut a profondément évolué au cours du XXe siècle et continuera probablement de se transformer dans les prochaines décennies, transformant dans le même temps pour les enfants, les adolescents, les adultes, les conditions d’accès à la connaissance. Il est non moins certain que le contenu même de cette connaissance (tant dans sa partie théorique que dans ses applications) évolue rapidement et qu’enfin, l’interpénétration des sociétés, l’accélération des communications, l’internationalisation des marchés et des productions industrielles bouleversent sans cesse les conditions dans lesquelles s’élabore désormais la « culture » des habitants de la planète Terre.

Ce sont donc tout aussi bien le contenu de la « matière à connaître » qui se trouve sans cesse modifié, que les conditions mêmes dans lesquelles les hommes peuvent y accéder. Ajoutons ici que l’un des plus importants véhicules de transmission et d’enrichissement de la culture est bien évidemment la langue, et qu’il y a là une question délicate et probablement fondamentale, lorsque l’on sait les difficultés qui s’attachent à connecter le vocabulaire scientifique au « langage vulgaire ».

SCIENCE ET CULTURE

Voyons plus précisément du côté de la science et de ses rapports avec la culture ainsi définie. Sans doute serait-il abusif, si l’on sort du monde restreint des producteurs de la science, de parler d’une « culture scientifique » qui aurait son autonomie, se suffirait à elle-même et devrait - en vertu d’on ne sait quelle théorie du progrès des sociétés humaines - se substituer à d’autres formes de cultures que notre modernité aurait rendues obsolètes. Sans doute, serait-il même abusif de parler de la dimension culturelle de la science sans marquer sérieusement ses limites et sa capacité relative en tant que système d’explication du monde.

Il est en revanche beaucoup plus juste d’affirmer que la culture, aujourd’hui plus encore que par le passé [1], doit intégrer une quantité importante et mouvante de connaissances, d’interrogations, de démarches qui sont issues du développement scientifique ... et cela dans le but d’enrichir la dite culture mais aussi, par effet de retour, de mieux maîtriser le développement de la science.

Soyons clair, il ne s’agit pas de prendre la science tout d’un bloc. Et l’on pourrait dresser la liste des traits ou des perversions qui éloignent souvent la science de la culture :
• Il y a d’abord l’ensemble des connaissances qui, même si elles sont progressivement remises en question, constituent le fonds du savoir indispensable à une réflexion sérieuse quel qu’en soit le domaine. Ce fonds est en très forte croissance. Nul ne peut l’appréhender dans sa totalité et il est de plus en plus difficile d’en extraire la part nécessaire à la culture. Ce sera l’un de nos défis que de faire en sorte que nos contemporains puissent approcher pour mieux la comprendre et mieux l’utiliser, cette énorme machine à produire de la connaissance, qu’est devenue la science contemporaine.
• Et puis, il y a précisément cette permanente et rigoureuse remise en question, cette remise en cause de la science par elle-même, qui est au cœur de sa démarche, de ses percées en tarière : hypothèse, simulation, expérimentation, vérification, critique, hypothèse, simulation, expérimentation ... Ainsi, fore la science, en toujours s’interrogeant, grâce à un effort systématique de confrontation, de lucidité, de refus du dogme : subtile alchimie de la raison, du doute et de l’intuition créatrice.
• Cela nous conduit à une quatrième dimension culturelle de la science. Elle tient aux notions d’échange d’idées, de débat, de confrontation des points de vue, d’écoute et de compréhension de l’autre, de démythification des « consensus » trop légèrement établis. L’expression des contradictions et la dialectique qui les met en mouvement ne sont-elles pas le ressort même des idées ?
• Enfin, dernière caractéristique et non la moindre : au cours des trois dernières décennies, la recherche scientifique a dégagé de nouvelles perspectives qui touchent à la complexité, aux interdépendances, à l’aléatoire, au discontinu, à la nécessaire appréhension des systèmes, ceux de la vie, de la matière, de l’univers, des sociétés humaines. Ces nouveaux éclairages de la science sont importants à noter, car ils alimentent des courants d’idées qui se nourrissent de catastrophisme et de désespérance et peuvent conduire à développer, chez nos contemporains, des réactions négatives de repli, de rejet et de peur. Ils encouragent en effet les raisonnements démobilisateurs : « C’est trop compliqué pour nous, laissons cela aux spécialistes. » Il est donc essentiel que cet effet soit combattu et que ces notions de complexité et d’aléatoire, sur lesquelles insiste la science d’aujourd’hui, soient expliquées et présentées comme pouvant permettre de nouvelles ouvertures d’esprit, de nouvelles attitudes dans la réflexion, de nouveaux regards sur le monde.

SCIENCE ET TECHNIQUES

Voyons maintenant du côté des techniques. Situées sur l’un des versants de la science, elles en comptent nécessairement un certain nombre de caractéristiques sur lesquelles il n’est pas utile de revenir (savoirs et savoir-faire accumulés, histoire, systèmes, remises en cause ...). Ajoutons à cela que, bien évidemment, l’évolution de la science passe de plus en plus par les moyens techniques dont elle dispose. Elle a l’âge de ses instruments de mesure et d’expérimentation. Les recherches contemporaines en direction des trois infinis (le grand, le petit et le complexe) sont entièrement dépendantes des progrès de la haute technologie. Mais il me paraît surtout utile d’insister, à propos du développement des techniques, sur trois idées :
• En premier lieu, ce développement est essentiellement tiré par les besoins de défense, de santé et de renouvellement de la richesse économique. La culture, l’éducation et ce que l’on pourrait appeler l’utilité sociale, tant bien que mal, tentent de suivre et de tirer parti des « retombées » de ce développement. Elles ont souvent beaucoup de difficultés à le faire. Nous sommes là en présence de l’un des grands enjeux des prochaines décennies nos sociétés seront-elles capables, sachant que leurs évolutions sont nécessairement lentes, de peser pour que les considérations culturelles et sociales soient mieux prises en compte lors des choix et dans les processus de développement technique ? Télévision et école, automatisation et travail, génétique et éthique, production de richesses individuelles accrues et grands équilibres de notre planète, inégalités Nord-Sud en sont autant d’illustrations.
• Deuxième idée qui prolonge la précédente : l’évolution des techniques, outre ce que lui apporte la science, se fait largement autour des notions d’innovation et de transfert qui sont avant tout des phénomènes sociaux. Et nous savons que la société française, en particulier, a souvent du mal à innover et à assurer la chaîne des transferts qui va de l’idée au produit. Une part de la maîtrise de notre avenir se joue sur ce terrain. Serons-nous oui ou non capables, dans les grands domaines porteurs que sont l’électronique, l’informatique, les matériaux et les biotechnologies, de prendre notre part d’innovation et de ne pas nous borner à « suivre » ce qui sera lancé par nos concurrents d’outre-océans ? Comment la société française peut-elle être mieux préparée à cet exercice ? L’enjeu n’est pas qu’économique. La maîtrise et « l’acceptabilité » des technologies passent également par là.
• Enfin, troisième idée, à côté des demandes spécifiques qui la tirent, à côté de la capacité des sociétés à être innovatrices, les techniques ont également – et auront probablement de plus en plus - tendance à se développer selon leur propre logique. Sans doute peut-on parler de ce point de vue d’une véritable technologique, la logique des ingénieurs, pourrait-on dire, en grossissant le trait. L’histoire de ces dernières décennies est ici également riche d’exemples notamment dans les secteurs aéronautique, spatial, robotique, électronique où de remarquables produits techniques n’ont pas trouvé place sur un marché, ont été rejetés par leurs utilisateurs potentiels ou ont fait l’objet d’une balance « coût/utilisation » particulièrement déséquilibrée. Des filières et des engrenages redoutables ont ainsi été créés. D’énormes gâchis en ont résulté. Les éviter à l’avenir passe certainement par la nécessité de mieux former le jugement des citoyens (parmi lesquels figurent les ingénieurs) sur la valeur économique, mais aussi sociale et culturelle des perspectives techniques qui leur sont offertes.

Nous sommes bien loin, dans tout cela, de la « Big science » salvatrice ou de la « Techno-science » source de libération pour le genre humain.

Ainsi, peut-on déjà noter ici que la cité des Sciences et de l’industrie ne sera certainement pas, dans la décennie 90, l’apologiste euphorisant de la science et de la technologie ... pas plus qu’elle n’en sera le censeur. Alors quoi ?

INDUSTRIE ET ENTREPRISE

Avant de répondre à cette question, il nous faut traiter d’un sujet qui n’est pas à proprement parler situé dans le champ de la culture scientifique et technique et qui, cependant, fait partie du domaine d’activité de la cité : l’industrie et l’entreprise. L’industrie pourrait être définie comme l’ensemble des process par lesquels le travail des hommes, prolongé par les machines (au sens large du terme) transforme, en s’exerçant dans des entreprises, les idées et les innovations en produits et services. Les cinq mots soulignés dans ce texte sont certainement, par les rapports qu’entretient l’industrie avec la culture, les plus importants. Retenons-les dans l’ordre suivant :
• D’abord le travail. Il s’exerce dans des métiers, c’est-à-dire dans des savoirs et des savoir-faire dont la dimension culturelle est évidente. L’histoire des cultures ouvrière, agricole ou artisanale en portent témoignage. Ce sera certainement, pour la cité, la première voie par laquelle nous donnerons une place plus grande à l’industrie dans nos présentations.
• Puis l’entreprise qui est le lieu où s’exerce le travail, où les hommes et les femmes acquièrent une bonne part de leur « fonds » culturel ; l’entreprise comme lieu de production de richesse économique, mais aussi comme « lieu de société » où se développent tout à la fois une communauté d’intérêts et des oppositions conflictuelles, où l’on apprend et se forme de façon continue, où l’on exerce des responsabilités individuelles et collectives.
• Puis les machines, c’est-à-dire l’ensemble des outils et équipements qui permettent la réalisation des produits. Nous savons qu’au travers, en particulier de la productique, elles prennent une part croissante à cette réalisation. Leur évolution est rapide, leur histoire illustre à la fois les changements technologiques et ceux qui affectent les conditions de travail.
• Enfin, nous pouvons joindre en une approche commune, les notions (fort différentes certes) de process et de services. Nous entrons en effet là dans le domaine de l’immatériel. Ce sont, s’agissant des process, des notions comme celles de qualité, de fiabilité, de méthodes, que nous aurons à illustrer. S’agissant des services (qui occupent aujourd’hui en France 7 personnes sur 10), nous pénétrons dans un univers en grande expansion qui va de la banque au tourisme, en passant par la satisfaction de besoins sociaux et culturels.

Vocation et mission de la cité des Sciences et de l’industrie

À l’intérieur de ce vaste champ, quelles sont la vocation centrale et les missions spécifiques de notre cité ?

Le mot vocation doit être pris dans un double sens. D’une part, il désigne ce que l’on est en droit d’attendre de la cité (le « on » regroupe ici nos tutelles, la nation française, nos visiteurs potentiels y compris étrangers). D’autre part, il signifie également volonté et capacité, c’est-à-dire ce que la cité veut et peut faire. C’est de ces deux points de vue qu’il nous faut éclairer et définir notre rôle pour la décennie 90.

QU’ATTEND-ON DE NOUS ?

Le décret créant la cité est clair sur ce point. Il s’exprime ainsi en son article 2 : « L’établissement public a pour mission de rendre accessible à tous les publics le développement des sciences, des techniques et du savoir-faire industriel. Il participe à leur diffusion dans les régions et à l’étranger ». Tel est donc l’objectif général que nous a fixé l’autorité politique.

S’agissant de nos concitoyens et de nos visiteurs potentiels, il semble bien qu’ils expriment trois grandes sortes d’attente :
• La première traduit un besoin d’émerveillement, de rêve, de plaisir, de jeu, de découverte que peut contribuer à satisfaire le contact « physique » avec les nouveautés de la science, ses plus récentes découvertes, l’aventure des chercheurs et des ingénieurs. Cette première attente se rattache à la fois à une sorte d’admiration naïve, à un certain idéal de progrès, à l’image d’Épinal du bon savant et à la vision de l’aventurier moderne. Sans doute, peut-on y ajouter un besoin de voir et de côtoyer certaines formes de la beauté. Ces besoins ne doivent pas être négligés. Nous devons faire en sorte que nos visiteurs puissent s’émouvoir, le verbe devant être entendu dans son sens originel : « se mettre en mouvement ».
• La deuxième traduit l’envie d’en savoir plus, d’exercer ses neurones autant que ses muscles, d’approfondir ses connaissances dans tel ou tel domaine, d’aiguiser sa curiosité intellectuelle, grâce à une approche originale, concrète, faisant appel à une participation active. Apprendre est ici, pour nous, le verbe à retenir.
• La troisième, enfin, correspond au besoin très ancien des hommes de mieux comprendre l’univers dans lequel ils vivent, pour mieux s’y situer et prendre une meilleure part à ses évolutions. Nos contemporains voient dans la science une grille d’explications à la mesure du monde, de ses enjeux, de ses risques et de ses chances. Ils sont en même temps, le plus souvent, désorientés par la difficulté à déchiffrer cette grille, par la vitesse à laquelle elle évolue et conduit à des applications techniques et industrielles. Et cette vitesse de transformation, pour eux, n’est pas abstraite. Elle les touche au cœur même de leur vie quotidienne, de leur emploi, de leur métier. Nous devons donc être capable de les aider à mieux comprendre.

Vocation pour les années 90

Sans négliger les deux premières attentes, c’est sur la troisième que je propose de centrer la définition de notre vocation pour les années 90. Qu’observons-nous en effet ? À l’approche de l’an mille, les hommes se fabriquèrent une grande peur de fin du monde. À l’approche de l’an deux mille, plus ou moins confusément, les voici qui à nouveau s’inquiètent et dramatisent : « Parviendra-t-on à nourrir et à faire vivre les 10 milliards d’êtres humains qui peupleront la planète dans un demi-siècle ? La couche d’ozone tiendra-t-elle ? Les climats vont-ils être bouleversés ? Jusqu’où iront les manipulations génétiques ? Serons-nous victimes de nouveaux types d’épidémies ? Et la pollution ? Et les pluies acides ? Et le risque nucléaire ? Et l’automatisation réductrice d’emplois ? ... »

Toutes ces interrogations ont un point commun : dans chacune d’elles, ce sont la science, la technique et l’industrie qui sont mises en question. Certains accusent ces activités humaines d’être à la source de tous les maux et cherchent des réponses dans l’irrationnel, dans les parasciences, dans de nouvelles magies, de nouvelles sorcelleries. D’autres, à l’opposé, attendent du progrès scientifique, technique et industriel la solution à tous leurs maux ; ils imaginent un avenir radieux où l’esprit humain domestiquera le monde pour le placer à son service. En vérité, le plus grand nombre de nos contemporains, désarçonnés, s’interrogent et souhaitent y voir plus clair.

Mais, dans le même temps, beaucoup d’entre eux, et particulièrement ceux qui n’ont pas eu la chance d’accéder à un certain niveau de formation, sont tentés de penser que tout cela est beaucoup trop compliqué pour eux, que sciences et techniques les dépassent, qu’ils sont condamnés à ne plus jamais participer à des choix qui leur échappent et qu’ils ne peuvent que s’en remettre aux « experts ». C’est la démocratie même qui s’en trouve alors menacée.

QUE VOULONS-NOUS ? ET QUE POUVONS-NOUS ?

Que voulons-nous ? Sans aucun doute, prendre toute notre part à cette « entreprise » qui vise à faire en sorte que le plus grand nombre de nos contemporains soient mieux informés, mieux instruits des « choses » de la science, de la technique et de l’industrie afin que leur culture ne se trouve pas amputée d’une dimension nécessaire et afin que, prenant goût à la capacité d’agir, ils se comportent en acteurs dans la société.

Que pouvons-nous ? Le projet d’entreprise, en analysant nos forces et faiblesses, nous aidera à mieux répondre à cette question. D’ores et déjà, il me paraît utile de souligner ceci : nous devons bien situer la vocation de la cité par rapport aux autres « lieux » qui concourent à la même mission. Ce sont l’école, la famille, l’entreprise, le mouvement associatif, le livre, les grands médias modernes et particulièrement la télévision.

Trois phrases-clefs

Ces premières considérations conduisent à définir notre vocation autour de trois phrases qui se complètent entre elles.
La vocation de la cité des Sciences et de l’Industrie est d’accueillir le plus grand nombre d’enfants, d’ adolescents, de familles, d’enseignants et de formateurs - appartenant à tous les milieux sociaux et culturels - afin qu’ils en ressortent, d’une part, en ayant amélioré leurs connaissances sur la science, la technique et l’industrie, et d’autre part, en étant animés du désir vif et durable d’en savoir plus sur ces matières, et d’avoir désormais, à leur égard, l’esprit plus curieux et plus exigeant. Cette première définition est axée autour des notions d’éveil, de curiosité, d’information, de première formation, de premières clefs d’accès. S’agissant de nos visiteurs, elle met également en valeur les notions de « plus grand nombre » et « d’appartenance à tous les milieux », qui constituent pour nous deux objectifs d’égale importance.
• La deuxième phrase permet de prendre en compte cette attente que nous définissions précédemment comme le besoin pressant d’une meilleure compréhension du monde présent et à venir. Elle pourra être ainsi rédigée : Elle - la cité - a pour ambition d’aider les hommes de ce temps, et particulièrement les plus jeunes, à mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent, ses enjeux, ses évolutions, ses risques, ses possibilités. Elle vise à les convaincre qu’il est souhaitable et possible de ne pas abandonner aux seuls « spécialistes » le pouvoir de décider du sort des générations à venir. Et c’est peut-être autour de la notion de risque que nous pourrions centrer notre propos. Montrer que le risque peut, en même temps qu’il croît, être mieux calculé, mieux contrôlé, constitue sans doute l’une des raisons d’être d’un établissement comme le nôtre.
• Enfin, il me semble qu’immédiatement après ces deux premiers niveaux de définition, doit apparaître la nécessité pour nous d’agir en liaison avec d’autres intervenants, avec des partenaires, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos murs. La troisième phrase sera alors la suivante : Il est dans la vocation même de la cité, pour l’exercice de sa mission de service public autant que pour la valorisation de ses capacités propres, de s’allier et de traiter avec tous les partenaires publics et privés qui le souhaiteront et qui développeront des actions dans le même esprit qu’elle, pour des objectifs voisins ou complémentaires.

C’est la notion d’alliance qui est ici privilégiée, en même temps que sont affirmés deux autres points qui me paraissent importants et que nous avons à concilier : ces alliances ne doivent en aucun cas porter atteinte à nos exigences de service public, en même temps qu’elles doivent être la meilleure manière de tirer un juste bénéfice de nos savoir-faire en même temps que d’accroître nos moyens.

Deux orientations

Ayant ainsi défini notre vocation, il est opportun d’en tirer deux orientations qui devront désormais, plus encore que par le passé, structurer notre action :
• D’une part, il nous faudra être capables, en même temps que nous nous efforcerons d’accroître notre fréquentation, d’aller plus à fond dans l’action éducative, non pas pour réinventer en marge de l’école je ne sais quelle « pédagogie ludique », mais pour accompagner l’effort d’éducation de la nation, l’aider à évoluer, lui apporter une contribution originale, qu’il s’agisse de la formation de base des enfants ou de la formation permanente des adultes.
• D’autre part, nous n’atteindrons ce double objectif ambitieux - fréquentation accrue et action éducative en profondeur que si nous savons développer la synergie la plus forte entre tous nos services et moyens.

Quel sens donner à nos projets ?

Compte tenu de cette vocation et de ces missions, quel est le « contenu », ou, si l’on préfère, le sens que nous devons donner à nos projets ? On peut l’exprimer ainsi : Sciences, techniques et industries sont des formes de plus en plus importantes de l’aventure humaine. Aucun déterminisme ne les conduit vers le bien, pas plus que vers le mal. Leurs évolutions rapides sont passionnantes. Dues pour une part au hasard des découvertes, ces évolutions dépendront, probablement de plus en plus, de la manière dont les sociétés démocratiques sauront tout à la fois en faciliter, en maîtriser et en orienter le cours. Il importe donc que tout citoyen comprenne qu’un certain accès au savoir résultant des sciences et des techniques, à leur démarche, à leurs interrogations, à leur histoire, et à leurs perspectives, est pour lui, possible, attrayant et nécessaire …

Cette définition conduit en particulier à distinguer, dans nos projets, quatre dimensions que nous devons nous efforcer d’associer :

DES THÈMES PRIVILÉGIÉS

Privilégier les thèmes et les sujets pour lesquels l’intérêt et la curiosité des hommes de ce temps sont les plus marqués. Cela ne signifie pas que nous devons nous laisser porter par les effets de mode. Il faut au contraire les dépasser. L’intérêt de la démarche est précisément de démythifier certains de ces sujets, d’en situer l’importance relative, de mettre en relief, dans le bric-à-brac des outrances médiatiques, les enjeux, les chances et les risques que la science et la technique font naître, développent ou permettent de mieux comprendre.

Le thème de l’eau retenu pour l’année 1990, celui des communications en 1991 et celui de la santé de l’homme en 1992, devront être traités dans cet esprit. Il en va de même pour le renouvellement progressif d’Explora, et pour la grande majorité de nos initiatives à venir.

SCIENCE ET INDUSTRIE EN GESTATION

Montrer la science, la technique et l’industrie en train de se faire. Cette proposition couvre deux idées :
• Elle signifie que nous devons être à jour dans nos présentations, nous tenir informés des derniers états de la recherche et de ses développements afin de les présenter correctement et aussi de les mettre en débat. Ce dernier trait est important : la cité des années 90 doit devenir le grand lieu français et peut-être européen, où se déroule un riche débat « Science et société ».
• Elle nous contraint à faire en sorte que nos visiteurs soient, sur nos espaces, aussi proches que possible des « manips » de la science, des process de la technique et de l’industrie, de la vie des laboratoires et des ateliers.

LA DIMENSION HISTORIQUE

• Réintroduire dans la cité, la dimension de l’histoire. Nous ne pouvons prétendre aller plus à fond dans l’action éducative, dans notre volonté de faire en sorte que nos visiteurs « apprennent et comprennent », si nous ne leur présentons pas la science, la technique et l’industrie en les restituant dans leurs perspectives historiques, particulièrement celles des dernières décennies. Il suffit de penser à des secteurs comme ceux de l’électronique, de l’énergie, de l’informatique, de l’espace ou de la biologie, pour mesurer l’importance de cette dimension. Sans mémoire, notre message serait condamné à la superficialité, au « gadget » dont fut quelquefois accusée notre maison. Cela n’est pas contradictoire avec le souci d’être actuel, mais complémentaire.

N’oublions jamais que la science fait le « point de la question » jusqu’à une date donnée et que l’exposition d’un fait scientifique est nécessairement enveloppée de références.

ÉDUCATION ET FORMATION

Développer nos projets en liai­son avec des programmes d’éducation et de formation.

Éducation de base tout d’abord ; il est probable que l’enseignement tentera de retrouver de plus en plus les approches par l’expérimentation et par l’observation. Si cette évolution se produit - et nous pouvons aider à ce qu’elle se produise - alors, la cité peut prétendre jouer un rôle grandissant dans l’effort éducatif de la nation. Les méthodes « interactives » qui y ont été expérimen­tées, font en particulier de notre établissement un lieu privilégié pour de nouvelles pratiques et pour une véritable « recherche-action ». De même, si l’approche pédagogique par des « projets collectifs » conduits par des groupes de jeunes, est mieux prise en compte, nous pouvons également prendre une part grandissante dans l’application de ces méthodes.

Éducation permanente ensuite notre expérience est encore limitée en ce domaine. Mais nous sentons bien que nous pouvons y prendre place. Cela ne pourra se faire qu’en liaison étroite avec les entreprises et les organismes de formation.

Il nous faudra, dans ces deux dimensions de l’éducation et de la formation, bien définir quelques produits, les tester et développer dans la durée ceux qui correspondent le mieux à notre rôle spécifique. Nous ne man­querons pas d’y retrouver la difficile question des langages : langage de la science et de la technique, langage de l’école, langage commun ... Sans doute avons-nous un rôle à jouer pour que, sur des points essentiels au moins, ils se rejoignent.

Il est important d’ajouter ici que la complexité des quatre dimensions qui viennent d’être citées exige que nous développions un sérieux effort de recherche propre et d’évaluation pour, en permanence, éclairer notre démarche.

EXPRIMER LE SENS ET LE CONTENU

Ce contenu, ce message, comment les exprimer, comment leur faire prendre forme en nos projets ?

UN PROPOS CLAIR ET PRÉCIS

Le point de départ est certainement l’identification d’un propos clair, précis, compréhensible et dont la lisibilité ne se perde pas en cours de route. Ce propos doit résister aux pressions et au temps. Il est tout le contraire d’une opinion de café du commerce ou d’un babillage médiatique. Dans chacun de nos projets, nous devons avoir quel­que chose à dire. Ce « quelque chose » doit être pensé, mûri par nos propres équipes bien alimentées en informations sur l’état de l’art, et sachant s’assurer du concours extérieur de scientifiques, d’ingénieurs, de pédagogues et d’utilisateurs.

Chaque îlot renouvelé d’Explora, chaque thème annuel, l’extension de l’Inventorium, nos films, nos programmes de formation, nos éditions, nos spectacles doivent tous être nourris d’une substance riche et clai­rement énoncée.

QUEL PUBLIC ?

Au moment même où est conçu ce propos, la question doit être posée de savoir à quel public il s’adresse. Et bien évidemment, la réponse apportée à cette question contribue à façonner le propos lui-même.

Ce sont la sensibilité de ce public, ses mécanismes de perception et sa capacité à acquérir de nouveaux savoirs qui sont ici à prendre en compte. Nos projets seront sensiblement différents selon qu’ils privilégieront une « clientèle » d’enfants en scolarité, de familles, d’adultes isolés ou en groupes, d’initiés ou de néophytes ... Il serait illusoire et dangereux de prétendre s’adresser à tous sur un même lieu, avec un même projet. Tel îlot d’Explora ou sous-ensemble d’îlots, par exemple, tel groupe d’éléments (et c’est sans doute à ce niveau plus réduit que le « ciblage » précis devra être fait) sera élaboré en visant prioritairement telle ou telle partie de notre public potentiel. Cela vaut bien entendu également pour la médiathèque, l’Inventorium et nos actions de formation.

Au total, si l’on prend l’ensemble de nos produits, nous aurons bien entendu à couvrir la totalité de notre clientèle, mais sans prétendre le faire pour chacune de nos présentations. C’est une démarche difficile, elle suppose que nous tenions informés des mécanismes individuels et collectifs qui sous-tendent les comportements. Elle est une forme de « marketing », c’est-à-dire de ce rapport au client que nous devons nous efforcer de mieux maîtriser. Elle exige aussi une évaluation toujours renouvelée de ce que nous avons réalisé.

UNE MUSÉOLOGIE APPROPRIÉE

Pour ce qui est plus particulièrement de nos expositions, le produit ainsi élaboré doit être traduit par une muséologie appropriée. Notre expression muséologique doit être diversifiée, souple et s’adapter à chaque propos, à chaque public en s’articulant autour de quatre axes dont la « présence » sera plus ou moins marquée selon les produits :
• Une interactivité forte qui dépasse le simple jeu, le simple plaisir des enfants à appuyer sur des boutons ou des écrans, et qui conduise nos visiteurs à véritablement manipuler, expérimenter, apprendre et comprendre en instrumentant. L’interactivité bien conçue est certainement un bon moyen d’inciter à la créati­vité, de développer l’initiative et le sens de l’innovation. C’est un mode d’intervention qui ne doit donc pas être traité légèrement.
• Cette interactivité doit s’accompagner de l’insertion dans nos expositions d’un nombre élevé d’objets authentiques. Rien ne vaut le contact avec un objet réel. Il a force de témoin, et notre objectif doit être de témoigner plus que de représenter. Sans doute, une certaine mise en scène est-elle souhaitable, mais à condition qu’elle soit légère et seconde. À trop vouloir simuler, il ne resterait que le simulacre, c’est-à-dire l’apparence qui se prend pour réalité, l’image qui devient idole.
Notre démarche doit permettre d’approcher les instruments scientifiques et des équipements industriels, si possible en fonctionnement, de pénétrer dans des « lieux technologiques », de suivre des process réels en train de se développer. Ces instruments et ces process sont ceux d’aujourd’hui afin d’illustrer la science, la technique et l’industrie vivantes, mais aussi ceux d’hier et d’avant-hier afin de témoigner de l’histoire et des évolutions.
• Tous ces efforts vers une « interactivité plus profonde et plus authentique » seraient largement vains s’ils n’étaient accompagnés en nos différents lieux d’une forte présence humaine. Nous serons en effet conduits à développer, plus que par le passé, une « animation » quasi permanente sur les lieux mêmes de nos expositions. L’îlot Météovision (à condition de le sortir de sa prison métallique) est un très bon exemple de ce qu’il faut faire car il cumule la présentation de connaissances et d’applications des sciences avec celle des hommes au travail. Certes, cette présence forte et directe des « techniciens » n’est pas possible partout. Des formes plus légères devront être définies et mises en œuvre. Mais l’objectif doit être de multiplier les présences explicatives et démonstratrices et de les rendre aussi permanentes que possible sur les lieux mêmes d’expositions.
• Les autres modes d’expression muséologique, bien entendu, doivent également trouver leur juste place, soit en accompagnement des précédents, soit en premier mode de présentation lorsqu’il s’agit de représenter l’immatériel. Spectacles, simulations, audio-visuels, jeux peuvent également être utiles pour créer l’émotion. Prenons soin de les concevoir et de les présenter de telle façon qu’ils soient porteurs de sens sans excès de didactisme, faciles d’accès sans être simplistes, bien situés, ouverts et non pas confinés dans des boîtes noires ... et qu’enfin forme et esthétisme ne l’emportent pas sur le contenu. La simu­lation réussie sera celle qui permettra « d’expérimenter le réel » et constituera un véritable outil pédagogique.

S’agissant de scénographie et de mise en scène, il nous faudra particulièrement privilégier les ambiances que procurent les éclairages, les couleurs, les sons et les formes légères ... plutôt que les lourdes armatures opaques et les échafaudages métalliques.

ESPACE ET PROJET

Dernier axe, mais non le moindre, nos projets doivent toujours être conçus en relation intime avec l’espace où ils prendront place. Cela peut paraître évident. L’expérience montre qu’il n’en est rien. Cette exigence « spatiale » est à prendre sous deux angles :
• Celui de l’architecture. Nous devons tenir le plus grand compte des caractéristiques architecturales de notre bâtiment, non point pour le vénérer, mais pour le maîtriser, y inscrire la vie, lui donner une âme et en dégager les meilleures perspectives. Il ne s’agit pas de se battre contre une architecture, mais de l’apprivoiser. Tel est le parti pris par le « schéma directeur » d’Explora. Le même esprit, la même approche s’imposent pour l’ensemble de nos espaces.
• Celui de l’urbanisme. Nous avons pour objectif de donner son vrai sens au mot cité et donc d’aménager l’immeuble comme peut l’être une ville, ou plus exactement un centre-ville. La démarche est engagée. Il convient de la préciser. Elle doit nous conduire à offrir à nos visiteurs plus de clarté dans les lieux et les itinéraires, plus de possibilités de se repérer, de se déplacer selon leurs rythmes ... Places, rues, cafés, squares, vitrines, quartiers (Nord, Sud, Est, Ouest), terrasses lieux de repos, devront ainsi répondre aux besoins des « citadins » qui nous rendent visite.

Tous nos projets se placeront désormais dans cette double perspective architecturale et urbaine. Une vue d’ensemble sera en permanence nécessaire afin que nous puissions alterner heureusement circulation et respiration, permettre en tout point une orientation aisée qui renvoie à des signaux bien situés, facilement déchiffrables.

EN GUISE DE CONCLUSION

La politique à suivre est complexe. Sa mise en œuvre exige des méthodes de travail rigoureuses et des modes de management adaptés. Le projet d’entreprise doit nous aider à les préciser. Mais d’ores et déjà, les points suivants méritent d’être mis en exergue :
• Tout projet, au moment même où il est décidé, doit être confié à un responsable dont la délégation de pouvoir sera claire, écrite, large, mais avec des limites précises.
• Autour de ce responsable doit être constituée dès le départ une équipe-projet dans laquelle figurera un représentant de chacune des fonctions nécessaires au bon déroulement du projet (conception, réalisation, animation, financement, communi­cation ...). C’est dans ce type d’organisation du travail que s’exprimeront concrètement nos synergies et notre recherche de cohérence. Il convient d’insister pour qu’en particulier les fonctions d’exploitation et de maintenance soient associées aux projets dès leur conception.
• La consultation d’« experts et conseils extérieurs » doit être systématiquement et largement pratiquée (là aussi dès la conception). Elle sera conduite dans un souci de grande ouverture en France et à l’étranger, grâce au relais de réseaux vivants de compétences.
• Des revues de projet doivent être périodiquement organisées à différents niveaux. Elles ont pour objet de soumettre l’avancement de ces projets aux regards critiques extérieurs, et de permettre des modifications, des réorientations à chaque étape où elles sont possibles. Chacune doit correspondre à une étape de la maturation du projet. Des revues d’exploitation sont également nécessaires pendant la vie du produit, de même que des « revues-bilans » doivent, en fin d’exploitation, permettre de tirer le meilleur profit de l’expérience réalisée.

Création collective, projet, équipe, délégation claire des responsabilités, ouverture, débat, confrontations, critique, expérimentation et mise en pers­pective, modularité et réorientation, rigueur et souplesse : tels sont certainement les maîtres mots de la « méthode cité ».

Roger LESGARDS

notes bas page

[1Mais Platon interdisait déjà l’entrée de son école À qui n’avait pas étudié la géométrie.

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