La levée des barrières disciplinaires
Emmanuel Laurentin : Jacques Le Goff, Jean-Pierre Vernant, nous nous retrouvons pour cette discussion sur votre itinéraire intellectuel et historien, à tous les deux, à l’occasion, je le répète, de vos anniversaires respectif, 80 ans pour l’un et 90 ans pour l’autre. Cette deuxième émission va tourner autour de la question des sciences de l’homme. Je pense que l’un comme l’autre, vous avez toujours considéré que vous travailliez sur l’homme, en reprenant le terme de Marc Bloch, que vous citiez hier, pour terminer notre émission, Jacques Le Goff : « L’homme est le gibier de l’historien », mais également lorsque vous écrivez, Jean-Pierre Vernant : « Dans l’homme Grec, nous recherchons l’homme lui-même, cet homme Grec ancien que l’on ne peut séparer de son cadre dont il est à la fois le créateur et le produit. » Je voudrais que l’on tourne autour de ces questions-là et peut-être également développer cette idée de ces sciences de l’homme qui se développaient considérablement dans l’immédiate après guerre, dont nous avons parlée hier, aussi bien à la VIe section qu’à d’autres endroits de recherche, comme au CNRS, et des influences que vous avez pu subir d’autres disciplines, en particulier de l’anthropologie, Jean-Pierre Vernant, vous avez cité le cas de votre maître, Ignace Meyerson, de Louis Gernet, on pourrait rajouter Lévi-Strauss, évidemment, dans ce paysage.
Jean-Pierre Vernant : Lévi-Strauss, je l’ai admiré, je l’ai lu, je me suis inspiré de sa façon de travailler mais, comment dirais-je, moi j’avais une conception, je l’ai gardée, qu’il y a une histoire de l’homme de l’intérieur, que cela se fabrique. Il faut bien voir qu’en France, à mon avis, les sciences de l’homme ont été initiées et influencées fortement par la linguistique. C’est la linguistique qui a essayé de faire de ce qui était de l’à peu près une science au sens propre du terme. Lévi-Strauss en particulier, bien entendu, a été très influencé par la linguistique. Dans son analyse des mythes, c’est cela que j’ai retenu, il essaye de montrer que ce n’est pas des histoires foutues n’importe comment, ce n’est pas de l’à peu près, pas plus que le langage, qu’il s’agit de trouver les moyens de mettre en lumière des structures, qui ne sont pas des structures logiques, comme on trouve dans la science, mais qui sont des structures d’organisation…
Emmanuel Laurentin : « Des structures qui commandent l’ordre du récit », dites vous.…
Jean-Pierre Vernant : Des structures qui commandent l’ordre du récit. Il y a un ordre du récit. Un conte, cela se développe avec un point de départ et un point d’arrivée. Et quand on regarde cela dans le détail et qu’on prend d’autres contes, de même type, on voit qu’il y a une architecture intellectuelle. Lévi-Strauss, beaucoup plus que moi, beaucoup plus que Meyerson, mon maître, a l’idée qu’au fond on peut arriver à trouver derrière les mythes de tous les pays, une espèce de logique du concret, une logique du sensible, qui n’est pas la logique du principe d’identité, qui est la logique sensorielle, si j’ose dire, et qu’à mes yeux, d’une certaine façon, c’est un peu du kantisme (kantisme ou quantisme ? ), il y a des règles a priori de l’intelligence avant qu’elle ne soit entièrement développée.
Emmanuel Laurentin : Un peu trop globalisant pour vous, c’est cela que vous voulez dire ?
Jean-Pierre Vernant : Ce n’est pas globalisant, c’est trop… À la fois je ne suis pas sûr qu’on puisse passer, sans beaucoup de précautions, des mythes grecs à des mythes africains ou…
Emmanuel Laurentin : Amérindiens.
Jean-Pierre Vernant : Amérindiens. Et je ne suis pas certain non plus que l’on puisse explorer l’intelligence humaine dans son fonctionnement sans faire intervenir l’idée qu’il y a des changements, qu’il y a des seuils, qu’il y a des ruptures, qu’il y a des modifications dans la logique, dans la science, dans la sensibilité. Par conséquent que la psychologie est historique.
Emmanuel Laurentin : Jacques Le Goff ?
Jacques Le Goff : Bien entendu, Jean-Pierre Vernant vient de prononcer le mot, qui indique que nous sommes là encore d’accord. Mais avant de revenir…
Emmanuel Laurentin : Ruptures historiques...
Jacques Le Goff : Avant de revenir à Lévi-Strauss dont j’ai bien entendu subi l’influence, et moi aussi je suis dans un mélange d’admiration pour ce grand intellectuel, ce grand savant, et de réserve que, je dirais qu’elles vont rejoindre celles de Jean-Pierre Vernant. Mais, si vous le permettez, je voudrais partir, car en ce qui me concerne, cela a été capital, d’un petit peu plus loin. J’arrivais donc comme historie, et là c’est une différence avec Jean-Pierre Vernant, je m’affirmais dès le début de ma carrière comme appartenant au milieu des historiens, et ce que Braudel, Lombard, Les Annales m’apprenaient, c’est qu’il y avait une façon nouvelle de faire l’histoire. Et un des caractères de cette nouvelle histoire, c’était de dialoguer, de faire si possible de l’interdisciplinarité avec les autres sciences. Vous avez-vous-même prononcé le terme de sciences de l’homme. Oui, mais aussi sciences sociales.
Emmanuel Laurentin : Sciences de l’homme et de la société.
Jacques Le Goff : Sciences de l’homme et de la société
Jean-Pierre Vernant : Oui, bien sûr.
Jacques Le Goff : parce que ce qui nous intéresse tous les deux, c’est l’homme en société, Marc Bloch l’avait déjà affirmé avec force. Alors, quelles étaient ces autres sciences sœurs, si j’ose dire, et avec lesquelles il fallait établir des mariages pour que cela devienne fécond ? Il y avait l’économie, ce qui peut paraître aujourd’hui bizarre, mais il y avait l’économie et les économistes ont joué un rôle important dans ce renouvellement de l’histoire.
Emmanuel Laurentin : À une époque d’ailleurs, je crois : Les Annales (titre)/ (sous-titre) Économie sciences et sociétés.
Jacques Le Goff : Il y avait évidemment la linguistique dont Vernant vient de parler. Il y avait peut-être surtout la sociologie. La sociologie est restée, me semble-t-il, parmi ces sciences sœurs une science qui n’avait pas été très mise à contribution, avec laquelle ni Lucien Febvre ni Fernand Braudel, qui était à ce moment-là le patron des Annales, n’avait établi de véritable dialogue, c’était précisément l’anthropologie. Comme avec plusieurs autres historiens, qui regardaient un peu dans cette direction, il a fallu d’abord, je dirais, que nous nous mettions un peu au clair sur des questions de vocabulaire qui sont des questions importantes. Le vocabulaire en général recouvre des enjeux importants. Nous étions pris entre anthropologie et ethnologie. Ethnologie, d’une certaine façon nous plaisait davantage parce que nous y voyions la diversité, nous y voyions l’autres, qui est aussi une des visées, je crois, de l’historien nouveau. Par ailleurs nous regrettions que l’ethnologie se confonde parfois plus ou moins avec de vieilles méthodes comme celles du folklore, se perdent un peu dans l’anecdotique et oublie ce qui était si important pour nous, qui était précisément l’homme. Par conséquent nous avons finalement adopté l’anthropologie et nous avons décidé de nous placer sous la bannière de l’anthropologie historique. Je me souviens d’une année, je ne saurais pas dire laquelle, je pense que c’est le début des années 70, où l’affiche de la VIe section qui étaient en train de devenir l’École des hautes études en sciences sociales actuelle, il y a eu un profond remaniement des titres des cours et des séminaires et presque partout le terme de l’anthropologie historique est apparu, de façon peut-être comme…
Emmanuel Laurentin : Une mode ?
Jacques Le Goff : Une mode.
Emmanuel Laurentin : Jean-Pierre Vernant ?
Jean-Pierre Vernant : Je crois, il me semble qu’il y a eu dans ces années-là un débat entre histoire, anthropologie, sociologie et psychologie. Ce débat était un peu ancien mais il s’est posé en termes nouveaux et il y a eu toute une série d’échos. Vis-à-vis de Lévi-Strauss, il y a eu de longues discussions, il y avait le temps long de Braudel, Lévi-Strauss s’est expliqué, il dit a dit : pas du tout, moi je n’ai jamais déclaré qu’il n’y avait pas de temporalité. J’ai distingué les civilisations froides et les civilisations chaudes, c’est-à-dire les civilisations qui ont choisi le changement et les civilisations qui refusent, qui bloquent les changements, elles sont dans des temps différents mais il y a toujours du temps. Il y a eu toute une série de textes de Lévi-Strauss où il est revenu sur un plan théorique pour expliquer que pas du tout, en réalité…
Emmanuel Laurentin : Pour se rapprocher d’une certaine façon…
Jean-Pierre Vernant : En réalité, les problèmes ne sont pas tranchés, dieu soit loué. En effet, quel type de temporalité ? Hartog a travaillé aussi sur ces points, il y a des temporalités multiples. En tout cas pour ma part, si je regarde un peu ce que j’ai fait, il est bien sûr qu’un des éléments essentiels a été de voir, comment on pouvait, dans la ligne de Gernet, en suivant Gernet, passer de formes de pensée, de sensibilité, de comportement, d’être au monde, archaïque, dans les mondes grecs, à quelque chose qui est le monde de la cité, le monde de la monnaie, le monde où il y a déjà de l’économie, où surtout il y a la politique. C’est cela que j’ai voulu faire, donc le temps est là.
Jacques Le Goff : Pour moi, c’est à ce moment-là aussi qu’est arrivé, si j’ose dire, Lévi-Strauss. Je passe sur le charme des idées, du style de Lévi-Strauss, Triste tropique est un livre fabuleux, du moins lui aussi littéraire. Ce que, comme l’a très bien dit Jean-Pierre Vernant, Lévi-Strauss a qui j’ajouterais tout de un autre savant qui a eu sur moi une influence peut-être plus grande, Georges Dumézil, c’est qu’il nous apportait des concepts et une méthode pour trouver dans les civilisations qui nous intéressaient, qui apparaissaient un peu comme des fouilles, les moyens d’une cohérence. J’ai eu très tôt, et grâce à eux, en partie, le sentiment que quand je disais la civilisation médiévale, c’était véritablement une civilisation. C’était quelque chose, je reprends ici un mot de Jean-Pierre Vernant, qui était structurée, qui avait une architecture. Je vais prendre deux exemples en ce qui concerne Lévi-Strauss, de ses moyens d’opérer restés plus ou moins célèbres, c’est l’opposition entre le cuit et le cru. C’est justement à cette occasion que j’ai écrit un article avec Pierre Vidal-Naquet, où nos avons essayé e montrer que cette analyse, par le cru et le cuit, fonctionnait très bien, d’un côté dans la Grèce antique et pour ce qui me concernait dans l’Occident médiéval. Georges Dumézil, qui était venu de la linguistique et de l’histoire comparée des religions, nous avait, à moi en particulier, légué - je l’ai assez bien connu et fréquenté – une notion qui a été pour moi extrêmement utile, c’est l’idée que les sociétés occidentales avaient été fortement marquées par des origines indoeuropéennes, et qu’en particulier cette idéologie privilégiait un système de structure de la société en trois fonctions…
Emmanuel Laurentin : La tripartition fonctionnelle…
Jacques Le Goff : Voilà, la tripartition fonctionnelle. Et je me suis aperçu, et je crois avoir été avec l’historien de la littérature, Jean Batany, le premier à l’avoir remarqué, très tôt nous avons été rejoints par Georges Duby, l’importance que cela avait pour analyser la société médiévale. Mais, Georges Dumézil, je peux en témoigner, n’était pas un structuraliste abstrait. Il pensait que le système indoeuropéen s’était répandu par diffusion et en se transformant au cours de l’histoire. Tandis, comme l’a dit Jean-Pierre Vernant, Lévi-Strauss s’est beaucoup défendu de proposer un système « ahistorique », sans histoire. Il est vrai que l’on peut ainsi interpréter l’opposition entre société froide et société chaude, encore que personnellement, je trouve qu’elles sont toutes plus ou moins chaudes, qu’il n’y a pas de sociétés froides,…
Emmanuel Laurentin : Vous êtes un adepte de l’idée que l’histoire est mouvement…
Jacques Le Goff : Toute société est historique, c’est dans un certain contexte historique, politique et intellectuel que l’on a parlé de sociétés froides parce qu’en fait cela recouvre, à mon avis, l’image qu’on avait, que l’on voulait donner des sociétés colonisées, c’était un arrêt de l’histoire dans ces sociétés qui n’était pas un arrêt à mon avis réel mais qui avait été apporté par la colonisation. J’ai discuté, très respectueusement bien sûr, de Lévi-Strauss, et je sais que je l’avais un peu agacé mais il ne m’avait pas donné d’arguments vraiment solides quand je lui ai dit : au fond pour vous, l’histoire c’est une empêcheuse de tourner en rond. S’il n’y avait pas d’histoire, cela fonctionnerait tellement bien, les sociétés dans les structures que vous leur donner. Il y a bien des transformations dans les sociétés « lévi-straussiennes » mais ces transformations sont des transformations justement d’ordre structurel, je dirais presque abstrait, et là, il y a une limite très importante. D’ailleurs, je teins à rappeler que dans une perspective historique que quand Fernand Braudel a publié dans Les Annales, en 1958, son célèbre article sur la longue durée, cela a été explicitement pour contrer Lévi-Strauss.
Jean-Pierre Vernant : Bien sûr.
Jacques Le Goff : Il admirait beaucoup Lévi-Strauss, lui aussi. Mais il voyait en quelque sorte les ravages que Lévi-Strauss exerçait sur les jeunes esprits, y compris les jeunes historiens, il arrêtait le temps malgré tout. Il a donc voulu montrer qu’il n’y avait jamais arrêt du temps mais qu’il y avait l’histoire longue dont on pouvait penser qu’elle était du temps arrêté mais qu’elle ne l’était pas. Là, Lévi-Strauss a pris au piège quelqu’un qui par ailleurs est un des grands historiens du renouvellement, Emmanuel Le Roy-Ladurie, qui un jour a parlé de l’histoire immobile. Ce qui a fait bondir, je dois dire, Fernand Braudel.
Emmanuel Laurentin : Jean-Pierre Vernant, Jacques Le Goff vient d’évoquer un autre nom que celui de Lévi-Strauss, autour duquel nous tournons depuis le début de cette émission, c’est celui de Georges Dumézil. Est-ce qu’aussi la question de la tripartition fonctionnelle, est-ce que la question de l’influence de Dumézil sur…
Jean-Pierre Vernant : Dumézil, je le considère comme un de mes maîtres. Je faisais, dans le journal de psychologie, les comptes-rendus de la plupart des ouvrages de Dumézil et je venais les lui montrer. Dumézil, un beau jour, j’avais été lui montrer un papier et je descendais l’escalier, m’a dit : Vernant, Vernant, monsieur Vernant, est-ce que vous avez pensé au Collège ? Je n’avais jamais pensé au Collège,…
Emmanuel Laurentin : Au Collège de France…
Jean-Pierre Vernant : Je lui ai dit : non. « On y a pensé pour vous, allez voir Lévi-Strauss. » J’ai vu Lévi-Strauss et c’est Lévi-Strauss qui m’a présenté. Dumézil, d’une certaine façon, par le fait qu’il prenait des civilisations déjà relativement avancées, des systèmes religieux complexes, il était plus utile pour moi, avec le fait qu’avec les Grecs le système de tripartition fonctionnelle ne marche pas. Dumézil, qui au début avait cru que peut-être on pouvait aussi l’appliquer à la Grèce, qui sont des Indoeuropéens, s’est aperçu que cela ne collait pas. Je dirais volontiers que c’était d’autant plus important pour moi que c’était un idéal de cohérence, en montrant que l’Inde védique, l’Iran, les Germais, les Celtes, les Romains, on pouvait arriver. Il arrivait très bien, avec précisions, à montrer qu’il y avait une espèce d’architecture commune, mais avec deux choses, lui-même comme le disait Le Goff, montrait comment cela avait changé, par exemple comment dans les pays où il n’y avait pas une classe sacerdotale, qui conservait intact ce schéma, on ne retrouvait plus le même schéma mais on pouvait voir comment cela c’était passé. Ensuite, c’était merveilleusement intéressant parce que cela ne collait pas. Et c’est toujours intéressant…
Emmanuel Laurentin : L’hommage que l’on vous a rendu, avec vos élèves et vos pairs, en 87, « poikilia, la diversité », ça colle bien avec votre idée, c’est la liberté de penser, …
Jean-Pierre Vernant : Ce n’est pas la diversité de n’importe quoi. Pourquoi est-ce que les Grecs qui sont des Indoeuropéens vont faire un système qui sera très différent du point de vue religieux ? On ne peut pas comprendre pourquoi les Grecs ont inventé le politique, la cité, si l’on ne voit pas qu’ils avaient déjà rencontré sur leur passage des peuples, tous les peuples de la Méditerranée, de l’orient, de l’Afrique même et qu’ils s’étaient imbibés de cela et que la structure religieuse, un peu rigide, que l’on trouve ailleurs, comme en Inde, avec les trois classes, ça, ça n’existe plus. Ils ont donc réinventé quelque chose et je crois que ce qu’ils ont réinventé, c’est la police.
Emmanuel Laurentin : Jacques Le Goff ?
Jacques Le Goff : Dumézil, l’avait parfaitement reconnu.
Jean-Pierre Vernant : Tout à fait.
Jacques Le Goff : Je dois dire une chose aussi qui m’impressionnait, c’était la façon dont tout en montrant que le système indoeuropéen avait connu une large diffusion, cette diffusion avait eu des limites, des frontières. Je me rappelle comment un savant historien des religions britannique ayant cherché à démontrer, en se servant de Dumézil, que le tri-fonctionnalisme existait dans la Bible, en particulier par l’analyse très biaisée des trois fils de Noé, Dumézil fait de cet article un éreintement extraordinaire, qui reste pour moi je dois dire, je l’ai toujours pas loin de moi, un objet de délectation.
Jean-Pierre Vernant : Il a pris la même attitude à l’égard d’un certain nombre de savants. Il y avait un Japonais qui montrait que toute la mythologie japonaise…
Jacques Le Goff : Il s’était infiltré dans Les Annales.
Emmanuel Laurentin : Un Japonais qui s’infiltre dans Les Annales ?
Jean-Pierre Vernant : Bien sûr, il a été à Paris pendant longtemps, il allait chez Dumézil et chez moi aussi. Dumézil, je lui dis : si ça marche partout, c’est que ce n’est pas vrai ! Si l’on peut montrer chaque fois, n’importe où qu’il y a un système trifonctionnel, alors il n’y en a plus, c’est fini. C’est dans la mesure où s’est limité que cela a une valeur probatoire.
Les livres et les liens signalés sur le site de l’émission
– Jacques Le Goff, « Un autre Moyen Age », Ed. Gallimard, (1999).
Un autre Moyen-âge c’est un Moyen-âge total qui s’élabore aussi bien à partir des sources littéraires, archéologiques, artistiques, juridiques, qu’avec les seuls documents naguère concédés aux seuls médiévistes.
Comprend : Pour un autre Moyen-âge, L’Occident médiéval et le temps, L’imaginaire médiéval, La naissance du Purgatoire, Les limbes, La bourse et la vie, Le rire dans la société médiévale.
– Jacques Le Goff, « L’imaginaire médiéval », Ed. Gallimard, (1996).
Après avoir défini l’imaginaire et les moyens de son exploration, l’auteur évoque les représentations dont se sont servis les hommes du Moyen-âge pour penser le monde et la société : images de l’espace et du temps, codes symboliques, métaphores littéraires...
– Jean-Claude Bonne, Jacques Le Goff, Éric Palazzo, Marie-Noel Colette, Pierre Vernant, « Le sacre royal à l’époque de Saint-Louis », Ed. Gallimard.
– Jean-Pierre Vernant, « L’Univers, les Dieux, les hommes », Ed. Seuil (1999).
– Jean-Pierre Vernant, « Entre mythe et politique », Ed. Seuil (1996).
– Jean-Pierre Vernant, « Mythe et Religion en Grèce ancienne », Ed. Seuil (1990).
– Jean-Pierre Vernant, « L’individu, la mort, l’amour / Soi-même et l’autre en Grèce ancienne », Ed. Gallimard (1989).
– Jean-Pierre Vernant, « La Mort dans les yeux / Figures de l’autre en Grèce ancienne », Ed. Hachette (1985).
– Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne, « Les ruses de l’intelligence / La métis des Grecs », Ed. Flammarion (1974).
– Jean-Pierre Vernant, « Les origines de la pensée grecque », Ed. Puf, (7ème édition, collection Quadrige, 1990) (1962).
– Bottéo, Jean ; Vernant, Jean-Pierre ; Herrenschmidt, Clarisse, « Orient ancien et nous (L’) : l’écriture, la raison, les dieux », Ed. Albin Michel (1996), repris en Hachette Pluriel en 1998.
– Jacques Le Goff, En coll. avec Nicolas Truong, « Une histoire du corps au Moyen-âge », Ed. Liana Lévi, (septembre 2003).
Présente une étude sur le rapport au corps au Moyen-âge : entre répression et liberté, entre Carême et Carnaval, celui-ci est d’une part méprisé, condamné, humilié, et d’autre part glorifié, par des codes, des gestes, des significations légués à la modernité.
– Jacques Le Goff, « Saint François d’Assise », Ed. Gallimard, (octobre 1999).
Jacques Le Goff confie sa fascination pour saint François d’Assise, personnage historique qui, au cœur du tournant décisif du XIIe au XIIIe siècle, fait bouger la religion, la civilisation et la société. Il publie ici l’ensemble des textes qu’il a consacrés au saint.
– Jacques Le Goff, « À la recherche du Moyen-âge », Ed. Louis Audibert, (2003).
L’auteur a centré son étude sur la figure du marchand, à la fois banquier et intellectuel, pour rendre compte d’une période allant de 476 à 1492. L’historien remet en cause l’idée que le Moyen Age serait une époque barbare et met en évidence sa richesse culturelle, sa complexité et l’empreinte de l’Église chrétienne (avec la collaboration de J.M. de Montrémy)
– Jacques Le Goff, « Marchands et banquiers du Moyen-âge », Ed. Puf, (janvier 2001).
Dans un cadre urbain en rénovation, la chrétienté médiévale est le théâtre d’une révolution dont les animateurs sont les marchands et les banquiers. S’émancipant de la tutelle religieuse, le commerce s’épanouit, le capitalisme apparaît.
– Jacques Le Goff, « Un Moyen Age en images », Ed. Hazan, (octobre 2000).
Fruit de quarante années de fréquentation des images du Moyen Âge, à travers la collection personnelle de l’auteur, cet ouvrage cherche à expliquer et à insérer ces images dans une évocation raisonnée et structurée de la société et de la civilisation de l’Occident médiéval dans son ensemble.
– Jacques Le Goff, « Héros du Moyen-âge, Le roi, le saint, au Moyen-âge », Ed. Gallimard. Coll. Quarto, (janvier 2004).
Présente des textes qui étudient le personnage du roi et du saint en Europe médiévale, à travers les figures du roi Saint Louis et de saint François d’Assise.
– Jacques Le Goff, « Le Dieu du Moyen-âge », Ed. Bayard, (septembre 2003).
De quel Dieu est-il question au Moyen Age ? Que représentent l’Esprit saint et la Vierge Marie pour les médiévaux ? Quel rapport entre Dieu et la société médiévale ? Que croient les hommes du Moyen Age ? Quelle est la place de Dieu et de la théologie dans la culture du Moyen Age ? Telles sont les questions auxquelles s’efforce de répondre l’historien.
(Interview par Jean-Luc Pouthier)
– Philippe Borgeaud et Jean-Pierre Vernant, « L’homme grec », Ed. Seuil, (janvier 2000).
Au-delà d’une galerie de portraits, une analyse des rapports de l’homme grec aux formes de la socialité et aux différentes étapes de sa vie privée que ce soit à la guerre ou dans la cité, à la campagne ou au spectacle ou encore au temple.
– Jean-Pierre Vernant, « L’univers, les dieux, les hommes », Ed. Seuil, Coll. Points essais, (octobre 2006).
Récits grecs des origines : Spécialiste de la mythologie grecque, l’auteur évoque les origines de l’univers, la guerre des dieux et les liens que l’humanité n’a cessé d’entretenir avec le divin. Il nous fait entendre ces vieux mythes toujours vivants et nous permet d’en déchiffrer mieux le sens souvent multiple. C’est à cette rencontre entre le savant et le conteur que ce livre doit son originalité.
– Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet, « Oedipe et ses mythes », Ed. Complexe / Historiques (janvier 2006).
Une recherche d’historiens qui tentent par le biais d’une critique des interprétations psychanalytiques, de reconstruire à la fois les circonstances, le milieu social, les cadres de l’expérience et les formes de sentiments individuels auxquels le récit fait référence.
– Jean-Pierre Vernant, « La mort héroïque chez les Grecs », Ed. Plains Feux (mai 2001).
La mort héroïque, donc sans lâcheté, et de préférence jeune est considérée comme un honneur dans la civilisation grecque antique. L’auteur tente de définir et d’expliquer cette notion à travers des personnages de la mythologie, à des étudiants des classes préparatoires scientifiques.
– Jean-Pierre Vernant, « La volonté de comprendre », Ed. de l’Aube, (Novembre 1999).
Quatrième de couverture : Jeune antifasciste des années 30, grand résistant du Sud-ouest, compagnon de la Libération, militant anticolonialiste, philosophe puis helléniste, Jean-Pierre Vernant a consacré sa vie à la mythologie grecque.
Avec son extraordinaire talent de conteur, il retrace ici son parcours tout en montrant « ce que la Grèce nous apprend du monde ».
Et « ce qui nous manque, constate-t-il, ce serait quelqu’un qui ferait un peu ce qu’a fait Marx pour la fin du XIXe siècle -tenter de comprendre les grand traits qui expliquent le mouvement et la crise de notre culture. »
N’est-il pas l’un de ceux qui comblent ce manque ?
– Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet, « Mythe et tragédie en Grèce ancienne (vol.1&2) », Ed. La Découverte (février 2005).
Un recueil de sept études qui s’efforcent de soumettre les textes antiques à l’analyse structurale, à une recherche de l’intention littéraire et au démontage sociologique. Cette triple approche est appliquée aux tragédies en ce que chacune a de singulier, considérée comme un phénomène indissolublement social, esthétique et psychologique.
Volume 2 : Élargit la perspective choisie dans le premier volume et centre l’analyse sur les dieux de la tragédie du Ve siècle, et en particulier le dieu du théâtre, le dieu au masque : Dionysos. Au-delà du théâtre classique, les auteurs se demandent pourquoi ce classicisme est devenu le classicisme de l’époque actuelle.
– Le site des éditions la fabrique
Commentaires : Mai 2001.
Cinq personnages d’hier pour aujourd’hui : Bouddha, Abélard, saint François, Michelet, Bloch, par Jacques Le Goff.
Dans une série d’émissions sur France Culture, Jacques Le Goff a présenté cinq personnages qui lui paraissent remarquables, moins par la pérennité de leur enseignement que par le fait qu’ils ont créé du scandale en leur temps. Et il lui semble que ce scandale, ils le provoqueraient encore aujourd’hui.