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Colloque, La culture est-elle encore un enjeu politique ? / Pourquoi le politique déserte-t-il la culture ?

Transcription, par Taos Aït Si Slimane, de la dernière séance du colloque, « La culture n’est plus un enjeu politique », initié par France culture et Arte, qui s’est tenu, le vendredi 01 décembre 2006, à la Cinémathèque française, quelques mois avant les élections présidentielles ( cf. l’éditorial du colloque [1] signé par Jérôme Clément, président d’Arte et David Kessler, directeur de France culture). Colloque introduit par, le ministre, Renaud Donnedieu de Vabres, enregistré en public, et interrompu par des intermittents du spectacle.

Texte initialement publié sur le blog Tinhinane, le jeudi 23 août 2007.

L’objet de cette dernière séance, La politique et la culture ?, du colloque tel que présenté sur le site de France culture : Pour répondre à la question : Pourquoi le politique déserte t-il la culture ? Daniel Barenboïm puis Antonio Tabucchi proposent de revenir sur les termes « culture » et « politique ». Ces termes définis, les deux intervenants, feront chacun à leur manière, un état des liens qui unissent ou désunissent le politique et la culture.

Voir également les trois autres tables rondes :

 La culture est-elle encore un enjeu politique ? / Le modèle culturel en crise ?

 La culture est-elle encore un enjeu politique ? Révolution culturelle ?

 La culture est-elle encore un enjeu politique ? La culture n’est plus un enjeu politique ?

L’oralité est volontairement respectée. Un point d’interrogation entre parenthèses indique un doute sur l’orthographe d’un nom, d’un mot ou un groupe de mots… Je remercie, par avance, tout lecteur qui contribuera (écrire à tinhinane@gmail.com) par ses remarques, corrections,… à l’amélioration de la forme de ce matériau offert à tous.

« Pourquoi le politique déserte-t-il la culture ? »

Daniel Barenboïm, chef d’orchestre : Nous sommes ici, aujourd’hui, pour savoir si la culture fait encore partie de la mission collective. Pour ce faire, nous devons étudier à nouveau le terme culture et politique. La culture est vraiment quelque chose qui différencie au moins quelques êtres humains et les animaux en ce que les idées, les intuitions et les coutumes sont transmises d’une génération à l’autre. En effet, la première définition dans l’« Oxford English dictionary » ne renvoie à aucun aspect de ce qu’on appelle la culture française, ou la culture allemande mais plutôt à l’acte de cultiver, originairement la terre et au culte. Le mot latin, « cultura » a été repris par les Français, au XVe siècle, d’où il a graduellement acquis un sens lié moins à la terre qu’à la société. En ce sens, il est défini comme culture et développement de l’esprit, amélioration et raffinement par l’éducation et la formation. Ainsi, le terme de culture est à la fois plus large et plus élevé que les attributs superficiels et étroits que nous lui avons donnés dans l’histoire récente. En disant que la culture américaine est représentée par l’habitude de manger du popcorn au cinéma, ou qu’un aspect de la culture française est de manger la salade après le plat principal lors d’un repas. Ainsi que nous avons dénaturé la culture dans son sens littéral et quant à son rôle envers la société, nous avons insulté le terme d’origine de politique. La racine de ce mot nous ramène au traité d’Aristote sur l’art et la science de gouvernement. Aristote était le spécialiste des sciences politiques originelles, assemblant l’information et les statistiques de plusieurs États grecs pour expliquer la science de gouvernement. Il était versé dans la physique, la chimie, la biologie, la zoologie et la botanique, la psychologie, l’éthique, la logique, la métaphysique, l’histoire, la théorie littéraire et la rhétorique. Le mot politique vient d’une époque et d’une civilisation où l’étude et la compréhension de tous ces domaines du savoir allait de soi non seulement pour les gouvernants mais aussi pour les gouvernés. Un des aspects importants de la pensée politique est sûrement la notion d’utiliser la stratégie pour changer l’état des choses. Toutefois, dans le processus démocratique d’aujourd’hui, l’idée grecque originelle a été perdue. En Grèce ancienne, seuls les sages de la société pouvaient voter et déterminer comment agissait le gouvernement envers le bien public. Aujourd’hui, nous avons généralisé le droit de vote, ceci à juste titre, mais nous avons refusé aux électeurs le droit à une éducation complète. Le monde politique d’aujourd’hui est moderne seulement dans ses manifestations extérieures. La technologie a rendu la communication beaucoup plus efficace ce qui a malheureusement mené à une exploitation et à une manipulation d’une population inculte. L’électeur moyen, dans notre société, n’est pas suffisamment versé dans les arts et les sciences qui étaient d’après la pensée grecque si essentiels pour comprendre ce qu’est le gouvernement, et il est incapable de penser au-delà du présent et de l’avenir immédiat pour comprendre les conséquences de l’action politique. Ceci crée une société doublement appauvrie dans laquelle les politiciens sont obligés d’agir tactiquement, au lieu d’agir stratégiquement pour rester au pouvoir assez longtemps pour pouvoir changer quelque chose et le public est manipulé tout en ignorant les problèmes les plus importants. L’aptitude à prendre des décisions qui influencent la direction d’un pays entier présuppose la volonté de distinguer perception et substance. Ainsi, penser de manière indépendante n’est possible que quand nous ne sommes pas les victimes de nos propres perceptions subjectives. Nous changeons beaucoup trop souvent notre idée de la substance pour l’accorder avec notre perception de celle-ci. Un exemple parfait de cette démarche, est ce que certaines personnes associent avec la musique de Richard Wagner. L’exploitation et l’abus des idées et de la musique de Wagner était une composante inhérente les dernières années du IIIe Reich, en effet, de tout le IIe Reich. Ce régime politique horrible maitrisait le contrôle et la manipulation des perceptions. En utilisant ses écrits en partie antisémites, le régime nazi a rétrospectivement transformé Wagner en prophète de leur idéologie. Ce n’est pas seulement compréhensible mais cela va de soi que quelqu’un qui a été soumis à cette manipulation souffre encore aujourd’hui de ces associations, non seulement ne veut pas, mais il ne peut pas écouter cette musique. La musique n’est ni morale, ni immorale. C’est notre réaction à elle qui la rend morale ou immorale dans notre esprit. Or, la différence d’opinion est la différence entre le contenu et la perception de celui-ci sans l’essence même de toute créativité. Si le contenu peut être manipulé, la perception peut l’être doublement. Le contenu concernant ce sujet dit qu’il n’y a aucune raison au monde d’obliger quelqu’un qui a été soumis aux associations entre la musique de Wagner et l’idéologie nazie d’écouter cette musique. La perception dit qu’en bannissant cette musique en Israël, après tout l’État Juif a été créé en 1948, nous montrerons davantage de sensibilité envers les victimes de ces associations. En effet, il n’y a aucune raison qui justifie le refus de laisser à ceux, qui heureusement ne souffrent pas de ces associations, la possibilité d’écouter la musique de Wagner. Et là, était joué déjà au deuxième concert l’orchestre philharmonique de Palestine, prédécesseur de l’orchestre philharmonique d’Israël, à Tel-Aviv, en 1936, alors que l’antisémitisme de Wagner était déjà bien connu. Ainsi, le refus de permettre à sa musique d’être entendue aujourd’hui n’est rien d’autre que d’accepter les associations créées par les Nazis. Un politicien qui autorise la propagation d’associations qui ne sont pas véritablement liées à un contenu fait du tort à son peuple. Un artiste qui par définition doit être considéré comme faisant partie de la culture d’une nation est dans un sens tout le contraire d’un politicien. Un artiste peut être jugé par sa capacité d’être intransigeant, alors qu’un politicien est souvent jugé par sa maîtrise de l’art du compromis. Pendant un règne autocratique, ou totalitaire, les artistes ont été capables de rester intransigeants dans leur art dans des circonstances autrement très restrictives. La culture dans ce contexte était souvent la seule voie possible pour la pensée libre. C’est le seul moyen pour que les gens puissent se rencontrer en tant qu’égaux pour qu’ils puissent échanger librement leurs idées. Ainsi la culture devient avant tout la voie des gens oppressés et remplace la politique en tant que force motrice du changement. Souvent, dans les sociétés souffrantes de l’oppression politique, ou d’un manque de direction inspirée, la culture prend la tête. Nous avons beaucoup d’exemples extraordinaires de ce phénomène. Les écrits de Samizdat dans l’ancien bloc communiste, la poésie et la production dramatique sud-africaine sur l’apartheid, la littérature palestinienne au milieu de tant de conflits. Inversement, les régimes totalitaires ont abusé de leurs artistes indigènes en présentant leurs œuvres comme point culminant d’une société hautement efficace, et d’une culture riche. Mais, retournons, pour un instant, à la notion grecque de la démocratie et de la politique. La pensée politique dans un sens large n’est autre que la considération de tous les problèmes qui affectent l’humanité et ce dans le but de faire avancer l’individu et la société. L’orchestre de West-Eastern Divan, crée par Edward Saïd et moi-même était une réaction à l’état des choses au Moyen-Orient, non pas dans le sens politique restreint, mais dans un sens humanitaire vaste. C’était un moyen de rassembler des musiciens d’Israël, de la Palestine et d’autres pays arabes pour faire de la musique. Nous avons pris le nom de notre projet, West-Eastern Divan, d’une collection de poèmes de Goethe, qui était un des premiers Européens à s’intéresser à d’autres cultures. Au départ, il a découvert l’islam quand un soldat Allemand qui se battait dans une des campagnes espagnoles lui a ramené une page de coran pour la lui montrer. Son enthousiasme était tel qu’il a commencé à apprendre l’arabe quand il avait 60 ans. Plus tard, il a découvert le grand poète Perse, Hafiz, qui lui a inspiré sa collection de poèmes ayant pour sujet le dit d’autrui, West-östlicher Diwan, publié il y a presque 100 ans, en 1919, en même temps écrivait la Neuvième symphonie, son testament célèbre à la fraternité du genre humain. Ainsi, les poèmes de Goethe sont devenus un symbole comme fondement de l’idée qui nous a conduits à rassembler des musiciens Arabes et Israéliens. Cet orchestre inclus des musiciens Palestiniens, des territoires occupés, ainsi que d’Israël, des Syriens, des libanais, des Jordaniens, des Égyptiens et évidemment des Israéliens. Quand on fait de la musique, que ce soit de la musique de chambre, ou dans un orchestre, on doit faire deux choses très importantes et les faire simultanément s’exprimer, sinon on ne contribue pas à l’expérience musicale, et en même temps impérativement écouter autrui. La personne est peut-être en train de faire la même chose que l’on fait. Si elle joue d’un instrument à cordes, il est peut-être même assis à côté et joue d’un autre instrument en tant que contre point avec la musique que l’on joue. Dans tous les cas, il est impossible de jouer de manière intelligente dans un orchestre en se concentrant que sur une de ces deux choses. Si l’on se concentre que sur ce qu’on est en train de faire, il se peut que l’on joue très bien, mais il se peut aussi que l’on joue trop fort. Ainsi, couvrant les autres, ou trop doux, se rendant ainsi inaudible. Et évidemment, on ne peut pas se limiter qu’à l’écoute. La musique est l’art de jouer et d’écouter en même temps. L’un, enrichit l’autre. C’est principalement pour cette raison que nous avons commencé ce workshop. Edward Saïd a clairement dit que séparer les gens n’est pas une solution pour les problèmes qui les divisent. Mais l’ignorance concernant autrui n’aide sûrement pas. Dans ce workshop, nous avons essayé de commencer un dialogue, de faire un seul pas en avant et de trouver un dénominateur commun. Et nous avons vu ce qui s’est passé quand un musicien Arabe a partagé le pupitre avec un musicien Israélien. Les deux essayaient de jouer la même note, avec le même volume, avec le même coup d’archer, s’ils jouaient d’un instrument à cordes, avec le même son, avec la même expression. Ils essayaient de faire quelque chose ensemble qui leur inspirait beaucoup de passion. Parce qu’après tout l’indifférence et faire de l’indifférence cela ne peut coexister. La musique exige une attitude passionnée, quel que soit le niveau. L’idée était assez simple. Parce qu’à partir du moment où les musiciens se sont mis d’accord sur la manière de jouer une seule note ensemble, ils ne pouvaient plus se regarder de la même manière. Si en musique ils étaient capables de dialoguer en jouant en même temps, alors le dialogue avec les mots, où on attend jusqu’à ce que l’autre ait fini sera beaucoup plus facile. C’est notre point de départ et dès le début on était plein d’optimisme malgré le noircissement du ciel, comme l’appelait Edward Saïd, ce qui malheureusement s’est révélé comme une prévision assez exacte. J’étais amené à croire que la moralité et la stratégie n’étaient pas exclusives mais plutôt se complétaient dans ce conflit ainsi qu’il est impossible de séparer l’entendement rationnel et l’engagement émotionnel en musique. Dans West-Eastern Divan, la langue universelle, métaphysique qu’est la musique devient le lien. C’est la langue du dialogue continu que ces jeunes gens ont entre eux. La musique est leur cadre commun, la langue abstraite d’harmonie. Comme on le sait, rien en musique n’est indépendant. Cela requiert une balance parfaite entre l’intellect, l’émotion et le tempérament. De plus, je dirais que si on atteint cet équilibre, les êtres humains et même les nations peuvent avec plus d’aisance regarder en avant. Donc, à travers la musique on peut imaginer un modèle social alternatif, où l’utopie et la fonctionnalité se mettent ensemble nous permettant de nous exprimer librement, d’écouter les préoccupations des autres. Ainsi on acquière une idée de la façon dont le monde peut et doit fonctionner, parfois même de comment le monde fonctionne en réalité. Dans tous les cas, nous avons cru, dès le départ, que les destins de nos deux peuples, les Israéliens et les Palestiniens, sont inextricablement liés, faisons que le bien-être, la dignité et le bonheur des uns doit inévitablement, tôt ou tard, être le bien-être, la dignité et le bonheur des autres, ce qui n’est certainement pas le cas aujourd’hui. Il est bien évident que West-Eastern Divan ne peut amener la paix. Ce qu’il peut faire, c’est créer les conditions pour l’entente. Il peut éveiller la curiosité et après peut-être le courage pour que chacun écoute la narration d’autrui et accepte au moins sa légitimité. Les gens en ont souvent parlé comme un bel exemple de tolérance, je me dissocie de cette terminologie parce que tolérer quelque chose, ou quelqu’un implique une négativité sous-jacente. On est tolérant malgré certaines qualités négatives. Le mot tolérance est mal utilisé quand il est mis seulement comme une qualité de générosité, il y a un élément d’outrecuidance, je suis mieux que vous, qui est exprimé. Goethe a exprimé ceci, de manière concise, en disant, « simplement tolérer, c’est insulter ». Le vrai libéralisme, c’est d’accepter. Accepter, c’est reconnaître la différence et la dignité de l’autre. La musique, c’est le contrepoids, ou la polyphonie. Accepter la liberté, ou l’individualité d’autrui, c’est une des leçons la plus importante que l’on peut recevoir de la musique. La Révolution française nous a donné 3 concepts nobles et véridiques : liberté, égalité et fraternité. Ces idéaux expriment non seulement les aspirations de l’être humain, mais ils sont articulés dans un ordre logique. Il est impossible d’avoir l’égalité sans liberté et il est certainement impossible d’avoir la fraternité sans égalité. Comme la musique évolue dans le temps, elle nous apprend que l’ordre de l’apparence du matériel détermine nécessairement le contenu. Quand les Palestiniens et les autres Arabes rencontrent les Israéliens en faisant de la musique, la qualité première qui manque dans la vie politique, l’égalité est donnée d’avance. Ceci peut précisément être le point de départ pour la réflexion concernant les conditions nécessaires de la coexistence, la première étant la compréhension de l’histoire, des préoccupations et des besoins pour exister et se développer d’autrui. La musique dans ce cas n’est pas une solution alternative mais plutôt un modèle. Non seulement les identités multiples coexistent côte-à-côte, mais elles se libèrent de leurs propres préjugés. Aristote écrit, dans la politique, « on ne saurait donc nier que l’éducation des enfants doive être un des objectifs principaux du soin du législateuré ». Partout où l’éducation des enfants a été négligée, l’État en a reçu une atteinte funeste. C’est que les lois doivent toujours être en rapport avec le principe de la constitution et que les mœurs particulières assurent le maintien de l’État, de même que ceux qui ont déterminé la forme première. Les mœurs démocratiques concernent la démocratie, les mœurs oligarchiques concernent l’oligarchie et plus les mœurs sont pures, plus l’État est affirmé. De mon point de vue, il y a une très grande quantité de choses à prendre provenant de la musique, pourtant notre système actuel d’éducation néglige cette sphère entièrement, du jardin d’enfants jusqu’aux dernières années à l’école, et pas seulement en France malheureusement. Même dans les écoles de musiques et les conservatoires, l’instruction est hautement spécialisée et souvent sans relations aux véritables contenus, donc au pouvoir de la musique. La disponibilité d’enregistrement et de films de concerts et d’opéra est en proportions inverses au manque de savoir musical qui prévaut dans notre société. L’État actuel de notre éducation publique est responsable pour une population qui est capable d’écouter presque tout le morceau de musique en une fois mais qui est incapable de vraiment l’entendre en se concentrant pleinement dessus. C’est évidemment possible d’écouter sans entendre, comme c’est possible de regarder sans voir. Lire un livre, cela demande non seulement de regarder le mot mais aussi de le voir pour comprendre la narration. Écouter la musique cela exige de l’entendre pour comprendre la narration musicale. Entendre, c’est donc écouter avec la pensée, ainsi que sentir, c’est l’émotion avec la pensée. L’accessibilité vient quand l’intérêt, la curiosité et le savoir augmente. Nous décrivons certains lieux comme étant accessibles pour les chaises roulantes. Pour rendre un bâtiment ainsi, il suffit de construire des rampes ou des ascenseurs là où se trouvent des escaliers. Pour la culture, l’éducation est cette rampe, où cet ascenseur qui rend la musique, l’art et le théâtre accessibles. Nous savons, surtout depuis les monstruosités de la Seconde guerre mondiale, qu’il est impossible d’être une personne de culture, ou un intellectuel tout en étant séparé des problèmes de l’humanité. William Fellner ( ?) sentait qu’il devait rester en Allemagne malgré l’idéologie du gouvernement nazi qui a pratiquement annihilé la culture allemande tout en essayant de la défendre, et pour cela il est accusé, par beaucoup de monde, d’être faible en laissant le gouvernement l’utiliser à ses fins, donc, en un sens en collaborant avec lui. Personnellement je pense qu’il pensait pouvoir vivre seulement dans le monde de la musique. C’était peut-être possible dans les années 30, ou 40, mais ce n’est certainement plus possible de nos jours. C’est le rôle d’une personne de culture d’exprimer exactement, et totalement les choses telles qu’il les voit, jusqu’au dernier détail accablant, peu importe les conséquences pour sa propre personne. C’est une leçon qu’Edward Saïd nous a apprise, la nécessité d’une participation des intellectuels dans notre société. L’amour, pour la liberté scolastique doit être utilisé comme un instrument pour la quête de la vérité. Un artiste combine la sphère privée et la sphère publique. Le talent qu’un grand artiste a reçu contient la responsabilité de partager ses intuitions récoltées par la pensée personnelle et créative avec le public. Le vrai chef d’État va faire le voyage dans la direction opposée. Il va prendre ce qu’il peut de la vie et de la pensée publique afin de déterminer ce que sa contribution individuelle à la société peut être. Espérons que pour l’élection en France, la personne choisie s’occupera de tous les problèmes du pays d’une manière stratégique et non tactique, qu’il donnera à la culture et à l’éducation la possibilité d’influencer la qualité de vie de tous les citoyens sans distinction de race, sexe ou de religion. Merci, beaucoup.

Antonio Tabucchi, écrivain : Bonsoir. Je pense que pour répondre à la question, « Pourquoi les politiques désertent-ils la culture ? », il faut se mettre d’accord sur ce que nous entendons par culture. La culture d’un pays est constituée d’une série d’éléments très complexes : sa culture juridique, sa culture esthétique, sa culture anthropologique, sa culture idéologique et les principes qui règlent la vie collective. Cela signifie que la culture d’un pays est formée de ses institutions, de sa constitution, de son histoire, de sa littérature, de son cinéma, de sa musique, de ses moyens de communication (presse, médias etc.), et de sa façon de se référer à d’autres pays. En ce sens, je ne me sens pas le droit de généraliser et je préférerais ramener le problème à un pays spécifique, dans mon cas, l’Italie, qui est mon pays. Eh bien, je dirais ce qui s’y est passé est le contraire. En Italie, la politique n’a pas abandonné la culture, mais qu’elle se l’est au contraire totalement appropriée. La classe politique italienne, en particulier un camp, mais au fond la totalité car tout le monde joue le même jeu, a avalé la culture, elle s’y est superposé et l’a remplacée. Je commencerais par les institutions. L’Italie est un pays pacifiste par définition. Un des premiers articles de sa charte constitutionnelle stipule, citation : « L’Italie refuse la guerre comme moyen de résolution des controverses internationales. » Après la tragédie de la Seconde guerre mondiale, à laquelle l’Italie a donné une contribution majeure à travers le fascisme, pendant près de 50 ans et jusqu’au début des années 90, les gouvernements italiens ont maintenu leur foi en cet article constitutionnel. Un principe qui a commencé à vaciller avec la guerre de Yougoslavie et qui s’est totalement écroulé quand les États-Unis ont envahi l’Irak avec une forte participation de l’Italie, voulue par le gouvernement Berlusconi. Je vais m’efforcer d’être objectif. La participation militaire italienne, appelée de façon très maligne, et très italienne, « Mission de paix », et quoique placée sous commandement anglais, n’a pas, je crois, apporté à la population Irakienne, mort et destruction, comme l’ont fait les Anglais et les Américains. Au contraire, je crois sincèrement que les chars impliqués et les hélicoptères Augustin ont plus protégé les civiles Irakiens qu’ils ne les ont agressés. Pourtant, cette participation a fait ressurgir un esprit, que l’Italie avait heureusement enseveli, le militarisme. Le ( ?) de militarisme et de bellicisme est revenu en force, frotté non seulement par l’exécutif, grâce à la présence d’un ministre des affaires étrangères d’aspiration fasciste, mais par les institutions même de l’État. Les discours purement rhétoriques du président de la république sur l’héroïsme de nos soldats engagés dans la défense de notre pays, sur un sol si éloigné, l’attribution d’une médaille d’or à un jeune homme, d’ailleurs civil et non militaire, qui assumait un rôle paramilitaire en Irak pour exercer la surveillance armée de je ne sais quelle compagnie américaine, ont contribué à exacerber au maximum ce sentiment. Dans le même temps, la télévision et la presque totalité de la presse aux mains de Berlusconi s’occupaient de ridiculiser les dénommés pacifistes considérés comme des lâches définitifs inadaptés à notre époque et surtout incapables de comprendre que la paix se défend avant tout avec la guerre. La tradition italienne, la française et la maxime latine, « Si tu aimes la paix prépare la guerre », est un refrain qui malheureusement ces dernières années a été répété à l’infini, en Italie.

Le second principe constitutionnel sur lequel l’Italie moderne s’est construite, c’est l’antifascisme. Jusque dans les années 90, ce principe a fonctionné comme en France. C’est-à-dire comme ( ?), celui qui se proclamait fasciste ne pouvait pas faire partie des institutions italiennes. Avec l’arrivée de Berlusconi, cette douane est tombée. Le recyclage du fascisme a été mené à bien, y compris dans ses formes les plus primitives. Le ministre, Fini, qui proclame à plusieurs fois à la télévision que Mussolini a été, citation, « Le plus grand homme d’État du XXe siècle », le sénateur, ex communiste, Luciano Vialenti ( ?), qui dans une conversation publique, avec le ministre Gianfranco Fini, qualifie de gars, garçons, les salauds les républicards qui ont contribué à massacrer les Italiens pendant l’occupation nazi, et finalement le président de la république Carlo Azeglio Campi qui dans le discours d’investiture oublie la référence obligatoire à la résistance, et qui plus tard, en octobre 2001, dans une déclaration publique met sur un même plan les collaborateurs des SS et les partisans qui ont libéré l’Italie marquant ainsi un point de non-retour. Je cite ces propos qui à l’époque m’ont poussé à réagir dans les colonnes du Monde. Citation : « Nous avons tous à l’esprit, dans nos actions quotidiennes, l’importance de la valeur de l’unité de l’Italie. Cette unité dont nous ressentons qu’elle nous est essentielle, cette unité qui était, il faut le dire, j’oublie un demi-siècle plus tard, le sentiment qui anima une bonne partie de ces jeunes qui alors firent des choix différents et qui le firent en croyant servir également l’honneur de leur patrie. » Avec tout cela, il est facile de comprendre aujourd’hui comment la droite néofasciste a pu présenter au parlement une loi, pour le moment bloquée à quelques voix près, selon laquelle les républicains aussi méritent une pension au titre de combattants comme les autres. Bref, Malraux et Pétain sur le même plan. Si j’explique aussi pourquoi les journalistes, dans le cas spécifique un journaliste d’un magazine à gros tirages, profite de sa popularité et de la généreuse hospitalité et beaucoup de chaines télévisées, pour essayer de travestir un historien et à travers un livre dénigrer la résistance qui a libéré l’Italie des Nazis et d’une dictature ayant duré 20 ans. D’après cet historien du dimanche, la résistance italienne n’a pas été moins féroce que les Nazis. Peut-être aurait-il préféré que les partisans italiens et les alliés offrent des fleurs aux SS et aux républicards. Ce livre, évidemment est devenu un bestseller, un des livres les plus vendus ces dernières années. Les livres et les maisons d’édition, sont sans doute un élément fondamental dans la culture d’un pays. L’Italie peut se vanter dans l’après-guerre d’une magnifique tradition éditoriale. Mais si un homme politique, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du président du conseil, devient propriétaire des deux principales maisons d’édition du pays, peut-on vraiment dire que la politique déserte la culture ? Ou, n’est-ce pas plutôt le contraire ? Je me réfère, encore, à monsieur Berlusconi et à son acquisition d’ailleurs légalement douteuse de maisons d’édition : Mondadori et Einaudi, Einaudi, comme tout le monde le sait est la maison d’édition des Calvino, Pavisi ( ?), Pasolini, Vittorini, Primo Levi, Nathalie Gergovia ( ?), c’est-à-dire les intellectuels et les écrivains qui font l’orgueil de l’Italie. Pour des raisons économiques Berlusconi l’a rachetée comme on achète un livre d’occasion. Mondadori n’est pas seulement un producteur de livre en Italie et en Espagne, c’est une puissance éditoriale en termes aussi de presses hebdomadaires de Mickey-Mouse aux magazines les plus diffusés. Sa présence ne peut échapper aux Italiens qui ne peuvent fuir sa lecture. Mais Berlusconi ne se contente pas des grands pouvoirs éditoriaux. En homme raffiné qu’il est, il a aussi racheté la plus grande des maisons d’art Italienne, Electa. Il s’est aménagé un petit espace de bibliophilie en créant une petite maison d’édition réservée à une élite de connaisseurs, Utopia, qui a commencé par publier, Utopie de Thomas (dommage mort), en facsimilé, ainsi que le Prince de Machiavel dont Berlusconi lui-même a écrit la préface, avec des idées sur lesquelles je préfère glisser. Le directeur de chose aussi raffinée ainsi que son ami, Marcello Dell’Utri, député européen et fondateur de Forza-Italia, condamné pour concours d’association mafieuse à quelques années de prison.

À présent, je voudrais aborder rapidement quelques autres thèmes. La télévision. En Italie, la télévision de l’État dépend de l’exécutif. Quand Berlusconi est arrivé au pouvoir, il a occupé la télévision publique, la RAI, a nommé un conseil d’administration, il a placé tous ses hommes de confiances aux postes clefs. Donc, au-delà des 3 chaînes privées qu’il possède, il avait une autre, publique, à son service. Est-ce que la télévision n’est pas un instrument de culture ? Aujourd’hui, c’est un des principaux instruments de diffusion de la culture. C‘est aussi un véhicule d’idéologie, de vision du monde, et de façon de vivre. À peine arrivé au pouvoir, Berlusconi a licencié des journalistes au professionnalisme incontesté comme s’il s’était agi de ses deux employés. Dans un pays comme l’Amérique ou la France, des sénateurs de l’opposition auraient occupé pacifiquement la télévision. Non seulement cela n’est pas arrivé mais comme parlementaires de l’opposition ils ont continué à fréquenter chaque soir un talkshow présenté par un journaliste qui s’était prêté de manière servile avant les élections de 2001 à établir un contrat télévisé entre Berlusconi et les spectateurs. Une chose vraiment repoussante, épouvantable de voir chaque soir des parlementaires, ex communistes converser aimablement avec des parlementaires ex fascistes en se tutoyant et en faisant ainsi parfaitement comprendre aux Italiens qu’ils étaient tous de la même famille.

Dans la stratégie de l’occupation de la culture télévisée, intervient en premier lieu le fait de l’avoir complètement détournée du double point de vue éthique et esthétique. Il y a eu des années de préparations de la télévision dite, télévision poubelle, faite d’injures, de gros mots, de vulgarités, toutes choses qui ont contribué à modifier le lexique, le langage et le comportement des Italiens, donc la culture.

Les mœurs, la même opération de décivilisation, d’abrutissement, de délégitimation de valeurs morales faites à travers la télévision a été faite sur un système pilier institutionnel, qui ont la tâche de fonder la démocratie, quand un journaliste, un puissant journaliste, sans que quelqu’un ne lui demande fait un outing dans son journal en déclarant que dans les années 80 il a été un délateur au service de la CIA en se vantant jusque dans les moindre détails et en disant combien c’était beau de recevoir l’enveloppe pleine de dollars dans les jardins publics de Rome, la nuit, parce que ça lui donnait une excitation, un frisson érotique. Qu’est-ce que cela signifie sinon subvertir la morale commune ? Délégitimer les services secrets, dire aux Italiens que trahir sa patrie est plaisant et que ça enrichit. Cela n’étonnera donc personne aujourd’hui, comme certains peuvent le lire sur le journal, les services secrets italiens, en particulier les SISMI, services secrets militaires sont au centre d’un épouvantable scandale. Grâce à une enquête du journal La Repubblica, et d’un grand journaliste comme Giuseppe D’Avanzo, on apprend que le chef des services secrets, un homme qui vient de nulle part et de partout a passé les dernières années à polluer à travers la désinformation l’Italie et l’Europe entière. De ses bureaux, la magistrature est en train d’enquêter d’où sont partis des faux dossiers qui ont changé la face du monde. Nigergate, un document apparemment parti du Niger mais en fait arrivé en Italie et à Washington pour convaincre le président Bush, au demeurant déjà convaincu, que l’Irak travaillait sur de l’uranium enrichi que le Niger lui avait fourni. Encore, l’affaire TeleKome Serbie, où l’on a cherché à impliquer de manière usée, ou fausse des responsables politiques italiens démocrates à propos d’une intervention économique de télécom italien dans la Serbie de Milosevic. Finalement, l’affaire Mitrokhine, d’un prétendu espion Russe de KGB, qui impliquerait des parlementaires italiens démocrates qui auraient, imaginez-vous, collaborait avec l’ancien KGB. Ce faux dossier a conduit à une commission parlementaire dirigée par un sénateur de Forza Italia, strict collaborateur de Berlusconi, qui a mené une enquête assez farfelue dont les conséquences sont apparemment l’assassinat de l’espion Russe Litvinenko à Londres, il y a quelques jours. Bref, malgré les dénonciations courageuses, très courageuses, parce qu’en Italie on est menacé, du journal La Repubblica, qui d’ailleurs s’étonnait que le chef des services secrets reste à son poste, le gouvernement Prodi lui a confirmé sa confiance pendant tout le mois de novembre. Se rendant à l’évidence du fait et à l’opinion publique cet étrange monsieur a finalement été limogé il y a une semaine tout en nommant un de ses fidèles à son poste. Mais il n’est pas parti en vacances, pour toujours, aux îles Fiji, comme n’importe quelle démocratie normale en Europe l’aurait demandé. Surprise, il a été nommé conseiller spécial de la présidence et du conseil, c’est-à-dire de monsieur Prodi, sur le compte de qui il avait par ailleurs fabriqué un faux dossier dans l’intention de lui nuire. Qu’en pensez-vous ?

La culture italienne à l’étranger : l’Italie dispose grâce au ministère des affaires étrangères d’un énorme réseau d’instituts culturels à l’étranger, dont la tâche est de diffuser la culture italienne à travers le monde. Ces instituts, comme dans les instituts français, les cours de langue et de culture faits pour les inscrits sont fondamentaux. On a à leur tête un directeur qui répond directement à son ministre de tutelle. Moi-même j’ai été directeur de l’institut italien de Lisbonne pendant 3 ans, de 86 à 89. Pour devenir directeur, j’ai participé à un concours national, régulier, dans lequel on devait démontrer à travers une épreuve écrite et une épreuve orale, une profonde connaissance du pays en question.À cette époque le directeur de l’institut italien de Tokyo, par exemple, avait réellement des connaissances linguistiques et culturelles du pays dans lequel il avait la mission d’apporter la langue et la culture italienne. Cette situation régulière s’est terminée avec monsieur Berlusconi car sous son gouvernement les directeurs des instituts culturels italiens sont nommés directement par l’exécutif sans tenir compte des compétences spécifiques de la personne. Alors imaginez-vous, Berlusconi, comme vous le savez peut-être, était un amateur des chansons napolitaines et de théâtre de boulevard, en raison aussi de sa vie familiale et de sa formation culturelle. Supposons, par exemple, qu’à Tokyo il nomme comme directeur d’un institut italien de culture un expert de la chanson napolitaine.

Le nationalisme : Dans cette nouvelle autarcie dans laquelle l’Italie s’est enfermée, je voudrais signaler entre parenthèses que l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne sont les seuls pays qui doublent les films et cela ne tient pas du hasard mais d’un pacte entre Franco, Hitler et Mussolini qui a courageusement ( ?) perduré depuis les années 30, parce que ces goûts-là correspondaient à la conviction nationaliste que chaque pays devait parler sa langue quelque fût la langue d’origine du film. Dans cette Italie, refermée donc, on voit surgir un curieux nationalisme à double face qui envahit tout y compris la presse progressiste et qui fait ( ?) un pays schizophrénique et parfois hystérique. Les critiques cinématographiques protestent non pour des raisons esthétiques mais pour des raisons cocardières si un film italien n’est pas primé, à l’annonce ( ?) du ministre. Entendons italien comme une qualité esthétique, ontologique. D’autre part, il y a eu un télégramme officiel de protestation de la part des représentants du gouvernement quand le Prix Nobel a été attribué à Dario Fo. Je trouve vraiment insolite et même inacceptable qu’un pays proteste officiellement lorsqu’un de ses artistes se voit décerner le Prix Nobel. Grazie. Merci.

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[1Le projet d’organiser ce colloque est né d’un constat étonné : l’absence quasi-complète des questions culturelles au sein du débat politique. On ne se « dispute » plus sur la culture, car elle est perçue au mieux comme un objet de loisirs et un passe-temps utile pour divertir le plus grand nombre, au pire comme une lubie d’intellectuels portés sur les arts. A l’approche des élections présidentielles, notre rôle de « diffuseurs de culture » est de réagir, de pointer du doigt cet état de fait, de tenter d’en comprendre les tenants et les aboutissants et surtout, d’interpeller les futurs responsables de notre pays sur le rôle crucial que joue la culture dans nos sociétés.

On peut émettre l’hypothèse que si la culture s’absente des débats, c’est qu’elle se trouve à un tournant de son histoire, entourée d’un certain flou par les grands bouleversements de notre époque, tiraillée par des paradoxes apparemment inconciliables peut-être parfois trop fermée sur elle-même. Comment la culture se définit-elle aujourd’hui ? Comment la culture patrimoniale classique et les beaux-arts s’adaptent-ils aux formes d’expression de l’ère numérique et peuvent-ils se compléter ? Comment les nouvelles technologies vont-elles modifier le rapport de l’individu à la Culture ? Dans un contexte de grandes migrations, la Culture est-elle le passeport pour l’intégration des différentes cultures ? Y-a-t-il désengagement de l’État comme on l’entend souvent ? Si oui, au profit de quels acteurs ? Et enfin, éternel problème : où est le point de jonction entre l’individu qui s’élève et la culture qui s’abaisse, le juste milieu entre l’exigence et l’accessibilité ?

Dirigeants de média culturels, nous n’avons pas de réponses définitives à ces nombreuses interrogations, nous y réfléchissons chaque jour et la quête est passionnante. Mais au-delà de toutes les évolutions, nous restons convaincus d’une chose : la culture est indispensable et il faut lui redonner toute sa place et tout son sens. Elle répond en effet aux grands défis qui se posent aujourd’hui à nous : la coexistence de groupes multiculturels, la recherche de lien social, la laïcité. Nous avons voulu, hors de nos médias et de leurs contraintes, prendre le temps de réfléchir aux enjeux de la culture dans sa dimension politique.

C’est pour toutes ces raisons que nous avons trouvé utile de rappeler aux politiques cette conviction et de réunir des responsables culturels, des artistes et des intellectuels, de France, d’Europe et d’ailleurs, pour débattre du rôle de la culture comme enjeu politique. Nous avons volontairement choisi de ne pas intégrer de personnalités politiques aux discussions. Il est en effet délicat de choisir en ce moment entre candidats, candidats potentiels, responsables divers… et surtout, il nous semblait plus intéressant de porter les questions culturelles sur la place publique avant que ne commence le débat présidentiel de 2007. L’enjeu de ce colloque est donc clair : que la culture retrouve sa juste place dans le débat public.



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