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"L’appel des 66 cinéastes", contre les lois Debré

Cet appel, lancé par des réalisateurs de cinéma, parut conjointement dans Le Monde et Libération du mercredi 12 février 1997, et Les Inrockuptibles. La liste des signataires, ci-dessous, arrêtée à la date de parution, s’est considérablement allongée dans les jours qui ont suivi.

Les cinéastes initiateurs de l’appel ont dissout leur collectif après la manifestation du samedi 22 février 1997, qui a réuni à Paris près de 150 000 personnes, mais ont décidé de continuer à manifester leur rejet de la xénophobisation des lois françaises par des actions individuelles.

Ce texte a par ailleurs été repris par des écrivains, des metteurs en scène de théâtre et comédiens, des musiciens, des artistes, des journalistes, des enseignants-chercheurs, et dans beaucoup d’autres professions. Ce sont au total des dizaines de milliers de signatures qui ont été recueillies contre le projet de loi Debré.

Dans son Journal en public Maurice Nadeau écrit en mars 1997 : vendredi, samedi, dimanche, le feu gagne. Voici qu’entrent en lice les universitaires, les chercheurs, les techniciens, les traducteurs... tout le monde veut en être. Tout ce monde - l’élite, dit-on - déclare haut et fort qu’elle violera la loi, qu’au-dessus de la loi, quand elle devient inique, existe le respect de soi, le respect de l’autre, une loi morale supérieure à toute règle concoctée par une majorité de soi-disant « représentants du peuple » auxquels une partie - qui n’est pas la plus imbécile - de ce peuple crie son dégoût.

J’attends la suite. Feu de paille ? Les socialistes se sont tus, et pour cause : ce sont eux qui, en 1982, Badinter garde des sceaux -Libération nous le rappelle - ont imaginé le certificat d’hébergement. Debré va un peu plus loin, Jospin le lui fait timidement remarquer : « pas jusqu’à la dénonciation, ça ne se fait pas, c’est vilain ! »

« L’appel des 66 cinéastes »

« Nous sommes coupables, chacun d’entre nous, d’avoir hébergé récemment - ; pour des raisons personnelles ou professionnelles - des étrangers en situation irrégulière. Nous n’avons pas dénoncé nos amis étrangers. Et nous continuerons à héberger, à ne pas dénoncer, à sympathiser et à travailler sans vérifier les papiers de nos collègues et amis.

Suite au jugement rendu le 4 février 1997 à l’encontre de Mme Jacqueline Deltombe, « coupable » d’avoir hébergé un ami Zaïrois en situation irrégulière, - t partant du principe que la loi est la même pour tous - nous demandons à être mis en examen et jugés nous aussi.

Enfin, nous appelons nos concitoyens à désobéir et à ne pas se soumettre à des lois inhumaines.

Nous refusons que nos libertés se voient ainsi restreintes. »

Les 59 cinéastes initiateurs de l’appel : Mathieu Amalric, Olivier Assayas, Jacques Audiard, Pascale Bailly, Eric Barbier Xavier Beauvois, Lucas Belvaux, Laurent Bénégui, Diane Bertrand, Christophe Blanc, Pascal Bonitzer, Laurent Bouhnik, Catherine Breillat, Marc Caro, Patrice Chéreau, Jean-Paul Civeyrac, Catherine Corsini, Claire Denis, Arnaud Desplechin, Claire Devers, Karim Dridi, Danièle Dubroux, Martine Dugowson, Pascale Ferran, Laurence Ferreira Barbosa, Sophie Fillières, Anne Fontaine, Thomas Gilou, Robert Guédiguian, Bojena Horackova, Cédric Kahn, Mathieu Kassovitz, Jacques Kebadian, Cédric Klapisch, Jan Kounen, Jeanne Labrune, Serge Le Péron, Philippe Lioret, Noémie Lvovsky, Jacques Maillot, Tonie Marshall, Agnès Merlet, Claude Miller, Gérard Mordillat, Gaspar Noé, Agnès Obadia, Nicolas Philibert, Manuel Poirier, Bruno Podalydès, Alain Robbak, Jean-Henri Roger, Jean-Michel Roux, Pierre Salvadori, Claire Simon, Michel Spinosa, Bertrand Tavernier, Marion Vernoux, Sandrine Veysset, Yolande Zauberman.

Les cinéastes se retrouvent finalement 66 après la signature de : Judith Cahen, Alain Corneau, Philippe Faucon, Henri Hérié, Pascal Légitimus, Tran Anh Hong, Marie Vermillard.



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