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Les deux équipes de France

« Les deux équipes de France », chronique d’Olivier Duhamel, Matin de France Culture, vendredi 30 juin 2006.

Transcription par Taos Aït Si Slimane, initialement édité sur son blog, Tinhinane, le dimanche 2 juillet 2006 à 18 h 00.

« Les deux équipes de France », chronique d’Olivier Duhamel, vendredi 30 juin 2006.

Comme ils auraient aimés leur ressembler les princes qui nous gouvernent. Comme ils aimeraient être assimiler aux joueurs qui nous représentent. Comme ils n’ont cessé de nous transmettre le message de susciter cet amalgame, une équipe unie, rassemblée, énergique, concentrée dans l’action que tout le monde devrait soutenir. Comme ils l’ont filé la métaphore footballistique pour tenter de se re-légitimer.

Tentons l’exercice. Prenons les à l’image sinon au mot. Si Chirac était Zidane. Si Villepin était Vieira. Si Sarkozy était Ribery. Non. Commençons par l’inverse. Si Zidane était Chirac. Si Zidane était Chirac, il s’accrocherait bien au-delà de ses trente quatre ans. Si Zidane était Chirac, il aurait joué contre Ribery-Sarkozy et tout fait pour qu’il ne puisse jamais en rien lui succéder.

Si Villepin était Vieira, il aurait accusé Torres ou Aragones de lâcheté, provoqué une polémique des plus vives et fini par regretter et retirer ses propos. Si Villepin était Vieira, il n’aurait pas seulement insulté l’adversaire il aurait aussi taclé son partenaire Ribery et par derrière ou alors il aurait laissé accusé à tort de dopage ou de trucage de match pour tenter de le disqualifier.

Si Ribery était Sarkozy il aurait du coup porté plainte auprès de la FIFA, fait ouvrir une enquête mais serait resté dans l’équipe jusqu’à ce que la justice se prononce.

Et, reprenons maintenant mais dans l’autre sens. Si Sarkozy était Ribery, il ne jouerait pas perso. Il montrait sans cesse au créneau pour récupérer un ballon, le passer à Viera-Villepin afin qu’il alerte Zidane-Chirac et qui lui permettre de marquer le dernier but avant de partir. Si Villepin était Vieria il n’aurait eu de cesse d’offrir toute les occasions possibles à Sarkozy-Ribery pour assurer la relève.

Et si Chirac était Zidane. Si Chirac était Zidane peut-être qu’il ne se serait pas représenter en 2002 ou alors seulement si on l’avait rappelé en catastrophe pour éviter à son équipe une disqualification lors des éliminatoires. Si Chirac était Zidane il aurait regardé avec bonheur monter le petit Ribery-Sarkozy, aurait tout fait pour faciliter son ascension, lui passer le relaie. Si Chirac était Zidane il aurait annoncé de longue date qu’il participait, là en 2002, à sa dernière compétition. Si Chirac était Zidane il marquerait maintenant un dernier but, un superbe but avant de partir, par exemple, en réalisant un référendum couplé à l’élection présidentielle de 2007, un référendum désintéressé parce qu’il ne participe pas à la dite présidentielle, un référendum juste pour l’équipe, juste pour la France, par exemple, sur une réforme des institutions puisque de larges zones de consensus existent entre les propositions de l’UMP et celles du parti socialiste ou mieux, un référendum sur un nouveau traité constitutionnel européen revu et corrigé pour surmonter la défaite du précédent mondial, non, non pardon, du précédent vote en mai 2005 et il serait parti en beauté.

Alors décidément, les deux équipes de France ne se ressemblent pas. Celle qui nous gouverne trouvera probablement d’autres occasions de nous désoler mais quoi qu’il arrive, demain face au Brésil, c’est du football nous aura, elle, bien fait rêvée.



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