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MOVIMENTO avec Rabah Mezouane

Transcription par Taos Aït Si Slimane de l’émission de France Culture, du samedi 24 novembre 2012, MOVIMENTO : Rabah Mezouane par Jeanne-Martine Vacher

Présentation sur le site de l’émission : Rabah Mezouane : Journaliste et critique musicale spécialisé dans les musiques du monde, particulièrement en ce qui concerne le monde Arabe, Rabah Mezouane est aussi conférencier, animateur de débats, réalisateurs de nombreux documentaires sur la musique, et programmateur à l’Institut du Monde Arabe (l’IMA).

Au sujet du festival Algérie, je t’aime au programme de la Maison de la Musique de Nanterre (saison 2012-2013). D’octobre 2012 à mars 2013, Algérie, je t’aime ! : concerts, expositions, théâtre Attentive à l’histoire de la ville de Nanterre et de ses habitants, la Maison de la musique de Nanterre lance une invitation au voyage avec l’escale Algérie, je t’aime. Tout au long de la saison, de nombreux artistes en concert, pour la plupart vivant en Île-de-France, des rencontres musicales en quartier, deux expositions photos, des projections de scopitones (clips musicaux) dans les bars et les centres sociaux vous attendent.

Car il s’agit bien de mettre en valeur les richesses musicales du Maghreb et les artistes algériens et algériennes issus de l’immigration et de les partager à Nanterre avec l’ensemble des habitants. Venez profiter de la générosité et du talent de ces artistes et de la richesse de leur culture, contribution inestimable - et trop souvent sous-estimée - au foisonnement de la culture hexagonale.

Je remercie par avance les lecteurs qui voudront bien me communiquer leur correction, observations et suggestions à l’adresse suivante : tinhinane[@]gmail[.]com

Jeanne-Martine Vacher : Dans MOVIMENTO aujourd’hui, nous pourrions mettre en exergue une réflexion de Léon-Paul Fargue, découverte dans un texte d’Alain Gerber : « La chanson, c’est le langage même du cœur, c’est l’espéranto qui fait du Parisien, du Provençal, du Chinois, du Persan, du Péruvien des hommes comme les autres ; qui nous relie tous, par les fils pathétiques de la mélodie, au ténébreux miracle du vivre ensemble sur cette terre de rivalité. C’est la caresse d’un rythme providentiel, à la fois prévu et imprévu, qui nous rappelle aux grandeurs de l’égalité devant l’amour, la tristesse et l’infini. »

Oui, la musique aujourd’hui, dans MOVIMENTO, sera donc terre d’asile et d’identité. Tout d’abord une identité sonore singulière, façonnée par des démurges souvent peu connus, dont en prélude nous interrogerons l’histoire à travers la connaissance qu’en a Nicols Dupuy spécialiste du rock, qui a écrit Take one, les producteurs du rock aux éditions Castor Music.

Puis la musique, ensuite, se ferra représentation sonore des origines pour tous ceux qui vivent, ou vécus, l’exil, c’est le musicologue Rabah Mezouane qui nous emmènera dans le monde, dans les mondes devrais-je dire, musicaux ou joie et nostalgie sont souvent indissociables, ceux des immigrés algériens qui vinrent s’installer en France de l’après-guerre à aujourd’hui.

Enfin, en postlude, c’est l’identité musicale et les mélodies de l’âme latine qui déploiera ses charmes, à travers un disque de Jean-Pierre Mas, bien nommé Latinalma.

Je vous propose que nous entrions en studio, mais pas dans nos studios de la Radio, dans les studios de la musique et que nous le fassions accompagnés, guidés, par Nicolas Dupuy, qui publie au Castor Music, Castor Astral, un livre qui s’appelle Take one, les producteurs du rock.

Nicolas Dupuy, c’est un sujet très, très peu abordé et qui est en fait extrêmement vaste, celui des producteurs du Rock. Peut-être d’abord la définition de ce mot ?

Nicolas Dupuy : C’est sûrement là que le bât blesse, c’est très difficile de définir un producteur rock sinon que de dire, au moins d’un point de vue plus générique, que c’est un directeur artistique qui assure de la bonne tenue artistique, voire commercial, d’un enregistrement. Une fois qu’on a dit ça, on n’est pas forcément plus avancé parce que…

Jeanne-Martine Vacher : Ce n’est pas plus clair, oui.

Nicolas Dupuy : Parce que la personne qui est présente en studio, la personne en plus des musiciens, qu’on connaît très mal, il y a plusieurs typologies qui s’appliquent très rapidement, sans que cela ne soit très technique, c’est qu’il y a des bidouilleurs de manettes, c’est souvent un reproche que l’on a fait à certains producteurs, notamment les premiers, il y a d’autres producteurs qui sont plus des gourous, d’autres qui sont plus des coachs, d’autres véritablement des directeurs artistiques, autrement dit qui ont une vision musicale et une culture musicale qui permet à l’enregistrement d’aller encore plus loin, mais qui par ailleurs peuvent avoir une technicité à peu près nulle, il y en a d’autres encore qui sont des ingénieurs du son tout simplement, et pour vraiment brouiller tout le message, la plupart des artistes Rock, ceux qui nous intéressent, sont eux aussi passés de l’autre côté de la vitre, derrière les consoles et ont assuré aussi ces sessions et ces enregistrements.

Jeanne-Martine Vacher : Vous dites qu’au fond pour faire ce travail, les producteurs du Rock, Take one, le livre qui a fait que nous parlons ensemble cette après-midi, il y a à peu près un millier de noms et que vous avez gardé trois-cent références et soixante portraits, ça fait quand même du monde ?

Nicolas Dupuy : Ça fait du monde, il faut faire un choix. Ce qu’il y a d’intéressant c’est de voir, là c’était plutôt facilité par la diversité des portraits, tout ce qui compose le paysage sonore du Rock, ce courant musical populaire, qui se définissent par des identités sonores, autrement dit, quand on pense au psychédélisme, quand on pense au trash, quand on pense au hard, quand on pense au rock heavy, c’est vraiment associer ces identités sonores au rock. Ça veut dire que quand il s’agit de choisir même une soixantaine sur les milliers de producteurs qui correspondent à des dizaines de milliers d’enregistrements rock, on a déjà de quoi faire aisément un tour de toutes ces sonorités qui font soixante ans de rock.

Jeanne-Martine Vacher : Je vous propose, Nicolas Dupuy, qu’on fasse un petite ronde à travers de petits extraits, que vous allez nous commenter synthétiquement pour nous dire en quoi là la production est caractéristique.

[extrait]

Alors, Nicolas Dupuy, Elvis Presley, producteur ? Évidemment !

Nicolas Dupuy : C’est Sam Phillips, ce qui est intéressant, c’est que c’es vraiment le premier producteur de rock presque historiquement, c’est celui qui a enregistré Elvis Presley, qui a enregistré ce qui va donner formes et corps aux (manque un mot), il y a une sorte de la loi, c’est-à-dire que tout le monde va puiser régulièrement, aujourd’hui encore, dans ces sonorités qui tenaient du bricolage, avec les moyens du bord…

Jeanne-Martine Vacher : Parce qu’à l’époque la technique…

Nicolas Dupuy : Quelque chose d’assez impromptus, et tout le monde est à la recherche encore, aussi bien les musiciens que les producteurs, de ces premières sonorités qui sont sensés, c’est peut-être vraiment le plus fascinant, représenter une sorte d’état originel du rock qui en fait n’a jamais eu lieu puisque dès ces enregistrement, même si l’apport technique était assez maigre, le rock immédiatement se met en scène, il vient du bleus et de la country, se distancie et se met en scène, se farde, se maquille en rajoutant un petit peu d’écho, en refaisant quelques prise. Donc, on est dans quelque chose, qui déjà est mis en scène. Et c’est cette mise en scène qui est intéressante.

Jeanne-Martine Vacher : On va voir un des grands, grand, grand démurge de la mise en scène sonore du rock, qui arrive là avec Ike et Tina Turner, River Deep - Mountain High, évidemment c’est Phil Spector…

[extrait]

Alors, Nicolas Dupuy, le Mur du son ?

Nicolas Dupuy : Avec Phil Spector, c’est vraiment l’empilement de couches sonores, avec vingt, trente musiciens qui jouent la même ligne, de façon à former une espèce de cathédrale sonore, qui met en avant, et c’est la première fois véritablement avec la figure de Phil Spector, le producteur comme vedette.

Jeanne-Martine Vacher : On continue, The Beatles, A Day in the Life

[extrait]

Voilà, Nicolas Dupuy, évidemment, là encore un autre son, le temps a passé.

Nicolas Dupuy : Là, c’est à peine deux ans plus tard avec George Martin, qui est probablement un des producteurs les plus connus. Là on peut mesurer encore les avancées, et pas simplement techniques, qui mêlent deux chansons, qui les assemblent et qui finit par une orchestration symphonique assez délirante et psychédélique évidemment, qui se conclut par une note de piano que suivent un ultrason que seuls les chiens peuvent entendre. Là on est encore une fois dans la surenchère, mais là le studio est vraiment l’antre de la créativité, les Beatles ne jouent plus depuis deux ans sur scène et cette collaboration elle a donné les plus beaux disques, les disques les plus ensoleillés du rock.

Jeanne-Martine Vacher : On avance dans cette histoire, là on change de monde avec Joy Division.

[extrait]

Day of the Lords de Joy Division, alors là, Nicolas Dupuy, encore un autre monde ?

Nicolas Dupuy : Là, déjà il y a le laminoir punk qui est passé. Entre l’extrait précédent, des Beatles, et celui-là, il y a eu toute l’emphase des enregistrements souvent boursouflés des Genesis, des Yes, du rock progressif et ensuite les (manque un mot) et le rock. Là avec Joy Division, notamment cet album et leur producteur, qui s’appelle Martin Hannett, on est dans le post punk déjà, on a des sonorités dépouillées, un peu frustes mais avec une petite couche conceptuelle un peu plus appuyée. Là on est vraiment à cheval entre les sons un peu robotique du progressif allemand, avec des groupes comme Can ou Neu ! qui existaient avant, et surtout sans donner les premières atmosphères sonores majeures qui vont être amenées à se développer, qui est le rock gothique.

Jeanne-Martine Vacher : Nous passons à The Buggles, Video Killed The Radio Star, un tube énorme.

[extrait]

Video Killed The Radio Star, c’est un titre Presque prémonitoire, Nicolas Dupuy, ça, avec des sonorités très particulières.

Nicolas Dupuy : Là, (manque un mot), c’est une profession de foi, on est dans ce que l’on a appelé…

Jeanne-Martine Vacher : Quelle année ?

Nicolas Dupuy : 1980, un petit peu avant, c’est pour cela que l’on est encore un petit peu dans le punk malgré les apparences sonores. Pour cet enregistrement particulier, Video Killed The Radio Star, les deux musiciens sont aussi producteurs, Trevor Horn et Geoff Downes, sur un morceau un peu léger, derrière une facilité de l’apparence, il y a une interrogation aussi sur la modernité rock, ils tirent vraiment partie des dernières technologies, ils font finalement un rock qui est moderne, technologique, mais ils mettent cette technologie au service de la nostalgie en annonçant que les synthétiseurs ont probablement, plus ou moins, tué le rock, et ils n’ont pas eu tout à fait tort pendant quelques années en tous cas.

Jeanne-Martine Vacher : Un dernier titre qui nous amène encore ailleurs, Mettalica - Enter Sandman

[extrait]

Quelle année, Nicolas Dupuy, ce Mettalica ?

Nicolas Dupuy : Mettalica ça sonne encore assez récent, c’est sorti en 1991, ça a été enregistré une année avant. Ce qui est intéressant, encore une fois, ici, puisque c’est encore un enregistrement charnière, on est dans un genre très marqué, qui est le trash, autrement dit du hard rock très rapide, qui a déjà dix ans à l’époque, sauf que là, c’est le premier album, sept ans après la naissance du trash, qui porte vraiment au plus large public, c’étaient des ventes par millions, ce courant qui est complètement confidentiel par ailleurs. C’est souvent le fait des producteurs qui voient au-delà de la qualité des compositions, au-delà de la qualité musicale, des compétences du groupe, la possibilité d’ouvrir vraiment le son à un public plus large.

Jeanne-Martine Vacher : Si nos auditeurs ont envie de tout savoir sur les producteurs du rock, ils vous lisent, Nicolas Dupuy, Take one, les producteurs du rock, chez Castor Music, ils y retrouveront les grandes figures tutélaires qu’on n’a pas évoquées, ça commence dans les années 40. Ils pourront retrouver toute cette histoire et puis vous retrouver aussi dans un autre livre qui s’appelle, Rock pour les nuls, dans la collection Pour les nuls.

[…]
En exil dès mon jeune âge
J’ai préparé mes affaires
Pour mon premier voyage
M’exiler au-delà des mers
 
Je revois d’ici mon village
Et tous ceux qui me sont très chers
Pour moi ce paysage
Est le préféré de la Terre
 
L’Algérie, mon beau pays
Je t’aimerais jusqu’à la mort
Loin de toi, moi je vieillis
Rien n’empêche que je t’adore
Avec tes sites ensoleillés
Tes montagnes et tes décors
Jamais je ne t’oublierais
Quelque soit mon triste sort
 
[…]

La chanson complete ici :

Jeanne-Martine Vacher : Slimane Azem, Algérie mon beau pays. Algérie je t’aime, c’est le titre d’une longue opération entre 2012-2013, à La Maison de la musique de Nanterre, une programmation le faite par Rabah Mezouane, qui est avec nous dans MOVIMENTO cette après-midi.

Rabah Mezouane, on entre dans notre parcours ensemble, avec cette voix de Slimane Azem, qui est très importante, et cette chanson très étonnante, je trouve, en tous cas c’est l’impression que j’ai eu en l’entendant, qu’il y a une espèce de fragilité qui est très déroutante au départ. C’est très, très fort une fois qu’on s’est laissé prendre à ce chant.

Rabah Mezouane : Vous êtes dans le vrai parce que Slimane Azem, qui est un des plus grands chanteurs de cette culture de l’exil, qui s’est forgée dans les bistros, principalement, qui s’est nourrie de cette douleur de la séparation avec le pays, de la nostalgie, parfois mi nostalgie mi regret, donc une situation bancale qui n’est pas forcément agréable. Slimane Azem a été en quelque sorte banni de son propre pays, on l’avait accusé de collaboration avec l’ennemi alors que c’était son frère qui était en cause, puis pour une chanson dont ils trouvaient le propos douteux. Dès lors qu’il a quitté son village natal, en Kabylie, à Agouni Gueghrane, il est mort en exil, il n’a jamais pu rentrer dans son pays. Ses disques ont été interdits. Il faut dire que le bonhomme était un fabuliste, une espèce de Jean de la Fontaine de la chanson algérienne. Il mettait en scène des animaux. Après avoir chanté l’anticolonialisme pendant la guerre, il avait des chansons comme ces criquets [1] à qui il demande de sortir, allusion à l’armée coloniale, puis la lune [2] qui apparaît c’est l’indépendance, et après la désillusion poste-Independence, déjà sous le régime de Ben belle il avait fait des chansons très, très dures envers le régime, ce qui a accentué son bannissement.

Jeanne-Martine Vacher : On va faire ce parcours avec vous, de ce blues de l’exil, Rabah Mezouane, mais je voudrais d’abord que l’on parle un tout petit peu de vous. Vous êtes le programmateur de cet événement, vous êtes aussi programmateur de l’Institut du monde arabe, quand on écoutait ensemble Slimane Azem vous me disiez combien cela vous touchait, beaucoup, votre histoire, c’est quoi ?

Rabah Mezouane : J’ai eu un parcours en quelque sorte d’exilé, un peu différent parce que je fais partie de la génération « soisantedisarde ». Je suis né pendant la guerre de libération, pratiquement vers le début. J’ai fait toute ma scolarité à Tizi Ouzou, qui est ma ville natale, en Kabylie. Sur l’insistance de mon père, j’avais un père qui était prof, une sœur et deux frères, on n’était pas très nombreux, puis j’ai bénéficié aussi de l’apport de mon père qui est un homme de savoir et de grande culture, c’est lui qui m’a poussé finalement vers l’immigration, il me voyait en diplomate donc il m’a demandé d’aller en France pour suivre des études. Donc, j’ai fait sciences politiques, avec des moyens dérisoires parce que je n’avais pas de bourse ni rien. J’ai débarqué à Paris, à Belleville, la première fois, un 22 octobre 1976, je n’oublierais jamais cette date, et la veille les larmes de ma mère, aller tout seul à l’aéroport de Maison Blanche, en Algérie, puis se retrouver catapulté à Paris. J’ai été accueilli par cet oncle, qui habitait dans un hôtel. Il était cuisinier, on défunt oncle, qui était un homme très ouvert, à l’image d’ailleurs de tous ces artistes que l’on voit dans les Scopitones, il était toujours bien habillé, dès qu’il finit son travail il était en costume-cravate, cheveux gominés, petite moustache à l’argentine, c’était un bel homme. Il allait danser le tango, il m’y trainait. On allait manger dans un petit resto où il n’y avait pas de tabous, je me rappelle la première fois, il me dit qu’est-ce que tu bois ? Je lui dis : une limonade. Il me dit : quoi, une limonade ? Il fait froid, prend un verre de vin.

Jeanne-Martine Vacher : C’était un autre temps.

Rabah Mezouane : C’était l’esprit de cette époque.

Jeanne-Martine Vacher : Cette époque que vous avez vécue en partie, vous avez essayé avec cette Algérie je t’aime, à Nanterre, de nos la raconter avec une programmation musicale, avec tous ces Scopitones, puisqu’il y a un documentaire, on a eu l’occasion d’en parler avec Dominique Laulanné dans cette émission, mais là je voudrais qu’on la reprenne à la masse, parce qu’en fait ça commence pendant la guerre et après la guerre où la première vague d’immigration ce sont beaucoup des paysans, des hommes seuls qui viennent pour essayer de vivre et d’envoyer de l’argent pensant qu’ils vont retourner au pays.

Rabah Mezouane : Tout à fait, il y avait cette hypothèse, cette fameuse hypothèse du retour, d’ailleurs même en France les politiques évoquaient cette hypothèse du retour, puisqu’on disait que c’était une immigration dont le devenir n’était pas pour l’éternité en France, qu’ils étaient appelés à retourner chez eux une fois, entre guillemets, « fortune faite ». Donc, ils venaient avec beaucoup d’espoir et après c’est des illusions. On retrouve ça parfaitement d’ailleurs dans toutes les chansons qui vont rythmer leur existence ente les années 40, après la Libération, où les cabarets orientaux ont fleuris un peu partout, notamment à Paris, je pense à El Djazaïr, en plus dans le Vème arrondissement, contrairement à certaines idées reçues cette immigration-là, artistique, créatrice, qui faisait les 3x8 quand même, le travail d’usine, dans les usines d’automobiles, ou le bâtiment, souvent été vue plutôt du côté du Quartier Latin, notamment à un tabac, La Favorite, je crois qu’il existe encore, où s’est forgée cette culture de l’exil.

Jeanne-Martine Vacher : Avant d’aller en banlieue, vous voulez dire.

Rabah Mezouane : Absolument !

Jeanne-Martine Vacher : On va écouter une voix, qui est totalement dans la mémoire, en tous les cas c’est une question de génération, sans doute les très jeunes générations ne l’ont pas en tête mais pour tous les autres Français, quelques soient leurs origines, c’est une voix qui fait partie de notre histoire, puis on va parler de lui.


Mouloudji chante "Un jour tu verras" par Racobel

Un jour tu verras
On se rencontrera
Quelque part, n’importe où
Guidés par le hasard
 
Nous nous regarderons
Et nous nous sourirons
Et la main dans la main
Par les rues nous irons
 
Le temps passe si vite
Le soir cachera bien
Nos cœurs, ces deux voleurs
Qui gardent leurs bonheurs
 
Puis nous arriverons
Sur une place grise
Où les pavés seront doux
A nos âmes grises
 
Il y aura un bal
Très pauvre et très banal
Sous un ciel plein de brume
Et de mélancolie
 
Un aveugle jouera
De l’orgue de barbarie
Cet air pour nous sera
Le plus beau, le plus joli
 
Puis je t’inviterai
Ta taille je prendrai
Nous danserons tranquille
Loin des gens de la ville
 
Nous danserons l’amour
Les yeux au fond des yeux
Vers une fin du monde
Vers une nuit profonde
 
Un jour tu verras
On se rencontrera
Quelque part, n’importe où
Guidés par le hasard
 
Nous nous regarderons
Et nous nous sourirons
Et la main dans la main
Par les rues nous irons

Jeanne-Martine Vacher : La voix si caractéristique, si vibrante de Mouloudji, extrait du film Secret d’alcôve, il chantait cela à Françoise Arnoul, l’enregistrement date du 26 novembre 1953, cette valse lente était dirigée là par Michel Legrand.

Rabah Mezouane, c’est intéressant Mouloudji parce que moitié Kabyle, moitié Breton, et totalement, lui, alors pour le coup, entré dans cette histoire de la culture française, assez vite, c’est très rare à ce moment-là.

Rabah Mezouane : Dieu sait que c’était difficile. Marcel Mouloudji, effectivement d’un père venu de Petite Kabylie,…

Jeanne-Martine Vacher : De Sidi-Aïch.

Rabah Mezouane : De Sidi-Aïch, exactement, qui était communiste, un homme qui a fait partie un peu de la vie de monde ouvrier, qui ne savait pas lire au départ mais qui après lisait parfaitement L’Humanité, marié à une Bretonne, puis Mouloudji lui-même était marié à un Juive, je me dis : quel beau mélange ! Marcel Mouloudji, il faut rappeler qu’il a été comédien, il y a ce film La Maison des otages, où il donne la réplique à Raimu, il a joué les jeunes premiers. Écrivain, peintre et malheureusement un peu oublié, ça cela me fait rugir souvent parce qu’à part un square, dans le XIXème arrondissement de Paris, qui porte son nom, il n’y a rien…

Jeanne-Martine Vacher : Mais ça, c’est aussi une grande liberté, il avait tout à fait le droit à la fois d’être fidèle et en même temps de vivre d’autres choses et ne pas être enfermé dans son identité première.

Rabah Mezouane : Tout à fait, oui. D’ailleurs les gens ne savaient pas d’où il venait, et puis à l’époque c’était difficile de se découvrir, je pense à Jacques Villeret, à Alain Bashung, Daniel Prévost, qui a fait une thérapie avec ce magnifique ouvrage autour e ses origines,…

Jeanne-Martine Vacher : Mais est-ce que cela veut dire - là nous étions dans ces années 40-50, on va arriver à 60-70 où va se développer justement à Nanterre, à Belleville, partout, cette culture sur elle-même, cette culture d’exil - qu’il n’y avait que ces deux voies là pour vous ? c’est-à-dire d’une certaine façon le côté ghetto, avec sa richesse et en même temps sa désespérance, ou l’autre s’oublier, à cette époque on prenait des prénoms français, etc., il n’y avait pas d’autres chemins ?

Rabah Mezouane : Il n’y avait pas d’autres chemins. C’est peut-être une peur et en même temps un respect du pays de l’accueil, d’où ce rituel qu’avaient ces travailleurs de l’époque, qui ne dérogeaient en rien à la règle établie dans ce pays, comme leurs homologues Français, Français-Français on va dire, ils prenaient l’apéro à 18h, etc., il n’y avait ni tabous alimentaires ni rien du tout. Et ça c’est extraordinaire.

Jeanne-Martine Vacher : D’où peut-être l’importance - parce que le ghetto c’est toujours une chose double, c’est de se retrouver entre soi, c’est vrai que c’est l’enfermement, et en même temps c’est la liberté d’être totalement soi-même – de tous ces lieux qui vont se développer en banlieue.

Rabah Mezouane : En banlieue mais Paris reste phare parce que le lieu central c’est le bistro. Déjà chaque bistro correspond à un village, on y tient des réunions qui concernent le village où on discute de la réfection des voies, d’un problème d’eau potable, etc. cela se passe en fond de salle ou les arrière-salles plutôt, et puis lien social pare qu’on vient prendre des nouvelles, on vient voir, y être vu, et aussi lien de soutien. Le patron en général fait office d’assistante sociale, de banquier, souvent il y a un hôtel au-dessus. Et puis, il y a avait cette solidarité exceptionnelle de l’époque, quand quelqu’un arrivait tout le monde le prenait en charge, les gens de son village, jusqu’à ce qu’il trouve du travail,…

Jeanne-Martine Vacher : Là ce que vous montrez très bien, c’est à quel point il y a vraiment une pépinière d’artistes.

Rabah Mezouane : Oui, c’est une véritable pépinière, c’est le mot, en même temps des artistes auxquels s’identifiaient le public auquel ils s’adressaient, vu leurs états de service, en quelque sorte, rien ne les distingue sauf qu’eux sont dotés de superbes voix, qu’ils sont créatifs. Puis encore une fois, j’insiste, résolument modernes, pour reprendre un mot, parce qu’à cette époque-là, il y avait divers styles qui se côtoyaient : l’oriental, influencé par les Égyptiens, les comédies musicales égyptiennes, et même un peu d’indien, le Mambo le Tchatchatcha, ça a été beaucoup chanté, jusqu’au Twist, et ^puis la chanson des origines régionales respectives.

Jeanne-Martine Vacher : On va écouter un groupe important, Djurdjura

Jeanne-Martine Vacher : Djurdjura, A nanna, cela veut dire sœur aînée, vous me direz si je me trompe. Là c’est l’Algérie qui est incarnée. L’Algérie mais elle chante Barbès, elle chante Nanterre et elle chante aussi cette idée qu’elle sera toujours étrangère. Et Djurdjura c’est pourtant un groupe qui a rayonné…

Rabah Mezouane : Un groupe phare d’une autre phase de l’immigration des années…

Jeanne-Martine Vacher : Là, ça date de 90, le disque.

Rabah Mezouane : Exact, oui, Djurdjura qui renvoi à cette chaîne de montagne majestueuse, en Kabylie, où il y a le pic de Lalla Khadidja, qui est le troisième plus haut sommet d’Algérie, c’était un groupe féministe, c’est important de le souligner, qui le revendiquait, qui avait fait le Théâtre de la ville, que seule Marguerite Taos Amrouche, voilà encore une grande dame, avait fait avant elles, qui ont réhabilité aussi pas mal de chansons de l’exil. Elles ont été parmi les premières à reprendre ces chanteurs…

Jeanne-Martine Vacher : À reprendre aussi Slimane Azem, qu’on a entendu, c’est-à-dire que cette génération se réapproprie l’histoire de la première génération.

Rabah Mezouane : Absolument, et cela s’est toujours poursuivi jusqu’à aujourd’hui. Djohra, bien que née en Kabylie, a passé la majeure partie de sa vie, elle est toujours à Paris, en France. À travers ses parents, elle a hérité de toutes ces chansons, de ce patrimoine. Ses parents regardaient les Scopitones, écoutaient Slimane Azem et Dahmane El Harrachi, tous ces chantres de l’exil, et ça a laissé des traces. Ce groupe a triomphé véritablement pendant près d’une décennie, allant jusqu’au Gabon, à l’international, pour porter la bonne parole…

Jeanne-Martine Vacher : Djora, seule, à fait un titre avec Catherine Ringer, et si je dis ça c’est parce qu’à partir des années 70 on voit voir aussi des musiciens qui vont travailler avec Mike Brant, avec Goldman, avec Dutronc, avec Halliday, ceux-là, d’une certaine façon, ils sont invisibles en tant que tels mais ils sont là.

Rabah Mezouane : Je pense notamment à El Hadi, un très grand guitariste qui avait fait partie des Vautours du groupe initial de Dutronc et qui était ami d’enfance, dans le IXème arrondissement, j’ai lu les mémoires de Johnny Halliday,…

Jeanne-Martine Vacher : C’est bien…

Rabah Mezouane : J’aime beaucoup Jojo, je l’avoue, je connais toutes ses chansons d’ailleurs…

Jeanne-Martine Vacher : Je ne dirais pas que vous êtes pardonné, il y a sur cette chaîne des fanatiques de Johnny Halliday, je voudrais rester amie avec eux…

Rabah Mezouane : Johnny lui-même évoque El Hadi, et une fois j’ai eu le bonheur d’interviewer Françoise Hardy, parce que je ne vous ai pas parlé de ma carrière journalistique, qui n’a pas consistée juste en l’évocation de mes origines, la culture d’origine, j’ai fait des interviews de hard rock, les Metallica , Joe Cocker, la chanson française aussi, dont Françoise Hardy avec qui j’ai évoqué un peu l’exil, me demandant d’où je venais, c’est curieux chaque fois que je rencontre que cela soit Michel Fugain, et bien d’autres, « et vous êtes d’où ? », chaque fois ils me disent « j’ai un ami.. », c’est formidable, et Françoise me disait : mais notre meilleur ami, il est de chez toi. Je lui ai dit : comment il s’appelle ? Elle me dit : El Hadi. Je lui ai dit : ah, oui, El Hadi le guitariste. Il y avait d’autres musiciens, bassistes, batteurs, je pense à Hafid avec Les Visiteurs, de notre ami Bertignac, mais qui étaient, comme vous dîtes, invisibles mais qui néanmoins étaient eux aussi ont emprunté d’autres voies.

Jeanne-Martine Vacher : Mais c’était bien, ce n’était pas une invisibilité négative, celle-là. Ils étaient là, ils avaient envie.

Rabah Mezouane : Non, bien voulu et ils ont mené une belle vie.

Jeanne-Martine Vacher : On évoquait cette première vaque et deuxième vague d’immigration puis arrivent les années 90-92 où là la situation politique algérienne devient terrible et là vient une nouvelle vague, très différente pour le coup.

Rabah Mezouane : C’est la dernière en date. La première immigration date de l’après insurrection, en Kabylie, de 1871, donc, les premiers immigrants sont arrivés à la fin du XIXème siècle. Après la Première Guerre mondiale, la deuxième vague, la troisième vaque venant après la seconde, puis une autre après l’indépendance, jusque là c’étaient des travailleurs qui n’ont pas fait d’études, etc. Celle des années 90, reliée aux années noires du terrorisme en Algérie, elle est moitié-moitié : il y a une moitié issue des sympathisants du FIS, pour ne pas le nommer, à qui on a accordé des visas à l’époque, c’était sous François Mitterrand, il me semble, sous prétexte qu’ils étaient persécutés par le régime, vert-de-gris il faut le préciser, et une autre un peu plus intello, bourgeoise aussi, très nantie - qui font les délices d’ailleurs, parce qu’il y a un (manque un mot) des soirées à l’algéroise un peu partout, notamment sur Paris - qui est venue, et, chose inouïe, beaucoup d’artistes, jamais on n’aurait imaginé qu’ils seraient venus en France, ils préféreraient vivre en Algérie, finalement ils tournaient bien, ils gagnaient bien leur vie mais les circonstances étant ce qu’elles sont, ils sont venus.

Jeanne-Martine Vacher : Et c’est là que l’on a aussi beaucoup découvert le chaâbi, le rai, c’est la montée de tous ces genres-là, qui vont avoir beaucoup de succès.

Rabah Mezouane : Surtout le chaâbi, il connût vraiment une nouvelle vague importante, puisque à l’instar des aînés il se pratique de plus en plus dans les cafés. Il y a eu Ya rayeh de Rachid Taha [3], et El Gusto [4], plus récemment.

Jeanne-Martine Vacher : Fadela que l’on va écouter, en deux mots, Rabah Mezouane.

Rabah Mezouane : C’est la pionnière, c’es la première femme qui a osé braver les interdits de l’époque, de ne plus autoriser les femmes à chanter dans les cabarets, elle, elle l’a fait, accompagnée à la trompette par Bellemou, avec un titre extraordinaire : « Moi, je n’apprécie plus le sommeil », elle en a fait d’autres, dont celui que nous allons écouter.

Jeanne-Martine Vacher : Dabezt Omri, par Fadela, qu’est-ce que cela veut dire, Rabah Mezouane ?

Rabah Mezouane : Cela veut dire à la fois j’ai tapé mon amour et puis aussi j’ai disputé mon amour.

Jeanne-Martine Vacher : C’est de fortes femmes, il n’y a pas très longtemps, on a diffusé un titre de Cheikha Remitti, c’est pareil, c’était dense, intense et sexuellement assez violent….

Rabah Mezouane : Femme-maitresse.

Jeanne-Martine Vacher : Femmes-maitresse ou maitresses-femme. On est un peu au terme de cette discussion avec vous, Rabah Mezouane, autour de ce blues de l’exil, comment vous voyez les choses aujourd’hui ? Il y a toute cette richesse musicale que l’on a évoquée, on n’a pas cité tout le monde, parce qu’il y a énormément de monde que l’on pourrait citer mais on n’a pas là pour faire des listes mais pour essayer de tracer des choses. En vous lisant, j’avais l’impression que le texte que vous avez écrit finissait de façon assez pessimiste.

Rabah Mezouane : Pessimiste, oui, un petit peu, c’est vrai, vous ne vous trompez guère. Un peu optimiste quand même, il y a toujours l’espoir parce que l’espoir pour moi, c’est que toute une nouvelle génération poursuive cette œuvre : il y a Rachid Taha avec ses Diwan 1 et 2, on a évoqué Djurdjura, on peut évoquer Orchestre national de Barbès, Gnawa Diffusion, Idir, plein de groupes phares qui reprennent ce patrimoine, à leur manière, en lui donnant une touche magnifique, qui est en phase avec leur temps, y compris des gens du hip-hop, je pense Rim’K du 113, qui a réhabilité Slimane Azem par exemple dans un titre. Donc, il y a cette nouvelle génération qui recouvre leurs aînés dont ils avaient honte, je parle surtout pour les Beurs, notamment les rappeurs, parce que j’ai fait dix ans au magazine L’affiche, croyez-moi, là, j’ai côtoyé tout l’univers du hip-hop depuis le début dans les années 80…

Jeanne-Martine Vacher : Ils avaient honte pourquoi ? Parce qu’ils les avaient trouvés soumis ?

Rabah Mezouane : Pour eux, ils rasaient les murs, ils courbaient l’échine, alors que c’est archi-faux. Je leur rappelais, je pense à juste titre, souvent à ces jeunes, je leur disais : mais vous savez les parents, les grands-parents dès fois ils se nourrissaient d’une boîte de camembert, parce que j’ai vu ça, et d’une baguette pour alimenter leurs familles laissées là-bas, à l’époque de l’immigration de célibat, et même au-delà, quand il y a eu le regroupement familial qui s’est fait progressivement…

Jeanne-Martine Vacher : C’est ça aussi peut-être le blues de l’exil, c’est cette façon d’être écartelé. Je me souviens d’une discussion que j’avais eue avec un Africain qui me disait combien c’était difficile au fond de vivre ici parce qu’il fallait envoyer une grande partie de son argent au pays, et du coup ce n’était pas que la condition ici c’était la condition en général qui faisait que c’était difficile.

Rabah Mezouane : Et même en termes économiques, je peux vous donner une info, qui est datée maintenant parce qu’on est passé à autre chose, pour l’Algérie la première ressource de devis c’est bien sûr les hydrocarbures, 90%, et la deuxième source de devis du pays c’étaient les mandats de l’immigration, qui depuis se sont taris puisqu’il y a eu le regroupement familial, on est passé à une autre phase. C’était très important pour eux, ils sont venus nourrir leurs familles, parce que la vocation première de l’exil, - ils le chantent merveilleusement bien, beaucoup racontent leurs parcours, on sent la douleur - quitter le pays ce n’est pas évident, mais il faut le faire parce qu’il faut nourrir sa famille.

Jeanne-Martine Vacher : Rabah Mezouane, on pourrait parler longtemps encore et écouter beaucoup de ces artistes, malheureusement le temps nous est compté, par contre, c’était une longue programmation à Nanterre, à la Maison de la musique, puisque ça a commencé en 2012, ça continue jusqu’en 2013, avec : expositions, films, concerts,… peut-être quelques dates importantes sur décembre, le reste on le mettra sur notre page Movimento du site.

Rabah Mezouane : Les deux concerts à venir cela va être le samedi 5 décembre, à 20h30, à La maison de la musique, cela sera avec Fadela, la pionnière…

Jeanne-Martine Vacher : Qu’on vient d’entendre.

Rabah Mezouane : Et dimanche, avec un monsieur extraordinaire, un vrai show-man, Boutaiba S’ghir, un des héros du raï des années cinquante, qui a inspiré bien des générations, y compris Khaled, qui l’ont copieusement repris parfois sans le créditer.

Jeanne-Martine Vacher : On va écouter la modernité. On va se quitter avec une idée de modernité.

Jeanne-Martine Vacher : Le titre Tavaliszt [5], l’artiste : Ali Amran

Rabah Mezouane : De la nouvelle génération qui s’est fait un nom ces dernières années, et qui, lui aussi, a emprunter le chemin de l’exil. Il décrit, un peu à la manière de Sur la route de Jack Kerouac, son itinéraire qui l’a mené de Tizi Ouzou, du campus universitaire, à Paris et à Helsinki où il vit désormais.

Jeanne-Martine Vacher : Merci à vous, Rabah Mezouane.

(Remarque de Taos Aït Si Slimane : Je ne suis pas capable de transcrire les dix dernières minutes du postlude, qui portent, comme l’annonce en début d’émission Jeanne-Martine Vacher sur : « l’identité musicale et les mélodies de l’âme latine qui déploiera ses charmes, à travers un disque de Jean-Pierre Mas, bien nommé Latinalma. »)

notes bas page

[1Ffegh ay ajrad tamurt-iw

[2Idehred wagur

[3Ya Rayeh est une chanson de défunt Dahmane El Harachi

Version avec Rachid Taha ici :

[4

Et

[5Refdagh Tavalizt, reprise d’un titre de Hsissen par Ali Amran



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