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Pour un centre d’histoire des sciences et des techniques à la Villette

Rapport du groupe de travail « histoire des sciences et des techniques »
Janvier 1983

Le Musée des sciences, des techniques et des industries présente, dans la collection « Les études », des documents, rapports et ouvrages qui sont élaborés dans le cadre de sa mission de création d’un grand centre des sciences, des techniques et des industries au sein du Parc de La Villette

En publiant ces études, le Musée a pour objectif de contribuer, de manière aussi complète que possible, à une meilleure information sur ce grand projet.

Préface

Le Musée national des sciences, des techniques et des industries n’est pas un établissement de recherche. Cependant, le caractère novateur des activités qu’il est appelé à entreprendre comme la nature des moyens dont il disposera ont conduit, dès l’origine, à l’idée d’articuler avec le Musée certains services de recherche et notamment un service orienté vers l’histoire des sciences et des techniques.

Il s’agissait, pour le groupe de travail « histoire des sciences et des techniques » qui s’est réuni sous la présidence du Professeur Jean POUILLOUX, Directeur scientifique au CNRS, de définir les objectifs et le domaine de ce service, d’en esquisser la structure et l’insertion dans l’ensemble des activités de la Villette, de préciser la relation de ce nouveau lieu de recherche avec le réseau qui existe déjà en France.

Le groupe a confié à Denis WORONOFF la mise en forme du résultat de ses travaux.

Ce rapport est le résultat d’une concertation étroite avec la Mission du Musée ; plusieurs membres de cette mission ont assisté régulièrement aux réunions. Cette mise en commun des réflexions a permis de tenir compte des besoins su service de recherche.

On trouvera plus loin la liste de ceux qui ont contribué à l’élaboration de ce rapport et la liste un peu plus restreinte, de ceux qui en ont approuvé le texte.

La Mission du Musée entreprend les approfondissent et les démarches nécessaires pour donner une suite concrète aux recommandations formulées.

Les moyens susceptibles d’être assemblés à la Villette ne permettront certes pas de satisfaire aux demandes que formule le Professeur Maurice CAVEING dans le rapport sur les sciences de l’homme et de la société qu’il a remis récemment. Telle n’était pas l’ambition du groupe de travail, mais les lignes directrices qu’il propose recoupent bien les conclusions générales de ce même rapport : l’interdisciplinarité des recherche, l’insertion dans le réseau existant, l’interconnexion des fichiers et la place donnée au recueil des traces de l’histoire immédiate vont dans ce sens.

A.LEBEAU
Directeur de la Mission du Musée national
des sciences, des techniques et des industries.

POUR UN CENTRE D’HISTOIRE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES A LA VILLETTE

I. PRINCIPES ET OBJECTIFS

a) Le projet de Centre se situe au confluent d’une double demande :
 celle de la Mission du Musée, qui a très tôt souhaité faire place à la recherche en histoire des sciences et des techniques, lui fournir des moyens de travail à l’intérieur d’une structure propre. C’était répondre au souci, perceptible ailleurs (à l’étranger dans des musées scientifiques, en France dans des musées régionaux d’histoire industrielle), de mettre les expositions en perspective, d’associer recherche et présentation, dans l’espoir d’un enrichissement mutuel. De ce point de vue, la création de services de recherche en histoire et en didactique irait dans le sens du renouvellement de la muséographie. D’autre part, compte tenu de l’importance de l’entreprise de la Villette et de l’intérêt qu’elle suscite, il a paru normal que 1e futur musée contribue au développement de la recherche dans ces domaines, en soutenant quelques initiatives.
 celle émanant d’équipes ou de chercheurs individuels, en quête d’un appui, d’un accueil, voire d’un point de rassemblement. La difficulté qu’éprouvent encore en France les historiens des sciences comme ceux des techniques à faire pleinement reconnaître leur champ de recherche, et, partant, à réunir des moyens d’étude suffisants, les rend certainement attentifs à tout ce qui peut améliorer la situation de leurs disciplines. Mais au-delà d’éventuels locaux et d’une infrastructure administrative, autrement dit des conditions de travail, la création d’un centre d’histoire des sciences et des techniques auprès d’un Musée, donc d’un public, est de nature à modifier la nature de ce travail.

Les recherches historiques menées à la Villette devraient y gagner une dimension nouvelle. Enfin cette implantation pourrait susciter des regroupements de chercheurs, faire apparaître d’autres thèmes, instaurer une pratique de travail interdisciplinaire.

b) S’en tenir au seul soutien logistique paraît, pour la Villette, une ambition insuffisante. Pour répondre à l’attente, il conviendrait plutôt que le Musée soit à la fois un lieu de recherche et un lieu d’aide à la recherche, qu’un équilibre s’établisse entre ces deux fonctions. C’est pourquoi on préfère parler ici de Centre et non d’équipe pour indiquer que le rassemblement des ressources ne se fera pas au bénéfice exclusif des chercheurs associés mais sera à la disposition de toute la communauté scientifique [1].

Autant que les fonctions du Centre importe sa situation ; il faut qu’il trouve sa place :
  par rapport au Musée : le Centre ne saurait être étranger à ce qui s’y fait ni se comporter en simple bureau d’études. Il ne sera pas dans sa dépendance (puisqu’il n’interviendrait que marginalement dans les expositions) mais dans sa logique. Il devra tenir compte, dans son style de travail et ses interventions de la finalité de l’Établissement, qui est de transmettre les connaissances à un vaste public et avoir le souci d’orienter l’essentiel de ses recherches, sans exclure d’autres thèmes, selon l’axe du Musée : le développement scientifique et technique contemporain sous ses aspects intrinsèques et dans ses relations avec le développement des sociétés.
  par rapport aux institutions scientifiques et aux chercheurs extérieurs : il doit être clair que le Centre n’est qu’un élément parmi d’autres du dispositif national de recherche en histoire des sciences et des techniques, qu’il travaille sur un champ délimité, sans esprit de domination.

Aussi faudra-t-il s’assurer qu’il ne redouble pas des activités convenablement conduites ailleurs, qu’il ne détourne pas des moyens ou des capacités de travail mais comble des lacunes et accroît le potentiel de recherche. Ainsi pourrait-il aider, à son niveau, à la constitution d’un véritable milieu scientifique. Moins que d’une coordination - toujours suspecte - il s’agira d’une interconnexion. La pratique d’entreprises communes, en recherche, sauvetage d’archives, publications, dont le Centre serait, selon le cas, le renfort ou le support, aidera sans doute à progresser dans cette voie. Dans son organisation comme dans sa pratique, il serait souhaitable que le Centre manifeste un esprit d’ouverture, de pluralisme. Il aura d’autant plus d’autorité qu’il n’apparaîtra pas comme la propriété d’une école, d’un courant.

II. DOCUMENTATION

La masse, la dispersion, la difficulté d’accès à la documentation en histoire des sciences et des techniques entravent sérieusement la recherche. Le Centre de la Villette pourrait contribuer à améliorer l’état des choses en ce domaine.
a) S’agissant de fonds documentaires menacés ou sous-employés, faute de locaux suffisants ou d’un inventaire à jour, le Centre devrait aider à leur sauvegarde ou à leur utilisation optimale. Une aide pour le recensement de ces fonds, prélude ou non à leur dépôt à la Villette, constituerait une intervention bénéfique à tous les chercheurs.
b) Le maintien de certains fonds, surtout en province, peut avoir des effets d’entraînement. À l’inverse, le regroupement de certains de ces fonds en un même lieu ne représenterait qu’un avantage illusoire, s’il ne s’accompagnait pas du rassemblement des équipes qui les exploitent déjà. On pourrait retenir comme principe que les fonds doivent rester in situ et que l’intervention de La Villette ne doit pas signifier un appauvrissement des centres existants ou la destruction de leur originalité, donc de leur signification historique.

Dès lors, il importera surtout que le Centre prenne l’initiative d’un recensement général, puisse disposer d’un double des fichiers et que soit établi ensuite un système de prêt inter-bibliothèques ou toute autre forme de consultation à distance.

c) Dans le cadre général de la médiathèque, la bibliothèque « grand public » assurant l’information générale en histoire des sciences et des techniques, la bibliothèque de recherche sera chargée de fournir aux chercheurs la documentation spécialisée que requièrent leurs travaux.

S’agissant des ouvrages à caractère de sources, la politique d’acquisition comprendrait deux volets :
  Pour les livres très anciens et très rares, il s’agirait de procéder à d’éventuelles opérations de sauvetage, de combler les lacunes des bibliothèques existantes... c’est-à-dire des actions assez ponctuelles
  Pour les livres plus récents, encore relativement bon marché et faciles à trouver, les limitations seraient beaucoup moins importantes. La Villette pourrait ainsi se constituer par exemple une collection la plus complète possible de livres de vulgarisation scientifique et technique d’intérêt historique.

En matière de « littérature secondaire » (c’est-à-dire d’ouvrages d’histoire des sciences et des techniques), le principal souci serait de combler les manques dans ce domaine. Ceux-ci concernent surtout les ouvrages étrangers (livres, revues, rééditions).

Les utilisateurs de la bibliothèque de recherche pourraient également disposer des ouvrages fondamentaux sous forme de microfiches (qui se prêtent à la photocopie en format normal), tel qu’il en existe, par exemple, aux États-Unis.

Les textes multigraphiés communément appelés « littérature grise » (rapports de fin de contrat, « working papers », thèses de 3ème cycle, textes de table-ronde, prétirages …) forment un ensemble riche, d’accès et de conservation malaisés.

Il serait souhaitable de les protéger et de les exploiter. Toutefois cette masse documentaire, en expansion rapide, est parfois redondante et risque de devenir envahissante : il importe d’en organiser le tri. Les thèses de 3ème cycle pourraient faire l’objet d’un dépôt provisoire à La Villette le temps qu’elles soient microfichées. On estimera au préalable les moyens nécessaires, en matériel et en personnel, à cette opération. Enfin La Villette pourrait se porter acquéreur de bibliothèques privées, qui risqueraient d’être dispersées.

d) Il reviendra enfin au Centre de produire de la documentation, en s’associant, entre autres, au réseau qui alimente le bulletin signalétique « Histoire de sciences et des techniques » du Centre de Documentation en Sciences Humaines (CDSH).

Le groupe recommande l’étude par la Mission du Musée, d’un projet d’aide pour la réalisation de ce bulletin.

III. ARCHIVES

La décision d’implanter au sein du Musée de la Villette une structure d’aide à la recherche en histoire des sciences et des techniques pose évidemment la question de son rôle en matière d’archives ; matériau fondamental de toute recherche historique [2]. Dans la mesure où cette structure est conçue comme un lieu où les chercheurs pourraient trouver des moyens matériels et intellectuels propres à favoriser leurs travaux, il semblerait logique qu’elle comporte un centre d’archives scientifiques et techniques parallèle à la bibliothèque.

Un tel projet soulève à l’examen certaines difficultés. En effet si, en bibliothéconomie, on peut déterminer que tel ouvrage a trait à l’histoire des sciences et des techniques, il n’en va pas de même en matière d’archives où on ne peut pas parler de documents isolés, mais seulement de fonds. Un fonds d’archives personnelles d’un scientifique possède certes une unité interne, liée à l’évolution de la pensée de son auteur, qui permet de définir le ou les quelques sujets dont il traite. Mais le problème est plus complexe dès qu’on aborde les archives des établissements scientifiques (CNRS ou Université par exemple) ou des entreprises.

Dans ce cas on se trouve parfois devant des fonds dont une partie seulement concerne l’histoire des sciences, même si elle est d’une importance capitale, mais dont le reste intéressera au plus haut point les historiens de l’économie et de la société par exemple. Or il est de la responsabilité de l’archiviste de préserver les documents qui pourront servir à la connaissance de l’histoire, sans en exclure aucun aspect. Il est bien certain qu’un centre d’archives établi dans le cadre du Musée de la Villette et normalement orienté exclusivement vers l’histoire des sciences et des techniques ne peut assumer pleinement cette mission d’archivage dans toute son ampleur.

De plus certains établissements, certaines entreprises ont le souci tout à fait louable de conserver et de mettre en valeur eux-mêmes les témoins de leur passé historique et sont absolument hostiles - à juste titre, dans la mesure où ils les mettent à la disposition de la recherche - à s’en défaire. Enfin, il ne faut pas oublier que la loi sur les archives du 3 janvier 1979 définit deux catégories d’archives, archives publiques et archives privées, et que la responsabilité des premières appartient en dernier ressort à la Direction des Archives de France.

Il n’en reste pas moins vrai que la conservation des archives scientifiques et techniques en France est actuellement peu satisfaisante, pour des raisons qui tiennent tant à l’indifférence des hommes de science qu’au peu de relations qu’entretiennent avec eux les archivistes, naturellement mieux introduits auprès des administrateurs et des chercheurs en sciences humaines. Si le Musée de la Villette doit effectivement mettre en place une structure d’aide à la recherche en histoire des sciences, il lui appartient certainement d’aider à redresser cette situation, malgré les difficultés énoncées ci-dessus et sans les passer sous silence.

En fait il importe moins au chercheur en histoire des sciences et techniques de disposer d’archives rassemblées en un seul lieu que de connaître exactement où sont conservés les documents nécessaires à sa recherche et de pouvoir y accéder facilement. Il semble tout à fait conforme à la mission de la Villette d’opérer cette centralisation de l’information, déjà largement commencée par le guide des sources de l’histoire des sciences entrepris par Monsieur BEAUJOUAN. Ce guide trouverait là la possibilité d’être considérablement développe et de bénéficier des facilites de consultation qu’il mérite. D’autres guides de recherche pourraient être élaborés, par exemple, sur les archives techniques.

Pour que cette orientation ait quelque raison d’être encore faut-il que les fonds existent, qu’ils soient classes et pourvus d’instruments de travail convenables. On peut attendre du Musée de la Villette qu’il soit le porte-parole des historiens et des archivistes auprès des scientifiques avec lesquels il entretiendra des relations privilégiées. Des projets d’enquête visant à répertorier les papiers de grands savants contemporains disparus ou en activité correspondent tout à fait aux types d’entreprises auxquelles le Centre devrait donner son appui. Il conviendra de s’assurer en même temps que ces papiers seront conserves et consultables dans les lieux adéquats. Mais la vocation de la Villette est davantage la diffusion des connaissances et la stimulation de la recherche que la conservation définitive de volumes aussi importants que ceux que peuvent atteindre les archives des entreprises ou des grands établissements scientifiques.

La conservation des archives ne passe pas seulement par des opérations matérielles de stockage et de manutention en elles-mêmes déjà fort contraignantes, elle requiert également, pour que les chercheurs puissent en tirer un plein profit, les interventions intellectuelles du tri, du classement et de l’inventaire. Pour ces travaux, il faut comprendre les papiers que l’on traite, ou au moins pouvoir se les faire expliquer. La diversité des compétences réunies à la Villette est sans doute celle qui répondrait le mieux à la diversité des « archives scientifiques et techniques » et permettrait de trouver le plus facilement un spécialiste compétent dans chaque question abordée. C’est pourquoi, même si le stockage définitif des documents ne doit pas être fait par le Musée de la Villette, il paraît hautement souhaitable qu’il puisse assurer le tri, le classement et l’inventaire des documents qu’il aura contribué à sauvegarder.

Le choix du lieu de stockage et de consultation ultérieur doit être bien pesé, qu’on décide de transférer le fonds dans un établissement spécialisé ou qu’on le restitue à l’organisme qui en est l’auteur s’il désire le conserver et est disposé à le laisser consulter. En définitive, il s’agit surtout de sensibiliser les détenteurs d’archives, qui choisiront souvent eux-mêmes le lieu d’accueil.

Dans le cas où les archives n’existent pas, ou n’existent plus, pour suppléer ce que les archives ne disent pas, il est indispensable de recourir à l’interview des principaux acteurs du développement scientifique et technique. Le choix des interviewés, la pertinence des questions qu’on leur pose demandent à la fois un talent particulier et, comme pour le traitement des papiers, une certaine compétence dans la spécialité concernée. Il faut donc constituer à chaque fois une équipe différente, en fonction de la personnalité de l’interlocuteur, mais il appartient à un service d’archives d’assurer le secrétariat et l’organisation pratique d’une telle campagne d’entretiens, puis de conserver les témoignages recueillis. L’équipe pourrait comprendre, outre le conservateur, deux historiens des sciences, deux scientifiques, un spécialiste de l’enregistrement sonore.

Reste, enfin, le problème des archives publiques. Si la distinction archives privées / archives publiques peut paraître vaine à l’utilisateur plus attentif au contenu des documents qu’à leur statut, elle est cependant réelle pour l’archiviste qui n’a ni les mêmes droits ni les mêmes obligations s’agissant des unes ou des autres. Il n’est pas indifférent, non plus, au chercheur de savoir quels sont ses droits en ce qui concerne la communication et l’utilisation des archives : ces droits ne sont pas nécessairement les mêmes pour les archives privées et pour les archives publiques. S’intéressant à des documents qui traitent de sujets définis, le centre d’archives de la Villette ne tiendra pas compte a priori de cette distinction, mais sera amené à intervenir dans des secteurs qui sont du ressort de la Direction des Archives de France, dont la démarche n’est pas thématique mais institutionnelle. La préservation des documents d’intérêt historique et le frein à leur destruction sauvage exigent une attention et une présence constante dans de très nombreux secteurs et on ne peut que se féliciter de voir plusieurs institutions conjoindre leurs efforts pour y parvenir. À condition toutefois qu’il s’agisse réellement d’une collaboration sereine et non d’une rivalité stérile dont les effets iraient à l’encontre du but recherché. En confiant à un conservateur détaché des Archives de France la direction du Service d’archives de la Villette on aura la certitude que celui-ci sera dirigé par une personne véritablement compétente en matière d’archives (il ne s’en trouve guère en dehors de cette administration) et qui, parfaitement informée des devoirs et des charges qu’impose sa mission, saura coordonner les efforts et résoudre au mieux d’éventuels conflits d’attribution, tout en confortant l’un par l’autre le rayonnement intellectuel du Musée de Villette et l’autorité de la Direction des Archives.

L’efficacité du Service d’archives dépendra aussi des moyens (locaux, matériel) mis à la disposition de ce conservateur détaché (voir Annexe III).

L’effort de La Villette doit se situer dans le cadre d’une concertation entre de nombreux partenaires, au premier rang desquels les conservateurs chargés de mission d’archives auprès des ministères et des grands établissements publics.

L’inventaire général des richesses et monuments artistiques de la France ou les Établissements publics régionaux seraient éventuellement des interlocuteurs du Centre lorsqu’il s’agira d’archives techniques. Il faudra aussi songer aux futurs centres interdépartementaux d’archives du monde du travail. La coopération des centres régionaux de culture technique permettra de connaître en temps utile l’existence de fonds d’archives d’entreprises menacés. En outre le Centre aura intérêt à collaborer avec la commission des archives industrielles créée par la Direction des Archives de France.

IV. RECHERCHE

a) Les difficultés rencontrées par certaines équipes pour garder ou obtenir des locaux décents les ont conduites à envisager une installation auprès du Musée de la Villette. Sans méconnaître l’intérêt que pourrait avoir, pour chaque partie, une telle solution, le groupe estime qu’il serait décevant d’attribuer à ce Centre une simple fonction d’hébergement. Il a paru souhaitable de constituer le Centre autour d’un nouveau projet.

Dès lors, le groupe préconise la création d’une ou plusieurs équipes propres à la Villette. Ces équipes, constituées par consensus mutuel, seraient rassemblées autour d’un programme interdisciplinaire, pas trop finalisé pour respecter l’autonomie de la recherche mais établi de telle sorte qu’il corresponde le mieux possible à l’originalité de l’Établissement. L’accent sera mis sur l’organisation de recherches réellement connectées et non simplement juxtaposées. En privilégiant une structure d’équipe, on s’efforcera de créer des conditions de travail dépassant les clivages académiques.

Mais les chercheurs associés à la Villette devraient s’efforcer également de se joindre à d’autres organismes pour conduire ensemble des travaux qu’ils ne sauraient mener seuls et créer des liens d’échanges scientifiques, entre autres par des séminaires communs. Plus ponctuellement, le Centre devrait manifester sa vocation de carrefour en organisant des colloques, y compris sur des thèmes qui ne seraient pas à son programme.

b) Les chercheurs ainsi regroupés devraient garder leur rattachement administratif d’origine (C.N.R.S., universitaire ou autre) et continueraient donc d’être soumis à l’examen des instances correspondantes.

Affectés au Centre, ils y exerceraient leur activité de recherche, mais ne seraient pas inamovibles, une certaine rotation des personnes et des thèmes garantissant la pluralité et le renouvellement des recherches. La structure juridique de l’ensemble, qu’il n’a pas paru opportun, à cette étape, de préciser, ferait l’objet d’une convention entre l’Établissement de la Villette, le C.N.R.S. et d’autres organismes.

Autour de ce noyau, pourraient se regrouper des équipes ou des chercheurs non intégrés au Centre mais en contact avec lui, des collègues étrangers par exemple. Il est nécessaire que les moyens du Centre -équipe administrative, matériel, locaux, bibliothèque et archives- restent ouverts à tous ceux qui le souhaitent et ne soient pas le monopole des chercheurs affectés. Enfin, le Centre devrait disposer de bourses de recherche et de subventions à des équipes associées à son programme, afin de soutenir par appel d’offres des travaux qui rejoignent ses objectifs. Il n’est pas exclu que plusieurs de ces formules puissent être appliquées à la Villette au cours du développement du Centre. Il faut donc veiller à ce que la solution retenue n’entrave pas, en créant un monopole de fait, toute modification ultérieure.

c) Compte-tenu de ses tâches et de son personnel de recherche, le Centre d’Histoire des sciences et des techniques gagnerait à être placé sous la double tutelle du C.N.R.S. et de La Villette, du moins en ce qui concerne la recherche. Pour aider la Direction à définir les grandes orientations et à évaluer les résultats, une instance consultative devrait être constituée, qui pourrait déjà participer à la mise en œuvre des propositions contenues dans ce rapport. Elle devrait être composée en majorité de personnalités (y compris étrangères) qui ne sont pas associées au Centre, même si, à mesure que celui-ci se forme, des représentants du personnel y figurent.

V. FORMATION

a) La demande de formation en histoire des sciences et des techniques est croissante mais difficile à saisir. La relation du Centre avec le Musée et sa fonction de service doivent le rendre attentif à ce besoin.

Mais sur ce point particulièrement, le Centre ne peut être qu’un élément (secondaire) d’un réseau diversifié et décentralisé, c’est à dire adapté aux catégories d’usagers et proches d’eux.

b) La Villette n’étant pas un établissement d’enseignement, il ne paraît pas souhaitable d’y installer tout un cursus destiné à des étudiants mais plutôt, pour ce public, d’organiser quelques conférences, où s’exprimeraient, entre autres, des chercheurs étrangers. Ces séances ne devraient pas être confondues avec les séminaires qui relèvent de l’activité de recherche du Centre.

Les destinataires principaux d’un enseignement délivré par le Centre seraient, semble-t-il, des professeurs du secondaire, de sciences exactes ou de sciences sociales, qui voudraient une initiation à l’histoire des sciences et des techniques, prolongeant ou préparant leurs contacts avec le Musée.

c) Dans cette hypothèse, un enseignement trop étalé ne conviendrait pas. Mieux vaudrait des stages ramassés sous forme d’écoles d’été. Cet enseignement donnerait lieu à la publication de fiches, de brochures ou de documents audio-visuels, élargissant ainsi considérablement son audience.

VI. PUBLICATIONS

a) Il est évidemment souhaitable que les travaux de recherches effectués au Centre reçoivent une diffusion correcte. Une solution minimale consisterait à les faire paraître (individuellement ou en nom collectif) dans une des revues qui couvrent le champ. L’autre solution extrême reviendrait à créer (à moyen terme) une revue propre à la Villette, concurrente des autres ou fusionnant avec l’une d’entre elles. Reste la possibilité, si le Musée crée sa revue, d’y disposer d’un espace pour les historiens des sciences et des techniques ce qui serait peut-être plus raisonnable et plus satisfaisant. De toute façon, il est prématuré de choisir, puisque le lancement d’une revue ne sera envisageable que lorsque l’audience des travaux du Centre sera assurée et les besoins du public précisés.

b) En dehors de cette formule, il faut prévoir, selon l’avancement des recherches du Centre et le nombre des colloques qu’il accueillera, une collection d’ouvrages (ou plus modestement de cahiers). De même conviendrait-il, en appui d’une recherche, de procéder à la réédition de quelques textes anciens. Sur des thèmes limités et mal couverts le Centre pourrait éditer des guides de recherche, combinant un exposé des sources, une bibliographie cri tique et des orientations de recherche.

Pour un public non plus de chercheurs mais de curieux, des brochures par familles d’instruments combleraient une lacune.

c) En coédition avec le CNAM et les musées nationaux, des catalogues d’instruments scientifiques seraient les bienvenus. Le Centre pourrait, selon le vœu de la Commission des instruments scientifiques de l’Union internationale d’histoire et de philosophie des sciences, être à l’origine d’un renouveau international de ces publications.

En tout état de cause, cette politique d’édition ne saurait être définie en dehors du cadre général de l’édition scientifique, qu’elle relève du secteur public ou de l’initiative privée.

d) Il serait utile de rendre accessible au public français, en les traduisant, certains ouvrages étrangers, particulièrement importants en histoire des sciences et des techniques.

e) Le Centre devra se préoccuper aussi de publications sur d’autres supports que sur le papier, tels que les diapositives, les films, les enregistrements.

VII. RÉSUMÉ DES RECOMMANDATIONS

1. Créer un centre d’histoire des sciences et des techniques, composé d’une ou plusieurs équipes interdisciplinaires dont les chercheurs, affectés temporairement à la Villette, travaillent sur programme mais gardent leur rattachement administratif d’origine.Les chercheurs du Centre, ainsi que les chercheurs qui en feront la demande, accéderont librement aux moyens que leur offre la Villette, et en particulier à la bibliothèque de recherche.

2. Établir un service d’archives scientifiques et techniques, sous la responsabilité d’un conservateur détaché des Archives de France pour encourager la sauvegarde de telles archives et aider à la constitution de nouvelles sources : pour prospecter ; pour trier, classer, inventorier des papiers qui lui seraient confiés avant le, dépôt définitif.

3. Participer au recensement de fonds documentaires menacés ou sous-employés, établir ou regrouper les fichiers afin d’améliorer la consultation. Soutenir la réalisation du "Bulletin Signalétique en Histoire des Sciences et des Techniques" du Centre de Documentation en Sciences Humaines (CDSH).

4. Contribuer à l’effort de formation en histoire des sciences et des techniques, à destination, principalement des enseignants du secondaire.

5. Publier les travaux du Centre, sous des formes appropriées aux publics visés.

ANNEXES

ANNEXES I

Archives : définition et traitement

Le terme « archives » est, depuis quelques années, défini par un texte législatif [3] comme « l’ensemble des documents, quels que soient leur date, leur forme et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique ou moral, et par tout service ou organisme public ou privé, dans l’exercice de leur activité » Le dernier mot de cette définition – « activité » distingue radicalement les archives de la documentation : on réunit une documentation pour disposer d’éléments d’information sur un ou plusieurs sujets précis, on ne constitue pas volontairement des archives, elles sont une sécrétion naturelle de l’action. Pour prendre un exemple simple, il est bien certain que l’activité d’un commerçant est d’acheter et de vendre, pas de collectionner commandes et fractures, pourtant en exerçant son commerce, il doit nécessairement recevoir et établir de tels documents : ils constitueront ses archives, à partir desquelles il sera éventuellement possible ensuite de connaître son activité. Les catalogues de fournisseurs qu’il conserve forment, eux, sa documentation dont on ne peut au demeurant savoir, sans recourir aux archives, s’ils ont effectivement utilisé, c’est-à-dire s’ils ont effectivement été liés à l’activité de ce commerçant.

Cet exemple simpliste peut, mutatis mutandis, être transposé dans le domaine de l’activité intellectuelle qui nous intéresse ici. On définira donc le document d’archives comme celui qui est intimement lié à cette activité, qu’il en soit l’origine, le suivi ou le résultat.

Il est certain que l’activité d’une personne privée n’étant jamais exclusive, ses archives concerneront des domaines différents : on trouvera dans les archives d’un scientifique aussi bien des papiers d’état civil, des archives relatives à sa situation de père de famille ou d’assuré social, des correspondances familiales, les actes de la gestion d’une propriété rurale, etc., que ses archives de travail proprement dites. Ce qui fait l’unité de ces documents disparates c’est la personne autour de laquelle ils ont été rassemblés et que les archivistes appellent « l’auteur » du fonds d’archives, ce terme ne devant pas être pris ici dans ce sens courant puisque nul n’est auteur – au sens courant – de ses papiers d’identité ou de ses relevés de compte bancaire, quoiqu’il soit l’auteur – au sens archivistique – du fonds dont ces documents font partie. Tout fonds d’archives est donc nécessairement différent de tout autre, non parce qu’il est l’image d’une vie, ou d’un moment d’une vie, et que toute vie, celle d’une personne comme celle d’un organisme, est forcément différente de toute autre.

Ceci fait apparaître clairement que, en matière d’archives, ce n’est pas le document isolé qui doit être pris en considération, mais bien, comme le dit la définition légale, un ensemble de documents, c’est-à-dire un fonds, dont l’organisation interne est par elle-même révélatrice d’une histoire. Comme, bien évidemment, tous les documents d’un fonds n’ont pas le même intérêt historique, comme il est presque toujours nécessaire pour l’utilisation historique de procéder à des reclassements, il est extrêmement important que ces travaux du tri et de classement soient menés avec circonspection de façon à ne pas altérer cette organisation interne initiale dont la signification est au moins aussi grande que celle de chaque document. C’est pourquoi ces travaux doivent obligatoirement être confiés à des spécialistes des archives.

Éliane CAROUGE

ANNEXE II

Installation matérielle nécessaire au fonctionnement d’un service « Archives » dans le cadre du Musée de La Villette

Rappelons les missions assignées à ce service :
  Tenue d’un guide permanent de la recherche en histoire des sciences,
  Collecte de fonds d’archives de scientifiques et de laboratoires,
  Traitement (tri, classement, inventaire) de ces fonds avant de les diriger vers un autre dépôt pour conservation,
  Recueil et conservation d’archives orales, sous la Direction d’un conservateur détaché de la Direction des archives de France.

On peut déduire de la définition précise de ces missions les installations à prévoir pour que le Musée de La Villette puisse les remplir dans de bonnes conditions. Bien entendu, ces recommandations, établies de l’extérieur et sans étude approfondie du problème, n’ont qu’une valeur indicative et il appartiendra au conservateur d’évaluer plus précisément les charges de son service, les perspectives d’évolution et les moyens qui lui seront nécessaires.

1. Locaux

Magasins destinés au stockage provisoire des documents papier qui seront ensuite acheminés ailleurs. Une capacité de 1 km linéaire semble suffisante, ce qui correspond à une salle de 150 à 160 m2 équipé en rayonnages fixes, hauteur sous plafond 2.10 m. le sol doit supporter une charge répartie de 1 500 à 2 000 kg par M2.

Les rayonnages compacts permettent de réduire la surface dans une proportion variable suivant le modèle choisi et qui peut atteindre 50% mais la résistance du sol doit être augmentée d’autant.

La température d’un dépôt d’archives se situe entre 15 et 20%C (optimum 18°C +/- 2°C), pour un taux d’hygrométrie qui doit être maintenu entre 50 et 60%. Ces locaux doivent être bien ventilés, l’éclaircissement naturel doit y être modéré et l’éclairage électrique doit éviter l’émission de rayon U. V.

Il n’est pas nécessaire d’installer tous les rayonnages dès la première année. En plus des rayonnages classiques, il faut prévoir des meubles spéciaux pour les plans et documents de grand format, ce qui augmente d’autant la surface indiquée ci-dessous.

Magasins pour la conservation des archives orales et des documents à support magnétique.

Le recueil d’interviews donne naissance à trois types de documents : le dossier de préparation de l’entretien, l’enregistrement sonore et la transcription de cet enregistrement.

La préparation et la transcription sont des documents sur papier dont la conservation est traitée au paragraphe précédent.

Les enregistrements sonores présentent actuellement sous forme de bandes magnétiques et les problèmes matériels de leur conservation sont assez proches de ceux posés par les bandes magnétiques d’ordinateur qui peuvent également se rencontrer dans des archives. Ce type de documents demande des locaux à 20% avec un taux d’hygrométrie de 50%, ces conditions devant être assurée de la façon la plus stable possible. Il convient également d’éviter la proximité de sources de champs magnétiques importantes.

Si rigoureuses que soient les conditions de conservation, il reste que les supports magnétiques sont extrêmement fragiles et doivent être recopiés régulièrement. Les bandes phoniques sont cependant moins fragiles que les bandes vidéo et surtout que les bandes informatiques.

Mais les installations spécialisées pour la conservation de ce type de documents posent question actuellement car, dans les prochaines années, le disque numérique offrira sans doute des supports de conservation mieux adaptés et plus aisément et durablement stockables.

Document de type particulier

En ce qui concerne la consultation, le service archives du musée de la Villette fonctionnera davantage comme un centre de documentation que comme un service d’archives proprement dit puisqu’il ne conservera que les archives orales, pour le reste il fournira des listes de références. Son organisation pourrait utilement s’inspirer de celle du centre de documentation de l’Institut national de l’audio-visuel à Bry-sur-Marne.

Il y aurait avantage à ce que les locaux de consultation soient les mêmes que ceux de la bibliothèque qui recevra le même public et lui fournira un service complémentaire de celui des archives.

La consultation des documents audio-visuels doit faire l’objet d’une étude particulière mais il n’est peut-être pas nécessaire de la développer plus longuement ici car elle est sans doute prévue dans le cadre des autres activités du musée. Enfin, comme dans toute installation nouvelle actuelle, il faut prévoir l’utilisation des moyens que l’évolution des techniques de télécommunication offrira dans les prochaines années.

La réalisation et la délivrance de reproduction complètent normalement la consultation : il faut donc prévoir de doter les locaux de consultation du matériel et du personnel nécessaire à cette opération, tant pour les documents écrits que pour les documents audio-visuels (images fixe, documents sonores). Les éventuelles copies d’images animées seraient assurées dans d’autres secteurs spécialisés.

2. Les moyens informatiques

Sous réserve d’une étude plus approfondie, il semble que la tenue du guide de la recherche en histoire des sciences et sa consultation peuvent se faire sur le matériel de la bibliothèque. Le choix de ce matériel et des logiciels devra en tenir compte.

3. Personnel

Il n’est pas indispensable de prévoir dans l’immédiat du personnel particulier pour le service des archives mais il faut que le conservateur puisse utiliser les services d’un secrétariat, d’une documentaliste et du personnel affecté à l’informatique.

Il aura également occasionnellement besoin de personnel de manutention et de personnel assurant les encartonnages, les collages d’étiquettes, les classements simples …

Ces concours occasionnels peuvent être estimés dans l’immédiat à 40 heures par mois. Si l’activité du service se développe il faudra prévoir d’y affecter un employé (niveau employé de bureau) au moins à mi-temps.

4. Fonctionnement

Outre les besoins normaux de travail de bureau, il faut prévoir pour les archives des achats réguliers de cartons, sangles et étiquettes en quantité proportionnelle au volume de papier traité.Le recueil d’archives orales, leur traitement et leur exploitation demandent un matériel approprié et, là aussi, un approvisionnement suffisant.

Éliane CAROUGE

CONTRIBUTIONS

1) Associations scientifiques ou techniques

De nombreux fonds d’archives restent à l’abandon et hors d’état de consultation par les historiens, les associations les plus anciennes ayant perdu la plus grande partie de leurs locaux, si ce n’est la totalité et n’ont aucun moyen de gestion de leurs fonds. Le Centre de La Villette devrait leur proposer de recueillir ces archives qui seraient classées et fichées.

Les actions les plus urgentes concernent ! par exemple :

La Société d’encouragement à l’industrie nationale fondée en 1802.

La Société philomathique fondée en 1788. Ses archives sont entassées dans un couloir de la Bibliothèque de la Sorbonne. Il est impossible de les consulter.

Des offres semblables pourraient être faites à des associations démunies de moyens de gestion suffisants :
  La Société française de photographie, vers 1850
  La Société chimique de France, 1857
  etc.

Une enquête, dont le centre pourrait prendre l’initiative permettra de déceler les associations susceptibles d’accepter l’accueil et les services du Centre pour la sauvegarde de leurs fonds documentaires, soit en péril, soit inconsultables, cette enquête pourrait être la suite et la mise en valeur de celle commencée par M. BEAUJOUAN et restée inachevée faute de crédits, mais elle devrait être étendue aux fonds d’archives techniques.

Il conviendrait de citer l’exemple de la Société industrielle de Mulhouse et sa remarquable organisation, bien que cette dernière semble sérieusement décliner depuis quelques temps.

2) Établissements publics

Il ne conviendrait pas de leur proposer un transfert sauf s’ils le demandent. Mais il serait de la première importance qu’un fichier général du contenu de ces fonds puisse être établi d’une façon plus ou moins détaillée suivant l’établissement. À noter que les instruments scientifiques historiques devraient figurer dans le fichier.

Muséum d’Histoire naturelle : le fichier pourrait simplement renvoyer aux grandes rubriques du catalogue de la Bibliothèque centrale bien gérée.

On devrait envisager avec le bibliothécaire l’opportunité d’une enquête dans les divers laboratoires et services du Muséum qui conservent tous sans doute des documents d’archives, des collections et des appareils de première importance historique.

Collège de France

Observatoires de province

Une opération identique devrait être envisagée avec l’assentiment et la collaboration des directeurs des établissements.

CNAM

Possède un fonds unique de dessins industriels appelé d’abord Portefeuille Vaucanson, en raison de son origine, puis depuis 1829 Portefeuille industriel. Il comprend plus de 2.000 dossiers renfermant chacun en moyenne 10 à 15 lavis ou dessins représentant à peu près toutes les machines industrielles apparues entre 1775 et 1850. Au-delà de cette date, les dossiers présentent encore un intérêt jusque 1870. Cet ensemble a été constitué d’abord par les dessinateurs de l’Hôtel de Mortagne, cabinet de Vaucanson de 1775 à 1802 environ, puis par les dessinateurs du Comité de salut public, enfin par le premier grand dessinateur industriel français, LEBLANC, professeur au Conservatoire, sous la direction de POUILLET. Il a été en principe ouvert au Public en 1851.

Depuis cette époque et du fait de l’encombrement sans cesse croissant des locaux du Musée dont la surface a été régulièrement réduite, la collection des dossiers se trouve placée sous les combles, dans des meubles plus que centenaires ne fermant plus à clé. Les dossiers sont difficilement accessibles même au personnel du Musée et difficilement communicables. En outre une cinquantaine de dossiers environ, de plusieurs dizaines de dessins chacun n’ont jamais été répertoriés et classés.

Le Centre de la Villette devrait offrir son aide matérielle pour la mise en utilisation de ce fonds unique au monde : un local d’environ 150 mètres carré l’achat de meubles à plans modernes, de meubles de consultation la confection d’un fichier.

Naturellement, comme dans tous autres cas envisagés précédemment, les Portefeuille resteraient la propriété du CNAM et son personnel en assurerait la gestion et l’exploitation.

3) Établissements privés

Les chambres de Commerce et d’industrie, possèdent des fonds documentaires souvent riches ; les informations recueillies par une enquête pourraient entrer dans le fichier général du Centre de la Villette sur place forme plus ou moins détaillée selon le niveau d’organisation de chaque établissement dans ce domaine.

Les chambres syndicales patronales possèdent sans doute des fonds d’archives dont les plus anciennes n’intéressent pas les dirigeants actuels. Si la Chambre syndicale de la sidérurgie française semble bien installée à ce point de vue, celle des industries mécaniques l’est certainement beaucoup moins et pour certaines d’entre elles le dépôt de leur fonds pourrait être envisagé. Le Centre de La Villette devrait faire entrer dans son fichier au moins des informations générales sur les moyens de documentation que possèdent des organismes tels que :
 Le département des affaires générales de la S.N.C.F. ( qui en a organisé les archives)
 L’Automobile Club de France etc.

4) Entreprisses industrielles

Le Centre de la Villette devrait proposer son aide matérielle à la Commission de sauvegarde des archives industrielles créée par M. FAVIER, directeur des Archives de France.

Le Centre devrait au moins contribuer, s’il n’en prend pas l’initiative, à promouvoir une campagne d’information générale auprès des chefs d’entreprises de toutes dimensions, pour les inciter soit à classer et à rendre communicables les archives, à l’exemple des Papeteries Montgolfier ou de Saint-Gobain, soit à en effectuer le versement aux services d’archives départementaux. Bien souvent se trouveraient des fonds de bibliothèques d’ouvrages anciens qui viendraient enrichir la bibliothèque du Centre de la Villette.

5) Sauvegarde de matériel ancien

Il existe en Grande Bretagne un système de sauvegarde de modèles uniques de machines présentant un intérêt historique. Avant l’envoi à la casse de matériel déclassé, les entreprises doivent en communiquer la liste à un organisme qui vérifie d’après les inventaires des musées techniques s’il en est conservé un exemplaire ou non ; dans ce dernier cas, la pièce est acquise à la valeur du ferraillage par un musée.

À moyen terme le Centre de La Villette pourrait organiser cet exercice de surveillance de disparition de matériel d’intérêt historique et lancer une grande campagne de sensibilisation auprès des chefs d’entreprise. Les pièces retenues pourraient être acquises par l’un des musées techniques français. Mais ceux-ci sont très peu nombreux, quatre ou cinq en province, plus le Musée national des techniques du CNAM. C’est à ce dernier que reviendrait sans doute la presque totalité des pièces retenues.

Même si celles-ci sont peu nombreuses, leur entrée créerait de difficiles problèmes d’emplacement au Musée qui ne dispose pratiquement plus de surface disponible même dans ses réserves. Celles-ci sont dispersées. Dans les combles même du Musée elles constituent un danger permanent qu’a souligné l’incendie de I973 au cours duquel la catastrophe a été évitée de justesse. Les services de sécurité réclament d’ailleurs depuis plusieurs dizaines d’années l’évacuation complète de ces réserves.

D’autres emplacements de réserve existent également dans certains sous-sols de la Rue Saint-Martin ainsi que dans des bâtiments non climatisés des annexes de Colombes et de Saint-Cyr. Il faut ajouter à cela toutes les parties basses de toutes les vitrines construites depuis vingt ans environ et de nombreux placards perdus dans les artifices architecturaux du siècle dernier. Dans tous les cas l’entassement est tel qu’il rend impossible tous travaux de nettoyage et d’entretien des objets, encore moins d’étude et de manipulation.

Le Centre de la Villette devrait proposer au CNAM la création d’une annexe unique pour réunir toutes ses réserves et lui apporter son aide matérielle pour l’organisation de locaux selon le modèle si efficace du musée des A.T.P. Les besoins actuels de surface sont de l’ordre de 7.000 m2. Pour assurer l’avenir pendant au moins un demi-siècle il serait souhaitable de doubler cette surface soit 14.000 m2. Un tel emplacement doit pouvoir être facilement trouvé sur les 150.000 m2 de la « grande salle ». Une telle opération devrait être envisagée pour le moyen terne, c’est-à-dire par exemple, pour être entreprise vers 1985.

Maurice DAUMAS

II PROJET DE RECHERCHE D’UNE ÉQUIPE INTER-DISCIPLINAIRE D’HISTOIRE DES SCIENCES ET ÉPISTÉMOLOGIE AU PARC DE VILLETTE

Ce projet émane d’un groupe de chercheurs en train de se constituer en équiper se proposant d’être une équipe de recherche au CNRS, reliée à plusieurs commissions, implantée au Parc de La Villette, dans la structure d’accueil pour la recherche du Musée.

Ces chercheurs appartiennent à plusieurs disciplines et disposent en général d’une double formation (une discipline des sciences de la nature ou sociale et l’histoire ou la philosophie des sciences).

L’implantation au Musée, en relation avec es missions de celui-ci, notamment l’enseignement et une participation à la partie historique de la conception, ainsi que grâce aux moyens dont il dispose (documentation, possibilités d’échanges), permettrait de donner rapidement corps à une pratique originale de la recherche en histoire des sciences et en épistémologie. Celle-ci serait conçue comme un travail non pas seulement individuel mais en interaction et en collaboration, par l’enrichissement d’une confrontation quotidienne, travail nécessitant des échanges nombreux, notamment internationaux. Elle éviterait les clivages antérieurs, dénués de fondements et paralysants, entre, par exemple, scientifiques et non scientifiques, érudition et épistémologie, analyse conceptuelle et critique sociologique ou idéologique.

Thèmes retenus
1. La physique quantique, notamment dans ses prolongements en physique des particules élémentaires et théorie quantique des champs.
2. La relativité, notamment générale, en particulier les trous noirs à partir de 1915.
3. Les équations différentielles au XIXe siècle.
4. L’analyse diophantienne, ses rapports avec la géométrie algébrique à partir de la fin du XIXe siècle : André Weil, Chevalley, etc.
5. La Révolution française et la science. En sous-ensemble, les mathématiciens et les physiciens français au temps de la Révolution : d’Alembert, Lagrange, Condorcet, Laplace.
6. Biologie et médecine au XIXe siècle.
7. La science impériale.

A titre d’illustration de la méthode, on a choisi d’expliciter les trois thèmes suivants :

La science impériale

Nous nous demandons quelles parties de la « science » des empires coloniaux des XIXe et XXe siècles ont été exportées, suivant quelles filières et en fonction de quels critères, et comment elles ont été reçues par les pays dominés. Ce double point de vue sera adopté dans l’examen de trois pays : un pays asiatique, un pays du Moyen-Orient, un pays d’Amérique Latine. Le but poursuivi est d’examiner les effets structurels de l’intégration de la science occidentale dans les pays du Tiers-Monde. Ce thème a l’avantage de n’exclure aucune discipline, de mettre en jeu les interactions silence, technique, économie, structures politiques. Nous sommes d’ores et déjà assurés de la collaboration d’une équipe américaine, d’une équipe brésilienne et d’une équipe indienne.

Les origines de la géométrie algébrique :

Le but de cette recherche, qui reprend un thème abordé par André Weil, est de décrire comment les domaines respectifs de la géométrie algébrique et de la théorie des nombres sont venus à s’interpénétrer, d’une part par l’approche de l’« Analyse de Diophante » à l’aide de la géométrie algébrique, et vice-versa par l’usage de concepts proprement arithmétiques en géométrie algébrique, jusqu’à ce que celle-ci prenne comme objet premier un corps ou même un anneau quelconque, et non plus seulement le corps des nombres complexes.

En fait l’interaction entre ces deux domaines s’est amorcée dans la deuxième partie du XIXe siècle, et est devenue l’une des composantes caractéristiques des mathématiques actuelles, à travers les travaux de WEIL et Grothendieck. Retracer l’itinéraire suivi permettrait donc de rendre compte et de mieux comprendre ce qui est maintenant une théorie arrivée à maturité, la théorie des schémas.

Cette étude se fonde sur la table chronologique suivante :

Diophante (Ca. IIème S.A.D.)
Al-Khazin (Ca. 972) et alii
Viète (1540-1603)
Fermat (1608-1665)
Euler (1770)
Jacobi (1835)
M. Noether (1871)
Dedekind-Weber (1882)
Kronecker (1882)
Hilbert-Huxwitz (1891)
Enriques (1895)
Poincaré (1901)
Weber (1908)
Mordell (L922)
Weil (1927)

Les prolongements des travaux mentionnés ci-dessus se trouvent dans les recherches contemporaines de Weil, Van Der Waerden, Hasses, Zariski, Serre, Kähler, Grothendieck et al.

Les différentes composantes de cette recherche s’articulent ainsi :

1) Historique :
Rendre compte du thème décrit ci-dessus ;

2) Didactique :
Montrer comment on est passé des concepts classiques aux objets utilisés actuellement. Cette étude permettrait d’obtenir « une approche génétique » de la géométrie algébrique contemporaine, qui n’a pas encore fait l’objet d’une réelle diffusion dans les milieux qui pourraient être intéressés ;

3) Épistémologique
Étudier sur cet exemple la mutation des concepts et les glissements de sens, l’apparition des ruptures épistémologiques et les renversements de point de vue. Comment un théorème devient une définition, etc.

4) Analytique :
observer, au besoin en recueillant des témoignages, l’incidence des théories en question sur la représentation algébrique actuelle du nombre et de l’espace, et les métaphores qu’elle entraîne ;

5) Éditorial :
réaliser par exemple :
 une édition et une traduction des œuvres de Viète ;
 une édition française de l’algèbre de Weber (1908) ;
 la publication d’un « Source Book » sur la géométrie arithmétique

Biologie et médecine au XIXe siècle

L’expression « sciences biomédicales » apparaît après la Deuxième guerre mondiale : elle réunit en un seul terme ce qui, durant la plus grande partie du XIXe siècle s’était voulu séparé, la science biologique d’une part, et l’art médical de l’autre. Cette expression propose un pluriel qui laisse ouvertes toutes les directions, thérapeutiques ou exploratrices, techniques ou industrielles, économiques ou politiques. Ce couple « Biologie-Médecine » est conceptuellement opératoire pour comprendre l’émergence d’une nouvelle discipline, la biologie nommée dès1802, nais définie dans la seconde moitié du XIXe siècle seulement dans son acception moderne. Nouvelle discipline, elle se confronte aux doctrines médicales, pèse d’un poids déterminant dans la transformation de la médecine qui devient efficace enfin dans certains domaines, ce qui permet de concevoir et d’appliquer une politique de santé publique, à l’échelle des états et à 1’échelle du monde.

Comme le couple biologie-médecine se constitue au début du XIXe siècle, le couple mathématiques-physique reçoit à la même date un sens dérivé par rapport à la mathématisation galiléenne du début du XVIIe siècle : dans l’enseignement, en particulier à l’École Polytechnique et dans les écoles d’ingénieurs. Tout se passe comme si au moment même où A. Comte proposait sa classification des sciences le travail des savants, des ingénieurs et des médecins la rendait, en un certain sens, caduque et substituait aux disciplines délimitées s’engendrant l’une l’autre et se succédant, des nœuds ou des points de rencontre, des emprunts et des passages. Tel est l’enjeu épistémologique et actuel de cette recherche historique.

Christian HOUZEL, Michel PATY,
Roshdi RASHED, Claire SALOMON-BAYET

III DES AXES DE RECHERCHE SCIENCES-TECHNIQUES-INDUSTRIE

1 - L’existence même du Musée suffit à justifier la création d’un Centre d’histoire des sciences et des techniques ; la plupart des musées, même beaucoup plus restreints, tentent, ainsi de s’adjoindre une unité de recherche (en particulier les centres régionaux de culture scientifique et technique qui existent déjà). Il serait toutefois décevant qu’il y ait simple juxtaposition ou échange des services entre Musée et Centre, que ce qui se fait au Centre ne tienne pas compte de l’esprit du Musée et puisse, à la limite, être entrepris (moyens mis à part) ailleurs. Il faut donc donner au Centre sinon une légitimité, du moins une originalité.

Celle-ci pourrait être trouvée dans une double démarche :
 Considérer la liaison sciences/techniques et même sciences/techniques/industries (S.T.I.) comme le véritable objet d’étude, même si le sens et le contenu de la relation est souvent difficile à saisir. Autrement dit, retenir principalement des thèmes qui permettent d’enrichir notre connaissance des rapports entre ces pôles. On s’attachera à définir les modalités nationales et la périodisation de ce phénomène.
 Chercher des thèmes fédérateurs, réunissant plusieurs approches et renoncer ici (sans juger la validité de ce travail ailleurs) à des histoires disciplinaires (mathématiques, chimie, médecine, etc.) ou mono-industrielles (techniques métallurgiques, techniques de transport) sauf comme complément d’exposition.

On souhaitera enfin que ce Centre n’ignore pas l’histoire des sciences sociales qui peuvent s’intégrer à cette perspective et s’intéresse éventuellement aux techniques agricoles, si l’on accepte de donner à industrie son sens premier.

2- A titre d’exemples, quelques directions de recherche possibles :

La mesure : notions, besoins, pratiques : les systèmes métrologiques, instruments et technologie, l’influence de la mesure sciences sociales, mesure et productivité, etc.

Le corps industriel : médecine et travail, l’hygiène comme enjeu social, l’histoire de l’ergonomie, etc.

Les laboratoires d’entreprise : apparition, composition, rapport avec laboratoires publics, intégration à l’entreprise, les formes de la recherche, modalités des décisions, etc.

La forêt : naissance des sciences forestières, les systèmes techniques (de la cueillette à l’exploitation industrielle), nouveaux usages et recherche scientifique (écologie, biomasse) etc.

Les politiques d’État : élaboration et diffusion des connaissances, le rôle des ingénieurs, la question des brevets, les incitations, etc.

Droit et morale : droit des chercheurs, droit des usagers, les retards de la législation, problème des sciences de la vie (manipulations, embryologie), etc.

Pour mémoire (puisque ce thème a été retenu par le programme S.T.S)

L’énergie hydraulique : les liens à un moment donné (début XIXe siècle) entre les progrès scientifiques (mécanique des fluides), la technologie de la roue et la demande des usagers, innovations et résistances, les groupes médiateurs, etc.

Denis WORONOFF

B HISTOIRE DE LA VULGARISATION SCIENTIFIQUE DEPUIS LE XIXe SIÈCLE.

Ce thème est un exemple type de recherches que l’on peut entreprendre en liaison étroite avec les activités du Musée lui-même. Il engage une importante réflexion historique sur les sciences (leur évolution, leur fonctionnement, leur langage, leur insertion dans la société) et il peut en même temps déboucher sur des résultats très concrets qui ne seraient pas inutiles à la pratique de la vulgarisation.

C’est, par vocation, un thème interdisciplinaire qui exigerait le concours d’approches diversifiées et donc la formation sur place d’une large équipe ouverte sur l’extérieur pour avoir un contact avec les multiples organismes qui travaillent à la vulgarisation scientifique.

Le projet est centré sur les 19e et 20e siècles car c’est manifestement une période riche et intense de vulgarisation ; mais il faudrait déjà - à titre de recherche préalable - se demander si l’on peut parler de vulgarisation scientifique antérieurement (à propos des cabinets de curiosité, de l’Encyclopédie, etc.) pour bien cerner la notion de vulgarisation.

Voici à titre indicatif, et sans aucun souci d’exhaustivité, quelques pistes de recherche envisagées à partir des conseils de quelques membres du groupe que je remercie vivement.

I - Étude des médias de la vulgarisation

Ils sont multiples, ils évoluent durant la période considérée :
  Des livres : il existe une très abondante littérature de vulgarisation dès le 19èue siècle des fiches descriptives de certains de ces ouvrages ont été rassemblées par Alain BRIEUX
  Des revues, magazines, journaux
  Des encyclopédies pour adultes et pour enfants
  Des films, montages vidéo, émissions de radio ou de T.V.
  De la publicité
  Des musées de sciences à partir du milieu du 19ène siècle avec la création du Science Museum à Londres
  Des expositions, enfin, nationales, internationales et universelles. (une exposition universelle tous les quatre ans en moyenne à partir de 1851)
  Diverses manifestations : cycles de conférence, animation culturelle, opérations portes ouvertes…

Il serait intéressant :
 d’étudier ces sources dans leur matérialité concrète (maisons d’édition, tirage, diffusion),
 de comparer leur évolution. Quels sont les moyens privilég1és de la vulgarisation à une époque et pourquoi ?
 de comparer leur style (spectaculaire, didactique, amusant) et leur but déclaré,
 de confronter systématiquement le discours vulgarisateur avec celui de l’enseignement des sciences et des techniques à l’école (programmes, manuels, équipement et formation des maîtres).

2 - Quels sont à différentes époques. les thèmes privilégiés de la vulgarisation ?
 Les sciences et/ou les techniques ?
 Les domaines scientifiques favoris (médecine, astronomie, conquête de l’espace) et selon quel type de classification ?
 Les découvertes de pointe ?
 Les grands savants ?

mais aussi :
  Qu’est-ce qui est absent de la littérature de vulgarisation ?
  et quels sont les délais, les décalages, entre l’actualité de recherche et la transmission au public ?

Il faudrait :
 comparer ici encore avec les programmes de l’enseignement scientifique,
 et surtout voir comment ces théories sont abordées dans les différents médias :
 comme un produit achevé ou selon une approche qui invite à la réflexion critique ?
 Y-a-t-il une dimension épistémologique, historique, philosophique ?

3 - Quelle est l’image de la science véhiculée par les différents systèmes de vulgarisation ?
 Science autonome ou production sociale, historique ?
 Science utile livrant des recettes ou représentation du monde ?
 Science triomphante, bienfaitrice ou vision critique ?
 Science nationale ou universelle ?
 Science d’élite, avec culte du grand savant, ou science ouverte et œuvre collective ?

Bref il s’agirait ici de cerner l’imaginaire de la science au travers des entreprises de vulgarisation et de poser le problème de sa fonction idéologique dans une société.

4 - Enfin, on peut compléter cette histoire du discours vulgarisateur par une approche coté émetteur et côté récepteur

a) Qui fait et qui finance la vulgarisation : scientifiques, enseignants, journalistes, industriels, associations locales, institutions internationales ? On pourrait éventuellement faire la biographie de quelques vulgarisateurs (Camille FLAMMARION par exemple).
 Comment les vulgarisateurs se représentent-ils leur activité ?
 Comment sont-ils jugés par la communauté scientifique ?

b) Quel est le public atteint et comment reçoit-il le message ?
 Audience et diffusion des différentes entreprises (statistiques)
 Enquêtes de public : indirectes à partir de documents ou directes à partir de sondages et interviews.

Bernadette BENSAUDE

C. L’OBJET SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

Ce thème de recherche fait appel à la fois à l’histoire des sciences (liens expérience-théorie, rô1e de la mesure...) et à l’histoire des techniques (réalisation artisanale ou industrielle, décalages historiques entre technique et science...).

Cette étude historique des objets scientifiques et techniques aurait des intérêts convergents avec ceux du Musée, en permettant une meilleure exploitation muséologique des fonds d’objets existant dans d’autres lieux (le Musée n’a pas vocation de Conservatoire), en reconstituant et faisant fonctionner par le public des dispositifs simples, ainsi qu’en aidant à définir une politique d’acquisition.

Quelques pistes de recherche dans cette direction
 Les objets imaginaires, les projets correspondants ;
 L’instrument de laboratoire, l’appareil d’expérience, l’instrument de mesure ;
 La rationalité de l’appareil scientifique, les phénomènes parasites comme sources de découvertes… ;
 Objets sans théorie, voire « contre » la théorie ;
 La démonstration publique ou l’appareil fait pour convaincre, étonner, séduire...
 L’appareil pédagogique, le matériel scolaire, le jeu ;
 L’objet d’art et de collection ;
 Le passage à l’objet industriel le prototyper la modélisation, le changement d’échelle (miniaturisation ou gigantisme) ;
 L’insertion de l’objet au sein d’un contexte technologique donné...

Christine BLONDEL

SERVICE DE RECHERCHE EN HISTOIRE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES

Liste des personnalités qui ont contribué à l’élaboration du rapport

Suzanne BACHELARD, Professeur à l’Université de Paris I, Institut d’histoire des sciences

Hervé BARREAU, Maître de recherche au CNRS

Guy BEAUJOUAN, Directeur d’études à l’École pratiques des hautes études

Paul BENOIT, Maître-assistant à l’Université de Paris I, Centre de recherche en histoire des sciences et des techniques

Catherine BERTHO, Conservateur aux Archives Nationales, Cabinet du Directeur général des télécommunications, Ministère des PTT

Alain BRIEUX, Expert en instruments scientifiques

Isabelle BROT, Conservateur aux Archives Nationales

Éliane CAROUGE, Directeur des Archives départementales de l’Eure

Patrice CARRE, Cabinet du directeur général des té1écomnunicatíons, Ministère des PTT

Maurice CAVEING, Directeur scientifique adjoint au CNRS, Département des sciences de l’homme et de la société

Jean CHAPELOT, Chargé de mission au Ministère de la recherche et de l’industrie, Département des sciences de l’homme et de la société

Pierre COSTABEL, Directeur d’étude à l’EHESS, Secrétaire perpétuel de l’Académie international d’Histoire des sciences

Eugène COTTON, Président de la Commission d’histoire des sciences de la Société française de physique.

Jean CUISENIER, Directeur de recherche au CNRS, Conservateur en chef du Musée des arts et traditions populaires.

François DAGOGNET, Professeur à l’Université de Lyon II

Maurice DAUMAS, Professeur honoraire au Conservatoire National des Arts et Métiers

Jean FAVIER, Directeur des Archives de France

Mirko GRMEK, Directeur d’études à l’École pratique des hautes études, Secrétaire administratif de l’Académie internationale d’histoire des sciences

Alexandre HERLEA, Conservatoire National des Arts et Métiers

Christian HOUZEL, Professeur à l’Université de Paris-Nord

Pierre HUARD, Professeur à l’Université de Paris V, Histoire de la médecine

M.J. IMBAULT-HUART, Maître assistant à Paris V, Secrétaire général de l’Institut d’histoire de la médecine et de la pharmacie de l’Université R. Descartes.

Alfred KASTLER, Membre de l’Institut

Guy MAZARS, Secrétaire général du Centre européen d’Histoire de la médecine, Université Louis Pasteur

Michel PATY, Maître de recherches au CNRS, Centre de recherche nucléales-Strasbourg

Jacques PAYEN, Responsable du Centre de Documentation d’Histoire des techniques

Jean POUILLOUX, Directeur scientifique de la commission « Humanités » au CNRS

Roshdi RASHED, Maître de recherche au CNRS

Jacques ROGER, Professeur à l’Université de Paris I, Président de la Société Française d’Histoire des sciences et des techniques

Michèle SADOUN-GOUPIL, Chargée de recherche au C.N.R.S., Centre Alexandre Koyré

Jean-Jacques SALOMON, Professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers

Claire SALOMON-BAYET, Chargée de recherche au CNRS

Michel SERRES, Professeur à l’Université de Paris I

René TATON, Directeur du Centre A. Koyré

Michel VALENTIN, Secrétaire général de la Société d’Histoire de la Médecine

Jean-Pierre VERDET, Astronome adjoint à l’observatoire de Paris

Denis WORONOFF, Maître de recherche au CNRS, Institut d’histoire moderne et contemporaine

SERVICE DE RECHERCHE EN HISTOIRE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES

Liste des membres de la Mission du Musée qui ont participé au travail du groupe

André LEBEAU, Directeur de la Mission du Musée

Dominique FERRIOT, Action régionale

Goéry DELACÔTE, , Responsable du Département Conception des Expositions (CE)

Bernadette BENSAUDE, Histoire des sciences dans l’exposition permanente

Christine BLONDEL, Projet international d’histoire de la physique solide

François REINER, Médiathèque

Camille PISANI, Services de recherche, département CE

Liste des personnalités qui ont approuvé le texte du rapport du Groupe de travail

Hervé BARREAU, Maître de recherche au CNRS

Guy BEAUJOUAN, Directeur d’études à l’EPHE

Paul BENOIT, Maître-assistant à l’Université de Paris I

Catherine BERTHO, Conservateur aux Archives Nationales

Alain BRIEUX, Expert en instruments scientifiques

Isabelle BROT, Conservateur aux Archives Nationales

Éliane CAROUGE, Directeur des Archives départementales de l’Eure

Patrice CARRE, Cabinet du directeur général des télécommunications

Maurice CAVEING, Directeur scientifique adjoint au CNRS, Département des sciences de l’homme et de la société

Jean CHAPELOT, Chargé de mission au Ministère de la recherche et de l’industrie

Pierre COSTABEL, Directeur d’étude à l’EHESS, Secrétaire perpétuel de l’Académie international d’Histoire des sciences

Eugène COTTON, Société Française de Physique

Jean CUISENIER, Directeur de recherche au CNRS

François DAGOGNET, Professeur à l’Université de Lyon II

Jean FAVIER, Directeur des Archives de France

Alexandre HERLEA, Conservatoire National des Arts et Métiers

Christian HOUZEL, Professeur à l’Université de Paris-Nord

M.J. IMBAULT-HUART, Maître assistant à Paris V, Secrétaire général de l’Institut d’histoire de la médecine et de la pharmacie de l’Université R. Descartes.

Alfred KASTLER, Membre de l’Institut

Michel PATY, Maître de recherche au CNRS

Jacques PAYEN, Responsable du Centre de Documentation d’Histoire des techniques

Jean POUILLOUX, Directeur scientifique de la commission « Humanités » au CNRS

Roshdi RASHED, Maître de recherche au CNRS

Jacques ROGER, Professeur à l’Université de paris I

Michèle SADOUN-GOUPIL, Chargée de recherche au CNRS

Michel SERRES, Professeur à l’Université de Paris I

René TATON, Directeur du Centre A. Koyré

Michel VALENTIN, Secrétaire général de la Société française d’histoire de la médecine

Jean-Pierre VERDET, Astronome adjoint à l’Observatoire de Paris

Denis WORONOFF, Maître de recherche au CNRS

RÉPERTOIRE des Organismes de Recherche auxquels appartiennent les membres du groupe de travail

ACADÉMIE INTERNATIONALE D’HISTOIRE DES SCIENCES
12, rue Colbert, 75002 PARIS

ARCHIVES NATIONALES
60, rue des Francs Bourgeois, 75 003 PARIS

CENTRE ALEXANDRE KOYRE
12, rue Colbert, 75 002 PARIS

CENTRE EUROPÉEN D’HISTOIRE DE LA MÉDECINE
Rue Blaise Pascal, 67 070 STRASBOURG Cedex

CENTRE DE RECHERCHE EN HISTOIRE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES
9, rue Mahler, 75 004 PARIS

CNAM-Musée, Centre de Documentation d’Histoire des Techniques
292, rue Saint Martin, 75 141 PARIS cedex 03

C N R S - Direction scientifique, Sciences de l’homme et de la société
15, quai Anatole France, 75 007 PARIS

ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES, IVe section
11, rue Pierre et Marie Curie, 75 231 PARIS Cedex 05

INSTITUT D’HISTOIRE DES SCIENCES
13, rue du Four, 75 006 PARTS

INSTITUT D’HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE
45, rue d’Ulm, 75 005 PARIS

MUSÉE DES ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES
6, rue Mahatma Gandhi, 75 116 PARIS

OBSERVATOIRE DE PARIS
Rue Denfert Rochereau, 75 014 PARIS

RCP "Fondement des Sciences"
3, rue de l’Université, 67 084 STRASBOURG Cedex

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES
9, rue Mahler, 75 004 PARIS

SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’HISTOIRE DE LA MÉDECINE
52, rue de Garches, 92 210 SAINT-CLOUD

SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE
33, rue Croulebarbe, 75 013 PARIS

notes bas page

[1Le terme de Centre a paru le plus approprié pour désigner l’organisme de recherche. Il va de soi que si le Musée adoptait ce titre, il faudrait choisir un autre terme (département ? unité ? groupe ?)

[2Selon la loi du 3 janvier 1979, les archives sont « l’ensemble des documents, quels que soient leur date, leur forme ou leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique ou morale et par tout service ou organisme public ou privé, dans l’exercice de leur activité »
Tout fonds d’archives est donc le résultat d’une histoire dont témoigne son organisation interne. Les opérations inévitables de tri et de reclassement d’archives doivent autant que possible, respecter le sens de leur constitution initiale. (Voir Annexe 1)

[3Loi N°79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives

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