Je n’aime pas les homosexuels...
Je n’aime pas les handicapés...
Je n’aime pas les noirs...
Je n’aime pas les femmes...
Je n’aime pas les syndicalistes, les patrons...
Je n’aime pas les juifs, les musulmans, les catholiques, les hindouistes, les croyants...
Je n’aime pas les hommes politiques, les hommes d’affaires...
Je n’aime pas les policiers, les gendarmes, les personnels pénitenciers, les fonctionnaires...
Je n’aime pas les citadins, les paysans...
Je n’aime pas les intellectuels, les artistes, les ignorants...
Je n’aime pas les vieux, les enfants, les adolescents...
Je n’aime pas les Américains, les Maghrébins, les Roumains, les Portugais...
....
Bref je n’aime pas les stéréotypes, les préjugés, les anathèmes... Les humains que j’aime ne rentrent dans aucune catégorie.
Je suis née quelque part, je vis ailleurs. Dans ma vie j’ai rencontré des hommes et des femmes avec qui j’ai partagé des idées, des idéaux, un projet de société, un idéal de société... Enfant j’ai appris très vite à respecter quelqu’un qui fait sa prière, qui pratique un rite quelconque. J’ai enterré des êtres chers en respectant scrupuleusement le rituel musulman, avec d’autres le rituel juif, et d’autres encore le rituel catholique. Je me fais confiance, je me sais capable de vivre avec des hommes et des femmes qui ont des croyances et des pratiques culturelles qui ne sont pas les miennes.
Membre du bureau du conseil scientifique de l’université où j’ai fait ma thèse, j’ai eu à assumer des décisions et des choix qui n’étaient pas ceux de mon supérieur. Ce dernier furieux de mon vote m’avait dit sur le ton de Mohamed prend ta valise : « L’Algérie a besoin de vous ». J’ai répondu : « Toute région du monde a besoin de gens qui s’investissent pour l’intérêt commun. Vous n’avez pas su vivre avec mes parents, je ne permettrai à personne de compromettre mon présent ou mon avenir avec vos enfants. » Ce qui m’importe dans la vie, c’est la justice et non la vengeance.
J’ai aimé et j’ai été aimée. L’amour, l’amitié, la camaraderie... expriment des modes de relations humaines qui ont du sens pour moi. Dans mes relations amoureuses ce qui m’importe, entre autres, c’est la réciprocité du désir, et bien sûr du plaisir, de la jouissance etc., c’est assurément le seul moment où la sexualité de l’autre m’intéresse.
J’ai visité Auschwitz, lu des dizaines de livres, écouté des témoignages et vu des films sur le génocide juif, et avec eux les handicapés, les homosexuels, les communistes etc., lors de la deuxième Guerre Mondiale. Des Hommes, dont des scientifiques et des intellectuels, ont été capables d’avoir un tel projet et de le mettre à exécution. D’autres avant eux avaient essayé d’exterminer les Indiens d’Amérique, les Arméniens, les Kurdes, etc. et plus récemment des Cambodgiens, des Rwandais... Les hommes ont été capables de fabriquer une arme nucléaire de destruction massive et de l’utiliser. Le développement des sciences et des techniques, l’accès au savoir, le PIB, etc. ne sont pas, à mes yeux, les critères primordiaux d’évaluation du degré de civilisation de l’humanité, les capacités de vivre ensemble en respectant nos différences, la dignité de chacun, en protégeant la justice de la sujétion au pouvoir politique et économique, en réglant les conflits sans forcément recourir à la violence, etc. voici quelques critères qui me semblent plus pertinents pour parler de civilisation de l’homme.
J’aurais assurément beaucoup de choses à dire, mais ce qui m’importe aujourd’hui est de dire pourquoi j’ai signé le Manifeste. Je l’ai fait pour dire à tous ceux et celles qui disent : « Nous les Maghrébins,... », « Nous les femmes,... », etc. de ne jamais oublier de dire : à l’exception de Taos Aït Si Slimane, si leurs propos sont haineux, discriminants, fascistes, racistes, homophobes... Je n’ai jamais délégué mon droit d’expression à qui que ce soit. Je suis capable de parler en mon nom et de clairement exprimer ma pensée. J’exprimerai toujours mes critiques vis-à-vis des gouvernements : algérien, français, israélien, palestinien ou de tout autre Etat et/ou mouvement idéologique, sans aucune culpabilisation. Je garderai et préserverai toujours mon libre arbitre dans mes choix.
Je tiens également à dire à tous ceux et celles qui parlent de majorité silencieuse que je ne me sens solidaire d’aucune masse qu’ils ou qu’elles ont défini-e. Je ne suis absolument pas dupe des classifications politiques ou médiatiques qui voudraient m’enfermer avec d’autres dans un ghetto qui servirait un projet politique d’accès au pouvoir pour asservir et non servir.
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Commentaire laisé sur le blog, reproduit ci-dessous, sans les données personnelles, par respects des lecteurs.
(1) Unlecteur, le jeudi 19 juillet 2007 à 18 h 02 : Plus que captivé par votre actvisme intelectuel, je repasserais plus que certainement vous lire, aussi souvent que faire se peut. Mes encouragements