Rapport sur les Musées scientifiques et techniques, par Pierre PIGANIOL
destiné à Monsieur le Ministre des Affaires Culturelles.
– Rôles
– Situation actuelle
– Objectifs
– Propositions
La gravité de la situation dans laquelle se trouvent actuellement les musées scientifiques et techniques français a suscité de nombreuses études. Des diagnostics précis et des propositions concrètes ont été formulés par les responsables des principaux Musées. De véritables cris d’alarme ont été ainsi jetés, qui eussent dû alerter depuis longtemps les Ministères responsables. L’immensité de la tâche à accomplir et surtout sa complexité sont la cause évidente du retard apporté à la solution du problème des Musées Scientifiques.
En 1962, un très important rapport, sur bien des points excellent, fut rédigé par l’Association d’Étude pour l’Expansion de la Recherche Scientifique (A.E.E.R.S.) à la Demande de la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique (D.G.R.S.T.). L’essentiel de son analyse demeure ; très souvent, les conclusions de notre propre enquête sont identiques à celles du rapport de l’A.E.E.R.S. Pour éviter de le paraphraser, nous serons amenés à en citer certains passages particulièrement significatifs, et même à en reproduire on annexe des chapitres entiers.
Ce rapport, toutefois, présente ses conclusions sous une forme volontairement trop discrète, soulignant dans un remarquable souci d’objectivité les contradictions et la multiplicité des options. Sur le rôle et la nature des Musées Scientifiques, notre étude pourra être très condensée ; par contre, nos propositions seront plus complètes et plus précises. Le groupe d’options choisi semble recueillir une adhésion assez générale pour qu’il soit possible au Gouvernement de mettre en forme les textes dont les grandes lignes sont établies, et d’inscrire au Plan les sommes nécessaires.
Nous sommes convaincus que la mise en œuvre des moyens choisis, dans le cadre des structures proposées, donnerait à la France le grand outil d’étude, d’éducation, de culture et de prestige qui serait digne d’elle et de sa vocation.
1ère Partie
Rôle des musées Scientifiques et Techniques
Sous le sous-titre : Nature et Fonctions, l’analyse du Rôle des Musées rédigée par l’A.E.E.R.S. est particulièrement pertinente. Nous la reproduisons, ci-dessous, en entier.
Extrait du Rapport do l’A.E.E.R.S. (p. 17 à 33) :
Domaine des Musées scientifiques et techniques
Le domaine des Musées scientifiques et techniques est très vaste. Théoriquement, on peut concevoir autant de sortes de musées scientifiques qu’il y a de disciplines et autant de types de musées techniques qu’il y a de branches industrielles. De plus, c’est un domaine en expansion qui progresse au même rythme que la recherche dont il enregistre les résultats. Nous soulignerons dès maintenant cet aspect dynamique d’où découlent des sujétions particulières. Une autre conséquence du mouvement rapide est l’imprécision croissante des domaines respectifs de l’un et de l’autre type de musée.
Les premiers musées scientifiques et les premiers musées de technologie étaient des établissements bien différenciés ayant chacun un champ d’action séparé. Avec le progrès, il y a de plus en plus interpénétration entre le scientifique et le technique, aussi ne pourrait-on sans arbitraire user de formules rigides pour définir le musée scientifique et le musée technique. Aujourd’hui la machine n’est plus seulement application des découvertes de la recherche, elle peut-être aussi instrument de travail des chercheurs et conditionner à son tour de nouvelles découvertes. Les machines à calculer, les piles atomiques par exemple, continuent à servir la science pure tout en recevant des applications dans l’industrie. Si, d’autre part, la recherche fondamentale a pu faire progresser la technologie, il arrive aussi que la recherche technologique rencontre sur son chemin la science pure et lui fasse faire un pas en avant. Comment pourrait-on sans arbitraire séparer dans nos musées ce qui apparaît lié dans le cheminement si souvent commun du progrès scientifique et du progrès technologique ?
Il existe déjà quelques musées atomiques à l’étranger. Il existera bientôt des musées de la navigation spatiale. Ces établissements seront évidemment des musées à la fois scientifiques et techniques. Cette interdépendance de la science et de la technique n’abolit cependant pas la différence de principe existant entre l’un et l’autre type de musée, seulement elle rend plus floue l’ancienne démarcation et plus délicate les choix qui permettront au musée scientifique de demeurer le temple de la connaissance sans devenir un conservatoire des techniques, fonction qui doit rester le propre des musées spécialisés.
En fait, s’il existe des musées de technologie pure, on trouve souvent accolées au sein d’un même établissement des sections scientifiques et des sections techniques. Il semble même que cette tendance soit encore plus accusée dans les pays étrangers.
Enfin, la limite même du domaine des musées scientifiques et techniques n’est pas d’une précision absolue. Les objets ethnographiques ou archéologiques par exemple peuvent relever à la fois du musée d’art et du musée scientifique.
Pour plus de commodité, compte tenu de l’absence de démarcation nette entre le musée scientifique et le musée technique, nous emploierons couramment, en cours de rédaction, l’expression musées scientifiques, étant entendu que ce vocable recouvre également les musées techniques.
Le présent rapport porte en fait sur des établissements très divers. On distingue les catégories suivantes : musées techniques (spécialisés ou non) ; musées scientifiques, catégorie réunissant des établissements aussi différents que le Palais de la Découverte et les musées d’histoire naturelle ; musées locaux à vocation encyclopédique où les aspects techniques et scientifiques peuvent ne pas être prédominants.
Statut administratif
La difficulté de dissocier nettement le domaine de la science et de la technique de celui de l’art a eu de lourdes répercussions sur le statut administratif des musées scientifiques et techniques. Selon la définition officielle (ordonnance du 13 Juillet 1945) est considéré comme musée « toutes collections permanentes et ouvertes au public d’œuvres présentant un intérêt artistique, historique ou archéologiques ». Cette définition qui se rapporte en fait aux Musées des Beaux-Arts, est beaucoup plus restrictive que celle qu’a adoptée le Conseil International des Musées et aux termes de laquelle le musée est « un établissement permanent qui a pour objet de conserver et de présenter à des fins d’études, d’éducation et de délectation des ensembles de bien culturels ou naturels ».
Étant donné le champ d’action qui lui était imparti, il est naturel que la Direction des Musées Nationaux se soit désintéressée des organismes de caractère strictement scientifique, tels que le Muséum ou le Palais de la Découverte ; mais comme la distinction ne s’imposait pas avec la même évidence en ce qui concerne les collections archéologiques et ethnographiques, des arrangements ont dû intervenir. C’est ainsi qu’en exécution d’un accord conclu entre le Muséum et les Musées de France, les fonds d’ethnographie française relèvent de ces derniers, alors que les fonds d’ethnographie exotique relèvent du Musée de l’Homme, distinction qui peut paraître arbitraire si l’on considère les disciplines scientifiques intéressées.
La Direction des Musées de France, qui a succédé on 1945 à la Direction des Musées Nationaux, contrôle donc, on plus des Musées artistiques, tous ceux où prédominent les collections historiques archéologiques, ou d’ethnographie française. Il s’ensuit que tous les musées locaux à vocation encyclopédique - qui avant 1945 étaient laissés à leur seule initiative - dépendent de la Direction des Musées de France, même quand ils comportent d’importantes sections scientifiques et techniques. Quant aux organismes strictement scientifiques ou techniques, ils sont restés attachés à la discipline qu’ils ont pour objet ou à l’organisme qui les a fondés : le Muséum est un établissement autonome qui assure la formation des muséologues d’histoire naturelle et contrôle tous les Muséums d’histoire naturelle de province, le Palais de la Découverte dépend de l’Université, le Musée du Conservatoire des Arts et Métiers n’est qu’une section de cet établissement autonome qui a son propre service de muséologie. Les Musées de la Marine sont administrativement groupés sous l’autorité d’une Direction des Musées de la Marine. Certains musées relèvent de départements ministériels particuliers (Finances, Postes, etc.] Enfin, de nombreuses collections do province (notamment pour la géologie) dépendent uniquement des chaires d’enseignement qui les détiennent.
On conçoit qu’une telle diversité de statuts ne facilite guère une politique nationale des musées scientifiques. D’autres part, la présence dans de nombreux musées de province de sections scientifiques et techniques pose la question de la multiplicité des compétences nécessaires pour assurer la conservation de ces Musées.
Le rôle complexe du musée scientifique
Il a fallu attendre le développement de la photographie et la multiplication des procédés de reproduction (moyens graphiques, cinéma, télévision) pour que les chefs-d’œuvre artistiques (sculpture, peinture) et les objets de collections scientifiques deviennent familiers aux yeux du public et que cette neuve familiarité l’incite à aller voir, là où elle se trouve, la pièce originale. La curiosité s’est d’abord portée sur les musées d’art, et, ceci pour deux raisons : d’une part l’art se laisse plus aisément aborder que la science, d’autre part, les musées artistiques, au moment même où le public commençait à venir à eux, ont su répondre à ce mouvement par toutes sortes d’initiatives (visites guidées, service éducatif, présentation de nuit) qui ont conquis la faveur de tous. C’est l’honneur des conservateurs et des collectionneurs d’avoir compris qu’ils devaient ouvrir toutes grandes les portes de leurs galeries ou de leurs réserves pour l’émerveillement et la joie du plus grand nombre.
Dans le domaine des sciences et des techniques, les efforts entrepris ont été généralement plus lents et plus parcimonieusement mesurés. C’est probablement que le divorce entre spécialistes et non spécialistes apparaît ici beaucoup plus aigu. Intelligence et sensibilité ne suffisent pas à apprécier les causes et les effets d’un phénomène, l’intention ne remplace pas la connaissance, un apprentissage est requis où la théorie mathématique, bien souvent, l’emporte sur l’expérience concrète. De la formule d’Einstein à la fabrication de la bombe atomique, une longue suite d’opérations s’échelonne que des hommes de laboratoire peuvent seuls aisément reconstituer. Aussi bien, mis à part quelques établissements parisiens, il est peu de musées scientifiques on France qui ne rebutent, faute de l’adaptation nécessaire, le grand public, ou se contentent d’exposer les pièces qui séduisent le plus d’esprit des foules sans se préoccuper de leur montrer autre chose. Cette solution de facilité compose volontiers avec la réserve du savant peu soucieux de désorganiser ses collections ou de suspendre ses recherches pour des travaux de vulgarisation.
Destiné au savant comme au public, à la fois moyen de vulgarisation et instrument de recherche, le Musée scientifique remplit de multiples fonctions entre lesquelles il faut trouver un équilibre.
La collection, fonction la plus ancienne des musées.
La nécessité de conserver et de poursuivre des collections peut être plus ou moins impérieuse suivant la nature de l’établissement, mais elle reste toujours présente. De nombreux musées scientifiques ont eu pour origine une collection privée, un cabinet de physique, qui n’intéressaient au début qu’un petit nombre d’initiés. Annexées à un établissement d’études, ces collections se sont enrichies ensuite des apports d’érudits et de savants auxquels ils servent d’instruments d’observation, de consultation et de référence. Une collection de plantes carbonifères une collection de minéraux, une collection d’insectes, constituées au cours de longues années par de lentes et patientes recherches, sont avant tout des moyens de contrôle. Identification, répertoriage, dont de droit le fait du spécialiste et constituent l’essentiel de son travail auquel s’ajoute les tâches de protection et d’entretien.
De la collection à l’enseignement
Ce travail ne sert pas seulement la science pure : il a une utilité pratique immédiate. Les collections ainsi préparées et conservées deviennent, au sens large du mot, des documents. Ces documents, à l’exemple des livres d’une bibliothèque, des planches d’une école d’art, sont, pour les étudiants de la spécialité, objets d’études. Et ceci, aussi bien dans le domaine des sciences que dans celui des techniques : les maquettes de travaux publics valent autant pour le futur architecte qu’une série de corps chimiques pour le futur chimiste … L’utilisation des documents se présente donc comme un complément naturel et nécessaire à des activités premières de réunion et de préservation.
Le Musée, lieu d’expériences et laboratoire de recherches.
L’étude de certains phénomènes dans le domaine de l’électricité, de la chimie, de l’astronomie, de l’énergie nucléaire, de la mécanique, etc., exige mieux qu’une représentation imagée, figurée ou exacte, des mécanismes ou de transformations. Il ne s’agit plus d’observation mais d’expérimentation : il faut faire tourner, puis arrêter le disque de Newton, il faut brancher les électrodes du la bouteille de Leyde, mesurer la chute des corps. Le musée devient alors lieu d’expériences. Il sera aussi laboratoire de recherches lorsque, à l’aide de son matériel et de ses appareillages, les chercheurs tenteront d’étayer ou de vérifier leurs hypothèses ou de tirer telle ou telle application pratique des théories admises. Pour un certain nombre de sciences, les musées fournissent le fond historique permanent qui peut éclairer et parfois aider à résoudre des problèmes actuels. C’est le cas notamment pour la paléontologie, l’archéologie, la physiologie, l’anatomie, la médecine, la psychologie et la sociologie.
Le Musée, moyen de vulgarisation.
Le Musée pourtant n’est pas un laboratoire spécialisé ouvert seulement aux étudiants et aux initiés. L’enfant, qu’une curiosité naturelle porte à toutes les découvertes, l’adulte que presse le besoin d’étendre ses connaissances professionnelles ou personnelles, doivent pouvoir y trouver réponse à leurs questions. Ce garçon passionné de mécanique, suivra l’histoire du moteur à piston à travers les différents modèles de voitures exposées au Musée de l’Automobile, cet ouvrier, le procédé de fabrication de l’acier, cet astronome amateur, la courses des astres sur la voûte du planétarium. Mais il est clair que ce qui est aisément accessible au spécialiste ne l’est pas au profane. Les modes de présentation doivent s’adapter à ces visiteurs, les explications, orales ou écrites, correspondre à leur niveau.
Une question cruciale : comment concilier les besoins des spécialistes et ceux du grand public ?
On note là une réelle difficulté qui s’est trop souvent convertie en pierre d’achoppement soit qu’il arrive que les spécialistes renoncent à se travestir on vulgarisateurs et que le public baille et s’ennuie devant des démonstrations qui le dépassent, soit que, par peur de n’être pas compris de tous, les démonstrateurs se transforment en bonimenteurs de foire et lassent l’attention de leurs auditeurs. Il y a un équilibre à chercher, des précautions à prendre : ni pontifier, ni bêtifier, la réussite est là. En outre, un choix, une sélection doivent être opérés : le succès remporté par le Service éducatif du Musée du Louvre tient sans doute, pour une part, à la diversité des circuits qu’il organise. Il faut bien constater, en revanche, que trop souvent, une présentation austère, un appareil trop érudit, un commentaire trop savant, n’ont guère servi les musées scientifiques français.
Il ne suffit pas de penser aux spécialistes, d’une part, et au grand public, de l’autre, car ce public est loin de constituer un ensemble homogène. Entre le badaud qui entre dans le Musée pour échapper à une averse et le profane intelligent affilié à une Société savante, il y a toute une gamme de niveau culturels ayant chacun ses exigences. Il est évident que le musée ne peut satisfaire parfaitement toutes ces catégories de visiteurs. Il est néanmoins possible de faire en sorte que chacun y trouve des contres d’intérêt à sa portée. Avec un peu de bon sens et d’imagination, on peut juxtaposer des présentations attrayantes destinées au visiteur pressé et des vitrines plus austères qui retiendront ceux qui sont désireux de perfectionner leurs connaissances.
Les exigences particulières du Musée scientifique
Contrairement au musée d’art qui peut se borner à conserver, le musée scientifique est, de par sa vocation même, condamné à s’enrichir, sous peine de s’appauvrir et finalement de perdre la plus grande partie de son intérêt. Il doit suivre « la science qui se fait » et partant, adapter sans cesse son contenu à l’état présent des connaissances scientifiques. Il ne peut se contenter d’entasser, il faut aussi qu’il maintienne dans ses présentations un équilibre que le progrès des sciences et des techniques remet périodiquement en cause. D’autre part, les musées scientifiques exigent davantage du visiteur que les musées d’art. pour susciter l’intérêt, il suffit de mettre en valeur l’œuvre d’art, le plaisir esthétique fait le reste. Il faut faire plus pour capter l’attention du visiteur du musée scientifique. Il faut susciter sa curiosité, l’aider à comprendre, mettre à sa portée les objets.
Nous distinguerons deux catégories d’exigences propres au musée scientifiques : des exigences générales adaptation et des exigences de présentation.
Nécessité d’une adaptation permanente.
Dans la lutte contre le temps qu’il doit poursuivre sans relâche, le musée scientifique apparaît défavorisé par rapport aux moyens d’informations modernes. Alors que la Radio, le cinéma d’actualités et la Télévision transmettent au jour le jour les derniers progrès réalisés, par exemple, pour la conquête de l’espace, et, en ce qui concerne le cinéma et la télévision nous les présentent sous formes d’images visuelles, la reconstitution opérée pour la salle de musée réclame un laps de temps : la maquette, à peine terminée, ne représente déjà plus la dernière étape, mais l’avant dernière. De plus en plus habitué aux communications et aux échanges immédiats, le public s’étonne de ce décalage et boude une histoire déjà périmée. À ses yeux les musées deviennent les conservatoires du passé où l’on va, une fois par hasard, raviver des souvenirs : alors que l’homme de quarante ans s’émeut encore devant les voitures de la Croisière Noire, son fils contemple avec stupeur amusée ces vestiges d’un autre âge. Pressé, sollicité de toute part par l’accélération de la vie, l’homme moderne veut en même temps la saisir et la comprendre dans des manifestations actuelles. La patience n’est plus de mode et une curiosité non immédiatement comblée entraîne la désaffection.
Mais, il y a un aspect plus dramatique de la lutte contre le temps ; les conséquences désastreuses de la civilisation industrielle sur la flore et sur la faune des pays tropicaux, la disparition rapide des sociétés primitives exigent de certains musées scientifiques qu’ils comblent au plus vite des lacunes qui, dans quelques années, seront irréparables.
La nécessité d’acquérir sans cesse a pour corollaire le besoin de place
Les développements des sciences et des techniques prennent, aujourd’hui, tout au moins dans certains secteurs, des formes variées et multiples que les musées doivent restituer. Si les collections d’Histoire naturelles ne peuvent s’étendre à l’infini, il n’en est pas de même pour un musée de Sciences physiques par exemple, ou pour un musée polytechnique. Le domaine, dans ce dernier cas, est immense.
La nature de certains musées les condamne donc à occuper une place considérable et à prévoir des agrandissements successifs : Musée de l’automobile, de l’aéronautique, de l’Énergie, des Travaux Publics, etc. Mais, les systèmes de présentation aujourd’hui adoptés par les musées les obligent tous à accroître surface et cimaises d’exposition. À la place de la vitrine où l’on empilait côte à côte les pièces des collections, à la place de l’armoire où siègent l’un près de l’autre, empaillés, les animaux, on veut de grands meubles clairs où chaque objet se trouve, au propre et au figuré, mis en lumière, où chaque notice explicative, large et lisible, est installée en bonne vue. Ces dispositions sont aujourd’hui les seules admises par un public dont le goût, depuis le début du siècle, a heureusement fort évolué, exigent deux, trois, parfois dix fois plus de place ; or, les bâtiments ne sont pas extensibles et leur implantation ne permet pas toujours de nouvelles constructions.
Les exigences de la présentation
D’abord, un aménagement fonctionnel
Un musée de collections, tel qu’il était conçu XVIIIe siècle, tel qu’il est demeuré bien souvent de nos jours, ressemble à une bibliothèque qui ne comporterait pas de salle de lecture et perdrait du même coup son caractère public. Sans doute, ne peut-il être question d’ouvrir à tous les réserves : l’intérêt du profane s’émousserait, des raisons de sécurité de sauvegarde s’y opposent. Mais, il est raisonnable de penser qu’à l’image des usuels des salles de lectures, les musées de collections fassent d’échantillons qui, placés à la libre vue du public, recomposent, en une série réduite, l’essentiel de leurs richesses. Cette solution est celle que prévoit le Musée des Arts et Traditions populaires pour sa future installation : les réserves, accessibles aux seuls chercheurs, occupant un étage spécial du bâtiment projeté, un autre étage étant réservé aux visiteurs. Salles ou galeries particulières, bâtiment annexe juxtaposé : telles sont les conditions d’implantation les meilleures pour assurer la libre circulation du public et lui donner en même temps le sentiment que, loin d’être redouté, il est attendu et souhaité. La confiance remplace alors la gêne et l’inquiétude.
La solution architecturale doit concilier les exigences de la conservation, les besoins et les désirs du public, la commodité des installations avec l’attrait de la présentation. Les fonctions du musée réclament une architecture fonctionnelle.
Une présentation active qui recherches la participation du visiteur
La sélection des objets ou des expériences présentés dans salles et galeries réservées au public requiert vigilance cet attention : la pièce la plus curieuse n’est pas toujours la plus instructive ou la plus goûtée, l’expérimentation la plus simple n’est pas la mieux suivie. La qualité d’un professeur ne se traduit pas seulement par la somme de ses connaissances ou par son degré d’intelligence, mais aussi et surtout par la faculté qu’il possède de communiquer son savoir, de le rendre accessible et compréhensible à autrui. La présentation des musées réclame le même effort d’attention et d’imagination qu’il faut au professeur pour varier exercice et leçons en fonction de la difficulté du sujet et des possibilités de ses élèves.
« À côté du public prévenu en faveur du musée, qui sait ce qu’il va y chercher et pour lequel de telles activités ne présentent qu’une raison supplémentaire de fréquenter les galeries, il y a celui pour lequel le musée offre encore bien des inconnues : public de timides (ou de ceux qui craignent de l’être) qui vont au musée pour faire « comme tout le monde », mais qui, une fois introduits dans ce sanctuaire, s’y sentent dépaysés, inadaptés. À ce public-là, il ne suffit pas d’offrir des cours de l’histoire de l’art ou des visites commentées : il faut savoir éveiller sa curiosité, provoquer ses demandes, répondre à ses questions. Enfin, il y a la foule de ceux qui ignorent jusqu’au chemin du musée ou, qui en connaissant l’existence mais s’en croient définitivement exclus, faute de capacités ou de connaissances spéciales. À ceux-là, il faut révéler ce qu’est un musée : il faut aller vers eux avec des notions simples, mais adaptées à leurs préoccupations habituelles, vaincre leur méfiance [1].
Cette remarque, qui s’applique aux musées d’art, vaut aussi pour les musées scientifiques. De même, que le professeur dose son enseignement suivant l’âge moyen et le niveau de la classe, il conviendrait que des présentations différentes puissent être réalisées pour chaque catégorie de visiteurs. Des expériences de ce genre ont été tentées à l’étranger : des musées spécialement créés pour les enfants, des musées de pure vulgarisation pour les adultes, existent et fonctionnent. Cette solution, d’ailleurs fort onéreuse, a ses détracteurs : il ne faut pas viser trop bas. Mieux vaut qu’une visite de musée s’achève sur un aveu d’ignorance et un sentiment de curiosité que sur une satisfaction béate. Vulgarisation ne signifie pas science au rabais, la vulgarisation est initiation, elle introduit à la connaissance.
L’initiation sera plus rapide et plus opérante dans la mesure où elle utilisera, au départ, un tremplin. Il est plus facile d’expliquer le magnétisme en montrant l’attraction d’un aimant sur la limaille de fer qu’en exposant a priori la théorie de Maxwell. L’application de l’électricité au phénomène de congélation sera mieux suivie si l’on démontre le mécanisme d’un simple réfrigérateur. Aussi bien, y-a-t-il intérêt à appuyer toute démonstration scientifique sur des éléments concrets : phénomènes ou machines facilement observables dans la vie courante. L’esprit ne s’applique à la généralisation qu’une fois que la vérité parcellaire dûment authentifiée, enregistrée et comprise. Cette démarche, bien connue des enseignants, sera encouragée par la présentation d’objets utiles et familiers à partir desquels la curiosité progressivement s’avive et se développe. En ce sens, les propriétés de la technique précèdent les théories de la science : on se sert d’un levier ou de tenailles avant de connaître les postulats de la mécanique. L’empirisme ici prévaut, et c’est pourquoi, dans tous les domaines où cette pratique apparaîtra possible, l’initiation aux sciences débutera par une exposition des techniques qui on dérivent.
La valeur d’un musée scientifique est proportionnelle à l’intérêt qu’il suscite et aux curiosités qu’il provoque. Il exerce d’autant plus d’attrait qu’il fait davantage siennes les préoccupations du public et s’efforce d’y répondre par une présentation qui s’appuie notamment sur des observations ou des expériences concrètes.
Avantage et limites des techniques modernes de présentation
Biens des moyens s’offrent aujourd’hui pour animer ce qui ne se concevait que sous forme de présentation statique. L’électricité fournit à la fois la lumière et le mouvement, le cinéma agrandit l’image, ralentit ou accélère à volonté la vitesse de représentation, la télévision transmet en direct des expériences qui n’étaient jusqu’alors observables que d’un petit nombre ; l’art de la décoloration, enfin, élargi par les techniques neuves à sa disposition, a fait des progrès considérables. Les naïfs diaporamas de jadis ont laissé place à des ensembles complexes qui reproduisent idéalement, à l’œil et à l’oreille, la véritable nature des phénomènes. Dans ce domaine de l’illusion, rien ne semble aujourd’hui impossible, et le voyage du spoutnik dans l’espace peut être aussi facilement figuré que le simple tracé d’un aiguillage de chemin de fer. C’est-à-dire les Musées scientifiques ont la possibilité de simuler toute une gamme d’opérations de laboratoire et de prouesses techniques. Il ne faut qu’un peu d’ingéniosité et de crédits suffisants. Certains procédés, tels que push-button, donnent même la liberté de personnaliser, au profit d’un visiteur ou d’un groupe, la reproduction du phénomène et de l’expérience, qui peut être répétée autant de fois qu’il convient. L’enregistrement magnétique permet à la fois l’audition des bruits et du commentaire ; combinée avec la couleur la bande commande la variation des éclairages, et avec l’œil électrique, les arrêts et les pauses. En bref, toutes les découvertes récemment acquises de la technique peuvent, par un juste retour, servir à généraliser par la connaissance, des techniques, et au-delà d’elles, des sciences.
Ces moyens mécaniques, en dépit de leur perfection, gardent automatisme et raideur. Le bouton pressé, les machineries se mettent en marche, le commentaire se dévide ; puis, l’opération terminée, l’explication finie, la machine implacablement, s’arrête ou recommence. Si l’on tient à ce que le visiteur ne quitte pas le musée avec des curiosités mal satisfaites, si l’on désire qu’il ne reparte qu’après avoir reçu réponse à ses surprises ou ses étonnements, il suffit, mais il faut, que sa visite soit guidée par un commentateur qui n’élude aucune des questions posées, - les textes écrits, si bien conçus et si nombreux soient-ils, ne peuvent prévoir toutes les interrogations -. De plus, le contact humain, les échanges entre le visiteur et son guide, rassurent le timide, encouragent le profane : la communication s’établit, ce n’est plus un monologue monocorde et impersonnel, mais un dialogue vivant qui efface les incertitudes et balaie les doutes. La population scolaire, qui est la première intéressée par les musées scientifiques, exige encore d’avantage : le commentateur, secondé ou non du professeur, doit se mettre à la portée de cette clientèle particulière.
Les moyens techniques sont largement utilisés afin de rendre claire et attrayante la présentation des Musées ; ils ne doivent pas toutefois être considérés comme une fin. Un personnel qualifié et permanent est chargé de l’accueil et de l’orientation du public : il a notamment pour tâche d’accompagner les visiteurs et de leur fournir les informations et les renseignements susceptibles d’accroître le bénéfice de la visite.
L’action culturelle et ses exigences
Cette action reste toutefois limitée dans le cadre de la ville ou de la région où sont situés les muées ; les grands centres urbains sont particulièrement favorisés, et paris en tout premier lieu.
Les trois quarts de la population français ne peuvent fréquenter les musées que d’une façon tout à fait épisodique. Les musées doivent être mis à la portée de tous, soit par une redistribution des établissements existants, soit par la création d’établissements nouveaux, soit par la circulation des collections des principaux musées sous forme d’expositions itinérantes, muséobus ou de train-expositions. La première solution n’évite pas la difficulté du transport des populations rurales : si l’on se rend facilement à la foire, on prend moins volontiers sa voiture pour visiter un musée. La seconde est onéreuse et difficile : les collections sont longues à rassembler et ne peuvent se multiplier. La troisième garantit une certaine qualité et assure la plus large diffusion. Réalisées par les musées eux-mêmes à partir de leurs propres collections, les expositions, qu’elles soient transportées par fer ou installées dans des muséobus, peuvent être présentées, non seulement dans villes de moyenne importance, mais dans des bourgs et des bourgades : une salle de mairie ou d’école, un champ de foire, un terrain vague, et les voilà en place. Différentes expériences menées, directement ou conjointement par les musées (notamment par le Palais de la Découverte ou le Musée du Conservatoire) et l’Institut Pédagogique National, démontrent l’intérêt et l’efficience de la formule. Qu’on le déplore ou non les conditions de la vie moderne ont sensibilisé l’opinion aux réalisations de la publicité et à l’emploi des moyens jusque-là écartés par le monde universitaire ou savant. Des firmes privées ont compris depuis longtemps l’intérêt des caravanes qui s’échelonnent sur les routes et pénètrent dans les villages les plus reculés. Si l’on admet aujourd’hui volontiers qu’une Compagnie de machines agricoles organise sur place des journées de publicité au moyen de camions-réclame, pourquoi refuserait-on au Musée de l’agriculture, s’il en existait un, de montrer l’évolution des techniques agricoles ou l’influence de la biochimie sur la culture et l’élevage ?
L’action éducative des musées se développe et s’étend dans des zones défavorisées, auprès des publics scolaire et adulte, grâce aux expositions circulantes.
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Le Musée scientifique doit répondre à toutes ces exigences, sous peine d’encourir la sanction naturelle de ses insuffisances, qui est la désaffection du public. Trop de nos musées ont fait cette triste expérience. Parce qu’ils n’ont fait aucun effort pour rendre l’exposition attrayante, ils ont cessé d’attirer.
Oubliés par le public, ces musées l’ont ensuite été par les pouvoirs publics. Ils ont alors manqué d’argent et de personnel. Ceux qui n’ont pas été aidés sont morts, les autres ont végété dans une indifférence croissante. Pour le plus grand nombre, le musée n’est plus qu’un réceptacle d’objets vieillis et démodés, un îlot du passé qui jure avec la civilisation moderne.
Pourtant, l’utilité des musées scientifiques ne fait pas de doute ; la preuve on est donnée par leur multiplication et leur succès dans le monde. On va voir que les grands musées français ne la cèdent en rien aux réalisations étrangères pour ce qui est de l’originalité et de la richesse. Seulement, ils sont moins nombreux et ils attirent moins qu’ailleurs. Dans ce domaine comme dans d’autres, la France, après avoir eu longtemps une avance considérable, s’est laissée distancer.
IIème Partie
La Situation actuelle
- II / A – L’inventaire descriptif a été établi, de manière pratiquement exhaustive, par l’A.E.E.E.S. Nous ne le reproduisons pas ici, mais il constituera l’annexe I du présent Rapport, et nous nous bornerons à indiquer les principaux éléments dont dispose la France
- II / A-1 Musées Parisiens
- a) Le Musée du Conservatoire National des Arts et Métiers –
Ses collections sont d’une prodigieuse richesse. Il présente essentiellement les appareils et instruments et techniques. L’ampleur des collections des outils et machines du passé en fait, par excellence, le Musée de l’Histoire des Techniques. Son ambition, en outre, est, pour suivre l’esprit de son fondateur, de présenter les grandes techniques d’aujourd’hui : les collections sont malheureusement très incomplètes et ce n’est que par des prodiges de dévouement et d’ingéniosité que le Conservateur actuel arrive, de manière permanente ou plus souvent temporaire, à faire vivre certains aspects de la civilisation technique d’aujourd’hui : la qualité des expositions présentées depuis quelques années et d’ailleurs au-dessus de tout éloge. - b) Le Palais de la Découverte Instrument essentiel de la culture scientifique, il présente, à la fois, les grandes étapes de la découverte et de la pensée scientifique, ainsi que les expériences qui permettent de suivre le mouvement de la science en marche. C’est un véritable laboratoire du passé et du présent, capable de transmettre sous forme claire et accessible, aux non scientifiques, un bagage considérable.
Sa double mission – évoquer l’histoire des sciences et faire vivre la science en marche – est donc étroitement complémentaire de celle du Musée du Conservatoire – évoquer l’histoire des techniques et présenter les progrès en cours. Outre leurs présentations de base, ces deux musées montrent fréquemment d’excellentes expositions particulières qu’il y aurait intérêt à coordonner, précisément en raison de cette complémentarité. - c) Musée de l’Homme Successeur, et du Musée d’Ethnographie du Trocadéro et de la Galerie d’Anthropologie du Muséum, il retrace, dans le temps et dans l’espace, l’immense aventure des races humaines, dans leur contexte ethnique, social et religieux. S’il est destiné au grand public et spécialement conçu pour lui, il est aussi un incomparable outil de travail des savants dont l’effort se reflète dans les fréquences expositions, de grande classe, qui sont des événements, même pour l’élite la plus cultivée.
- d) Le Muséum national d’Histoire naturelle Par sa surface, par l’ampleur do ses collections, par la diversité de se présentations –botanique, anatomique- paléontologique- minéralogique, … - il est le reflet particulièrement multiple des aspects essentiels des Sciences naturelles.
Il est assez connu pour qu’il soit inutile de le décrire, mais il est bon de situer par quelques chiffres sa richesse :- plus de 11 000 espèces de plantes
- plus de 30 000 échantillons pour l’étude de l’anatomie comparée
- plus de 179 000 échantillons dans le département de paléontologie.
Il faut noter que ce Muséum, d’une valeur exceptionnelle, possède un attrait supplémentaire : les bâtiments qui abritent les collections sont disposés autour de vastes jardins, dont la raison d’être est la collection botanique, mais qui constituent aussi un lieu de repos et de promenade. En outre, la Parc Zoologique attenant est une « attraction » au sens propre du terme.
Ce Muséum réalise donc un idéal : réunir en un même lieu les possibilités de promenade, d’amusement, d’observation et d’Études.
- e) Le Muséum de la Marine Il offre un double panorama des formes de la navigation et des grandes étapes de l’Histoire de la Marine. De ses collections exceptionnellement riches n’’st exposée qu’une faible partie, en raison du manque de place. Néanmoins, le choix qui a présidé à la sélection des objets est très heureux et ce Musée fait ressortir particulièrement bien les liens entre l’évolution d’une technique et les manifestations de l’art.
- f) Le Muséum de l’Armée S’il est spécialement consacré aux techniques militaires et plus spécialement à la balistique, ce Musée retrace en fait toute l’Histoire de l’Art de la Guerre, présentant des objets qui furent réellement utilisés dans les combats (36 000 objets et maquettes ou des estampes) qui sont, pour l’époque, l’équivalent des documents photographiques traduisant des phénomènes contemporains. Ici encore apparaissent étroitement liés les aspects techniques de l’action militaire et la connaissance historique.
- g) Le Muséum de l’Air Techniques et historiques, les nombreux documents qu’il possède ont également un caractère artistique, on raison de la nature mêmes des formes des objets présentés, mais sa richesse particulière provient du dynamisme exceptionnel de la France dans le domaine de l’aviation. Les Américains, peu suspects pourtant pour reconnaître à la France d’éminentes vertus techniques, admettent que la France est « air-minded ». C’est dire que les collections de ces musées sont à peu près uniques au monde. Près d’une centaine d’avions montrent l’évolution de l’aviation depuis 1906. Des centaines de moteurs soulignent les liens entre l’évolution de l’aviation et celle des techniques mécaniques ; mais, remontant plus loin dans le temps, ce Musée est aussi notre mémoire en matière d’aérostation dont la France fut le berceau. Malheureusement, ce Musée est fermé au public à la suite de nombreux transferts et des bombardements de 1940, et aucun des projets de réinstallation n’a abouti, et seul, un conservateur s’efforce, avec u inlassable dévouement, de sauver de la destruction des trésors irremplaçables.
- h) Le Muséum des Arts et Traditions populaires Il disposera prochainement d’un cadre digne de lui, au Bois de Boulogne. Il se situe, certes, aux confins de notre étude, mais nous tenons à le citer, non seulement en raison de sa qualité, mais parce qu’il témoigne excellemment de l’absence de frontières nettes entres les Musées d’Art et les Musées Scientifiques. Il constitue d’ailleurs un outil pour les chercheurs en Sciences Humaines, et il établit un lien entre les conditions matérielles de la vie et les formes de civilisation dont elles sont au moins partiellement responsables.
- i) La Région Parisienne comporte, on outre, de nombreux musées spécialisés dont la qualité est également exceptionnelle :
- Musée des Postes
- Musée de l’Industrie du Bois
- Musée du Val de Grâce
- Musée Orfila
- Musée Branly
- Musée Dupuytren
- Musée Pédagogique
- Musée de l’Assistance publique
- Musée de l’hygiène
- etc.
Il en existe bien d’autres qui, comme les précédents, mériteraient la notoriété et un grand nombre de visiteurs, en raison de la qualité des collections qu’ils renferment et, très souvent, du mode de présentation particulière heureuse adopté, mais il faut reconnaître que ces musées sont très peu connus du grand public parisien, et presque complétement ignorés des publics provinciaux ou étrangers. La raison en est double : absence de publicité due à la pénurie de cadres et au manque de personnel, froideur de la présentation trop souvent figée dans l’histoire et n’évoquant pas les innombrables problèmes d’aujourd’hui.
- a) Le Musée du Conservatoire National des Arts et Métiers –
- II / A-2 Les Musées Province
En nombre impressionnant, il se caractérisent par leur variété. Nous nous bornerons ici à indiquer qu’il est possible de définir deux catégories extrêmes :- a) Les Musées spécialisés Ils évoquent, soit la vie et l’œuvre d’un savant né dans la ville du Musée (le type en est le Musée Ampère à Lyon), ou retracent l’historique d’une industrie locale (Musée de la Bonneterie à Troyes, Musée de l’Impression sur tissus à Mulhouse), ou présentent un aspect particulier des traditions sociologiques locales et l’agriculture ou la géographie de la région (à cette catégorie se rattachent de nombreux musées dits folkloriques ou des musées des sciences naturelles spécialisées, et nous citerons comme terme extrême le petit Musée des coquillages du Bourg-de-Batz, et les collections de fossiles siluriens de l’Université de Montpellier).
- II / A-1 Musées Parisiens
Énumérer ces musées serait fastidieux pour le lecteur, mais il en résulterait certainement une impression de richesse de variété et de profusion que sont bien loin de soupçonner les touristes français et étrangers. À titre d’exemple : les collections de Montpellier, hélas entassées dans des locaux exigus, présentent les plus beaux spécimens, au sens scientifique et artistique du terme, des fossiles dont beaucoup mériteraient 3 étoiles dans le Guide Michelin.
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- b) Les musées à vocation générale Instaurés, soit sous l’égide de l’Université, soit sous celle des responsables locaux, soit à l’initiative d’érudits locaux passionnés de muséologie, mais aussi de vulgarisation, ces musées sont très inégaux par la qualité de leurs collections, la surface de leurs locaux, le style de leur présentation. Le type réussi es est celui de Strasbourg, limité malheureusement aux sciences naturelles. La présentation s’apparente à celle du Muséum de paris. L’autre extrême est présenté par les collections scientifiques du Musée de Troyes dont les étiquettes deviennent illisibles, que la poussière envahit et que l’humidité détruit intermédiairement.
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Les collections géologiques et préhistoriques de Montbéliard sont intéressantes et visitables, la présentation n’étant toutefois pas à la hauteur de la valeur des collections géologiques, paléontologiques et même archéologiques. Il est à noter que souvent dans ces musées brillent d’un éclat particulier des salles entièrement rénovées, consacrées à des sujets particuliers et payées, soit par des musées nationaux (Troyes), soit par des mécènes français ou étrangers (Montbéliard).
Nous n’avons procédé que par exemples, mais le lecteur de ce rapport est prié de faire l’effort d’imagination qui, soutenu par la liste jointe en annexe, lui montrera la France constellée de collections scientifiques (sciences exactes, naturelles et humaine), dont la plupart, malheureusement, sont dans un état de délabrement indescriptible.
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- II / B Valeur de l’Équipement national
L’équipement français en musées scientifiques et techniques est caractérisés par une prodigieuse richesse qui n’a d’égal que sa grande misère. Sa richesse est le reflet du génie créateur de la France et de l’effort patient de ses savants et de ses techniciens. Elle est le plus souvent invisible ou inaccessible, cachée dans la poussière.- a) Manque de locaux Le manque de locaux se fait partout cruellement sentir. Le cas extrême est celui de musées entiers privés de local et conserves dans un état de dispersion inquiétant dans des caisses non entretenues. Tel est le sort cruel des collections des Musées de l’Aéronautique et des Travaux Publics.
- II / B Valeur de l’Équipement national
Ce manque de locaux est également grave pour nos musées les plus connus et les mieux dotés. Le Palais do la Découverte ne peut pas faire face à sa mission dans certains domaines, faute de place pour montrer ses expériences. Le Musée du Conservatoire serait dans l’incapacité, s’il avait les crédits, de développer correctement la présentation des techniques d’aujourd’hui. Les galeries vétustes du Muséum ne permettent, ni la mise en valeur, ni la consultation aisée des précieux documents qui y sont abrités. Quant à la plupart des musées de Province, leurs collections sont entassées dans des locaux en général vétustes et non entretenus.
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- b) Manque de personnel Les fonctions de Conservateur de musée scientifique ou de démonstrateur d’expériences sont des fonctions délicates qui s’apparentent entièrement aux plus hautes fonctions de l’Enseignement, mettant en œuvre des pédagogies particulièrement évoluées. Dans le cas des musées de l’État, le personnel semble rémunéré à des taux très insuffisants pour attirer des éléments de valeur. Parfois, des membres de l’Enseignement se dévouent pour entretenir et organiser des musées, mais c’est là une situation qui ne saurait être admise, car le métier de conservateur est une spécialisation très difficile qui ne peut être pratiquée à temps partiel. Cette réserve n’enlève rien à l’admiration que suscite le dévouement des membres du Corps Enseignant qui sacrifient leurs loisirs pour assurer en fait bénévolement une deuxième mission.
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Dans les grands musées Parisiens, les effectifs sont dérisoires. Le personnel ne peut faire face aisément à sa tâche de démonstration et d’explication pour le public. Chaque exposition exceptionnelle est un tour de force qui use les hommes. Enfin, les responsables n’ont pas le temps de rédiger les notices, brochures, affiches, ou de faire des réunions de presse, ou de répondre aux interviews de la radio qui sont indispensables pour que les musées soient connus et pour que le public les visites.
Mentionnons que, dans le cas de musées de Province, la situation peut atteindre au tragique, la plupart de ceux qui ne dépendent pas de l’État n’ayant aucune possibilité d’engager du personnel. Mais les musées de Province qui dépendent de l’État sont également dans une situation grave. Le choix des conservateurs des musées de Province, contrôlés, bien que non fonctionnaires, se fait par recrutement, suivant des critères et des diplômes qui ne correspondant que très rarement aux aptitudes nécessaires à la conservation des musées scientifiques ou techniques qui constituent souvent une simple annexe de musées généraux, annexe très souvent laissée à l’abandon (Musée de Troyes par exemple). Pour être complet dans son pessimisme, le tableau doit comporter mention des collections qui dépendent des laboratoires d’Universités. Tout dépend de la bonne volonté du professeur à la chaire duquel la collection est rattachée. Si, dans certains cas, des résultats exceptionnels sont enregistrés (Laboratoire de Minéralogie de la Sorbonne, par exemple), par contre, dans l’immense majorité des cas, les collections sont mal entretenues, faute de personnel qui y soit affecté à plein temps. Il est normal, en effet, que la fonction de Conservation ne passe que bien après la fonction d’Enseignement, et ce n’es qua dans les cas où les collections sont directement utilisées par les étudiants que l’on assiste à un entretien, en général sommaire. Depuis une trentaine d’années, il est devenu impossible de chiffrer les pertes représentées par la disparition de nombreuses collections. Malheureusement, le fait que ces pertes ne sont pas comptabilisées, a masqué au pouvoir public l’importance des dégradations.
Il est évident que le personnel des musées scientifiques et techniques pose un problème de statut dont les grandes lignes seront esquissées dans la dernière partie.
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- c) Manque de crédits Les grands musées les plus fréquentés et les musées entretenus souffrent eux-mêmes d’une grave pénurie financière. Un musée doit, en effet, se renouveler, soit en créant des expositions (Palais de la Découverte), soit en acquérant des machines (Conservatoire des Arts et métiers), soit en créant des maquettes animées. Dans l’ensemble, les crédits dont disposent nos principaux musées ne leur permettent nullement de rester à jour. Les crédits dont dispose le Muséum ne permettent guère la transformation normale et l’entretien des présentations des collections. Cette négligence dure depuis longtemps. Elle a son origine dans la Première Guerre Mondiale, et le Palais de la Découverte n’a jamais, depuis 1945, retrouvé un niveau de crédits correspondant à ses besoins.
L’effort à faire pour remettre en ordre l’ensemble des collections et amener chaque musée d’intérêt reconnu à un niveau qui lui assure et son audience et son efficacité est maintenant tellement lourd qu’il explique probablement la crainte que les pouvoirs publics éprouvent au moment d’aborder le problème des musées. Rattraper les abandons du passé ne peut être le fait d’un plan de 5 ans. Il faut étaler probablement sur 4 ou 5 plans successifs l’ensemble des efforts que la France doit consentir. - d) Manque de structure administratives Les musées se trouvent actuellement rattachés à une multitude de ministères ou d’administrations telle qu’aucune coordination et même qu’aucune coopération n’est possible. Précisons cependant, dès le début, que ces rattachements très variés sont très souvent le reflet de réalités telles que liaisons avec l’Université, rapports avec une industrie, etc., et ceci revient à affirmer que nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire de modifier les rattachements actuels, risquant ainsi de briser trop de liens dont la plupart sont indiscutablement utiles. Par contre, il faut trouver une structure qui permette aisément les rencontres, les échanges, les coopérations, et de créer un Centre, réduit peut-être, mais efficace, qui comprenne, dans son ensemble, le problème des musées nationaux et qui soit à même de proposer au Gouvernement les mesures générales nécessaires pour assurer un développement harmonieux, sur tout le territoire français, de ces incomparables moyens de culture.
- c) Manque de crédits Les grands musées les plus fréquentés et les musées entretenus souffrent eux-mêmes d’une grave pénurie financière. Un musée doit, en effet, se renouveler, soit en créant des expositions (Palais de la Découverte), soit en acquérant des machines (Conservatoire des Arts et métiers), soit en créant des maquettes animées. Dans l’ensemble, les crédits dont disposent nos principaux musées ne leur permettent nullement de rester à jour. Les crédits dont dispose le Muséum ne permettent guère la transformation normale et l’entretien des présentations des collections. Cette négligence dure depuis longtemps. Elle a son origine dans la Première Guerre Mondiale, et le Palais de la Découverte n’a jamais, depuis 1945, retrouvé un niveau de crédits correspondant à ses besoins.
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Comparons, à titre d’exemple la situation des musées artistiques de Paris et de Province, groupés sous une direction unique, dotés d’un budget et comprenant un corps d’inspection, et la situation des musées scientifiques et techniques qui dépendent, les uns, de l’Université (Palais de la Découverte), d’autres, d’un grand Établissement (le Musée de l’Homme est un département du Muséum, le Musée du Conservatoire est une section de cet Établissement) ; d’autres encore, des différents ministères, d’autres enfin, étendus à des initiatives privées.
Plus que cette diversité de rattachements apparaît grave le manque total d’un Organisme qui ait une vue d’ensemble du problème, et le manque total, en fait sinon de droit, d’un système d’inspection. Il existe bien, en effet, un Service de Muséologie pour l’ensemble des musées techniques rattachés au Conservatoire National des Arts et Métiers et une Inspection des Musées des sciences naturelles, rattachée au Muséum, mais les crédits dont disposent ces deux organismes sont trop symboliques pour qu’ils aient pu remplir une mission qu’ils reçoivent pourtant clairement.
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- c) Valeur de Conceptions Cette grande misère n’a eu qu’un seul avantage, celui d’obliger les responsables les plus dynamiques à repenser complètement les modes de présentation, à choisir les voies les plus économiques, à déterminer les critères de choix très sévères. Il est juste de reconnaître que les publiées et les conceptions exposées par les responsables de la plupart de nos grands musées paraissent très en avance sur ce qui se fait à l’étranger, mais le nouveau Musée des techniques de l’Institution Smithsonian de Washington ne paraît pas être inspiré d’idées aussi justes et avisées que celles fréquemment exprimées dans les milieux de muséologie scientifique française. Il est juste d’ajouter cet élément très positif en fin d’une énumération déprimante, pour ne pas dire désespérée, des tristesses de la situation actuelle.
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IIIème PARTIE
LES OBJECTIFS
Telle est, avec ses grandeurs et ses ruines, la situation actuelle. Avant d’expliciter les mesures proposées –hélas, il faudra au moins cinq plans de cinq ans pour réparer un demi-siècle d’abandon - il importe de dresser un tableau schématique des objectifs qu’il est indispensable d’atteindre.
A - Un premier but est d’assurer la conservation et l’enrichissement des collections qui, objets d’études scientifiques, sociologiques, historiques, doivent être d’un accès aisé aux chercheurs. Les musées sont souvent les auxiliaires de la Recherche ; il serait inadmissible que nos chercheurs soient obligés de recourir, pour identifier des spécimens, à des herbiers étrangers, parce que les nôtres, au moins aussi riches pourtant, seraient délabrés.
B - Un second but concerne l’Enseignement. La science est si diverse, la réalisation de certaines expériences est si délicate, la conception et le fonctionnement des modèles est si délicate, la conception et le fonctionnement des modèles sont parfois si dispendieux que les Établissements d’Enseignement ne peuvent illustrer les cours d’une manière totalement satisfaisante. Ils doivent alors pouvoir se reposer sur un dispositif régional et parfois national qui offre à leurs élèves les compléments indispensables. En bref, toute Académie devrait disposer d’une infra-structure muséologique, centralisée ou dispersée, conçue en fonction des besoins de l’Enseignement. Ainsi pourra être atteint un haut niveau de qualité des expériences et des collections présentées par des pédagogues éminents. Cette qualité serait, en outre, obtenue dans l’économie, tout cm libérant les enseignants de nombreux soucis.
C - Le troisième objectif est culturel. La culture est ce qui permet à chaque homme de s’intégrer dans la civilisation dans laquelle il vit, et non d’y être étranger elle est aussi la mémoire de cette civilisation, tout en libérant les enseignants de nombreux soucis des efforts de ceux qui de ceux qui ont précèdes, nous permettent de donner sens aux nôtres. Une, par définition, la Culture ne saurait ignorer la pensée et le progrès scientifiques, pas plus que les succès techniques. Le grand public, quelles que soient ses formations de base, voudrait accéder, sans trop d’efforts, mais souvent avec enthousiasme à la compréhension des lois naturelles, connaître les grandes découvertes, saisir les étapes de la pensée scientifique, pénétrer dans le monde des applications techniques. L’usine, souvent mystérieuse, bien que partout présente, doit devenir familière. Les Musées doivent en montrer les techniques, les problèmes, les effets.
Les Musées, conçu, non comme des maisons mortes, mais comme le reflet même de la Vie Scientifique et Technique, suscitant l’intérêt, puis même l’effort, sont ainsi l’une des voies obligées d’accès à la Culture.
D - Le quatrième objectif est une participation active. À l’intérieur et autour des musées, il doit être possible d’offrir à tous, et notamment aux jeunes, de participer à des activités expérimentales, et parfois même créatrices, et de premier contact, activement, avec le monde des Sciences et des Techniques. Si les Musées permettent à coup sûr à chacun d’être un témoin, attentif, compréhensif, mais passif, combien leur action culturelle serait plus profonde s’ils conduisaient à un certain engagement.
E - Le prestige durable d’une Nation n’est plus celui que lui confèrent ses armes, mais celui de son rayonnement intellectuel. Si celui-ci peut être aisément perçu par l’élite cultivée des pays étrangers, il est moins évident pour l’homme dit « de la rue » qui parcourt en touriste notre pays. Un mur épais souvent barre son regard. Certains de nos Musées devraient arborer les étoiles, qui, dans les guides, soulignent ce qui mérite d’être vu pour comprendre un pays, une région, et la valeur de l’effort de ses habitants. Sans chauvinisme, ni orgueil déplacé, il est cependant des mérites qu’il est néfaste de laisser oublier.
IVème PARTIE
Les Voies et Moyens
- IV Généralités :
Pour atteindre les objectifs précédents, il paraît indispensable :- a) de donner une structure à l’ensemble des Musées Scientifiques et Techniques, dans le but, non d’informer chacun dans un cadre administratif étroit, mais au contraire, de permettre à chacun de profiter des moyens de l’ensemble.
- b) de modifier l’implantation actuelle :
- en créant un vaste ensemble à vocation générale, regroupant, sans les fusionner, l’actuel Palais de la Découverte et l’actuel Musée du Conservatoire des Arts et Métiers.
- en développant une infrastructure décentralisée permettant à chaque ville de province, même petite, de présenter certains éléments permanents et d’accueillir fréquemment des expositions itinérantes.
- en développant un réseau de musées spécialisés situés aux lieux mêmes où l’Histoire, la tradition ou les activités locales les justifient.
- c) de disposer des moyens corrects de réalisation d’expositions itinérantes, camions et trains-expositions notamment.
- d) de donner un statut au personnel de ces Musées qui attire des hommes de valeur en plus grand nombre vers ce métier, socialement essentiel dans le monde moderne.
- e) d’associer des Cercles ou les Maisons de Jeunes aux activités des Musées.
Reprenons ces différents points. La commodité de l’exposé exige cependant de les traiter dans un ordre un peu différent de celui, plus logique, qui vient d’être suivi : d’une part, en effet, il semble bien que le premier effort doive concerner le Palais de la Découverte et le Musée du Conservatoire des Arts et Métiers, et d’autre part, les problèmes administratifs apparaîtront plus clairement une fois dessiné l’ensemble du dispositif souhaité.
- IV – B Le Palais des Sciences et des Techniques
- IV – B1 - Nous avons dit plus haut combien grandes étaient les richesses de nos deux grands Musées, mais aussi combien les locaux dans lesquels ces Musées sont nés sont inadaptés et réduits. On pouvait penser résoudre séparément les problèmes relatifs à chacun de ces musées, mais ceci ne donnerait probablement pas la possibilité de réaliser le magnifique ensemble que permettent les collections et les expériences patiemment accumulées par les Conservateurs, et les directeurs successifs. Le regroupement des deux musées semble en outre s’imposer pour les raisons suivantes :
- a) Présenter, simultanément, dans leur ensemble, l’histoire des sciences et des techniques, c’est-à-dire l’histoire de la pensée scientifique et de l’évolution des applications d la science permet une meilleure compréhension du développement de notre civilisation, et met en relief l’apport considérable de la France.
Le regroupement des deux musées permet ainsi de créer un Centre culturel dont l’intérêt dépassera largement le cadre français pour prendre une importance européenne. - b) Il est de nombreux cas où des expositions temporaires qui qu’imposent ne peuvent être réalisées que par un effort commun des deux musées. Rappelons, en effet, leur mission :
- Le Palais de la Découverte expose l’histoire des idées scientifiques et montre la Science en marche.
- Le musée du Conservatoire retrace l’histoire des techniques et expose les techniques d’aujourd’hui et leurs progrès extrêmes.
Si ces deux domaines sont effectivement bien définis et si chacun d’eux suffit à justifier un musée, il est évident, par contre, qu’il est de nombreux thèmes qui supposent, pour être traités convenablement, que l’on envisage à la fois les aspects scientifiques et les aspects techniques.
- c) Un principe d’économie conduit sur un plan plus matériel à regrouper les musées. En effet, chacun d’eux a besoin de s’appuyer sur des services (ateliers, imprimerie, publicité, etc.), dont certains peuvent être avantageusement mis en commun : ces services peuvent alors atteindre un développement suffisant pour que leur efficacité soit excellente.
Donc, le regroupement des deux musées apparaît comme rationnel, la Franco pouvant ainsi être dotée d’un Centre culturel, unique en Europe.
- a) Présenter, simultanément, dans leur ensemble, l’histoire des sciences et des techniques, c’est-à-dire l’histoire de la pensée scientifique et de l’évolution des applications d la science permet une meilleure compréhension du développement de notre civilisation, et met en relief l’apport considérable de la France.
- IV – B2 - Regroupement ou fusion
On pourrait imaginer que ce regroupement entraîne une fusion. Cette solution n’est pas à retenir pour de nombreuses raisons. La première est que les missions actuellement dévolues à chaque musée sont largement suffisantes pour absorber complètement l’activité du responsable qui le dirige. Faire embrasser la totalité des domaines scientifiques et techniques serait vraisemblablement une tâche inhumaine si elle incombait à un seul. Le directeur de l’ensemble se réfugierait inévitablement dans un rôle purement administratif et aurait quelque peine à rester l’animateur indispensable.
- IV – B1 - Nous avons dit plus haut combien grandes étaient les richesses de nos deux grands Musées, mais aussi combien les locaux dans lesquels ces Musées sont nés sont inadaptés et réduits. On pouvait penser résoudre séparément les problèmes relatifs à chacun de ces musées, mais ceci ne donnerait probablement pas la possibilité de réaliser le magnifique ensemble que permettent les collections et les expériences patiemment accumulées par les Conservateurs, et les directeurs successifs. Le regroupement des deux musées semble en outre s’imposer pour les raisons suivantes :
D’autre part, chaque Musée possède ses traditions qui sont heureuses, et a noué un ensemble de liens avec l’Enseignement et la Recherche, liens qu’il est indispensable de concevoir.
Enfin, l’harmonisation des statuts de ces musées poserait des problèmes juridiques extrêmement délicats, et l’on ne voit guère l’intérêt réel d’effectuer ce travail. Il importe simplement de regrouper les musées sur un même terrain, d’organiser des services communs et d’assurer une coordination des activités d’expositions que les deux organismes continueront à présenter, mais le plus souvent en unissant leurs efforts, aboutissant ainsi à des démonstrations spectaculaires.
L’Ensemble des deux musées doit donc être situé sur un même terrain, une Administration très légère gérant les services communs et les bâtiments, un Conseil commun harmonisant les actions que ces musées entreprendront ensemble ou séparément. Ils seront abrités dans un même « Palais des Sciences et des Techniques ».
Où doit être situé un tel Palais ? Les notions anciennes de décentralisation auraient conduit à placer ces musées dans une ville de province. Cette solution est à écarter formellement, car, pour assurer la vie d’un tel ensemble, ainsi que pour rendre rentables les expositions qui y seront installées, il importe qu’il soit placé au centre d’une agglomération particulièrement dense. Seule, la Région Parisienne peut en permettre la vie. D’ailleurs, ce Palais doit jouer un rôle culturel européen. Il doit donc être placé dans une ville qui possède vraiment un aérodrome international et soit un nœud de communications fréquenté. Seul, Paris répond à nouveau à cette condition.
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- IV – B3 – Localisation
Mais où dans la Région Parisienne ?
C’est là une question à laquelle on ne peut pas répondre en se plaçant uniquement dans l’optique du Paris actuel. C’est le Paris de 1975 qu’il faut considérer. Le point cherché doit répondre aux impératifs suivants :- a) ne pas être éloigné du centre de gravité (futur) de la population.
- b) être situé à un nœud de voies à grande circulation et notamment, être rapidement accessible, aussi bien du sud que du nord de Paris. Ce n’est d’ailleurs pas ici la distance réelle qui compte, mais la nature des axes routiers utilisables.
- c) être placé à une station du métro express.
- d) être en bordure d’un parc fréquenté par les promeneurs qui trouveront ainsi la possibilité de joindre la visite du Musée et la promenade agrémentée de jeux.
- d) être bien relié à un aérodrome, si possible le futur aérodrome international nord de Paris.
Ce point idéal du Paris futur qui répond à ces conditions est le parc de la Courneuve, grand comme l’actuel Bois de Boulogne, situé au croisement de la grande voie Est-Ouest qui relie les trois Universités du Nord de Paris et de la grande voie Nord-Sud qui, entrant dans le Paris actuel intra-muros vers la Porte de la Chapelle, passe à proximité de l’actuel C.N.A.M. de la nouvelle Faculté des Sciences, au quai St-Bernard, pour rejoindre, par les axes Sud de Paris, la nouvelle Faculté d’Orsay et les Centres scientifiques de Saclay et de Gif.
- IV – B3 – Localisation
Ce point sera une station du Métro express. Tel est l’avis du Comité d’Aménagement de la Région Parisienne, auquel nous souscrivons pleinement.
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- IV – B4 – Conceptions architecturales et muséologiques
Définir le détail du Palais des Sciences et des Techniques alourdirait cet exposé. Ce sera l’objet d’une·annexe de préciser les surfaces nécessaires. Elles sont d’ailleurs bien connues, à la suite des études poussées, menées par le Directeur du Palais de la Découverte et le Conservateur du Musée du Conservatoire. Il n’est cependant pas inutile, pour la compréhension générale du projet, de souligner les principes essentiels auxquels doit obéir le Palais. - a) Le Musée est un lieu de conservation : les réserves, où sont conservés les objets non exposés en permanence, doivent être très importantes ; si l’art de la présentation y perd ses droits, le souci d’ordre et d’accessibilité doit être une préoccupation première. Ces réservas sont, en effet, visitables, sur autorisation, par les chercheurs.
Techniquement, les impératifs sont les suivants :- air climatisé
- circulations aisées
- transport facile vers la partie publique du musée
- transport facile vers les aire de préparation des expositions circulantes.
- b) Le Musée comporte une vaste partie ouverte au public. Les présentations doivent pouvoir évoluer. Le cadre architectural sera donc adaptable, ce qui est à réaliser. Mais un autre impératif sera imposé : en effet, les salles doivent pouvoir être visitables, aussi bien par le visiteur isolé qui ne suit aucun programme, que par dos groupes organisés et guidés, pour ne citer que deux cas extrêmes. Plusieurs solutions architecturales ont été envisagées, et elles marquent un progrès sensible par rapport aux présentations classiques. À côté des objets inertes, des maquettes animées : certaines salles contiennent en effet de véritables éléments de spectacles qui exigent une structure particulière de la circulation des visiteurs. Le Musée comprendra également de véritables salles de spectacle, la formule « Conférence-démonstration » se révélant très efficace, précisément en raison de son aspect « spectaculaire ». Elle est appliquée actuellement dans le cas des Planétarium, mais elle est d’application beaucoup plus générale.
- c) Le Musée comporte les salles d’expositions temporaires. Aucun commentaire n’est ici utile.
- d) Le détail des ateliers et services sera également décrit en annexe. Mais, il est essentiel de souligner l’importance des aires de préparation des expositions circulantes. Les trains-expositions, notamment, seront montés dans le Musée et le quitteraient directement par voie ferrée.
- e) La conception architecturale générale doit comporter évidemment un élément central, véritable morceau de bravoure, témoin de l’architecture de notre temps, mais une grande partie des surfaces doit être traitée très simplement, afin de pouvoir les « reconstruire » si besoin en est.
- IV – B4 – Conceptions architecturales et muséologiques
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- IV – B5 – Organisation administrative
Elle est dictée par une double préoccupation :
– assurer une cohabitation coordonnée et harmonieux des deux Musées qui y sont réunis.
– établir des liens étroits avec l’ensemble des autres Musées Scientifiques français.
On ne pourra donc la définir qu’en la situant dans son contexte général national. C’est pourquoi elle ne sera exposée que plus loin (cf. IV - E).
- IV – C – Opération de sauvetage et de Développement
Le Palais des Sciences et des Techniques est un élément essentiel du dispositif souhaité. Il n’est pas le seul. Il résout en effet les problèmes du Palais de la Découverte et du Musée du Conservatoire. Mais il en est d’autres.- IV – C1 – Le Muséum a commencé son effort de rénovation. Ce début n’est rien au regard de ce que méritent les collections, ainsi que les visiteurs. D’immenses tâches restent à accomplir : leur tableau a déjà été établi par la Direction du Muséum. La rénovation de la présentation serait assurée par la création, au Jardin des Plantes, d’un Musée de l’Évolution, point de départ du sauvetage des collections existantes.
- IV – C2 – Les grands musées techniques ou spécialisés de la Région Parisienne sont à reconstruire ou à développer.
- a) - Le Musée des Travaux Publics serait très vraisemblablement, après étude, à abriter également dans le Palais des Sciences et des Techniques. Il paraîtrait peu rationnel de séparer ce domaine des autres, les interactions ayant toujours été grandes entre les progrès de l’ensemble dos techniques et celles des travaux publics.
- b) - Le Musée de l’Aéronautique est à réinstaller. Son problème est à situer dans le cadre général des Musées des Transports. L’intérêt international de ce que la France a à montrer exige le choix de la Région Parisienne pour l’implantation de ces Musées.
Une section générale du Musée du CNAM·devrait être consacrée aux transports, elle servirait d’introduction aux Musées spécialisés, auxquels la relierait un service d’autocars, Musée de l’Aéronautique à placer aux abords d’un nouvel aérodrome international de paris, des Chemins de Fer, dont l’emplacement est à choisir en accord avec la S.N.C.F., etc. - c) - Bien d’autres tâches attendent les responsables. Notre point de vue sur ce sujet ne sera exposé que plus loin (cf. page)
- IV – C3 – L’infrastructure provinciale est à revoir dans son ensemble. L’idéal serait de disposer d’un Musée à vocation générale scientifique et technique, d’un Musée de Sciences Naturelles et d’un Musée orienté vers les Sciences Humaines, dans chaque Académie. La dernière cité serait avantageusement jumelée avec le Musée d’Art et de Traditions locales qui souvent existe, bien qu’en piteux état. Ce dispositif d’Académie n’appelle pas nécessairement une centralisation, les communications d’aujourd’hui étant en général excellentes et rapides entre les centres relevant d’un même secteur. Il exige, par contre, une vue d’ensemble et une volonté agissante.
Quant aux Musées spécialisés, qui justifient sur place des considérations historiques, économiques ou industrielles locales, s’il importe de ne pas en empêcher la naissance ou on freiner le développement par un excès de centralisation, il importe aussi de leur offrir un cadre national qui les soutienne et mette à leur disposition des Services et des moyens qui contribueraient à leur rayonnement. Il importe enfin que les créations nouvelles puissent être décidées - dans la mesure où elles dépendent des pouvoirs publics - ou suscitées, si elles relèvent d’initiatives privées, suivant les principes d’une politique cohérente.
À ce point de notre exposé, il devient nécessaire de préciser un principe important. Parmi les mesures proposées ci-dessus, il en est de deux sortes :
Le premier groupe se rattache à la création et à l’utilisation du Palais des Sciences et des Techniques. Nous avons pris ici une position nette, définitive, car nous pensons - et il semble bien que ce soit également l’avis de la plupart de ceux qui se sont penchés sur ce problème - que sera voué à l’échec tout effort d’ensemble qui ne résout d’emblée, selon le schéma proposé, le double problème de deux de nos grands Musées.
Le second groupe de mesures a été exposé plus succinctement :
Les buts, ou simplement les problèmes, ont été explicités, mais rarement les solutions, qui sont d’ailleurs souvent multiples. Ceci ne veut nullement dire que nous n’ayons pas une claire vision des voies possibles. Presque toujours nos options personnelles sont prises. Mais, au fait, les choix, les décisions, appartiendront aux responsables de notre infrastructure culturelle dans le domaine des sciences et des techniques. À l’exception des cas où le choix est inéluctable, il nous a semblé qu’il n’entrait pas dans notre mission de nous comporter en « responsable ». Par contre, il nous appartient de définir les responsabilités et les structures qui permettront à des hommes de les exercer. Ici encore, plusieurs options sont possibles. Après mûre réflexion, celle à laquelle nous nous sommes arrêtés parait bien le reflet d’un choix inéluctable.
C’est pourquoi, cessant de préciser plus en détail les tâches à accomplir, nous nous attacherons désormais à l’exposé de la structure d’ensemble que nous préconisons.
- IV -E - Structure Administrative
- IV – E1 Généralités
Les tâches à accomplir rentrent dans l’une des catégories suivantes :- a) - dresser l’inventaire permanent des besoins et des moyens existants
- b) - définir les moyens à créer ou à développer
- c) - ou choisir les maîtres d’œuvre
- d) - en fixer les cadres budgétaires
- e) - contrôler l’exécution des travaux
- f) - définir les coordinations nécessaires
- c) - les assurer ou les faire assurer.
Dans l’esprit de beaucoup, un tel ensemble de responsabilités suppose la création d’une autorité forte et centralisée. La solution proposée cherche, au contraire, à éviter cette centralisation administrative et tend à ne pas affaiblir, sauf dans un minimum de cas, les liens administratifs actuels.
- IV – E1 Généralités
Pourquoi ? Une vérité fondamentale s’impose : un musée scientifique ou technique n’est jamais un organe isolé. Par les hommes qui l’animent, par certains des besoins auxquels il répond, par la nature d’une partie au moins de son public, il prend la sève de sa vie dans des milieux qui peuvent être très variés : enseignement (supérieur ou technique, par exemple), ministères techniques, industries, centres de développement économiques, - ou touristiques -, régionaux, … Couper de tels liens aboutirait à tarir des sources vives d’activités et de dynamisme, et aussi à détourner de nombreux organismes d’initiatives précieuses qui relèvent parfois d’un Mécénat intelligent et indispensable.
Maintenir l’intégralité de ces racines et permettre cependant une vue d’ensemble et une action coordonnée, tel le but de la structure proposée.
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- IV – E2 schéma général
Le dispositif complet comprend :
- IV – E2 schéma général
Un Conseil Supérieur des Musées Scientifiques et Techniques, essentiellement consultatif, chargé de l’élaboration d’une politique cohérente. Il est assisté de deux organismes d’étude et de synthèse.
Un Comité Scientifique, chargé, pour le Conseil et pour le Secrétariat, d’effectuer les études concernant le contenu scientifique de la politique des Musées.
Une Réunion des Conservateurs dont un des rôles est de s’assurer que pas une touche ne manque au tableau de notre dispositif culturel et de ses problèmes.
Un Secrétariat général assiste ces organismes, prépare leurs études, met en forme administrative leurs avis, entreprend les démarches nécessaires pour leur donner force d’action, et doté des pouvoirs exécutifs suffisants pour assurer la mise en œuvre des mesures correspondantes.
Enfin, - et c’est essentiel -, une Structure interministériel, adapté à l’immense importance culturelle des Musées Scientifiques ?
Les paragraphes suivants définissent les structures et les missions de ces organismes.
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- IV – E3 Le Conseil Supérieur des Musées Scientifiques et Techniques
Il est institué par décret pris en Conseil des Ministres. Il ost constitué comme suit :- Un Président : M. le Directeur des Musées Nationaux, qui représente M. le Ministre des Affaires Culturelles
- Des Membres de droits :
- M. le directeur du Muséum
- M. le Directeur du Palais de la Découverte
- M. le Conservateur du Musée du C.N.A.M.
- M. le Directeur de l’Aménagement du Territoire
- M. l’Administrateur du Palais des Sciences et des Techniques.
- IV – E3 Le Conseil Supérieur des Musées Scientifiques et Techniques
Le Président du Comité Scientifique : Le Président de la Réunion des Conservateurs
Des membres désignés pour une période de quatre années, avec mandat renouvelable, par les différents ministres membres du Comité Interministériel de la Recherche Scientifique et Technique, à raison d’un membre par département ministériel.
Un membre désigné, dans les mêmes conditions, par le Directeur de l’O.R.T.F.
Le Secrétariat du Conseil est organisé et dirigé, de manière permanente, par l’Administration du Palais des Sciences et des Techniques.
Les missions de ce Conseil, à vocation consultative, sont :
- a) ayant pris connaissance de l’ensemble des problèmes des Musées Scientifiques, définir une politique générale des Musées Scientifiques et techniques.
- b) définir les investissements nécessaires, qu’ils aient trait à des créations ou à des opérations de sauvetage.
- c) étudier les budgets de fonctionnement, en définir l’enveloppe souhaitable, et la répartition la plus efficace.
- d) étudier les mesures à prendre pour que l’ensemble du dispositif culturel scientifique reste adapté à ses missions, en évoluant avec le progrès des Sciences et des Techniques.
- e) étudier les mesures à prendre pour accroitre le rayonnement et l’efficacité des musées.
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- IV – E4 Le Comité scientifique
Il comprend des Membres pris ès qualité :- M. le Délégué Général à la Recherche Scientifique et Technique, ou son représentant
- M. le Directeur du Palais de la Découverte
- M. le Conservateur du Musée du C.N.A.M.
- M. le Directeur du Muséum
- Un spécialiste de la Muséologie, désigné par le Directeur des Musées Nationaux, et des personnalités des milieux scientifiques et techniques publics ou privés, désignées : une, par le M. le Ministre de l’Éducation Nationale ; une, par M. le Ministre des affaires culturelles ; huit, par M. le Ministre chargé de la Recherche Scientifique, sur une liste de seize noms proposés par le Comité Consultatif de la Recherche Scientifique et Technique.
- IV – E4 Le Comité scientifique
Au contraire des autres membres, nommés à titre permanent, ces huit sont nommés pour 4 années et renouvelés par moitié tous les 2 ans. Les quatre membres qui disparaîtront après le premier mandat, écourté de 2 ans, seront tirés au sort.
Le Comité élit dans son sein son Président. Celui-ci est, de droit, membre du conseil.
Le Comité Scientifique, par les personnalités qu’il groupe, est à même de définir le contenu scientifique et techniques des Musées, d’en proposer l’évolution, de donner les éléments de base d’une politique d’expositions.
Telle est sa mission auprès du Conseil, comme du Secrétariat général.
Note : les membres du Conseil et du Comité sont rémunérés par jetons de présence, suivant des barèmes à fixer par le Ministère des Affaires Culturelles, barème qui ne sauraient être inférieurs à ceux en vigueur à l’O.R.T.F.
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- IV – E5
La Réunion des Conservateurs ou Directeurs des Musées Scientifiques, de musées comportant une section scientifique, est provoquée une fois par an par l’Administrateur du Palais des Sciences, qui est, de droit, le secrétaire Général de la Réunion. L’invitation s’applique à toutes les personnes répondant aux critères ci-dessous, que leurs musées relèvent, à des degrés divers, du secteur public, ou qu’ils aient un caractère purement privé. La Réunion dure deux jours et doit viser un triple but :
- IV – E5
- donner un reflet aussi complet que possible de la vie et de l’action culturelles des Musés.
- attirer l’attention sur les coordinations souhaitables, sur les échanges ou prêts d’objets d’exposition, sur les opérations concertées à réaliser, sur les dates optimales des expositions.
- répandre les idées nouvelles en matière de muséologie scientifique.
Les actes te vœux de la Réunion sont publiés par les soins du Secrétariat Général, qui prend, en outre, en charge, les frais du colloque (notamment voyage et séjour). Dès la première Réunion, un Bureau de 7 membres sera choisi par vote de l’Assemblée, 5 des membres devant obligatoirement représenter un organisme provincial. Ce Bureau coopère avec le Secrétaire Général pour la fixation de l’ordre du jour des séances.
La Réunion élit tous les quatre ans son Président. Il est, de droit, Membre du Conseil.
L’organisation de cette confrontation est destinée essentiellement à éviter que les pouvoirs publics ignorent les situations, souvent catastrophiques, qu’il n’est fréquemment aucun Rapport pour le souligner.
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- IV – E6 Le Secrétariat Général
Il assure le secrétariat des Conseil, Comité et Réunion ci-dessus définis. La Direction est assurée par l’Administration du Palais des Sciences et des Techniques, dans un but de simplification évidente. Cette Administration joue donc un double rôle :- un rôle national, évidemment interministériel
- un rôle local de gestion et de coordination
C’est un fonctionnaire, nommé par le Ministre des Affaires Culturelles, après avis du Comité Interministériel de la Recherche Scientifique.
- IV – E6 Le Secrétariat Général
a) - Rôle National
Il met en forme administrative la politique définie par le Conseil : il prépare notamment les textes relatifs à l’organisation générale du dispositif culturel scientifique, ainsi que les propositions budgétaires. Il les soumet au Gouvernement suivant des modalités définies plus loin. Il est doté de pouvoirs exécutifs et de contrôle.
En ce qui concerne le contrôle, il s’appuie sur les Services d’Inspection du Muséum et du Musée du C.N.A.M., dont il complète l’action par celle d’un Bureau spécial, à vocation générale.
b) - Rôle Local
Il administre les bâtiments du Palais, en gère les services communs, est l’arbitre des initiatives des responsables des Musées qu’il abrite, toutes les fois que ces initiatives interfèrent.