Écrivaine et cinéaste, Marguerite Duras (Donnadieu pour l’Etat civil) est née le 4 avril 1914 à Gia Dinh dans la banlieue nord de Saigon en Indochine. Elle est morte à son domicile parisien (5 rue Saint-Benoît) le dimanche 3 mars 1996, après quinze ans de vie commune avec Yann Andréa, son dernier compagnon, rencontré en 1980.
Élevée sur les bords du Mékong par un père (Emile, décédé en 1921 en France) professeur de mathématiques et une mère institutrice, elle rentre en France en 1921 puis retourne en Indochine en 1922 et vit à Phnom-Penh, Vinh-Long, Sadec.
En 1932, Marguerite Donnadieu, bachelière, quitte Saigon pour Paris. En 1936, elle est licenciée en droit et rencontre Robert Antelme. Ils se marieront en 1939, auront en 1942 un enfant qui meurt à la naissance et divorceront en 1947.
En 1943, l’année de la publication de son roman Les impudents, le couple Antelme emménage, au 5 rue Saint-Benoît, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés (cinquième arrondissement de Paris). Ils fréquentent Georges Bataille, Genêt, Leibowitz, Leiris, Blanchot, Merleau-Ponty, Dionys Mascolo, Michaux, Edgar Morin, Queneau, Claude Roy, Jacques Francis Rolland, Jacques Tati, Boris Vian, Vittorini... Rencontres amicales, rencontres littéraires, rencontres politiques aussi. Jean-Marc Turine a réalisé avec Jean Mascolo (fils de Duras et Dionys), L’esprit d’insoumission, un film autour du groupe de la rue Saint-Benoît.
Robert Antelme et Dionys Mascolo se lient d’une profonde amitié. Duras, Antelme et Mascolo entrent dans la Résistance à partir de 1943. Robert Antelme sera arrêté en 1944 et déporté à Buchenwald, puis à Dachau. Marguerite Duras raconte dans la Douleur (1985) l’histoire de Robert Antelme, rescapé des camps de concentration.
Elle adhère avec Robert Antelme et Dionys Mascolo au Mouvement national des prisonniers de guerre et en 1944, et au Parti communiste dont elle sera exclue en 1950.
De retour en 1945, Robert Antelme, restera longtemps entre la vie et la mort. Après quelques mois, Duras lui annonce son intention de se séparer de lui et d’avoir un enfant de Dionys Mascolo. Ce dernier, père de Jean et indéfectible ami de Robert Antelme, sera le compagnon de Duras pendant une quinzaine d’années. Ils se sépareront en 1957. « J’ai connu Marguerite pendant la guerre, en 1942. Je travaillais chez Gallimard, elle était secrétaire de la commission qui attribuait du papier aux éditeurs. Nous avons tout de suite sympathisé dans l’admiration ou le mépris pour certains livres. C’est-à-dire que nous étions dans une entente esthétique. Entre nous, il y a eu une entente sur tout... y compris, je dirais, dans la Résistance. C’était assez rare, les femmes, dans la Résistance. Elle, elle était militante. C’est ça qui a fait entre nous une entente plénière. Marguerite n’était pas une « call-girl » ; elle était séduisante par son intelligence. Nous nous sommes beaucoup aimés. »
En 1945, elle fonde avec Robert Antelme, libéré, les Éditions de La Cité universelle, qui publient, en 1946, « L’An zéro de l’Allemagne » d’Edgar Morin, les œuvres de Saint-Just présentées par Dyonis Mascolo et, en 1947, « L’Espèce humaine » de Robert Antelme qui raconte son expérience quotidienne des camps, en mettant en lumière ce que la déportation a révélé en lui : « ce sentiment ultime d’appartenance à l’espèce humaine ».
Depuis 1955, elle lutte contre la poursuite de la guerre d’Algérie. Personnage important du monde des lettres depuis Hiroshima mon amour (1959), adapté pour le cinéma par Resnais en 1960, elle entre au jury du Prix Médicis, dont elle démissionne 7 ans après, fréquente Maurice Blanchot et signera de la Déclaration sur le droit à l’insoumission. Elle prendra également part au mouvement de Mai 68 (cf. dans Les Yeux verts le texte politique sur la naissance du Comité d’action étudiants-écrivains, texte rejeté par le Comité qui se disloque rapidement.) et signera en 1971 l’appel des 343 réclamant l’abolition de la loi punissant l’avortement.
Bibliographie
Romans
– Les Impudents, Ed. Plon, 1943
– La Vie tranquille, Ed. Gallimard, 1944
– Un Barrage contre le Pacifique, Ed. Gallimard, 1950
– Le Marin de Gibraltar, Ed. Gallimard, 1952
– Les Petits chevaux de Tarquinia, Ed. Gallimard, 1953
– Moderato Cantabile, Les Editions de Minuit, 1958
– Les Viaducs de la Seine et Oise, Gallimard, 1959
– Dix heures et demi du soir en été, Gallimard, 1960
– Le Ravissement de Lol V. Stein, Gallimard, 1964
– Le Vice-Consul, Gallimard, 1965
– L’Amante Anglaise, Gallimard, 1967
– Détruire, dit-elle, Les Editions de Minuit, 1969
– Abahn, Sabana, David, Gallimard, 1970
– L’Amour, Gallimard, 1971
– Ah ! Ernesto, Hatlin Quist, 1971
– Nathalie Granger, suivi de La Femme du Gange, Gallimard, 1973
– Le Navire Night, suivi de Cesarée, les Mains négatives, Aurélia Steiner, Mercure de France, 1979
– Vera Baxter ou les Plages de l’Atlantique, Albatros, 1980
– L’Amant, Les Editions de Minuit, 1984. Prix Goncourt et Prix Ritz-Paris-Hemingway en 1986.
– La Douleur, POL, 1985
– La Musica deuxième, Gallimard, 1985
– La Mouette de Tchekov, Gallimard, 1985
– Les Yeux bleus, cheveux noirs, Les Editions de Minuit, 1986
– Emily L., Les Editions de Minuit, 1987
– La Pluie d’été, POL, 1990
– L’Amant de la Chine du Nord, Gallimard, 1991
– Yann Andréa Steiner, POL, 1992
– C’est tout, POL, 1995
– Romans, Cinéma, Théâtre, un parcours 1943 1993, Gallimard - Quarto, 1997
Récits
– Des journées entières dans les arbres, suivi de Le Boa, Madame Dodin, Les Chantiers, Gallimard, 1954.
– L’après-midi de monsieur Andesmas - Gallimard – 1962
– L’Homme assis dans le couloir, Les Editions de Minuit, 1980
– L’Homme atlantique, Les Editions de Minuit, 1982
– La Maladie de la mort, Les Editions de Minuit, 1982
Divers
– Les Parleuses, entretiens avec Xavière Gauthier, Les Éditions de Minuit, 1974
– Le Camion, Entretien avec Michelle Porte, Les Éditions de Minuit, 1977
– Les Lieux de Marguerite Duras, en coll, avec Michelle Porte, Les Editions de Minuit, 1977
– L’Eté 80, Les Editions de Minuits, 1980
– Les Yeux verts, textes, Cahiers du cinéma, n°312-313, juin 1980 et nouvelle édition, 1980
– Agatha, Minuit. 1981
– Outside, articles, Albin Michel. Paris. 1981
– Savannah Bay, Éditions de Minuit, 1er éd. 1982, 2ème éd. augmentée 1983
– La Pute de la côte normande, Éditions de Minuit, 1986
– La Vie matérielle, P.O.L. 1987
– Ecrire, Gallimard 1993
– Le Monde extérieur, Outside 2 articles P.O.L. 1993
– La Mer écrite, photogr. H. Bram-berger Marval 1996.
Théâtre
– Le Square, sa première pièce de théâtre, Ed. Gallimard, 1955
– Théâtre I : les Eaux et Forêts, le Square,La Musica, Gallimard, 1965.
– L’Amante anglaise, Cahiers du Théâtre National Populaire, 1968
– Théâtre II : Suzanna Andler-Des journées entières dans les arbres-Yes, peut-être-Le Shaga-Un homme est venu me voir, Gallimard, 1968
– L’Eden Cinéma, Mercure de France, 1977
– Théâtre III, La Bête dans la jungle, d’après H. James, adaptation de J. Lord et M. Duras, Les Papiers d’Aspern, d’après H. James, adaptation de M. Duras et Robert Antelme. La Danse de mort, d’après August Strindberg, adaptation de M. Duras, Gallimard, 1984
[[Scénarios et/ou dialogues
– Scénario d’Hiroshima mon amour pour Alain Resnais, 1959, Ed. Gallimard 1960
– Une aussi longue absence, scénario et dialogue en coll. avec Gérard Jarlot, film de Henri Colpi – Gallimard -1961, Prix Médicis 1963
– Sans merveille, réalisation M. Mitrani, avec G. Jarlot, court-métrage inédit
– Nuit noire, Calcutta, réalisation M. Karmitz, court-métrage inédit
– Les rideaux blancs, réalisation G. Franju, court-métrage inédit inclus dans Un instant de paix, 1965
– La Voleuse, réalisation J. Chapot, inédit, 1966
Films
– La Musica, coréalisé par Paul Seban, distribution Artistes associés, 1966
– Détruire dit-elle, distribution Benoît Jacquot, 1969. Premier film dont Duras assure seule la réalisation.
– Jaune le soleil, distribution Film Molière, 1971
– India Song, Gallimard, 1973, scénario, 1974, réalisé par Duras en 1975. Il obtient le prix de l’Association française des cinémas d’art et d’essai au Festival de Cannes.
– La Femme du Gange, film, Gallimard, 1973
– Baxter, Vera Baxter, distribution N.E.F. Diffusion, 1976
– Son nom de Venise dans Calcutta désert, distribution Benoît Jacquot, 1976
– Des Journées entières dans les arbres, distribution Benoît Jacquot, 1976. Prix Jean Cocteau.
– Le Camion, avec Gérard Depardieu, distribution D.D. Prod., 1977. On y voit Duras raconter, à Depardieu, un film qui aurait été tourné par eux.
– Le Navire night, Films du Losange, 1978
– Césarée, Films du Losange. 1979
– Les Mains négatives, Films du Losange, 1979
– Aurélia Steiner, dit Aurélia Melbourne, Films paris-Audiovisuels, 1979
– Aurélia Steiner, dit Aurélia Vancouver, Films du Losange, 1979
– L’Homme atlantique, 1981
– Agatha et les lectures illimitées, film, 1981
– Dialogue de Rome, production Coop. Longa Gitata, 1982
– Les Enfants, avec J. Mascolo et J-M Turine, 1985
*Jean Mascolo a créé la société multimédia Benoît Jacob qui lui permet de sauver et protéger une grande partie du patrimoine cinématographique de Marguerite Duras. Il rachète onze de ses films tombés en déshérence (les productions ainsi que plusieurs distributeurs ayant disparu), rendant ainsi à nouveau possible leur exploitation. En 1999, il diversifie son projet et crée successivement : Benoît Jacob Éditions et Benoît Jacob Vidéo et Benoît Jacob Audio.