Interview de Béji SANSA par Jean-Claude GUIRAUDON, autour du lancement des activités aérospatiales au club « Jeunes science » de Tunis, le 03 janvier 2009 à Djerba
Jean-Claude GUIRAUDON : Cher Béji, tu as été un des fondateurs, en 1974, de l’Association Jeunes sciences de Tunisie (AJST), qui continue aujourd’hui toutes ses activités, en particulier en organisant l’Exposcience du MILSET au mois de juillet prochain. Évidemment, cette association a été précédée de tout un ensemble d’activités, en particulier au niveau de l’espace. Est-ce que tu peux nous indiquer, comment, toi, tu as rencontré ces activités espace et comment tu es devenu un des plus fidèles et des plus solides animateurs de l’association ?
Béji SANSA : J’ai connu « Jeunes Science » en 1967. Je descendais tout frais de Paris. On venait alors de lancer la télévision tunisienne en 1966 [1]. Et, et voilà que mon patron me convoque me dit : « Tu vas voir un certain Abdelhamid FEKIH, qui s’amuse avec d’autres ingénieurs à faire de la science ». J’ai été voir et j’ai chuté dans un laboratoire d’électronique en cours d’équipement, où il y avait deux coopérants français, qui assuraient une initiation en électronique. Équipe, que j’ai rejointe, pour faire de l’animation en électronique.
À partir de là, on a été pris par le mouvement [2], et on avait organisé le premier camp scientifique du club l’année suivante (1968-69). C’était un camp multidisciplinaire avec deux disciplines qui dominaient : l’électronique et l’écologie. Pour l’électronique, la durée aidant (1 mois), chaque participant est rentré chez lui avec son poste radio, qu’il a monté lui-même, et qui chantait. Le kit a été gracieusement offert par le premier industriel, « El Athir », qui a lancé la première usine de montage radio et TV en Tunisie.
Le point de départ – la première étincelle
L’espace est venu suite à une exposition qui a été organisée par le Club à Tunis et à laquelle l’ANCS (Association Nationale des Clubs aérospatiaux français) de ces temps, avait participé. C’était dans les années 1968-69. Alors que l’exposition se tenait au premier étage du bâtiment, nous, les jeunes, nous étions au rez-de-chaussée. Les labos étaient au rez-de-chaussée. On est monté voir. On était ébahis. Et puis on s’était dit : « Pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas faire la même chose ». On s’est adressé à nos aînés, à Abdelhamid FEKIH principalement, pour dire : « Est-ce qu’on ne pourrait pas créer une section aérospatiale, comme ce que nous avons vu dans l’expo du premier étage ? »
Lui, rigolait d’abord et ensuite il nous a dit : « Ce sont des techniques réservées aux grands, à l’Occident. Ce n’est pas fait pour le petit monde que nous sommes, « les pays du Sud de la Méditerranée ». On lui a dit : « Écoutez, on va essayer. On pourrait certainement pouvoir faire quelque chose » _ « Je vous prends au mot, nous dit-il – mais d’abord je vais vous proposer pour un stage de formation dans les techniques aérospatiales, que l’ANCS organise en France ». C’était le point de départ.
Nous étions trois Tunisiens, au « camp espace », en France, en juillet 1970 : Abdelhamid BEN DHIAB dit « BIBI » ; Béji SANSA dit « BEJI » et Ali TARHOUNI dit « ALI ». Nous étions alors des participants, comme tous les autres participants à ce camp scientifique qui se tenait dans une caserne militaire à La Courtine (Creuse), dans le Massif central.
Les trois Tunisiens se sont alors dispatchés et noyés au sein des « équipes projets » du camp. J’étais avec « BIBI », un as dans l’émission-réception. Moi-même électronicien, et le reste de l’équipe, des jeunes Français. Notre équipe devait développer une fusée expérimentale mono-étage (diamètre 90 cm).
J’avais proposé de développer un système de télémesure multivoies, séquentiel, (un commutateur électronique), partageant le temps d’une trame et permettant de transmettre vers le sol plusieurs informations à travers l’émetteur de la fusée.
Le troisième Tunisien, Ali, s’est intégré à une autre équipe qui devait développer la première fusée expérimentale bi-étage française (diamètre 90 pour le premier et diamètre 60 pour le second). La pièce de liaison étant le cœur du projet. Elle devait assurer la mise à feu envol du deuxième moteur et la séparation des deux parties de la fusée.
Résultats de la campagne de lancement : Nôtre projet n’a pas été achevé. Donc la fusée ne pouvait pas être lancée. Et le hasard voudra que cet échec soit à l’origine d’un événement heureux, que je développerai par la suite. Quant à la « bi-étage », son lacement a été réussi, et c’était la première fusée à deux étages française qui a connu un succès total. (Avec le troisième Tunisien qui a contribué à la conception et à l’usinage de la fameuse pièce de liaison).
Retour à Tunis
On devait rentrer déçus à Tunis, c’était fin juillet. Notre ami Jean-Claude GUIRAUDON « JCG », qui a certainement apprécié le projet à sa juste valeur, nous a dit : « Écoutez, on va la lancer à Tunis cette fusée-là. Qu’est-ce qu’il vous faut comme temps ? ». Moi, je réponds : « Il nous faut quinze jours, pour reprendre un peu la partie électronique et pour permettre à « BIBI » de finaliser son émetteur ».
On est parti sur cette base. On est rentré avec cette fusée inachevée, avec ce qu’il faut pour le lancement. Tout a été transporté dans nos valises y compris le moteur. (propergol solide) ! JCG était du voyage. Il devait assurer la coordination des autres tâches du lancement : Champ de tir, pyrotechnie, … soit toutes les fonctions CNES et ANCS.
Tout a été mobilisé à Tunis pour que ce projet se termine. Tant en ce qui concerne l’électronique, la mécanique, la rampe de lancement... On a rassemblé des jeunes et on a associé avec nous l’armée nationale ; les télécommunications ; la RTT (Radiodiffusion Télévision Tunisienne), notre employeur ; l’aviation civile ; la météorologie nationale, … bref tous ceux qui pouvaient toucher de près ou de loin aux techniques aérospatiales. Tout le monde a répondu présent.
On a développé rapidement une rampe de lancement (à la tunisienne). C’était un croquis très vite fait, que l’on a confié à un ferronnier, que nous connaissions du côté des bureaux de la RTT.
Le lancement
Le lancement devait avoir lieu la dernière semaine d’août. Tout était prêt pour cette opération se concrétise : l’aire de lancement, le champ de tir, la réception hertzienne, … Tout était prêt pour que le lancement ait lieu le 28 août, à 10h du matin, sur un terrain militaire, dans la plaine d’UTIQUE, à 30 kilomètres au Nord de Tunis.
Le jour « j » et l’incident de dernière minute
La tente du PC avancé était réservée à l’équipe projet pour les dernières retouches de l’intégration de la pointe. L’équipement périphérique était là et bien pensé … (y compris le fer à souder). On devait assembler les dernières parties, mettre les goupilles, qui devaient tenir les deux parties de la fusée. Tout était OK … et hop …la fausse manœuvre… les jevelots ont pété … une séparation sous tente … Que faire ?
Le lancement était annoncé à 10 heures du matin. Il y avait un public extraordinaire. Je n’avais jamais pensé me retrouver dans ce rassemblement avec trois ministres, s’il vous plaît ! Dont le Ministre de l’intérieur, qui a tenu à répondre à l’invitation et assister au lancement.
Il fallait donc tout reprendre au niveau de l’intégration, et avoir le sang-froid qu’il fallait … Heureusement ; le Chef de projet a réussi à calmer et à rassurer toute l’équipe. Au final on s’en est sorti avec une heure de retard … et tout est rentré dans l’ordre … Ouf !
Et voilà, JCG qui sort du PC pour annoncer : « Effectivement, nous lançons à 10h, mais 10h GMT. » Et l’horaire de Tunis c’était GMT + 1.
Descente vers la rampe de lancement - qui était sous le commandement de « NOEL », un coopérant français en service au club – Mise sur rampe de la pointe - Évacuation rampe - Seul JCG restait pour la mise en place de l’allumeur pyrotechnique du moteur.
Le deuxième incident
Le lancement va connaître encore un événement, puisque pour la mise à feu, on fait démarrer la chronologie, silence radio, et puis … 9, 8, 7, 6, … 0, top ! La fusée ne part pas. On court vers la rampe, là aussi la sécurité … on marche dessus …, heureusement qu’elle n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. On descend voir, on enlève l’allumeur, on refait un deuxième allumeur au pied de la rampe, on rajoute de la poudre noire, pour donner un peu plus de vigueur à l’étincelle, et c’est comme ça que la fusée est bien partie à 11h28.
Séparation et ouverture du parachute
Pour le public, l’opération était terminée, la fusée est partie. Tout le monde applaudissait. Mais nous, on était encore inquiets, pare qu’il fallait attendre la séparation parachute.
Finalement on a entendu la fameuse séparation. Les jevelots pyrotechniques qui s’allumaient ; et les goupilles qui pétaient…
On a récupéré comme prévu, mais pas la totalité de la fusée, seulement la pointe utile. La carcasse du moteur, avec la case parachute, devaient être largués et descendre en chute libre.
La chance était avec nous
Cette fois-ci, on a été vraiment chanceux. Si on avait connu des malheurs auparavant, on va connaître des bonheurs. La carcasse du moteur est bien descendue en chute libre, dans un champ de coton, à deux mètres d’une bonne dame au travail ... ! Des gens sont venus nous chercher en nous disant : « Vous avez perdu quelque chose qui est tombée à côté de nous… »
Et nous ! ... Vous vous rendez compte ? ! Un machin comme ça, qui descend de 1500 mètres à côté d’une dame. Cela aurait pu être catastrophique. Mais, bon. On était tous contents.
Mais voilà que Jean-Claude, toujours égal à lui-même, qui arrive pour nous dire : « Non, non, ne vous inquiétez pas » (parce que les gens avaient eu peur). « Et si cet engin était tombé sur le gourbi d’à côté ? » _ « Non, non, tout a été calculé pour que cela tombe à cet endroit ! »
Cette fois-ci La chance était vraiment avec nous, pour ne pas vivre un drame.
Après le repli, on est rentré au club. C’était notre premier projet réussi.
La suite, a été une campagne de presse, un rapport de campagne, que l’on ne retrouve plus d’ailleurs. Je ne sais pas où il est, aucun exemplaire ne reste de ce rapport-là jusqu’à maintenant [3]. Je dois l’avoir dans les caisses que j’ai oubliées. Mais c’était un rapport d’une très haute qualité, qui a été monnayé par la suite, comme il se doit, pour avoir le soutien du gouvernement tunisien par la suite. Le soutien, principalement financier, ne tarda pas à venir. Il était de très haut niveau. Les caisses se replissèrent, au grand bonheur de FEKIH.
La conférence de presse
Abdelhamid FEKIH, notre plus grand, qui savait nager dans les hautes sphères de l’état, tenait à ce que l’opération se termine avec une conférence de Presse. Il arriva à la convoquer pour le 01 septembre 1970.
Trois étaient au podium : Abdelhamid FEKIH, Jean-Claude GUIRAUDON, Béji SANSA.
« MORJANE 701 » était, elle, en vedette. Elle fonctionnait. « Signaux de la télémesure sur oscilloscope Tektronix ».
C’est à cette conférence qu’il a été annoncé qu’une fusée à deux étages sera lancée l’année prochaine 1971.
La suite – La deuxième année - 1971
La deuxième année, on a refait l’expérience. C’est-à-dire qu’on a envoyé des jeunes Tunisiens (dont Mohamed Noureddine DHOUIB et Ali MENSI) à La Courtine pour participer au « camp aérospatial » de l’ANCS. Ils devaient développer une pointe bi-étage et rentrer avec. Chose faite.
L’épopée se poursuivra pendant plus de 20 ans, et ce, après la création de l’AJST en 1974.
La campagne de lancement de la deuxième année, a été d’une très grande dimension avec de la vidéo, de la télévision, un car de reportage, l’armée nationale en puissance avec hélicoptère, … c’était fantastique. Il y avait des ministres bien sûr.
Là, on avait repris la première fusée, Morjane 701. (701, pour l’année 1970 et fusée N°1). Pour l’année suivante 1971, la fusée MORJANE devait avoir le numéro 712, (N°2 de la série) Et une fusée bi-étage, qui a été aussi développée et lancée lors de cette campagne de 1971.
Pour cette bi-étage, IBN FARHASSE 711, la mise à feu du deuxième étage a bien réussi, mais c’est la séparation parachute du deuxième étage qui n’a pas fonctionné.
Alors que pour la première pointe, MORJANE 712, vu le drame qu’on aurait pu connaître avec la chute libre de la carcasse moteur à Utique, on devait également récupérer cette partie-là. C’est ainsi que pour cette fusée [4], il y a eu une récupération totale. Les deux parties ont été récupérées : la première avec un parachute propre et la deuxième avec un parachute propre. Dans la partie inférieure (du moteur) nous avons rajouté de l’électronique qui préparait un peu les mesures météorologiques. L’émission était dans la bande des vingt-sept mégahertz, avec une antenne qui suivait les fils du parachute. Trois expériences physiques sont commandées par un commutateur rotatif, électronique bien sûr, qui faisait passer les informations l’une derrière l’autre, dans une séquence répétitive bien définie.
Une télémesure (tlm) innovante pour les « Morjane »
L’électronique qui était dans les fusées « Morjane » était développée en s’inspirant des techniques aérospatiales du CNES. Comment ça ?
Quand on a été à la Courtine l’année dernière, et que je développais l’électronique, j’avais à côté de moi un professionnel du CNES, qui lui, s’occupait de l’émission-réception du camp. J’avais donc vu leur système de transmission de données, qu’ils utilisaient dans les fusées sondes pour mesurer les paramètres de la fusée. C’était un système de transmission de données séquentiel, qui envoyait les signaux dans des voies qui se suivaient et se répétaient selon des cycles bien définis dans le temps. Il m’a signalé une similitude avec le système d’analyse et de balayage TV. (Lignes utiles - Suppressions lignes - Trames - Repères trames …), mon domaine d’activité.
Il fallait donc pondre un système, définir un cycle dans le temps, le découper en plusieurs canaux, dans lesquels on enverrait les mesures. Il suffisait alors de développer un commutateur électronique qui passerait les informations l’une derrière l’autre, espacées dans le temps et à répétition, d’une façon séquentielle. C’est ce qui a été développé. C’est ce qui a été retenu comme « clou » du projet. Le reste étant de la mécanique de séparation, du calcul de temporisation, etc.
1970 et 1971 étaient donc deux années bien réussies. Années à grand succès.
Ensuite, il y a eu un arrêt, 1972-1973, parce que l’Association des Ingénieurs et Techniciens Tunisiens (AITT), du moment devait connaître un « tremblement de terre ». Il y a eu une Assemblée générale qui a effacé l’AITT, pour sortir avec une structure nouvelle, l’Union Nationale des Ingénieurs Tunisiens (UNIT). C’est comme si on ne voulait plus des Techniciens. On a donc écarté les Techniciens en leur disant : « Vous pouvez aller créer une autre association propre à vous, et nous, on devient des ingénieurs purs et durs ».
FEKIH se trouva en minorité dans cette Assemblée générale, certains torpilleurs de cette Assemblée ont même dénigré ce qui a été réalisé comme projets par Jeunes Science, plus particulièrement en matière d’espace.
Si vous voulez qu’on revienne aux autres secteurs, comme les sciences de la nature, la chimie, etc., parce qu’il y a eu d’autres projets aussi, qui ont eu droit de citer aussi dans des journaux. Mais, pour terminer avec ça, disons que 1972-1973, c’est du blanc.
Création de l’Association jeunes science Tunisie « AJST »
En 1974, création de l’Association Jeunes Science de Tunisie. Comment ?
FEKIH, énervé et frustré par l’Assemblée générale et se trouvant en minorité, a dit : « Bon, je vais prendre le Mouvement Jeunes Science, en faire une Association Jeunes Science, et la faire sortir de l’espace des ingénieurs. Elle sera une association scientifique au sens large et aux dimensions nationales. »
Jean-Claude GUIRAUDON : Merci Béji, pour cette première interview. On clôt cette première séance que nous reprendrons, et puis maintenant bonne soirée. Merci !
Béji SANSA : C’est moi qui vous remercie.
Abdelhamid FEKIH
Mon ami l’ingénieur, … l’homme de sciences, … l’homme de culture …
Témoignage d’un compagnon de 48 ans (1967-2015)
Béji SANSA, Tunis, le Samedi 09 Janvier 2016
LA PREMIÈRE RENCONTRE
1967. C’était la deuxième année du lancement de la télévision tunisienne qui était encore en période expérimentale. Mon patron - Mongi CHAFFAI - me convoqua dans son bureau et m’ordonna d’aller au 28 Avenue Habib BOURGUIBA demander un certain Abdelhamid FEKIH, Ingénieur des travaux publics et Secrétaire Général de l’AITT : Association des Ingénieurs et Techniciens Tunisiens, devenue UNI : Union Nationale des Ingénieurs et par la suite Ordre des Ingénieurs.
Une fois sur place, et après l’accueil de Monsieur FEKIH, je découvrais un bâtiment tout neuf dont le rez-de-chaussée est aménagé en laboratoires. L’équipement se terminait : chimie, écologie, électronique, mécanique, astronomie, photographie … Un grand jardin est réservé à l’élevage d’animaux, nécessaires aux travaux de sciences naturelles.
C’était le niveau de JEUNES-SCIENCE, le Mouvement Jeunes-Science, qui a été lancé sous l’égide de l’AITT en 1959.
MONSIEUR L’INGÉNIEUR
LE PARCOURS SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE
C’est le livre « Parcours du professeur Amor CHADLI » qui m’a permis de retracer celui de son ami Abdelhamid FEKIH (que le professeur Amor CHADLI trouve ici ma gratitude et mon entière considération).
Né en 1925 à Tunis, il entame ses études primaires à l’annexe du collège Sadiki à Tunis en 1930. Deux de ses camarades d’études à l’annexe étaient Chédly KLIBI et Amor CHADLI. Il a obtenu son fameux Certificat d’études primaires élémentaires en Juin 1937.
Il poursuivit ses études secondaires au même collège Sadiki à partir de 1937. En plus de ses deux compagnons du primaire on peut également citer Ahmed BEN SALAH, Mahmoud MAAMOURI, Mohamed BENNACEUR, … Quelle promotion !
C’était la génération de l’entre-deux guerres et de la Seconde Guerre mondiale. Cette période a eu des retombées négatives sur le déroulement de l’enseignement. Enseignement qui fut pratiquement suspendu.
Abdelhamid FEKIH était le « matheux » de la classe … (Confidence de son ami CHADLI). C’est ce qui l’amènera à poursuivre des études d’ingénieur à Paris après l’obtention du baccalauréat Mathématiques élémentaires en 1944, au Lycée Carnot.
Mathématiques supérieures, Mathématiques spéciales et Certificat de mathématiques générales entre Tunis, Alger et Toulouse, puis entrée sur concours (sur liste française) à l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie.
1951 : diplôme d’Ingénieur des travaux publics.
Comme tout bâtisseur, il ne pouvait mieux choisir.
LE PARCOURS PROFESSIONNEL DE L’INGÉNIEUR
De retour à Tunis, diplôme en main, avant l’indépendance, il ne pouvait être recruté comme ingénieur civil par l’administration coloniale - comme le lui permettait son diplôme. Ces postes étaient réservés aux seuls Français. Les « Autochtones » ne pouvaient pas prétendre à être égaux aux Français, même à diplôme égal.
Le mouvement pour l’indépendance n’était pas pour aider à ce recrutement, au contraire. Et comme tout militant engagé, il connut la prison et la torture qui lui ont laissé des séquelles lourdes. C’est ce que tiennent à rapporter ses compagnons de lutte.
L’administration lui proposa quand même un poste d’ingénieur contractuel à Medjez El Bab, début Janvier 1952. Contrat très vite résilié unilatéralement après seulement un trimestre.
Recrutement sur concours par le Ministère du commerce comme inspecteur des instruments de mesure en 1954. Il sillonna les souks et les marchés pour contrôler les balances et les poids … et ce, comme inspecteur de métrologie.
Ce n’est qu’après l’indépendance, en 1956 qu’il intégra la Municipalité de Tunis comme ingénieur principal cette fois-ci. Il prendra en charge les services techniques comme Directeur des travaux de la ville de Tunis.
Il ne rejoindra les travaux publics qu’en 1956. Il fera carrière dans le secteur des bâtiments civils : Construction et habitat.
Cette carrière sera malheureusement chahutée … douloureusement pour certaines périodes … la droiture et la compétence sont parfois balancés par d’autres considérations, autres que professionnelles ...
L’HOMME DE CULTURE
Si Abdelhamid a toujours épaté avec son savoir tous ceux qui l’on accompagné dans les visites des sites archéologiques de Carthage, Dougga, Bullarigia, … Mais également la Médina de Tunis. Il refait vivre ces sites avec force détails. Les us et coutumes de ceux qui les ont bâtis et peuplés. À la fin de la visite ou de l’exposé vous êtes ensorcelés. C’est comme si vous avez vécu en temps réel l’époque concernée.
Quant à la musique, si Abdelhamid FEKIH était une référence reconnue dans le « Malouf ». Qui n’a pas apprécié son large répertoire à Sidi Bou Saïd ? C’est une notoriété. Il en est de même pour la musique tunisienne classique. Combien de fois il était membre de Jury des festivals de musique tunisienne … de la chanson … Gare aux candidats qui chantent faux.
Il était fondateur en 1965 et Président jusqu’à 1975 du Club de Musique Andalouse (Malouf) de Sidi Bou Saïd.
Pour faire court, notre Ingénieur est l’homme au savoir culturel large. Très large même en ce qui concerne le patrimoine tunisien.
MONSIEUR LE PROFESSEUR
Monsieur l’Ingénieur était connu pour la rigueur de sa gouvernance dans la gestion du secteur des bâtiments. Cette rigueur a fini par déranger certaines « grosses pointures » du secteur … Il fallait s’en débarrasser. L’occasion a été donnée à l’occasion de la construction d’un certain immeuble à Tunis. C’était 1973 … Le bureau d’études et l’entreprise de construction de ce projet étaient de ces « grosses pointures ». On ne pouvait pas les poursuivre … Que faire pour étouffer la chose ? ... Écarter FEKIH …
Heureusement que la notoriété de la personne a fait réagir le Ministre de la culture du moment. Le capital savoir de la personne en matière de culture, et de patrimoine qui s’ajoutent à son rayonnement technique faisaient d’elle, « le candidat idoine » pour prendre en charge l’Institut des beaux-arts, d’architecture, et d’urbanisme (l’ITAAUT) qui relevait, à ce moment-là, du Ministère de la culture.
On lui proposa d’être le directeur de cette institution. Sa mission était de la restructurer et d’en faire une Grande École. Ce qui fût fait.
En plus de cette mission de direction, notre ingénieur assurait un cours destiné aux étudiants architectes. « Le SH14 les Marchés publics ». De la reconnaissance de ses anciens élèves, tant le cours que l’enseignant étaient de très haut niveau. Les promotions qui se sont succédé ont été toutes marquées par ce cours. Cours qui occupait une place fondamentale dans le cursus de leur formation. C’est de la richesse associée à de la précision. Notre professeur était reconnu comme émérite.
Il était chargé de chaire de 1974 à 2001.
L’ITAAUT devait par la suite se scinder en deux établissements universitaires, l’ENAU : École nationale d’architecture et d’urbanisme de Sidi Bou Saïd et l’École des Beaux-Arts et du Design de Den Den.
L’HOMME DE JEUNES-SCIENCE
LE FONDATEUR
Le mouvement Jeunes-Science a été lancé par un groupe d’ingénieurs présidé par le premier polytechnicien tunisien, feu Mohamed Ali ANNABI en 1959. L’AITT.
La première action de consolidation de ce mouvement était la construction d’un local qui offrirait « des espaces - laboratoires », permettant aux jeunes d’expérimenter les sciences et de réaliser des projets en toute autonomie. Le Mouvement devait également diffuser la culture scientifique et la vulgariser en direction des enfants, des jeunes et du grand public.
LE PREMIER LOCAL (1967)
Le premier local a été réalisé au 28 Avenue Habib Bourguiba. Le terrain a été offert par la municipalité de Tunis pour 99 ans. Le bâtiment a été construit par les bénévoles. Il a été inauguré en 1967, l’année de notre première rencontre.
Le laboratoire d’électronique était alors en cours d’équipement. Il devait permettre en période de démarrage, l’expérimentation de base. À mon arrivée, il était animé par deux coopérants Français (qui passaient leur service militaire). Il était piloté à distance, depuis Paris, par notre ami et compagnon de toujours Jean-Claude GUIRAUDON.
Pour passer au stade projets, il fallait compléter l’équipement et surtout assurer l’approvisionnement en composants et en consommables. Pour cela, un pont Tunis-Paris a été mis en place afin de répondre au mieux aux besoins. C’est ainsi que les premières manipulations d’initiation à l’analogique ont été assurées.
La machine s’est mise très rapidement en marche et tous les laboratoires se mettaient en activité.
L’apport de l’UNESCO était déterminant pour la réussite du projet dans son ensemble.
Le projet était porté par toutes les compétences du moment ... Tout le monde scientifique y a cru.
LE PREMIER CAMP SCIENTIFIQUE (1969)
Ce premier camp a été préparé par une mission UNESCO en 1968, dont seul FEKIH avait le secret de son organisation.
Personnellement, je devais faire une tournée dans quatre pays européens qui avaient le savoir-faire en matière d’organisation et d’animation de camps scientifiques d’été : l’Italie, l’Espagne, la France et la Belgique (dans les montagnes Suisses).
Après les préparatifs qui s’imposaient, le premier camp scientifique Jeunes-Science s’est tenu en 1969, en été. Il était appelé « stage », sa durée : 1 mois.
Les activités scientifiques –électronique et écologie principalement - étaient assurées au club même et l’hébergement à Dermech (Banlieue nord de Tunis). Le déplacement entre les deux lieux était assuré par le TGM.
Pour les participants en électronique, ils terminèrent leur mois de camp avec chacun son « transistor » qui chantait, monté par ses propres mains. (Un kit a été offert gracieusement par l’unique chaîne de montage Radio et TV du pays).
Le succès était total et spectaculaire.
Le mouvement Jeunes-Science était lancé.
LA PREMIERE FUSEE EXPERIMENTALE (1970)
Après la participation à un stage aérospatial que nos amis Français (CNES et ANCS) organisent tous les ans à la Courtine, au Massif Central, trois jeunes tunisiens étaient rentrés à Tunis avec leur fusée prête à être lancée, moyennant quelques parachèvements. FEKIH lui a choisi comme nom : MORJANE 701.
Le champ de tir a été préparé en un temps record avec le concours de l’armée nationale, la météorologie nationale, l’aviation civile et le pilotage de notre ami qui a cru plus que nous tous à la réussite de ce projet, Jean-Claude Guiraudon…
Le lancement a eu lieu en août 1970 sur un terrain militaire, à UTIQUE, près de Bizerte. Le succès était total sur tous les plans : technique, médiatique et surtout politique. L’événement a eu une portée nationale que personne n’attendait.
L’année suivante (1971) a connu une campagne de lancement avec deux fusées. MORJANE 712 qui reprenait MORJANE 701, en améliorant ses performances, et IBN FARNAS 713, une fusée à deux étages. Cette campagne était aussi bien réussie que la première et plus professionnelle. L’ANCS était présente avec trois experts : un électronicien, Pierre LEROY ; un pyrotechnicien, Francis GERARD et un technicien généraliste, Christian COMBIER.
L’homme le plus heureux était Abdelhamid FEKIH.
IL a misé sur la Jeunesse …
La Jeunesse a honoré ses engagements. Quelle fierté ! …
L’AJST - ASSOCIATION JEUNES-SCIENCE DE TUNISIE (1974)
L’esprit Jeunes-Science ne pouvait pas rester à Tunis capitale seulement. Il devait s’étendre à la Tunisie toute entière. Des clubs scientifiques régionaux. Des camps scientifiques plus nombreux. Des activités scientifiques innovantes… Il fallait donc créer une association aux dimensions nationales… C’était l’AJST. Elle fut créée au mois de Mai 1974 avec comme Président Hassen AKROUT et comme Secrétaire Général Abdelhamid FEKIH, l’homme de tous les défis.
Un nouveau siège a été aménagé dans l’un des pavillons de l’ex foire de Tunis à l’avenue Mohamed V. Un siège très spacieux et qui répondait à l’ensemble des activités de l’AJST : nationales, régionales et internationales. C’était le Club des Clubs.
L’AJST ET L’INTERNATIONAL
Il fallait que l’AJST contribue à la promotion des activités scientifiques et techniques pour les jeunes à l’échelle internationale. En voici quelques repères :
Les Jeunes et l’espace (1972)
Rassemblement de jeunes de tous pays avec des projets aérospatiaux.
Le 3èmerassemblement s’est tenu à Tunis en 1977. Il a été honoré par l’Astronaute Américain LUSMA qui a offert à l’AJST une copie du véhicule lunaire et une photo satellite du nord de la Tunisie.
L’union Arabe des clubs scientifiques pour jeunes (1979)
Promotion de l’esprit Jeunes-Science auprès de la jeunesse arabe.
Organisation de camps scientifiques dans les différents pays arabes.
L’AJST a piloté l’essentiel des activités de cette Union.
Le MILSET - MOUVEMENT INTERNATIONAL DES LOISIRS SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES (1987)
À l’initiative de nos amis Français il fallait fédérer les expériences régionales - des différents continents- et créer un mouvement aux dimensions planétaires. Organiser des « expo-sciences » tous les deux ans … La plus grande rencontre de Jeunes de tous pays qui viennent présenter leurs projets scientifiques.
La Tunisie en a organisé deux : 1990 et 2009.
L’AJST ET LE PARTENARIAT AVEC LE MINISTRE DE LA JEUNESSE – BIR EL BEY (1975)
Le ministère de la jeunesse voulait introduire les activités scientifiques dans les maisons de jeunes. Ce projet a été réalisé grâce à un partenariat triangulaire : AJST-ANCS-Ministère, conclu dans le cadre de la coopération franco-tunisienne. Tout un programme de formation de formateurs a été lancé au centre de Bir-El-Bey, à partir de 1975. Ce programme a duré près de cinq ans. Des stages ont été organisés principalement sur les techniques innovantes comme l’énergie, l’écologie, l’astronomie, etc… Des réalisations pratiques de projets fonctionnels sont toujours exposées en fin de stage.
Parmi les amis animateurs de ce programme, je dois citer Jean-Claude GUIRAUDON et Jean-Pierre TRILLET, qui ont fini par devenir les copains de tous les participants des cinq cessions et les amis de la Tunisie.
LA TRAHISON DE LA NATURE
Ce grand homme va être malheureusement trahi par la nature. IL va perdre la vue. Battant comme il l’a toujours été, il ne pouvait accepter que la cécité le condamne à tout arrêter. Les activités de Jeunes-Sciences doivent perdurer.
Il va continuer sans jamais s’arrêter jusqu’à connaître des accidents orthopédiques répétitifs qui finiront par le bloquer définitivement au lit, et ce jusqu’à la fin de ses jours.
Il a été accompagné dans ses souffrances en fin de parcours par une grande Douja, sa femme défunte avant lui. Sa nièce Raoudha a pris la relève pour l’accompagner jusqu’à son dernier souffle.
Que Raoudha et tous les siens trouvent ici notre entière considération.
AU GRAND HOMME QUI NOUS QUITTE
Cher regretté Abdelhamid,
Toute la famille Jeunes-Sciences t’assure que le mouvement que tu as créé et pour le rayonnement duquel tu as toujours milité, perdurera… C’est juré.
Tes amis, et les jeunes en qui tu as toujours cru, te remercient d’abord pour l’œuvre accomplie et t’assurent que tout continuera comme si tu es toujours présent parmi eux...
Sois tranquille
Si la Tunisie reconnaissante, devrait avoir son « PANTHÉON », alors, tu aurais été parmi ses grands hommes.
Repose en paix, ô très cher regretté.
Adieu
Hommage de Jean-Claude GUIRAUDON
MILSET
HONNEUR A ABDELHAMID FEKIH
Jean-Claude GUIRAUDON
TUNIS 09 01 2016
Très Chers amis,
Très, très cher Abdelhamid,
C’est avec de multiples émotions que je m’adresse à vous, à toi.
C’est avec énormément de tendresse et de respect que je veux, Hamid, témoigner de mon indéfectible amitié. Une amitié qui n’a jamais connu la moindre ombre pour atténuer, un seul instant, la brillance de nos relations.
C’était il y a longtemps, c’était hier, je ne sais plus, puisque le temps n’a en rien égratigné, cet instant qui va tant changer, tant compter dans mes vies personnelle, familiale et professionnelle. C’était en novembre 1965 à Strasbourg, ou une réunion du CIC nous a fait prendre ensemble un petit déjeuner. Vous étiez attablés Naceur, Cartozzo et Toi et je vous ai rejoints, croyant marcher vers trois congressistes d’un pas ordinaire, alors que c’était déjà la poigne du destin qui me poussait de l’avant.
Et depuis, les festins se sont succédés, pas forcément au petit matin, mais plus souvent fort tard, au club ou au café des nattes. C’est aux festins de ton esprit, de ton intelligence, de ta rigueur, de ton intégrité, de ton dévouement, de ton humour que j’ai été convié à chacune de nos rencontres, nombreuses certes, mais aussi trop rares.
J’ai partagé les chances de ton amitié avec beaucoup d’autres, à qui, comme moi, tu as beaucoup appris et pour qui tu es toujours un modèle. À tous, comme à chacun, tu n’as jamais laissé des miettes de ton talent, de ta générosité, puisque dans tes attentives conversations tu faisais toujours émerger une idée, avancer un dossier ou résoudre une difficulté de quelque nature que ce soit. Tu avais cette extraordinaire capacité d’accueil et d’écoute qui faisait ressentir à ton interlocuteur, la chaleur interne quasi magique, d’être à cet instant, d’être pour toi, la personne la plus importante au monde
Ce sera au service de la jeunesse tunisienne et française, en réalisant le Club Jeunes sciences de Tunis que nous allons nous lancer dans une collaboration qui est loin de connaître un terme comme le montre cette bien belle Exposciences 2009 à la Cité des sciences de Tunis. Un de nos rêves qui s’appelait alors Palais de la Découverte - nourri des premiers objets de la NASA reçus en 1977, est devenu bien réel au service de tous et dont des ébauches ont souvent germé lors des échanges transméditerranéens.
Durant des années c’est en un éternel bricolage que nous avons, avec les solides équipes, équipé chaque secteur : Espace, Physique, Électronique, Chimie, Sciences Naturelles, Astronomie. D’écrou en boulon, de transistor en circuit intégré, de lunette en microscope, de moteurs fusées en station de réception, de notice en bibliothèque, de clubs en camps d’été, de stages de formation en conférences, l’essaimage se fera dans toute la Tunisie, en assurant toujours une présence tunisienne musclée aux diverses manifestations internationales. Tous ces efforts ont été soutenus par le Ministère de la Jeunesse et d’autres, par l’ambassade de France et aussi par de grandes entreprises comme la STEG. Nous les en remercions sincèrement et profondément.
Collaboration est un mot bien faible. Il conviendrait mieux de parler de symbiose. Proches ou éloignés, notre confiance réciproque sera totale. Toujours en harmonie avec nos valeurs philosophiques, nos idéologies et nos croyances dans le respect de nos personnalités, faites de tant de différences et qui se transcendaient dans les devoirs d’éducation et de développement personnel dus aux autres et particulièrement aux enfants et aux jeunes.
Hamid, tes hautes valeurs humaines sont toujours au rendez-vous où me convient l’esprit et l’honneur. Il y a quelques semaines, notre association des Petits Débrouillards a reçu une belle - à mon avis la plus belle - distinction pour une organisation éducative : le prix Jean ZAY. La référence, la consécration pour les passionnés, simple enseignant, responsable pédagogique. Elle perpétue le souvenir de ce grand militant Jean ZAY, Ministre de la Culture et de l’éducation du Front Populaire de 1936, reconnu comme le Ministre de l’éducation française du 20ème siècle et qui mourra assassiné par la milice française en 1944.
Durant la cérémonie du transfert de ses cendres au Panthéon, dans mon esprit à la fois concentré et vagabond, j’ai pensé à toi Hamid.
J’ai pensé au militant tunisien. Un de ceux qui ont voulu et contribué à donner à la TUNISIE un avenir de pays autonome et respecté. Au sein de l’organisation des ingénieurs, comme notre ami Hassen le fera à la présidence de l’Union des étudiants, tu as agi individuellement et collectivement dans une révolution qui réussira en évitant les dérapages dangereux grâce au génie du Président BOURGUIBA et à la clairvoyance des acteurs que vous étiez.
Tu as montré qu’il faut savoir être rigoureux dans ses objectifs et ne jamais transiger ensuite sur les exigences, pour aboutir dans la plus grande honnêteté. Cela tu le montreras et en sera la victime lorsque à la tête de la Construction au Ministère de l’équipement tu refuseras la médiocrité et la corruption demandées par des arrivistes, ce qui te coûtera ta carrière et complémentairement en coûtera au pays privé de tes vigilantes compétences et de tes sages expertises.
J’ai aussi partagé un peu de votre vie avec Douja, inséparable épouse de tous les jours - Je me souviens de votre voyage de noces où vous étiez passés nous voir Nicole et moi dans notre éphémère appartement de Champigny dans les grondements de mai 1968.
Notre respect et notre amitié ont été partagés y compris dans les moments difficiles que vous avez surmontés. Ceux de la maladie et maintenant de la faiblesse, mais surtout le drame vécu de l’abandon familial de votre fils adoptif. Dans cette épreuve, vous avez été dignes à chaque instant.
Hamid ces retours en arrière, sont d’énormes coups de projecteur aujourd’hui pour éclairer demain.
Ne jamais renoncer, respecter la culture les sciences l’histoire et donner la priorité à l’éducation de la jeunesse portant dans le cou un jour et à jamais à l’obscurantisme.
Merci de ses précieuses injonctions.
Hamid d’affectueux baisers d’au revoir et mes remerciements à Raoudha ta nièce, qui t’a merveilleusement accompagné aux côtés de Douja, tes dernières années parmi nous.
Plein de bises de notre part
Jean-Claude GUIRAUDON