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Pierre Vidal-Naquet, signataire du "Manifeste des 121"

Quelques indications biographiques et bibliographiques relatives à Pierre Vidal-Naquet, par Taos Aït Si Slimane. texte publié le vendredi 3 février 2006 à 19 h 39 sur le mon blog Tinhinane.

« Faire de l’histoire, c’était, à mes yeux, réfléchir sur la totalité. Il m’apparaissait que c’était le meilleur moyen de m’intéresser à tout ce qui me passionnait l’histoire elle-même, bien entendu [...], la philosophie et la littérature, c’est-à-dire la poésie, le roman et le théâtre. » Pierre Vidal-Naquet.

« Sans l’oubli, pas de mémoire possible. Toute mémoire est choix, elle se détache sur un fond d’oubli. Oubli et mémoire sont, tous deux, indispensables. L’oubli peut être une vertu. » […] Mais à côté de cet oubli « naturel », il y a aussi des oublis pervers […]. Pierre Vidal-Naquet.

Je ne crois guère à la vérité absolue, mais je crois beaucoup à la nécessité de débusquer l’imposture, même à propos de l’Atlantide. Pierre Vidal-Naquet.

« Je suis très amoureux des éclairs de vérité, même si je ne crois plus aujourd’hui qu’ils suffisent à éduquer la planète pour toujours. Je ne dirais plus, comme Héraclite, que « la foudre pilote l’univers ». Pierre Vidal-Naquet.

Pierre, Emmanuel Vidal-Naquet est né le 23 juillet 1930, à Paris, dans une famille laïque et républicaine du Comtat Venaissin (Carpentras, Avignon). Marié, à l’église, avec Geneviève, historienne elle aussi, ils eurent trois fils. Officier de la Légion d’honneur (27 septembre 1990) et, en Grèce, commandeur de l’Ordre du Phénix, Pierre Vidal-Naquet est décédé à Nice, le samedi 29 juillet 2006, suite à une hémorragie cérébrale qui l’a plongé dans le coma à partir du 24 juillet 2006.

Pierre Vidal-Naquet connu une enfance heureuse au sein d’une famille cultivée, engagée politiquement, dreyfusarde. Après avoir quitté Paris pour la Bretagne, sa famille se réfugie à Marseille, son père, entré très tôt dans la Résistance, refusant de quitter la France. Il avait onze ans quand son père, spécialiste du droit littéraire, s’est vu interdire d’exercer sa profession d’avocat au prétexte qu’il était d’ascendance juive. Le 15 mai 1944, Lucien et Margot Vidal-Naquet, ses parents, sont arrêtés, à leur domicile marseillais,par la Gestapo. Pierre et sa sœur Aline, avertis à temps, ne rentrent pas chez eux. Son frère François réussit à s’échapper. Margot jette le petit Claude (qui se suicidera en 1964), qui n’a que quelques mois, dans les bras d’une voisine. Le couple est déporté, deux semaines plus tard, dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Adolescent, Pierre espéra longtemps leur retour au sortir de la guerre, il se berça aussi de l’idée que Lucien avait été déporté pour ses liens avec la Résistance, et non comme juif, lui qui détestait les rabbins, les preuves du contraire s’imposent très vite à lui.

Robert Bonnaud, historien, ami d’enfance et compagnon de route de Pierre Vidal-Naquet, témoignage (sur les ondes de France Culture, le mercredi 2 août 2006) : Les parents de Pierre Vidal-Naquet étaient réfugiés à Marseille pour échapper à l’antisémitisme et à la Gestapo. Le lycée Périer était le plus proche, c’était l’endroit où j’habitais, c’était un lycée très bourgeois, il y avait pas mal de professeurs résistants, anti maréchalistes. Ça a joué un rôle, si j’ose dire, dans le salut de Pierre Vidal-Naquet. Il a failli être arrêté par la Gestapo. S’il a échappé à la Gestapo c’est grâce à quelques amis et grâce également à quelques professeurs du lycée Périer qui l’ont hébergé à cette époque-là. C’était au printemps 44, c’était très près du débarquement de Normandie, et c’était très près aussi du bombardement du 27 mai 44 qui a détruit une partie de Marseille, un bombardement des Américains, ceci pour mesurer les choses avec leur véritable importance. Il n’y avait pas beaucoup d’héroïsme là-dedans, il y avait du drame. […] Il y avait beaucoup de réfugiés. Dans notre propre classe au lycée Périer, il y en avait plusieurs, il n’y avait pas que Vidal-Naquet. Il y avait des gens d’origine allemande, d’Europe Centrale,… qui étaient réfugiés également dans le Midi, pour certains. Il y avait des enfants scolarisés au lycée Périer. Le lycée Périer ne s’appelait pas lycée Périer à l’époque. Il s’appelait le lycée du Maréchal Pétain. Ceci pour vous mettre dans l’ambiance. […] On s’intéressait beaucoup à la littérature plus qu’à l’histoire. Le hasard, sans doute, voulait que les profs d’histoire, à l’époque, étaient moins brillants, dans ce lycée en tout cas, que les profs de lettres. Et les gens qui nous ont marqués, qui nous ont influencés, qui nous ont éblouis, quelquefois, étaient des professeurs de français, latin et grec. […] Il y avait ces professeurs excellents, pas tous mais certains en tout cas, il y avait aussi le père de Pierre Vidal-Naquet, qui était avocat en chômage et réfugié à Marseille, qui avait une grande culture littéraire. Et c’est chez lui, chez Vidal-Naquet, que j’ai lu, pour la première fois, des gens comme Aragon, Eluard, Pierre Emmanuel, Patrice de La Tour du Pin, il y avait un certain nombre de gens dont certains étaient de très grands poètes. Alors, c’était plutôt la littérature et la poésie qui nous passionnaient et puis c’était la politique, à cause de l’époque. C’était de l’histoire très contemporaine, ce n’était pas de l’histoire ancienne. On ne s’intéressait pas à Estelle ou à Sparte à l’époque. On s’intéressait au front russe, où les Russes avançaient préparant la libération pour les Américains. Et puis on s’intéressait beaucoup aux événements de politique intérieure française. Bon, beaucoup de politique, beaucoup de poésie, beaucoup d’engagement déjà, on avait nos opinions politiques. Vidal-Naquet, moi et puis certains autres élèves ont joué un certain rôle lors de l’arrestation des Vidal-Naquet d’une certaine façon. Le fait que Pierre ait échappé à l’arrestation. Il était sorti, ce jour-là, du lycée à 4h, il était allé voir, au centre ville de Marseille, une exposition, je crois. Marseille était pleine de réfugiés, de peintres, de poètes, de musiciens, d’éditeurs, qui étaient réfugiés-là, à cause des circonstances. Vidal-Naquet, sur les conseils de son père, était allé voir, je crois, une exposition. A la sortie du lycée on ne le voit plus. Il va au centre ville. On voit la cuisinière de ses parents, cuisinière ou gouvernante, je ne sais plus, qui est en pleurs, qui nous connaît, nous le petit groupe des amis, parce qu’on allait chez Monsieur Pierre les jeudis pour des goûters. Elle est en pleurs. Elle nous voit, nous salue, nous accroche et nous dit : « Où est monsieur Pierre, où est monsieur Pierre, la Gestapo est à la maison ? » C’est comme ça qu’on a eu l’occasion de sauver Pierre Vidal-Naquet de l’arrestation éminente par la Gestapo. L’un de nous savait où était l’exposition que Pierre Vidal-Naquet était allé voir, on s’est posté sur la trajet du Tramway qui allait entre le centre ville et la maison des Vidal-Naquet, on s’est posté là, on l’a cueilli sur la plate-forme d’un tramway et on lui a dit : « ne va pas chez toi, la Gestapo t’attend. » C’est comme ça que ça s’est fait. On l’a planqué chez un professeur du lycée Périer, un de ces professeurs résistants dont j’ai parlés. Le professeur d’anglais qui l’a caché un certain nombre de jours puis il a été évacué vers la Suisse.

À la Libération, après avoir été notamment accueilli dans une communauté protestante du sud de la France, Pierre Vidal-Naquet revient, à 15 ans, à Paris. En 1947-1948, il entre en classe d’hypokhâgne au lycée Henry IV (Paris). Lecteur passionné des tragédies grecques, il passe l’agrégation, en 1955, et se spécialisa dans l’étude de la Grèce antique. Deux ans plus tard il est jeune assistant à la faculté de Caen. A la question de Thierry Paquot, le 30 janvier l998 : Pourquoi s’intéresser à la Grèce antique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ? Pierre Vidal-Naquet répond : « J’ai décidé de m’intéresser à la Grèce en 1951 et de faire un mémoire, ou ce que l’on appelait à l’époque un diplôme d’études supérieures, sur la conception de l’histoire chez Platon. Il y avait là une sorte de paradoxe déclaré, c’est-à-dire que je voulais travailler sur la représentation de l’histoire chez le philosophe le plus hostile à l’histoire qui n’ait probablement jamais existé. Pourquoi choisir la Grèce et, d’une certaine manière, la philosophie grecque ? J’avais d’abord pensé, lorsque j’étais en hypokhâgne puis en khâgne, à faire une thèse sur la guerre d’Espagne. Et puis je me suis dit que cela collerait tellement bien avec mon orientation politique que les risques d’une non distanciation seraient évidents. En revanche, l’antiquité grecque me permettait d’avoir un pied dans un monde si lointain que je n’aurais pas de raisons politiques majeures de « débloquer »... Cela ne m’interdisait pas de faire autre chose, la preuve ! Pour moi, ce sujet représentait le « soulier de satin » de Prouhèze, qui, avant de s’engager dans la vie amoureuse, le dépose sur l’autel de la Vierge, comme le met en scène Claudel. C’était une manière de prendre le recul nécessaire. »

Pierre Vidal-Naquet s’est rattaché à l’école de la micro histoire, fondée en Italie, par Carlo Guinzburg et Giovanni Levi. Il revendique pour maîtres les historiens Henri-Irénée Marrou, Marc Bloch - dont le testament, L’Étrange défaite, l’avait profondément marqué - et les spécialistes de l’Antiquité grecque Jean-Pierre Vernant, Moses Finley et Arnaldo Momigliano. A Thierry Paquot qui lui demandait : « Partant de la philosophie de Platon, vous devenez non pas un historien helléniste, mais plutôt un anthropologue de la Grèce antique. Est-ce dû à votre rencontre avec Jean-Pierre Vernant ? » Il répond : « Oui. Je l’ai rencontré pour la première fois en 1956 ou 1957, et j’ai commencé à suivre son séminaire lorsque j’ai été suspendu, pendant un an, pour avoir signé le « Manifeste des 121 » en 1960. Cette rencontre avec Jean-Pierre Vernant a été absolument décisive. C’est également durant cette période que j’ai découvert l’œuvre de Louis Gernet et celle, essentielle pour moi, de Claude Lévi-Strauss. A la suite de la parution de mon premier livre d’histoire ancienne, « Clisthène l’Athénien », écrit avec Pierre Levêque en 1964 - réédité plusieurs fois, puis traduit en anglais -, j’ai reçu une lettre de Victor Goldschmidt, le grand spécialiste de Platon, qui remarquait déjà, bien que l’objet soit très différent, une parenté avec Lévi-Strauss. Elle s’est fortement aggravée, si j’ose dire, dans la deuxième moitié des années soixante, lorsque j’ai lu d’un coup, durant un été, l’ensemble de l’œuvre de Lévi-Strauss. J’ai commencé à penser en termes d’opposition ou de couple d’opposition, et c’est à ce moment que j’ai écrit l’article sur « Le chasseur noir » et « L’origine de l’éphébie athénienne ».

Trois jours après le décès de Pierre Vidal-Naquet, Jean-Pierre Vernant évoque, sur les ondes de France Culture, le lundi 31 juillet 2006, les circonstances de leur rencontre : « Vers les années 1957, c’était, je crois, à la Closerie des Lilas. Il y avait une conférence de presse du Comité Audin, dont Pierre Vidal-Naquet était un des animateurs, et il se trouve qu’à cette conférence de presse j’étais avec Louis Gernet, mon maître, mon ami, qui était l’ancien doyen d’Alger, qui avait pris des positions, avait signé « Le Manifeste des 121 », bref, qui était sur la même longueur d’onde que Pierre ou que moi. Donc, nous étions, Louis Gernet et moi, à cette conférence de presse à laquelle participait Vidal et on est sortie de la Closerie des Lilas avec Vidal. Et pourquoi ça ne manque pas d’intérêt en dehors de l’anecdote ? Parce que, je crois, nous avons croisé les affaires algériennes et, Pierre et moi, nous étions dans cette période engagés dans des travaux purement, disons, scientifiques sur la Grèce ancienne. On a parlé à la fois des affaires algériennes, de l’affaire Audin, de la torture et de tous ces problèmes, Gernet, Vidal et moi, et en même temps Vidal m’a signalé qu’allait paraître dans un périodique spécialisé un article de lui qui devait s’appelait, je crois, « Temps de Dieux et temps des hommes », qui était un des premiers articles qu’il pouvait faire, qu’il avait voulu faire sur le problème de la tragédie antique. Or, le hasard voulait que dans le même volume, à la même publication, à la même date sortait un article de moi, cette fois, chacun ignorant que l’autre faisait un papier sur des problèmes analogues qui devait s’appeler, peut être mais j’ai oublié, « Le moment historique de la tragédie en Grèce ». […] Nicole Loraux, Vidal, moi, Detienne, on n’appliquait pas des recettes, on n’adhérait pas à des dogmes. On suivait un même chemin, qui était quoi ? Qui était d’essayer d’allier à l’exactitude, à l’érudition, le travail sérieux, solide qui est celui des hellénistes, une espèce d’éclairage neuf. Pourquoi ? Parce que pour nous, déjà avec Gernet, - Gernet était hellénistes et sociologue aussi - on essayait de voir ce que l’on appelait le miracle grec. Pourquoi un miracle ? Pas un miracle mais les changements qui se sont produits dans le monde occidental, sur les rives de la méditerranée, de cet héritage qu’ils ont transformé, un héritage qui venait de l’Orient. Comment ça se fait ? Pourquoi ce petit pays avait inventé tant de choses ? On regardait ça en sociologues en même temps qu’en historiens et en anthropologues parce qu’aucun de nous n’a jamais pensé que cette Grèce à laquelle nous nous intéressions était une sorte de modèle éternel, que les Grecs avaient tout inventé qu’ils étaient la vérité de la civilisation, d’eux-mêmes, de la vie politique, de la démocratie. On avait le sens que les Grecs avaient été sur une voie, ils avaient ouvert une voie mais que l’on ne comprenait ni la façon dont cette voie avait été tracé ni ses découvertes, ni ses limites qu’à condition d’avoir toujours en tête et d’autres civilisations, d’autres cultures, de les comparer… On pensait que sur tous les problèmes que l’on étudiait, que ce soit la guerre, la religion, que ce soit la vie collective, que cela soit l’art, que cela soient les récits légendaires, les traditions, à côté de la Grèce il y avait la Chine, il y avait l’Inde, il y avait l’Afrique et tout cela, il y avait l’Amérique et les civilisations précolombiennes. La Grèce seule, je reprends une formule de Gernet, « Comme si la Grèce était un Empire à elle-même », un Empire fermé sur elle-même. C’est ça qu’on essayait de détruire. Et en détruisant cela bien entendu il y avait des arrières plans politiques parce que cette idée d’une Grèce éternelle qui était un modèle pour nous, aujourd’hui, était une idée conservatrice, réactionnaire, alors que notre idée de tenir compte de toutes les sciences de l’homme et d’avoir toujours en tête la relativité de cette civilisation que nous étions en train d’explorer c’était une idée progressiste, c’était une idée d’ouverture sur l’histoire humaine et pas seulement sur l’histoire occidentale. Avec l’idée, monstrueuse, que puisque nous étions les héritiers de la Grèce et bien le monde devait nous appartenir sur le plan religieux, sur le plan scientifique, sur le plan le plan industriel. Non pas du tout ! Nous n’avions pas reçu une sorte de d’héritage culturel de droit divin parce qu’il y avait la Grèce. Au journaliste qui suggérait, dans sa question, que la rencontre entre Pierre Vidal-Naquet et Jean-Pierre Vernant ait été facilitée par des éléments biographiques analogues, Jean-Pierre Vernant répond : Je ne crois que parce que mon père a été tué à la guerre de 14, ses deux parents ont été arrêtés par la Gestapo alors que lui était au lycée de Marseille, à côté. Ils ont arrêté son père et sa mère avec le garçon le plus jeune. Lui, ses deux parents ont été tués. Ils morts là-bas, dans une espèce de chose qui est sans comparaison. Mon père était socialiste à ce moment-là, ou socialisant, il était réformé, il s’est engagé volontaire comme deuxième classe, évidemment mon enfance a été nourrie de cette idée. Mon père je ne l’ai jamais connu. Il a été tué en 15, je suis né en 14. Mais ce n’est pas pareil. Dans ma jeunesse, la mort de mon père cela voulait dire la haine de la guerre, l’absurdité de ce massacre de 14-18. Tandis que ce qui est arrivé aux parents de Pierre était lié à cette chose incroyable qu’a été la Shoa. Cette chose incroyable qui est qu’un des pays de l’occident le plus civilisé à tous égards, scientifiquement, culturellement, a été capable de ça. Pierre se trouvait, comment dirais-je, engloutie dans cette espèce d’immense problème, tout autre que le mien, que le mien qui était le rattachement à une ligné contre la guerre, dreyfusarde, ça c’était beaucoup plus proche. L’affaire Dreyfus, mon grand-père avait fondé un journal, dont mon père a été le directeur, qui s’appelait « Le Briard » et qui a été pour Dreyfus. Dans mon enfance, j’avais à la fois cette guerre monstrueuse et l’affaire Dreyfus, qui était une autre monstruosité, qui a été combattue et finalement la libre pensée, le sens de la vérité avaient triomphé. Pierre représente, sur le plan de l’histoire, ce qu’il y a de meilleur dans cette tradition française que l’affaire Dreyfus a mise à jour : un intellectuel engagé mais engagé non pas par fanatisme mais engagé par amour de la vérité. Comme Pierre, quand il traite de la Grèce ancienne, il fait son métier d’historien, à la fois érudit et novateur mais en même temps, quand il traite des problèmes de « L’affaire Audin », ou quand il traite de la torture, ou quand il traite des crimes de l’armée française en Algérie, ou quand il traite des négationnistes, il le fait non pas par une espèce de passion partisane mais parce qu’il est habité en historien, par la passion de la vérité. Et ça, c’est une ligné qui existait en France, qui a été son honneur, il en était peut être un des derniers représentants, éclatant, et sa perte ça crée un vide à la fois dans la vie politique et dans la recherche historique d’aujourd’hui. C’est ça que je pense, moi. »

De 1969 à 1990, succédant à Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal Naquet fut directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Il prit la direction du Centre Louis Gernet, fondé par Jean-Pierre Vernant, le laboratoire de recherches comparées sur les sociétés anciennes.

Sur sa formation politique, répondant à Thierry Paquot, Pierre Vidal-Naquet dit : « disons que je suis un centriste d’extrême gauche. Autrement dit, contrairement à la plupart des intellectuels de ma génération, je n’ai jamais été membre du parti communiste. […] À cause d’un événement que vous n’avez probablement pas oublié, qui est le procès Rajk en 1949. À ce moment-là, avec Charles Malamoud, nous avons étudié le « Livre bleu » hongrois, et nous sommes arrivés à la conclusion qu’il s’agissait d’une escroquerie monumentale. J’y avais songé comme tout le monde mais ma décision fut irrévocable, je n’adhérerai jamais au parti communiste. Quant au reste de ma formation politique figurent à l’arrière-plan l’affaire Dreyfus et, à l’avant-plan, la guerre d’Algérie, contre laquelle je me suis engagé très tôt, dès 1955. J’ai été membre du PSU pendant quelques années mais je n’y ai pas fait carrière, si je puis dire. Je n’ai jamais été un homme politique. »

Dans un autre entretien, Pierre Vidal-Naquet apporte d’autres éclairages : J’ai bien été tenté, en 1948-1949, de rejoindre le Parti communiste, à l’époque, c’était le seul parti auquel on pouvait songer à adhérer. J’ai dit à mon ami Charles Malamoud : « Ce sera pour faire de l’opposition à Staline. » Il me l’a déconseillé, en me prédisant que cela se passerait mal. Quoi qu’il en soit, cette hypothèse devient pour moi inenvisageable, dès les procès de Rajk et de Slansky. Et puis il y a eu l’expérience du Comité Audin. Certains de ses membres étaient communistes, à commencer par deux de ses fondateurs : Michel Crouzet, un stalinien de vieille roche qui commençait à se déstaliniser (il est maintenant à la droite de Le Pen) et Luc Montagnier, un communiste tout à fait orthodoxe (je pense qu’il l’a oublié). Pourtant, nous y avons raisonné hors des partis, et les positions que nous avons adoptées auraient été inconcevables dans le cadre d’un parti politique. Pour ce qui concerne son adhésion à un parti politique il dit : « Ma seule expérience, en matière d’engagement dans un parti, a été mon adhésion, pendant quelque mois, à l’Union de la Gauche Socialiste (UGS) puis au PSU. Mais c’étaient plutôt des clubs de discussion. Une autre tentation a été pour moi Socialisme ou Barbarie. Quand je les ai rencontrés, j’ai dit à Jean-François Lyotard : « Ce qu’il y a de bien chez vous, c’est le côté Alain - le citoyen contre les pouvoirs. » Mais il a pris cela pour une critique. »

Trois événements historiques constituent les pierres d’attente de l’engagement politique de Pierre Vidal-Naquet : Le premier, est en partie lié à son histoire familiale et à la deuxième guerre mondiale (voir plus haut). Le shoah deviendra un de ses sujets de prédilection. Le second événement est également, en partie, lié à son histoire familiale. Il s’agit de l’« Affaire Dreyfus » : « Toute ma vie a été marquée par le récit que m’a fait mon père à la fin de 1941 ou au début de 1942 de l’affaire Dreyfus (...) C’est aussi à travers « L’Affaire » que j’ai été formé non seulement à la politique mais à la morale et à l’histoire. » Pour lui, comme pour de nombreuses générations d’intellectuels engagés, l’affaire Dreyfus est un modèle de l’injustice couverte par la raison d’État et le mouvement dreyfusard un modèle d’engagement pour la justice. En 1948, le professeur Mario Roques, membre de l’Institut, qualifia d’« affaire Dreyfus à l’échelle de tout un peuple » les répressions coloniales que subissaient les députés malgaches. Durant la guerre d’Algérie, les intellectuels du « Comité Audin ».

Le troisième événement peut d’une certaine façon constituer une synthèse des deux premiers. Le récit paternel de l’affaire Dreyfus marque l’origine de son refus de l’injustice, la deuxième guerre mondiale, dont il a souffert, le renforce, le consolide. Après la Libération, Pierre Vidal-Naquet sera de tous les combats contre la torture, le négationnisme, pour les décolonisations et le respect des droits de l’homme. Il écrit son premier livre, publié en 1958 par les éditions de Minuit, L’Affaire Audin  [1]. Pierre Vidal-Naquet dit : « C’est la guerre d’Algérie qui a fait de moi un dreyfusard en action ». « Vous savez, avant d’être déporté, mon père a été torturé par la Gestapo à Marseille. L’idée que les mêmes tortures puissent être infligées d’abord en Indochine et à Madagascar puis en Algérie par des officiers ou des policiers français m’a fait horreur. » Il s’agissait donc, pour lui, de ne pas accepter que la France, tout juste sortie de l’occupation allemande, fasse la même chose en Algérie, de ne pas admettre que des Français torturent comme les nazis l’ont fait, de ne pas laisser enlever et tuer une personne coupable de ses seules convictions. Extrêmement vigilant contre la pratique de la torture, il fut avec le Comité Audin (qui envoya un texte dans toutes les rédactions), parmi les très rares personnalités à protester et condamner, en 1962, les tortures infligées aux gens de l’OAS arrêtés ».

Pierre Vidal-Naquet était un jeune historien, assistant à la fac de Caen, quand il reçu une lettre de Josette Audin qui n’avait aucune nouvelle de son mari :« J’étais, à l’époque, assistant à la faculté des lettres de Caen et le monde s’est mis à publier, régulièrement, des protestations contre la disparition de Maurice Audin, qui était, lui, assistant de mathématique à l’université de science d’Alger. Audin, avait deux ans de moins que moi, je crois, mais était père de trois enfants. J’ai envoyé une de ces lettres et c’est ainsi que j’ai reçu une lettre de Josette Audin. La première chose que Josette Audin m’ait écrite c’est que le sort de son mari était en réalité celui de quantité d’algériens musulmans. Elle était très consciente du fait qu’on s’occupait d’Audin parce qu’il était européen et communiste et que les quelconques musulmans qui se faisaient pincer tous les jours et que les contingents appelaient les sans nom patronymique Mohamed, les SNP Mohamed, ceux-là disparaissaient sans que l’on s’en occupe beaucoup. », extrait de l’émission « La Nouvelle Fabrique de l’histoire » sur les ondes de France Culture, 20 juin 2006.

Pierre Vidal-Naquet fut un des fondateurs du comité Audin qui se constitua. Le premier président du comité fut Albert Châtelet (1883 – 1960), professeur de mathématiques à la Sorbonne auquel succéda, après son décès, Laurent Schwartz. Jean Dresch (1905-1994), un géographe communiste et Henri-Irénée Marrou (1904-1977), un historien de l’antiquité catholique furent ses deux vice-présidents. Le Comité eu quatre secrétaires : Jacques Panijel, Michel Crouzet, Luc Montagnier puis Vidal-Naquet. Faisaient, également parti du comité Pierre Deyon, Madeleine Ribérioux et, bien sûr Josette, Audin. Homme-clé du Comité Audin et de « Vérité-Liberté », Pierre Vidal-Naquet commença alors sa première enquête d’histoire. Il « naviguait à vu » et harcelait les juges et les pouvoirs qui se drapaient des raisons d’Etat : « J’ai travaillé avec l’obsession qu’il se soit vraiment évadé. » mais « Son silence était inexplicable ». Il recherchait les « traîtres » et rédigea son premier livre, son « J’accuse », L’affaire Audin. Un livre qui lui permit de démontrer les contradictions des versions officielles, et de proposer une version plus vraisemblable : Audin serait mort sous la torture, et une pseudo évasion aurait été mise en scène par ses gardiens pour camoufler sa mort. Quand, l’ex-sergent Cuomo a révélé (Humanité du 14 mai 2001) qu’il n’avait pas pu voir Maurice Audin le jour de sa prétendue disparition et se demanda s’il n’avait pas été victime d’un coup monté de ses supérieurs, Pierre Vidal-Naquet dit : « C’est un témoignage capital qui confirme le scénario que j’ai, pour ma part, toujours imaginé. Dès 1958, dans la préface de mon premier livre, l’Affaire Audin, Laurent Schwartz, qui présidait le comité Audin, écrivait que Cuomo était le « maillon faible » de toute cette mise en scène. Parce qu’il n’était pas à ce moment-là un militaire professionnel, il avait été désigné pour jouer un rôle qu’il n’avait pas choisi. On lui a dit que c’est Audin qui s’échappait, car on avait absolument besoin de son témoignage. Mais les détails qu’il révèle aujourd’hui sur ce personnage au visage dissimulé par une cagoule accréditent totalement la thèse du coup monté par la hiérarchie militaire. »

En juillet 2003, il participe à l’appel « Une autre voix juive », qui regroupe des personnalités juives solidaires du peuple palestinien : « Je fais une distinction. Si les Palestiniens ont commis des fautes très lourdes, la politique menée par Ariel Sharon est proprement criminelle. Il ne faut pas hésiter à le dire. Nous prenons beaucoup trop de gants actuellement. Je suis à ce titre scandalisé de voir que la communauté juive est soit muette, soit approbatrice face à la politique de Sharon. Aujourd’hui, la première urgence est de séparer les combattants. L’action doit être menée si possible au niveau européen ; à défaut au niveau français. Le ministre des Affaires étrangères dit des choses justes, mais celles-ci ne se traduisent pas en actes. Il faut à tout prix intervenir, envoyer des émissaires, et même des troupes si nécessaires. Il faut, je le répète, séparer les combattants. » (Pierre Vidal-Naquet, La Croix, 2004) Ses positions sont considérées comme pros palestiniennes et lui valent quelques solides inimitiés. Il réprouve la politique de l’Etat hébreu : « Je combats l’idéologie nationaliste. »

En 2005, en pleine polémique sur les effets et méfaits de la colonisation, Pierre Vidal Naquet s’insurge, avec d’autres, contre toutes les instrumentalisations de l’histoire et les lois qui prétendent dire la vérité historique : « L’histoire n’est pas un objet juridique. Dans un État libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l’État, même animée des meilleures intentions, n’est pas la politique de l’histoire. » Sa signature figure au bas de la pétition, « Liberté pour l’histoire ! », lancée fin 2005 par des universitaires jugeant qu’« il n’appartient ni au Parlement, ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique » et réclamant l’abrogation des lois limitant la recherche et l’enseignement de l’histoire : « un coup de bluff scandaleux des députés qui l’ont voté en catimini ». Les lois Gayssot sur le négationnisme, loi sur le génocide arménien, loi Taubira sur l’esclavage et article sur les aspects positifs de la colonisation, abrogé en février dernier) qui prétendent faire son métier à sa place le font toujours réagir. Et quand Hamlaoui Mekachera, ministre aux Anciens combattants de la France, soutient que la loi française du 23 février 2005 sur le « rôle positif de la présence française outre-mer est un problème franco-français » et qu’il qualifie d’« interprétation complètement absurde » d’un « pseudo historien », visant probablement Claude Liauzu, professeur à l’université Denis-Diderot, initiateur de la pétition « Appel des 17 » réclamant l’abrogation de cette loi et notamment de son article 4 stipulant que « les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite », Pierre Vidal-Naquet répond, avec d’autres historiens, par le texte « Professeurs de trahison ! ».

Le dernier acte d’engagement de Pierre Vidal a été la signature, avec le collectif « Trop c’est trop ! », d’une tribune, « Assez ! », publiée par le journal Libération du jeudi 27 juillet 2006, rubrique Rebonds, qui appelle Israël à mettre un terme à un conflit qui constitue une « fuite en avant ».

A suivre


Bibliographie

Auteur de plus d’une quarantaine de préfaces, des dizaines d’ouvrages (cf. ci-dessous), l’auteur suit attentivement l’actualité est ne manque jamais l’occasion de clarifier des débats majeurs qui relèvent de ses champs de compétences et d’actions d’historien incontesté et d’intellectuel engagé dans la défense des droits de l’homme.

 « L’Affaire Audin », Éd. de Minuit Coll. Documents, 1958, réédition augmentée en 1989, 189p., ISBN : 2707313173. Dans l’édition de 1958, la préface est de Laurent Schwartz. Elle reprend quasiment l’article publié dans L’Express du 16 janvier 1958. Trois fortes idées émergent de ce texte. La première « trace » une parallèle (relativisée) avec l’affaire Dreyfus et insiste sur la continuité des valeurs dreyfusardes que le Comité Audin fait siennes : le refus de sacrifier la vérité, la justice, et la démocratie à la prétendue raison d’État. Et, en héritiers de la résistance, elle alerte sur les analogies entre les excès de la répression en Algérie et ceux des nazis. La deuxième idée développée vise le réveil des consciences (civile et militaire) et la prise de responsabilités. Un appel clairement destiné aux universitaires, à l’armée, pour qu’elle se désolidarise de ses membres indignes, ainsi qu’aux ministres du gouvernement. Laurent Schwartz conclut sa préface en insistant sur les devoirs des intellectuels : la recherche de la vérité qui est la vocation propre de tout intellectuel (et tout particulièrement celle d’un historien) ; la condamnation morale absolue de l’« abomination » qu’est la torture et la défense de la liberté d’expression et de la liberté des citoyens français, menacée par le pouvoir militaire qui s’est établi outre Méditerranée.

L’édition augmentée de 1989, comporte quelques précisions supplémentaires. Pierre Vidal-Naquet ayant eu accès aux dossiers des enquêtes successives ainsi qu’aux archives conservées au ministère de la Justice ; celles-ci permettaient pour la première fois de faire l’histoire de l’affaire avant le délai habituel de cinquante ans. Dans cette réédition, il reconnaît le choix d’un symbole : « Nous étions quelques uns à penser que cette bataille avait besoin d’un nom, d’un symbole, comme l’avait été autrefois Alfred Dreyfus, et ce fut le nom de Maurice Audin qui fut choisi » bien que ce nom, et la référence à l’affaire Dreyfus, étaient à la fois bien et mal choisis. Bien choisis, parce que Maurice Audin était un Européen, communiste, universitaire, et jeune, ce qui lui attirait la sympathie et la solidarité d’une grande partie de l’intelligentsia française de gauche. Mal choisis, parce que « Maurice Audin n’était nullement représentatif des victimes de la répression en Algérie, que son cas risquait de faire oublier ». C’est pourquoi Laurent Schwartz le présentait d’emblée comme une victime parmi beaucoup d’autres : « Dreyfus était une victime isolée. Ce n’est malheureusement pas le cas d’Audin ».

 « Torture dans la République : essai d’histoire et de politique contemporaine, 1954-1962 », 1962, 1975, Réédition La Découverte, 2000, 206p. Préface inédite de l’auteur. Un livre considéré comme l’ouvrage de référence sur « le crime d’État » commis en Algérie et en France par des « policiers, des officiers et des soldats français », qu’il n’hésitait pas à inscrire dans la filiation des pratiques de l’occupant allemand.

 « La raison d’État », essai, textes publiés par le Comité Audin, Ed. de Minuit, 1962. Réed. La Découverte Coll. Histoire Contemporaine, 2002, ISBN : 2707136921.

 « Clisthène l’Athénien », essai sur la représentation de l’espace et du temps dans la pensée politique grecque de la fin du VIe siècle à la mort de Platon, avec Pierre Lévêque, Ed. Les Belles Lettres, 1964. Rééd. Macula, 1983, 1992, 1998, 163 p., ISBN : 2865890066.

 « Le bordereau d’ensemencement dans l’Egypte ptolémaïque », Fondation égyptologique Reine Elisabeth, Bruxelles, 1967.

 « Journal de la commune étudiante », avec Alain Shnapp, Ed. Seuil, 1969. rééd. Seuil Coll. L’Univers historique, 1988, 882p., ISBN : 020101580. Rédigé immédiatement après les événements. PVN : « où, avec Alain Schnapp, nous avions présenté, dès 1969, 362 des milliers de textes et de tracts produits entre novembre 1967 et juin 1968 - je me suis amusé à faire un tableau bipolaire pour étudier les contradictions du mouvement de 68. »

 « La Torture sous la république », Éd. Minuit, 1972 ; rééd. La Découverte, 1983.

 « Économie et sociétés en Grèce ancienne », étude, avec Michel Austin, Éd. Armand Colin, 1972, 7e éd. Coll. U-Histoire, N°198, 1996, 424p., ISBN : 2200217153.

 « Mythe et tragédie en Grèce Ancienne, Tome I », avec Jean-Pierre Vernant, Éd. Maspero, 1973 et 1982, 184 p. Rééd. Éd. La Découverte en 1986 et Coll. Poche, N° 101, 2005, ISBN : 2707146196.

 « Les crimes de l’armée française Algérie 1954-1962 », Éd. Maspero, 1975, rééd. La Découverte, 2001. Préface inédite de l’auteur, 172 p., ISBN : 2707134066, rééd. La Découverte, décembre 2006, 196 pages, ISBN : 9782707151476

Présentation de l’éditeur, la Découverte, 2006 : « Ce petit livre est destiné à rappeler les crimes de l’armée française. Je dis bien de l’armée française, non de quelques officiers. Même si la majorité de l’armée a occupé le terrain plus qu’elle n’a torturé ou massacré [...], elle n’a jamais désavoué ceux qui égorgeaient, coupaient les têtes, mutilaient les femmes, les hommes et les enfants "d’en face". » Cet ouvrage est un document contre l’oubli. À l’heure où la question de la torture pratiquée par les militaires français pendant la guerre d’Algérie revient sur le devant de la scène politique, la réédition de cet ouvrage, publié pour la première fois en 1975, offre une nouvelle occasion de regarder la vérité en face et de reprendre un travail jusqu’à présent inachevé : celui de la mémoire. Document exceptionnel, Les crimes de l’armée française rassemble en effet des textes émanant des autorités militaires, politiques et administratives françaises et des témoignages d’officiers et de soldats. Ils apportent la preuve de ces crimes dont l’armée française s’est rendu coupable en Algérie, mais aussi en Indochine, et dont les responsables ont tous été amnistiés sans avoir même jamais été sérieusement inquiétés.

Table des matières : Préface inédite, par Pierre Vidal-Naquet -Aide-Mémoire , par Pierre Vidal-Naquet - 1. De l’Indochine - Les tortures en Indochine, parJacques Chégaray - 2. Massacres dans le bled (1954-1958) - Appel à la population (1954) - En « pacifiant » l’Algérie, par Jean-Luc Tahon (1955) - « J’ai d’abord cru que c’était les chacals, mais c’était le gosse que l’on torturait... », par R.P Stanislas Hutin (1955-1956) - La mort d’une petite fille, par Noël Favrelière (1956) - La paix des Nementchas, par Robert Bonnaud (1956) - Un an dans les Aurès, par Jacques Pucheu ( 1956-1957) - 3. La bataille d’Alger (1957) - Note de service du général Massu (1957) - La salle de torture de la 1ère compagnie du 2ème R.P.C, par Pierre Leuliette (1961) - Le Cahier vert expliqué, par Pierre Vidal-Naquet (1959) - 4. Secrets d’État - Extrait du dernier rapport de Jean Mairey, directeur de la Sûreté nationale (2 janvier 1957) - Extrait du rapport du gouverneur général Delavignette , membre de la « Commission de sauvegarde des droits et libertés individuels » ( 21 juillet 1957) - Extraits des dépositions de Jean Reliquet, ancien procureur d’Alger, et du général Allard, ancien chef du corps d’armée d’Alger (1957-1960) - 5. Le pouvoir militaire (1958-1962) - Scènes de l’activité d’un commando de chasse, par Benoît Rey (1959-1961) - La torture-institution. De l’école de Philippeville aux D.O.P. Témoignages de quatre officiers (1958-1959) - Un centre de renseignement et d’action : la ferme Ameziane à Constantine (1957-1961) - Le colonel et la justice. Extraits de la déposition à huis clos, le 21 décembre 1960, du colonel Argoud au procès des barricades d’Alger (1956-1961) - Les conséquences de l’engagement. Rapport du lieutenant Chesnais, commandant d’une harka (avril - mai 1961) - « Rouleau compresseur » en Petite Kabylie, par Jean-Philippe Talbot-Bernigaud (1959-1961) - 6. Le déracinement - Rapport de Michel Rocard , inspecteur des finances, sur les camps de regroupement (1958) - 7. L’aveu - Déposition du capitaine Joseph Estoup au procès du lieutenant Daniel Godot (1er août 1962) - 8. Les menteurs - Extrait d’un discours de René Coty, président de la République. (17 juin 1956) - Communiqué du ministère de la Défense nationale (14 mars 1957) - Déclaration de Guy Mollet, président du Conseil (14 avril 1957) - Directive de Robert Lacoste, ministre de l’Algérie (12 août 1957) - Un engagement d’André Malraux, ministre de l’Information (24 juin 1958) - Déclaration de Michel Debré, Premier ministre, sur les camps de regroupement ( 9 juin 1959) - Hommage du général de Gaulle à l’armée.

Extraits de presse : LIBÉRATION : « Réédition de ces deux essais (avec La Torture dans le République chez Minuit) à couper le souffle, à travers lesquels tant de Français ont compris la guerre d’Algérie. Il y a dans ces ouvrages, publiés au lendemain du conflit, bien plus que de l’histoire, de la politique ou de la dénonciation. » / LIRE : « Des témoignages irréfutables et des textes parfois insoutenables. » / LE MAGAZINE LITTÉRAIRE : « Un livre exemplaire, qui vaut aussi comme document historiographique à la méthode irréprochable consacré à l’histoire vivante. » / INTER CDI : « Excellent et tragique choix de textes, réédités et préfacé par l’auteur de La raison d’État […]. Certains de ces témoignages sont parfaitement lucides sur les méandres de l’autorité militaire, les hypocrisies des politiques et la soumission banale de la troupe. Éprouvant mais terriblement utile pour se souvenir. »

 « Flavius Josèphe ou du bon usage de la trahison », introduction à « Flavius Joseph / La Guerre des Juifs », Éd. Minuit 1977. Pierre Vidal-Naquet : « où s’exprime mon moi juif, traître à toutes les vérités d’État, y compris, bien entendu, celles de l’État d’Israël. »

 « Flavius Arrien entre deux mondes », postface à « L’Histoire d’Alexandre », Éd. Minuit, 1984.

 « Le chasseur noir - Formes de pensées et formes de société dans le monde grec », Ed. Maspero 1981. Rééd. La Découverte, 1983, 1991. rééd. La Découverte Coll. Textes A L’appui, 2005, 495 p., ISBN : 2707145009.

 « Mythe et tragédie en Grèce Ancienne,Tome II », avec Jean-Pierre Vernant, Éd. La découverte, 1986. 192p. Rééd. La Découverte Coll. Poche, N° 102, 2004, 298p., ISBN : 2707144231. Présentation de l’éditeur : En 1972, Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet faisaient paraître Mythe et tragédie en Grèce ancienne, un recueil de sept études qui s’efforce de soumettre les textes antiques à l’analyse structurale, à une recherche de l’intention littéraire et au démontage sociologique. Cette triple approche n’est pas appliquée au mythe lui-même, mais aux tragédies en ce que chacune a de singulier, considérée comme « phénomène indissolublement social, esthétique et psychologique ». Paru quatorze ans plus tard, Mythe et tragédie II élargit la perspective choisie et centre l’analyse sur les dieux de la tragédie du Ve siècle, et en particulier sur le dieu du théâtre, le dieu au masque : Dionysos. Au-delà du théâtre classique, les auteurs se demandent pourquoi ce classicisme est devenu notre classicisme. Ces deux ouvrages sont aujourd’hui devenus des références incontournables pour tous les étudiants et les chercheurs en histoire ancienne, et au-delà, pour tous ceux qui s’intéressent aux rôles et aux structures des mythes.

 « La Grèce ancienne / Du mythe à la raison, / T. I », avec Jean-Pierre Vernant, Ed. Seuil Coll. Points, 1990, 255p. Réed. 1992.

 « Les Assassins de la mémoire », Éd. La Découverte, 1987.

 « Atlas historique », (sous la direction de), Hachette, 1987.

 « Face à la raison d’État / Un historien dans la guerre d’Algérie », Éd. La Découverte, 1989.

 « La Démocratie grecque vue d’ailleurs », Éd. Flammarion, 1990.

 « Les Maîtres de vérité dans la Grèce archaïque », avec Marcel Deltienne, Éd. La Découverte Coll. Texte A L’appui, 1990, 160p., ISBN : 2707120057. Rééd. L.G.F. Coll. Le Livre de Poche références, 2006, 240p., ISBN : 2253115568.

 « La Grèce ancienne, L’espace et le temps, Tome II », avec Jean-Pierre Vernant, Éd. Seuil Coll. Points, 1991, 240p.

 « Le Trait empoisonné / Réflexions sur l’affaire Jean Moulin », Éd. La Découverte, 1993.

 « Tradition de la démocratie grecque, introduction à Démocratie antique et démocratie moderne, par Moses I. Finley », Éd. Payot, 1994.

 « Réflexions sur le génocide », Éd. La Découverte, 1995, Réed. 10/18 Bibliothèques, 2004, 341 p., ISBN : 2264037237.

* Tome III : « Réflexions sur le Génocide / Les Juifs, la mémoire et le présent », Éd. La Découverte, octobre 1995, Coll. Cahiers libres, 288p., ISBN : 9782707125019.

Présentation de l’éditeur : Depuis les années quatre-vingt, le regard porté sur le génocide des Juifs a changé en profondeur, grâce notamment à la publication de nombreux témoignages de survivants et de travaux de jeunes historiens. C’est de ce tournant historiographique majeur que rend compte Pierre Vidal-Naquet dans ce nouveau recueil réunissant une douzaine d’études publiées ces dernières années sous forme de préfaces ou d’articles de revues. Dans une première partie, il revient sur la question de l’antisémitisme dans l’entre-deux-guerres, avec les portraits intellectuels du philosophe catholique Jacques Maritain et de l’écrivain Jean Giraudoux, complétés en contrepoint par celui du grand historien juif Simon Doubnov, disparu en 1941. Dans les deuxième et troisième parties, Pierre Vidal-Naquet a choisi de traiter de la période 1940-1945 par deux approches différentes : d’une part en reproduisant - précédé d’une longue présentation - le journal tenu entre septembre 1942 et février 1944 par son père, l’avocat Lucien Vidal-Naquet, qui sera déporté à Auschwitz avec sa femme en juillet 1944 ; et , d’autre part, en présentant plusieurs ouvrages essentiels récemment publiés, tant par des témoins de la période que par des historiens. Enfin, dans une quatrième partie, il s’interroge sur l’évolution des représentations du génocide dans l’immédiat après-guerre (à partir de l’analyse du livre de Karl Jaspers sur la culpabilité allemande) et à cinquante ans de distance, avec une chronique du procès du milicien Paul Touvier, et une étude sur la géographie mondiale des courants « négationnistes ».

Table des matières : Avant-propos - I. Trois figures d’intellectuels - Jacques Maritain et les juifs, réflexions sur un parcours (préface à J. Mariatain, L’Impossible Antisémitisme) - Sur un livre de Giraudoux publié en 1939 : Pleins Pouvoirs ( Cahiers Jean Giraudoux 1992) - Simon Doubnov : l’homme-mémoire (préface à S. Doubnov, Histoire moderne du peuple juif) - II. Témoignages d’un Français juif - Présentation du document - Journal de Lucien Vidal-Naquet (septembre 1942-février 1944) - III. Du génocide - Marseille 1940-1944 : l’ouverture et le piège (préface à Marseille, Vichy et les nazis, le temps des rafles, la déportation des Juifs) - Vichy et le Limousin (préface à Laurette Alexis-Monet , Les Miradors de Vichy) - Une bien belle école... (préface à Nadine hefler, Si tu t’en sors... Auchwitz 1944-1945) - Les harmoniques de Simon Laks (préface à Simon Laks, Mélodies d’Auchwitz) - Réflexions sur trois Ravensbrück (Contribution à La Démocratie à l’œuvre. Autour de Claude Lefort) - Sur un espace mort ( préface à Geneviève Decrop, Des camps au génocide : la politique de l’impensable) - Le premier cercle est le dernier (préface à Christopher Browing, Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne) - IV. Réflexions pour aujourd’hui - Karl Jaspers et la culpabilité allemande (préface à Karl Jaspers, La culpabilité allemande) - Chronique du procès Touvier (article paru dans Chimères, printemps 1994) - Qui sont les assassins de la mémoire ?

Extrait de presse : L’HISTOIRE : « Comme toujours Pierre Vidal-Naquet n’épargne personne. Sur tant de sujets brûlants et graves, il fait entendre le diapason de la morale et de la vérité. » / LE MONDE DIPLOMATIQUE : « Pierre Vidal-Naquet accorde une particulière attention, dans l’historiographie de l’Holocauste, aux rapports étroits qu’entretiennent le témoignage et l’analyse. » / LA QUINZAINE LITTÉRAIRE : « La caractéristique de Vidal-Naquet historien et polémiste est de privilégier les questions de fait, ou plutôt d’aborder les grands problèmes idéologiques ou politiques à travers des questions de fait. [...) En restituant la vérité, il défait l’unanimité fausse qui veut rassembler toutes les victimes sous un même drapeau (celui du " peuple juif "), ou écarter et discréditer certaines victimes. » / LE MAGAZINE LITTÉRAIRE : « On trouvera là des vues pénétrantes sur les racines souvent invisibles à l’œil nu de l’antisémitisme. » / DERNIÈRES NOUVELLES D’ALSACE : « Pierre Vidal-Naquet réunit dans un troisième tome de la série Les Juifs, la mémoire et le présent une douzaine d’études où il évoque Jacques Maritain, Jean Giraudoux et Simon Doubnov, fait écho au journal de son père, déporté à Auschwitz, commente quelques ouvrages récents et s’interroge sur l’évolution des représentations du génocide. » / L’ARCHE : « À la précision de l’historien s’allie ici le souffle du moraliste. » / RAISON PRÉSENTE : « La succession des articles (en général des préfaces à des ouvrages ou thèses) a le mérite de montrer que le travail de l’historien est toujours tissé d’abord de questions. La manière d’interroger les propos, les événements, les traces, les mémoires donne à l’ouvrage sa facture particulière. »

 « La Grèce ancienne, T.III et Problèmes de la guerre en Grèce ancienne », avec Jean-Pierre Vernant, Ed. Seuil Collection : Points Essais, 1992, ISBN : 2020131374.

 « La Grèce ancienne - Rites de passage et transgressions », avec Jean-Pierre Vernant, Éd. Le Seuil, coll. Points, 1992.

 « Le trait empoisonné », Ed. La Découverte, 1993. « Un livre écrit dans l’urgence en 1993 pour démonter les délires de Thierry Wolton, selon lesquels Jean Moulin et Pierre Cot auraient été des agents du KGB. »

 « Les assassins de la mémoire », Ed. Seuil, 1995, 226p., ISBN : 2020205270. Réed. La Découverte, 2005, 228p., ISBN : 2707145459. Mot de l’éditeur : « Face à un Eichmann réel, il fallait lutter par la force des armes et, au besoin, par les armes de la ruse. Face à un Eichmann de papier, il faut répondre par du papier. Nous sommes quelques-uns à l’avoir fait et nous le ferons encore. Ce faisant, nous ne nous plaçons pas sur le terrain où se situe notre ennemi. Nous ne le « discutons pas », nous démontons les mécanismes de ses mensonges et de ses faux, ce qui peut-être méthodologiquement utile aux jeunes générations. » Ces lignes, qu’écrivait en 1981 l’historien Pierre Vidal-Naquet, gardent toute leur actualité dix ans plus tard : Robert Faurisson et ceux qui nient avec lui la réalité du génocide hitlérien n’ont pas désarmé, et certains médias continuent à réserver un accueil surprenant à leurs thèses délirantes. Comprendre comment une telle aberration a pu voir le jour est donc plus que jamais nécessaire. Tel est le but des essais réunis dans ce livre. »

 « Pour l’exemple, l’affaire Fernand Iveton enquête », avec Jean-Luc Einaudi, Ed. L’Harmattan Coll. Histoire Perspective méditerranéennes, 1996, 250p., ISBN : 2858027218.

 « Mémoires / La brisure et l’attente / Tome I », 1930-1955, Le Seuil, 1995, 1998.

 « Mémoires / T. II / Le trouble et la lumière (1955-1998) », Ed. Le Seuil, Coll. Découverte, 1998, 382p.

 « Problèmes de la guerre en Grèce ancienne », avec Jean-Pierre Vernant, Ed. Seuil Coll. Points Histoire, N° 265, 1999, 428p., ISBN :2020386208

 « Démocratie grecque vue d’ailleurs », Ed. Flammarion, 1999, 432p. ISBN : 2080813595

 « Démocratie, citoyenneté et héritage gréco-romain », avec Jean-Paul Brisson et Jean-Pierre Vernant, Ed. Nathan, 2000, ASIN : 2909420477. Réed. Liris, 2004, 120p. ISBN : 290942054X. Pierre Vidal-Naquet nous fait entrer dans le fonctionnement de la démocratie athénienne. Il nous montre aussi comment aujourd’hui encore, la société grecque ancienne nous interpelle. Jean-Pierre Vernant raconte et analyse comment la mythologie grecque, le théâtre, l’éducation, sont en relation avec la citoyenneté et la démocratie. Jean-Paul Brisson met en lumière les particularités de la citoyenneté romaine qui favorise l’intégration sociale au sein de la République puis de l’Empire romain. Elisabeth Brisson a élaboré les questions proposées aux auteurs et établi les annexes.

 « Les Grecs, les historiens et la démocratie », La Découverte, 2000.

 « Mythe et tragédie en Grèce Ancienne / T. I », avec Jean-Pierre Vernant, Ed. La découverte, 2001, 185 p. Réed. La Découverte Coll. Poche, 2005, coffret des deux volumes, 496p. ISBN : 2707145955.

 « Œdipe et ses mythes », avec Jean-Pierre Vernant, Ed. Editions Complexe, 2001, 148 p., ASIN : 2870277903. Réed. Complexe Eds Coll. Historiques, N°43, 2006, 148p., ISBN : 2804800806.

 « Le miroir brisé : tragédie athénienne et politique », étude, Ed. Les Belles Lettres, 2002, 100p., ISBN : 2251380582.

 « Le monde d’Homère », étude, Ed. Perrin Coll. Tempus, 2002, 176 p., ISBN : 2262018995. Mot de l’éditeur : Tout le monde a entendu prononcer le nom d’Homère, tout le monde connaît les principaux personnages de l’Iliade et de l’Odyssée, ces deux livres qui sont la première pierre de notre culture européenne et à l’origine de notre littérature - la tragédie via l’Iliade, la comédie via l’Odyssée. Pierre Vidal-Naquet explique le mystère du (ou des) Homère(s) : il établit la cartographie des lieux de bataille, d’étape ou de voyage ; il montre comment Homère décrit à sa manière les prémices de la société démocratique, avec les rapports entre citoyens libres et esclaves, entre « Grecs » civilisés et « barbares », entre hommes et dieux ; il décèle ce que les plus anciens textes nous disent du combat, de la mort, de l’au-delà, du pouvoir et de ses sortilèges. Il retrace aussi l’histoire de ces générations qui, des hommes de la Renaissance à James Joyce et Primo Levi, ont fait du monde d’Homère une raison d’apprendre, de vivre et d’espérer. Le livre de Pierre Vidal-Naquet, ce n’est pas seulement la leçon d’un historien familier depuis un demi-siècle de l’univers grec, mais la meilleure et la plus simple façon de comprendre d’où nous venons.

 « Le trait empoisonné », étude, Ed. La découverte, 2002, ISBN : 2707136824.

 « Des hommes ordinaires, Le 101ème bataillon de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne », étude, avec Elie Bernavi et Christopher R. Browing, Ed. Les Belles Lettres, 2002, ISBN : 2251380566.

 « La solution finale dans l’histoire », avec Arno Mayer, La Découverte, 2002.

 « Fragments sur l’art antique », Ed. Agnès Viénot Editions, 2002, 141 p., ASIN : 2911606701.

 « Des Juifs dans la collaboration » / T. I, étude précédée d’Une courte étude sur les juifs de France en 1939. Des Juifs dans la collaboration, avec Maurice Rajsfus, ed. E.d.i., 403 p., ISBN : 2851390570.

 « Impossible antisémitisme, Jacques Maritain et les juifs », avec Jacques Maritain, Ed. Desclée De Brouwer, 2003, ISBN : 2220053903. Extrait du mot de l’éditeur : Ce volume rassemble les principaux écrits de Jacques Maritain dénonçant l’antisémitisme et intègre les diverses réactions des intellectuels de l’époque à ses prises de position courageuses : André Gide, Lucien Rebatet, Marcel de Corte ou Emmanuel Levinas. Les textes du philosophe sont précédés d’une longue présentation de Pierre Vidal-Naquet : « Jacques Maritain et les Juifs », tout à la fois biographie intellectuelle et contribution à l’histoire contemporaine, qui éclaire d’un jour nouveau le rôle prophétique de Maritain.

 « Le choix de l’histoire », essai, Ed. Arlea, 2004, ISBN : 2869596456. Extrait du mot de l’éditeur : Le Choix de l’Histoire reprend les événements majeurs qui ont déterminé Pierre Vidal-Naquet à agir et à choisir. Il n’a cessé d’établir des passerelles entre sa vie et celle des autres, trouvant un véritable équilibre entre son engagement politique et sa profession, entre la tragédie et la mémoire. Le choix de l’histoire est un recueil de quatre textes complémentaires qui permettent de comprendre les fondements de l’engagement de Pierre Vidal Naquet : le premier Pourquoi et comment je suis devenu historien, est un exposé rédigé en 2002 pour les « Rencontres de Blois ». Il a été publié dans le numéro d’août/septembre 2003 de la revue Esprit. Le deuxième, Esquisse d’un parcours anticolonialiste est un texte pour la Revue d’études palestiniennes de juin 2001. Le troisième, L’Affaire Audin par les tracts un texte pour le numéro 10 (2002) de L’Éphémère, revue de la BNF. Le quatrième Sur une commémoration, a été publié par Le Genre humain, numéro 18 en 1988.

 « Mythe et tragédie en Grèce ancienne. / T. I et II », avec Jean-Pierre Vernant, La Découverte, 2005, Collection : Sciences humaines et sociales, ISBN : 2707145955.

 « L’Atlantide/Petite histoire d’un mythe platonicien », Ed. Olkos, Les Belles Lettres, 2005, ISBN : 225138071X. Mot de l’éditeur : Ce livre, dont Pierre Vidal-Naquet nous dit qu’il le portait en lui depuis un demi-siècle, commence aux environs de 355 av. J.-C., lorsque Platon rédige le Timée et le Critias. Assurément Platon a puisé dans la culture de son temps, d’Homère à Hérodote et Thucydide, mais le mythe du continent perdu, inséparable d’une Athènes également imaginaire, est son œuvre propre. Il n’y a pas à chercher l’Atlantide ni dans les profondeurs du temps ni dans celles de la mer. Reste que le mythe a connu d’incroyables développements, dans l’Antiquité d’abord, grecque, romaine, et protobyzantine, et a littéralement explosé à la Renaissance, singulièrement après la découverte de l’Amérique, rapidement identifiée par certains au continent imaginé par Platon. D’autres, peu nombreux, résistèrent, dont le plus remarquable est Michel de Montaigne. Les nationalistes s’emparèrent du sujet, de l’Espagne à la Suède et de l’Italie à l’Allemagne, singulièrement à l’époque hitlérienne. Les savants cherchèrent à expliquer par le continent perdu tantôt l’histoire de la planète, tantôt la préhistoire minoenne de la civilisation grecque. Les personnages de Jules Verne la visitèrent ou la reconstruisirent. Dans le « ghetto modèle » de Therensienstadt, un poète et un musicien identifièrent avec l’empereur de l’Atlantide le despote qui les incarcérait avant de les tuer. Il était temps que cette longue histoire fût écrite en français.

 « La guerre des juifs », essai, Ed. Bayard Culture, 2005, 76 p., ISBN : 27475315.


Commentaire (sans les données personnelles de l’auteur du message)

(1) Michel Renard, le mardi 29 août 2006 à 00 h 54 :

Bonjour / J’ai établi un lien avec votre article sur le blog de l’association "Études Coloniales" qui publie un article-hommage de Gilbert Meynier à la mémoire de Pierre Vidal-Naquet : http://etudescoloniales.canalblog.com/ / Cordialement. / Michel Renard

notes bas page

[1Quelques indications relatives à « L’affaire Audin » : Depuis janvier 1957, la 10ème Division parachutiste commandée par le général Jacques Massu avait les pouvoirs de police à Alger. Maurice Audin, père de trois enfants, né en 1932, était assistant de mathématique à la faculté des sciences d’Alger. Membre, depuis 1950, du parti communiste algérien (PCA, dissout en 1955), il fut arrêté à son domicile, le 11 juin 1957 vers 23h, par le capitaine Devis, le lieutenant Erulin et plusieurs parachutistes du 1er RCP (Régiment de Chasseurs Parachutistes). Une souricière fut installée dans le domicile de la famille Audin, le lendemain Henri Alleg, ancien directeur du journal Alger Républicain, y sera arrêté. Libéré, après sa « séquestration » à domicile avec ses trois enfants, Josette Audin s’inquiéta du sort de son mari auprès des autorités. Elle prit un avocat, saisit la « Commission de sauvegarde des droits et libertés individuelles » qui venait d’être installée le 10 mai 1957 par Guy Mollet. Elle apprit, le 22 juin, dans le Journal d’Alger, que son mari était assigné à résidence pendant qu’elle-même était sous surveillance des paras. Le 29 juin, le colonel Godard la convoqua, pour le 1er juillet, par l’intermédiaire de son avocat. Le colonel Trinquier la reçu qui lui lu un rapport du lieutenant-colonel Mayer, commandant le 1er RCP, prétendant que Maurice Audin se serait évadé. Il aurait bondi de la jeep qui le transférait. Le 3 juillet, M. Maisonneuve, conseiller de Robert Lacoste, lui écrit que Maurice Audin soutenant la même version. Paul Teitgen, secrétaire général chargé de la Police à la Préfecture donna la même information, tout en s’étonnant que la fiche d’assignation à résidence ait été établie le jour même de l’évasion. Le « Bulletin de recherche et de diffusion urgente » suite à l’évasion, n’étant déposé que le 18 juillet au bureau central de la Sûreté nationale en Algérie. Le 4 juillet, Josette Audin alerta la presse, les milieux universitaires et porta plainte pour homicide. Dès le 15 juillet 1957, le recteur Daure, membre de la Commission de sauvegarde, avait confié au ministre résidant Robert Lacoste sa crainte de voir naître « une nouvelle affaire Dreyfus ». Le 16 juillet, Jacques Duclos interroge le ministre Lacoste sur l’affaire Audin depuis la tribune de l’Assemblée Nationale, il n’eut pas de réponse. Le 25 septembre, il accusa les paras d’avoir assassiné Maurice Audin. Le 19 août, le procureur de la République d’Alger, après audition des paras par le juge, estima que rien qui puisse contredire la thèse de l’évasion mais le 13 septembre, il trouva étrange le silence de Maurice Audin.

L’enquête judiciaire, menée d’abord à Alger, fut transférée (à la demande, en 1958, des avocats de madame Audin), en avril 1959, à Rennes et se prolongea jusqu’en 1962. Les militaires, y compris Massu, furent entendus. Le procureur général, René Cénac, retint, le 12 juillet 1961, la thèse de l’évasion et rendit un non lieu pour insuffisance de charges. Les avocats firent appel et saisirent la cour de Cassation. Leur pourvoi fut rejeté en 1966.

Certains journaux, L’Humanité, Le Monde, L’Express, évoquèrent, dès juillet, l’affaire Audin. Son comité su très vite que Maurice Audin avait été torturé à mort par un lieutenant parachutiste. Son corps ne sera jamais retrouvé. Il devait passer sa thèse, dirigé par Laurent Schwartz, le 2 décembre 1957. Laurent Schwartz qui présidait par ailleurs le Comité de soutien, organisa, en décembre 1957, la soutenance de thèse dite « in absentia », à la faculté de sciences de Paris. Soutenance qu’une pétition des assistants et des chercheurs amplifia.

Pierre Vidal-Naquet, secrétaire du Comité Audin entre 1957 et 1959, et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, ont inauguré, le mercredi 26 mai 2004, la place qui porte désormais le nom de Maurice Audin dans le Ve arrondissement de Paris à l’intersection de la rue des Écoles et de la rue Saint-Victor.



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