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Rendez-vous avec X / Mai 1945, les massacres de Sétif

Texte intégral de l’émission de France Inter, « 8 mai 1945, les massacres de Sétif », par Patrick Pesnot. Émission du 4 novembre 2006 transcrite par Taos Aït Si Slimane.

Sur ce même site, lire également, sur le même sujet le texte intégral de l’émission, « Radio Libre », « 60 ans après Sétif », par Tewfik Hakem, diffusée sur les ondes de France Culture le 7 mai 2005, le discours prononcé par M. Hubert Colin de Verdière, Ambassadeur de France en Algérie, à l’Université de Sétif le 27 février 2005, à l’issue de la cérémonie de signature de la « Convention de partenariat entre l’Université de Clermont-Ferrand et l’Université Ferhat Abbas de Sétif » et l’archive de John Eric MacLean Carvell sur le 8 mai 1945, reproduite ici

Préambule : Ils ont été à juste titre reconnus. Et, ils vont même recevoir enfin le prix de leur sacrifice, plus d’un demi-siècle après. Je veux bien sûr parler des combattants issus de notre ancien Empire colonial qui ont rejoint volontairement l’armée de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a donc suffit d’un bon film, Indigènes, et d’une poignée de vedettes pour que l’on s’émeuve au plus haut sommet de l’État et que justice leur soit rendue. Cependant, il ne faut pas oublier que le jour même où l’on célébrait dans la joie la capitulation allemande, c’est-à-dire la fin de ce conflit mondial, le 8 mai 1945, l’Algérie prenait feu, et que certains de ces valeureux soldats de l’armée coloniale, qui venaient d’en finir avec l’ennemi nazi, tirailleurs sénégalais ou tabors marocains, ont peut-être dû faire feu sur leurs frères indigènes. Combien de morts à Sétif, à Guelma et dans tout le Constantinois ? Difficile à dire. Seule certitude, ils ont été des milliers à tomber sous les balles des soldats, des policiers et des milices dites civiques, constituées à la hâte pour réprimer ceux que l’on appelait encore les Indigènes. Un véritable bain de sang, qui passe pratiquement inaperçu en Métropole. Les événements de Sétif, comme on les nomme pudiquement de l’autre côté de la Méditerranée, ne provoquent guère d’émotion. Et d’ailleurs on fera tout pour occulter ce massacre. Quant au général de Gaulle, président du gouvernement provisoire, il n’y consacre que deux lignes dans ses Mémoires. Pourtant, aujourd’hui, la plupart des historiens s’accordent à dire que ces jours sanglants de mai 1945 ont constitué le vrai commencement de la Guerre d’Algérie. Monsieur X, revient sur le déroulement des faits et démontre que ce drame était prémédité.

Patrick Pesnot : « Rendez-vous avec X »

Monsieur X : Alors, les faits d’abord, et ensuite on examinera le contexte et le rôle très louche que certains acteurs ont joué dans la coulisse. Mais je vous prie un petit peu de patience.

Patrick Pesnot : Oui, comme d’habitude en somme.

Monsieur X : Sans commentaire ! Ce 8 mai 1945 est jour de marché à Sétif. Cela signifie que beaucoup de paysans sont venus des villages environnants pour vendre leurs produits.

Patrick Pesnot : Ils ne sont pas là eux pour fêter la victoire des alliés sur le Troisième Reich.

Monsieur X : C’est exact. Alors, cette fête, comme dans tous les départements et bourgades de France…

Patrick Pesnot : Ici, il faut rappeler que l’Algérie est alors composée de départements français.

Monsieur X : Oui, ce n’est pas une colonie. Donc, comme partout en France, des manifestations et des rassemblements vont se dérouler pour célébrer la victoire.

Patrick Pesnot : Devant les monuments aux morts.

Monsieur X : Généralement. À Sétif, les dirigeants nationalistes algériens ont décidé d’organiser leur propre manifestation.

Patrick Pesnot : Les dirigeants musulmans, comme on les appelle, c’est ça.

Monsieur X : Oui.

Patrick Pesnot : Oui. Il y aura donc deux manifestations : celle des Européens et celle des Musulmans. Alors, ma première question : pourquoi pas une seule manifestation ?

Monsieur X : Parce que les Européens veulent bien que les indigènes participent à leurs défilés mais en nombre limité et surtout en queue de cortège.

Patrick Pesnot : Une délégation, quoi. Deuxième question : est-ce que la manifestation des Algériens est autorisée ?

Monsieur X : Oui, mais le sous-préfet et le commissaire ont expressément demandé que le cortège ne soit pas politique, par conséquent ils ont interdit les banderoles et les pancartes revendicatives.

Patrick Pesnot : Oui, c’est-à-dire nationalistes.

Monsieur X : Évidemment ! Il faut dire que 8 jours plus tôt à l’occasion de la fête du travail, il y a eu de graves incidents.

Patrick Pesnot : Lors de manifestation de Musulmans alors ?

Monsieur X : Oui, dans plusieurs villes d’Algérie. Les incidents les plus sérieux s’étant produits à Alger où deux manifestants ont été tués par la police.

Patrick Pesnot : Des manifestants indépendantistes ?

Monsieur X : Clairement, oui. Mais les cortèges, il faut le souligner, étaient pacifiques. Et c’est lorsqu’ils ont essayé de franchir les barrages des forces de l’ordre que celles-ci ont ouvert le feu. Et parfois il y a eu aussi des provocations de la part de la police et pas mal d’arrestations. En tout cas, ces premiers événements ont braqué la population européenne.

Patrick Pesnot : Ils l’ont inquiétée j’imagine ?

Monsieur X : Oui, c’est une époque, il faut le rappeler, où le parti communiste d’Algérie traite les nationalistes de provocateurs hitlériens.

Patrick Pesnot : Hitlériens ! Oui mais enfin le parti communiste d’Algérie, le PCA, finira par changer d’attitude ?

Monsieur X : C’est juste mais il mettra le temps, comme une bonne partie de la gauche d’ailleurs. Mais enfin revenant à Sétif.

Patrick Pesnot : Attendez, qui sont ces nationalistes ou indépendantistes algériens ?

Monsieur X : Il existe essentiellement deux organisations : historiquement, la première c’est celle de Messali Hadj.

Patrick Pesnot : Oui, le leader historique indépendantiste.

Monsieur X : Qui a créé dans les années 20 L’Étoile nord-africaine, un mouvement dissout par les autorités françaises et qui renaîtra, avant la guerre, sous le sigle PPA : Parti du peuple algérien. Messali Hadj, d’abord proche des communistes, a été arrêté à plusieurs reprises et condamné aux travaux forcés. Libéré, en 1943, il est à nouveau arrêté en avril 45 et conduit en Afrique noire.

Patrick Pesnot : Mis en résidence surveillée.

Monsieur X : Oui. On en reparlera. Il est évident que le retour de Messali Hadj en Algérie est une revendication permanente des nationalistes.

Patrick Pesnot : Messali Hadj est un indépendantiste pur et dur ?

Monsieur X : Oui ce qui n’est pas le cas, au moins au début, de l’autre mouvement nationaliste, l’AML.

Patrick Pesnot : Ce qui signifie, ça ?

Monsieur X : Les Amis du manifeste et de la liberté. Leur leader et créateur est celui que l’on a appelé le « pharmacien de Sétif ».

Patrick Pesnot : Ah, oui, Ferhat Abbas.

Monsieur X : En effet, oui.

Patrick Pesnot : Amis de la liberté, je comprends mais amis du manifeste, qu’est-ce que cela veut dire ?

Monsieur X : Je vous explique rapidement. Ferhat Abbas qui a d’abord envisagé l’autonomie de l’Algérie…

Patrick Pesnot : Pas l’indépendance ?

Monsieur X : Non. Ce modéré espère sincèrement que son pays restera associé à la France. Mais il comprend peu à peu que son rêve ne sera jamais exaucé par Paris, en témoigne une ordonnance de mars 1944 qui n’accorde la citoyenneté française qu’à quelques dizaines de milliers de Musulmans. Ferhat Abbas est d’autant plus déçu que la Charte de l’Atlantique signée en 1941 par Roosevelt et Churchill a solennellement reconnu le droit des peuples à choisir librement leur forme de gouvernement.

Patrick Pesnot : Il faut dire que le président étasunien a toujours été farouchement anticolonialiste ?

Monsieur X : Surtout quand il s’agissait de colonies françaises.

Patrick Pesnot : Ah, oui, d’accord !

Monsieur X : Quoi qu’il en soit, lorsque les troupes alliées ont débarqué en Afrique du Nord, en 1942, elles ont soulevé un immense espoir parmi la population algérienne. Mais pour les nouvelles autorités françaises, Giraud d’abord puis de Gaulle, il n’était absolument pas question de céder aux revendications des indigènes.

Patrick Pesnot : C’est pourquoi la position d’un homme comme Ferhat Abbas s’est progressivement radicalisée ?

Monsieur X : D’autant que le Comité français de libération nationale, créé à Alger au cours de l’été 43, ne compte aucun Algérien, et c’est pourquoi la même année Ferhat Abbas rédige le Manifeste du peuple algérien.

Patrick Pesnot : D’où cette curieuse appellation : Amis du manifeste et de la liberté ?

Monsieur X : Hum, hum !

Patrick Pesnot : Est-ce un texte fondateur ?

Monsieur X : Oui, car il réclame la fin de la souveraineté française sur l’Algérie.

Patrick Pesnot : Alors, finie l’association ?

Monsieur X : Et donc, la revendication de la citoyenneté française. Ferhat Abbas ne cache guère qu’il compte sur le soutien des Anglo-saxons, il leur a d’ailleurs envoyé en priorité son manifeste. Voici donc résumé, à grands traits, l’évolution d’un homme comme le « pharmacien de Sétif ».

Patrick Pesnot : Ses rapports avec l’autre organisation, celle de Messali Hadj ?

Monsieur X : Il est évident que les deux mouvements sont des alliés objectifs. Mais il est aussi certain que le PPA de Messali Hadj est plus radical, plus déterminé, alors que Ferhat Abbas demeure un partisan du dialogue. Alors revenons à Sétif.

Patrick Pesnot : Rappelons quand même que Messali Hadj a été arrêté quelques jours plus tôt.

Monsieur X : C’est en effet excessivement important. Et je peux vous dire tout de suite qu’il ne s’agit nullement d’un hasard.

Patrick Pesnot : Alors, une provocation ?

Monsieur X : Nous verrons cela plus tard. À Sétif, la manifestation du 8 mai est organisée par les deux mouvements nationalistes : PPA et AML, et cela commence très bien. Le cortège qui ébranle à 8h 30 des faubourgs de la gare est rigoureusement ordonné. En tête, derrière les quatre drapeaux alliés, défilent quelques dizaines de scouts, puis viennent les porteurs de gerbes et enfin le flot des manifestants.

Patrick Pesnot : Combien sont-ils là ?

Monsieur X : Six à sept mille. C’est beaucoup pour la petite ville de Sétif. Mais, soudain, alors que le défilé pénètre dans le quartier colonial,…

Patrick Pesnot : C’est le quartier européen ça ?

Monsieur X : Oui, c’est ça. Soudain, un cinquième drapeau apparaît au milieu des quatre autres : vert, blanc, rouge. C’est le drapeau du PPA de Messali Hadj.

Patrick Pesnot : Ça deviendra plus tard, le drapeau algérien.

Monsieur X : En effet. En même temps, surgissent au-dessus de la foule des pancartes et des banderoles : « Libérez Messali » ou « Vive l’Algérie indépendante ». Aussitôt, un commissaire qui surveille le défilé avertit le sous-préfet qui lui donne l’ordre de se saisir de ces signes interdits.

Patrick Pesnot : Une action un peu délicate.

Monsieur X : D’autant plus délicate que la foule algérienne est enthousiaste. Les scouts chantent et les femmes poussent des youyous. Alors, le commissaire prend la décision de barre la rue avec une voiture de police devant laquelle se tiennent quelques policiers armés de mitraillettes, la suite est relativement confuse. Le commissaire enjoint aux manifestants d’abaisser leurs pancartes et de faire disparaître le drapeau nationaliste.

Patrick Pesnot : Oui mais enfin j’imagine que les Algériens refusent.

Monsieur X : Bien entendu ! Alors des coups de feu claquent. Le porteur du drapeau, un jeune homme de 22 ans s’écroule, mortellement touché. Il y a aussi d’autres morts et d’autres blessés et c’est la bagarre à laquelle se mêlent des Européens présent dans la rue.

Patrick Pesnot : Mais si je vous ai bien entendu, l’initiative de l’ouverture du feu a été prise par la police.

Monsieur X : Incontestablement, les policiers ont tiré des rafales de mitraillette dans la foule. Une foule qui après avoir d’abord reflué semble prise de folie et livre une véritable chasse aux Européens. Les Algériens s’emparent de couteaux, de bâtons ou de grilles et frappent à tout va. La situation échappe totalement aux militants nationalistes, qui essayent de les rappeler à la raison.

Patrick Pesnot : Un massacre.

Monsieur X : Les Algériens veulent absolument venger leurs frères qui sont tombés. On entend des cris appelant au djihad. Et avant que l’armée prenne les choses en main et instaure la loi martiale, il y a déjà eu au moins vingt morts Européens mais le mouvement va s’étendre le lendemain dans les campagnes aux alentours et dans d’autres villes, comme Guelma. Je reviendrai sur ce qui s’est passé à Guelma. Sachez quand même que dans le Constantinois, on comptera très précisément 103 morts Européens dont 86 civils.

Patrick Pesnot : Et du côté algérien ?

Monsieur X : On ne s’attardera pas à compter les victimes mais la terrible répression qui suit en fera des milliers, il y a même selon certains des dizaines de milliers.

L’historienne Annie Rey-Goldzeiguer a vécu en Algérie. Dans un livre très objectif, paru à La Découverte, « Aux origine de la Guerre d’Algérie », elle décrit l’état d’esprit des Européens après les premières violences de Sétif. Après ce cauchemar, comment réagissent les Européens ? Ils ont connu l’horreur du massacre et des violences, « victimes innocentes », entre guillemets, de « la barbarie indigène », toujours entre guillemets, qui tue, mutile, éventre et viole, après avoir incendié et pillé. Une véritable panique s’empare de ces Européens si sûrs de leur légitimité et de leur supériorité. Dans un sursaut, ces groupes souvent opposés se soudent en une solidarité qui les pousse à crier vengeance et à exiger la loi du talion. Non seulement ils attendent une répression féroce et définitive de la part des forces de l’ordre mais ils s’enrôlent comme un seul homme pour s’armer et régler leurs comptes à ceux qui leur ont fait si peur et venger l’un des leurs disparu. « La chasse aux merdes », là encore entre guillemets, peut commencer avec la complicité des officiers, écœurés par des scènes tragiques, des forces de police, des gendarmes eux-mêmes en danger, et des autorités locales, impressionnées par le consensus violent de cette minorité agressée et prête à défendre ses privilèges à tout prix.

Monsieur X : Avant d’essayer d’établir un bilan et de comprendre, voyons ce qui s’est passé à Guelma, une petite ville située à plus 150 km de Sétif. Là aussi, les Musulmans ont l’intention de défiler mais plus tard, en fin d’après-midi.

Patrick Pesnot : Est-ce que les habitants de Guelma ont eu connaissance des événements de Sétif, qui se sont déroulés le matin même ?

Monsieur X : Vraisemblablement. En tout cas les autorités, elles ont été informées, en particulier un homme qui va jouer un rôle éminent dans cette affaire : le sous-préfet André Achiary

Patrick Pesnot : Alors, un mot peut-être sur ce personnage ?

Monsieur X : Volontiers. Né en Algérie, dans une famille socialiste d’origine, cet homme parle parfaitement l’arabe et le kabyle.

Patrick Pesnot : À la différence de beaucoup de Pieds-noirs, qui ne s’intéressaient guère, il faut bien le dire, à la langue et à la culture autochtone.

Monsieur X : C’est juste. Ce sportif, après être passé par les Jeunesse socialistes, décide de faire carrière dans l’administration et devient commissaire de police. Il est assez rapidement affecté à la surveillance du territoire.

Patrick Pesnot : Ce qui deviendra plus tard la DST.

Monsieur X : Oui. C’est un policier sanguin, impulsif, une grande gueule, à qui les moyens radicaux ne font pas peur.

Patrick Pesnot : C’est-à-dire ?

Monsieur X : Il ne répugne jamais à utiliser la manière forte, à se débarrasser de ce qui le gêne.

Patrick Pesnot : Physiquement vous voulez dire ?

Monsieur X : C’est ce qui se dit à Alger en tous les cas. Ainsi, ce Résistant de la première heure sera soupçonné d’avoir fait disparaître des agents italiens ou allemands. Il sera aussi accusé par les communistes algérois d’avoir torturé et tué une jeune militante. Il a aussi pris part à l’assassinant de l’amiral Darlan, ce qui lui vaudra d’être, provisoirement, placé en résidence surveillée, et cela explique sans doute pourquoi ce policier décoré de la médaille de la Résistance par le général de Gaulle bifurque vers la préfectorale.

Patrick Pesnot : Sous-préfet, donc.

Monsieur X : Sans cesser pour autant d’avoir des contacts avec les services spéciaux.

Patrick Pesnot : Ah, bon !

Monsieur X : Très tôt, il est de ceux qui pensent que la situation risque de devenir rapidement explosive en Algérie. Et, il est partisan de frapper très fort pour juguler les revendications des Musulmans. Aussi, quand à Guelma le défilé indigène atteint la place centrale de la ville, c’est Achiary en personne qui intervient

Patrick Pesnot : Que fait-il ?

Monsieur X : Armé d’une mitraillette, il ordonne aux manifestants de refluer et de se disperser. Mais, comme à Sétif, ceux-ci refusent. Alors, le sous-préfet tire, d’abord en l’air, et comme les manifestants ne bougent toujours pas, il finit par tirer dans le tas.

Patrick Pesnot : Oh, c’est une attitude incroyable, stupéfiante pour un sous-préfet !

Monsieur X : Et plusieurs hommes tombent, mortellement touchés. Les Musulmans paniqués se débandent tandis qu’André Achiary instaure aussitôt un couvre-feu. Mais il ne va pas en rester là. Dans la nuit, il convoque les principaux responsables européens : politiques, syndicalistes, fonctionnaires, même les communistes en sont.

Patrick Pesnot : Pourtant, les communistes ne doivent pas le porter dans leur cœur.

Monsieur X : C’est évident ! Ils approuvent les propositions du sous-préfet.

Patrick Pesnot : Qui sont ?

Monsieur X : Essentiellement la constitution d’une garde-civile.

Patrick Pesnot : Et pourquoi ? Il n’existe pas de force de l’ordre à Guelma ?

Monsieur X : Il y avait une garnison mais le sous-préfet se méfiait des tirailleurs indigènes. Il fait donc appel aux Européens qui, il faut le noter, se précipitent en grand nombre. Des hommes à qui on va immédiatement distribuer des armes.

Patrick Pesnot : S’agit-il d’une sorte de milice d’auto-défense ?

Monsieur X : Beaucoup plus que ça. Ces Européens armés passent aussitôt à l’action et se livrent à des exécutions sommaires sur tous les Musulmans qui ont eu malheur de se trouver à l’extérieur. Pire, s’improvisant policiers, ils perquisitionnent, arrêtent, tuent ou internent tous les Indigènes suspects.

Patrick Pesnot : Bref, ils font la loi dans Guelma, quoi ?

Monsieur X : Mais leurs exactions sont à l’origine de l’insurrection, qui va soulever une partie du Constantinois. Les Musulmans des villages veulent en effet venir au secours de leurs frères que l’on assassine et sont armés.

Patrick Pesnot : Ils sont armés ?

Monsieur X : De bric et de broc. Les mieux équipés portent de veilles pétoires, des fusils de chasse. Quoi qu’il en soit, à l’initiative d’Achiary, qui affirme que la vielle est assiégée, l’armée intervient dès le lendemain matin. D’abord l’aviation qui bombarde aveuglement tous les rassemblements d’Indigènes.

Patrick Pesnot : Il y a forcément de nombreuses victimes.

Monsieur X : Évidemment. Je vous l’ai dit, l’insurrection s’étend et les moyens utilisés par l’armée vont aller en augmentant. Même la marine bombarde les villages où sont sensés exister les foyers de rébellion.

Patrick Pesnot : Exactement comme si c’était la guerre.

Monsieur X : Une guerre effroyablement meurtrière tant la répression exercée par l’armée est féroce. Les militaires toujours secondés par ces gardes civiles, qui ont été aussi créées dans d’autres villes du Constantinois, commettent de vrais massacres. On estime, les chiffres sont très discutés, que pour un Européen tué, 100 Algériens ont péri.

Patrick Pesnot : Les dirigeants nationalistes algériens n’ont-ils pas alors été tenté de décréter une insurrection générale dans toute l’Algérie ?

Monsieur X : Ils y ont pensé, c’est certain, et ont rêvé à cette occasion d’embraser les départements algériens.

Patrick Pesnot : Une guerre d’indépendance, quoi ?

Monsieur X : Et les partisans de Messali Hadj étaient semble-t-il prêts à tenter l’aventure mais l’AML de Ferhat Abbas s’y est opposé et le PPA a renoncé.

Patrick Pesnot : À cause de l’ampleur et de la brutalité de la répression ?

Monsieur X : Vraisemblablement. Le résultat aurait été désastreux car les têtes des deux mouvements nationalistes auraient été éradiquées et de très nombreux militants seraient tombés. Cela aurait retardé le déclenchement de la vraie Guerre d’Algérie, qui ne commencera réellement qu’à la fin 1954.

Patrick Pesnot : À la Toussaint, puis surtout en 55 ?

Monsieur X : Oui. En outre, il est certain que le parti de Messali Hadj, même si beaucoup de ses militants avaient plongé dans la clandestinité, ne disposait pas d’une organisation telle qu’il aurait pu s’opposer efficacement aux forces françaises.

Patrick Pesnot : Autre question essentielle, pourquoi ces événements de Sétif et de Guelma ont-ils si peu intéressé la Métropole ?

Monsieur X : D’abord parce que les autorités coloniales ont imposé une stricte censure.

Patrick Pesnot : Silence on massacre.

Monsieur X : Ils ne voulaient pas que l’on prenne conscience de l’ampleur des exactions. La meilleure preuve, c’est la mission avortée du général Tubert. Ce militaire a été chargé par le gouverneur Châtaigneau de diriger une commission d’enquête sur les événements. Il est donc arrivé en Algérie fin mai. Et dès le lendemain, on lui a demandé de repartir pour la Métropole.

Patrick Pesnot : C’était pourtant le gouverneur d’Algérie qui l’avait appelé ?

Monsieur X : Ce général était sans doute trop curieux, il s’est donc attiré d’emblée l’hostilité de tous ceux qui avaient pris part aux massacres ou qui étaient compromis.

Patrick Pesnot : Qui avaient donc du sang sur les mains.

Monsieur X : Un seul fait, tiré d’un rapport de police, écoutez bien, vers la mi-mai, le préfet de Constantine, Lestrade-Carbonnel, rassemble dans la cour de la gendarmerie de Guelma tous ceux qui ont concouru à la répression : gardes civiques et forces de l’ordre, et il dit : « Je vous félicite et je couvre tout, mêmes les sottises. »

Patrick Pesnot : Ah, parce qu’il appelle ça des sottises, lui ?

Monsieur X : Les exécutions sommaires par exemple, oui. J’ajoute que ce trop curieux général Tubert était aussi franc-maçon, ce qui dans cette Algérie européenne, restée largement vichyssoise était un grave défaut.

Patrick Pesnot : Donc, on lui a fait comprendre qu’il fallait décamper ?

Monsieur X : Assez vite. N’empêche qu’il a quand même rédigé un rapport très instructif.

Patrick Pesnot : Concrètement, qui lui a ordonné de rentrer en Métropole ?

Monsieur X : Eh ben, le gouvernement français, c’est-à-dire le général de Gaulle. Alors, vous me questionnez sur le peu de réactions suscitées en Métropole. Les Français il faut bien le reconnaître avaient la tête ailleurs, c’était enfin la paix, et la population métropolitaine était surtout préoccupée par la question du ravitaillement. Et à ce propos il faut d’ailleurs observer que l’Algérie venait aussi de connaître une période de vaches-maigres : mauvaises récoltes, pluies de sauterelles, sécheresse, épidémies, des régions entières étaient touchées par la famine et cela concernait bien sûr en priorité les Indigènes.

Patrick Pesnot : Et d’après vous cela a pu jouer un rôle dans la révolte ?

Monsieur X : Très certainement. Les petits paysans principalement souffraient et leur ressentiment n’en a été que plus fort.

Patrick Pesnot : Et sur le plan politique, strictement politique, y-a-t-il eu des réactions ?

Monsieur X : Très peu. Je vous l’ai dit, en Métropole on pensait à autre chose. Et à gauche, là où les sentiments anticolonialistes auraient dû être les plus virulents, on s’est assez facilement contenté de la thèse officielle. Cette insurrection avait été fomenté par les nostalgiques de Vichy et de la collaboration, oui c’était d’autant plus facile à faire passer que le Troisième Reich avait sciemment mené une politique pro-musulmane et pro-arabe…

Patrick Pesnot : On a quand même vu quelques Nord-Africains dans les bancs de la sinistre Carlingue ?

Monsieur X : La Gestapo française ? Oui, Lafont Bonny ont en effet essayé de monter une brigade nord-africaine pour lutter contre la Résistance, essentiellement dans le Sud-ouest. Toutefois ils ont surtout recruté dans les bas-fonds et le milieu. Et puis cela ne peut pas faire oublier que dans leur immense majorité les populations autochtones de nos colonies ont choisi le camp de la France Libre.

Patrick Pesnot : En tout cas, selon vous, la gauche a avalé le bobard du complot des revanchards ?

Monsieur X : Les communistes en tête, c’est malheureusement vrai et c’est d’autant plus paradoxal qu’il y a vraiment eu un complot mais il ne venait pas du côté où on l’attendait.

Gilbert Meynier a consacré un ouvrage à l’histoire du FLN. À propos de la répression de 1945, il écrit ceci : « À Guelma, avec la complaisance active du sous-préfet Achiary, plusieurs centaines de gens furent ramassés par camions. Les prisonniers furent extirpés de la prison, après une parodie de jugement, plusieurs centaines furent exécutés près des fours à chaux d’Heliopolis et de Belkheir. Une rumeur insistante, encore bien vivante dans le Constantinois à la fin des années 60, parlait de cadavres brûlés dans des fours à chaux au lieu dit : El-Hadj M’Barek. Les zones insurgées furent quadrillées, les mechtas incendiées, les habitants pourchassés à la mitrailleuse, les cadavres sommairement enterrés. L’aviation, sous la responsabilité d’un ministre communiste, le grand Résistant et ancien mutin de la mer Noire, Charles Tillon, pilonna les Babors et plusieurs villages de la région de Guelma pendant que L’Humanité, le journal L’Humanité demandait la punition exemplaire des tueurs hitlériens de Sétif et tentait d’accréditer la thèse d’un complot fascistes. Le croiseur Duguay-Trouin depuis le cap Aokas pilonna les mechtas de la région de Kherrata. Dans les Babors, la répression pris la forme d’une humiliation systématique : 5000 paysans, regroupés sous la menace de mitrailleuses furent obligés de s’agenouiller devant le drapeau français et de demander pardon à la France en criant : Vive la France. Un colonel de la Légion obligea la population de plusieurs mechtas de se regrouper pour crier en cœur, prosterné, la face contre terre : Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien. » Une précision toutefois, dans une note, Gilbert Meynier affirme à propos de l’ancien chef des FTP, Charles Tillon, s’il désapprouva cet ordre de bombardement, il ne démissionna pas du gouvernement présidé par de Gaulle. Le livre de Meynier a été publié par Fayard.

Patrick Pesnot : Vous avez parlé de complot.

Monsieur X : En effet, je vais vous en donner la preuve. Auparavant, voyons comment cette terrible affaire s’est terminée. Le 20 mai, il est mis fin officiellement aux opérations militaires et les tribus insurgées font leur reddition, ce qui n’empêche pas la répression de se poursuivre dans des régions isolées et puis, même si l’ordre est rétabli, comme l’affirme le gouverneur Chataigneau, au début du mois de juin, il y a des suites judicaires.

Patrick Pesnot : Les insurgés arrêtés ?

Monsieur X : Oui, et ils sont des centaines et des centaines. Et certains, une toute petite centaine traduit, devant la justice militaire seront condamnés à mort.

Patrick Pesnot : Exécutés ?

Monsieur X : Vingt d’entre eux, oui. Une observation avant de poursuivre. Et ça, cela nous ramène au film <em<Indigènes. Beaucoup des futurs chefs du FLN ont combattus dans les rangs de l’armée française.

Patrick Pesnot : Ils ont donc contribué à libérer la France.

Monsieur X : Douze mille de ces combattants y ont laissé la vie. Aussi, lorsque ces jeunes gens sont revenus chez eux et qu’ils ont découvert les massacres qui ont suivis les événements de Sétif, cela a été un véritable choc pour eux.

Patrick Pesnot : L’origine de leur engagement dans les mouvements nationalistes ?

Monsieur X : Certainement ! Et leur radicalisation également. Et un homme l’a aussitôt compris, un général français, celui-là même qui a commandé les forces de répression, le général Duval. Il a affirmé, avec lucidité : « J’ai assuré la paix pour dix ans. ».

Patrick Pesnot : Cela voulait dire qu’au bout de ces dix ans une nouvelle insurrection se produirait ?

Monsieur X : Exactement ! Et remarquez-le, ce haut gradé ne s’est trompé que de deux ans et demi puisque le FLN ouvrira les hostilités fin 54.

Patrick Pesnot : Et pendant toutes ces années, le feu a couvé sous la cendre ?

Monsieur X : Évidemment ! Et les Européens de moins en moins rassurés se sont repliés progressivement vers les villes et le littoral.

Patrick Pesnot : Alors, il est peut-être maintenant temps de me parler de ce fameux complot que vous m’annonciez ?

Monsieur X : Tout à fait. Une observation d’abord, et pardon si je me répète. La population européenne d’Algérie était encore très imprégnée par l’idéologie vichyssoise. Et en Afrique du nord l’épuration avait été très douce, sinon inexistante.

Patrick Pesnot : Il y avait aussi des communistes, des socialistes dans les quartiers populaires d’Alger ?

Monsieur X : Il y a la gauche mais enfin ceux qui appartenaient à ce que j’appellerai le parti colonial avaient été généralement hostiles à de Gaulle.

Patrick Pesnot : Ils lui préféraient Giraud.

Monsieur X : Et Darlan. Et notez-le bien, le statut des Juifs encore plus restrictif que celui qui avait été adopté en métropole n’a guère suscité d’hostilité à Alger. C’est un euphémisme.

Patrick Pesnot : Il faut rappeler que l’abrogation du décret Crémieux faisait à nouveau des Juifs des Indigènes.

Monsieur X : Au même titre que les Musulmans, oui mais ne nous éloignons pas trop quand même. Des membres éminents du parti colonial ont eu très peur du réveil du nationalisme algérien. Un homme surtout, qui va jouer un rôle de premier plan.

Patrick Pesnot : Qui ?

Monsieur X : Le secrétaire général du gouverneur, Pierre-René Gazagne. Un homme qui a passé son enfance en Algérie et y a même fait ses études.

Patrick Pesnot : Il est donc attaché à l’Algérie ?

Monsieur X : C’est évident. Membre de plusieurs cabinets ministériels, il a fait un passage remarqué au commissariat aux affaires juives à Alger et il a appliqué sans états d’âme les consignes de Vichy, ce qui ne l’empêchera pas plus tard de recevoir la Médaille de la Résistance. Enfin, passons. Préfet des Landes, sous l’Occupation, il revient donc ensuite à Alger où il occupe ce haut poste près du gouverneur Chataigneau, un gouverneur avec lequel il ne s’entend guère.

Patrick Pesnot : Pour quelles raisons ?

Monsieur X : Chataigneau a la réputation d’être libéral, et même, quelle horreur, d’être plutôt bienveillant avec les Indigènes, et cela lui vaut aussitôt l’hostilité de son secrétaire général du plan colonial, très présent dans l’administration où l’on est volontiers raciste tandis que ce même parti colonial encense Gazagne en qui on voit un protecteur et le garant d’une politique de rigueur et d’autorité à l’égard des Indigènes.

Patrick Pesnot : Mais alors pourquoi Chataigneau ne se débarrasse-t-il pas de Gazagne ?

Monsieur X : Mais parce que ce dernier connaît parfaitement l’Algérie qu’il a parcourue autrefois de long en large.

Patrick Pesnot : Ah, oui, l’homme indispensable, quoi ?

Monsieur X : C’est aussi l’opinion du ministre de l’intérieur, André Texier, qui pourtant en tant que socialiste se méfie de la tendance de Gazagne à toujours préférer le bâton à la carotte.

Patrick Pesnot : Si je comprends bien, Gazagne peut donc en quelque sorte servir de contrepoids au trop libéral Chataigneau ?

Monsieur X : Au trop faible Chataigneau, vous voulez dire, c’est aussi l’avis des militaires. Vous savez bien, les Indigènes ne peuvent être gouvernés qu’avec autorité et sévérité.

Patrick Pesnot : Oh, oui, c’est le seul langage qu’ils comprennent !

Monsieur X : Or, justement en cette première moitié de l’année 1945, ils s’agitent et Churchill et Roosevelt en adoptant cette Charte sur le droit des peuples à l’autodétermination n’ont fait que leur monter la tête. Par conséquent, il faut frapper un grand coup pour extirper le mal.

Patrick Pesnot : Le mal indépendantiste.

Monsieur X : Bien entendu, il faut crever l’abcès. Et c’est ainsi que naît l’idée du complot.

Patrick Pesnot : Ça consiste exactement en quoi le complot ?

Monsieur X : Il s’agit de pousser les Algériens à la faute.

Patrick Pesnot : Et de les inciter à descendre dans la rue ?

Monsieur X : Puis ensuite à la faveur de la répression qui doit être la plus dure possible non seulement on se débarrassera de pas mal d’agitateurs mais on leur fera aussi peur pour très longtemps.

Patrick Pesnot : Ils hésiteront après à revendiquer ?

Monsieur X : C’est à peu près ça.

Patrick Pesnot : Et qui fait partie de ce complot ?

Monsieur X : Gasagne, bien sûr, mais aussi ce préfet de Constantine dont je vous ai déjà parlé, et puis naturellement Achiary. Mais les grandes voix de la communauté pied-noire, comme le directeur de L’Écho d’Alger, Alain de Sérigny, s’ils n’en sont pas concrètement ne doivent guère en être éloignés. Puis, bien sûr, les comploteurs disposent de relais dans la haute administration et dans l’encadrement des forces de l’ordre. Mais avant, il faut allumer la mèche.

Patrick Pesnot : C’est-à-dire ?

Monsieur X : Je vous explique. D’abord il y a certainement une tentative d’infiltration chez les militants les plus durs du PPA, à qui on a fait croire qu’il était temps d’agir, de bousculer des dirigeants nationalistes trop attentistes.

Patrick Pesnot : Ferhat Abbas, par exemple ?

Monsieur X : Et même Messali Hadj, fin politique, donc trop prudent. Ensuite, profitant d’un déplacement de Chataigneau à Paris, les comploteurs se sont servis d’un incident, relativement mineur, la tenue d’une réunion de quelques nationalistes dans un lieu privé. Gazagne envoie contre eux des gendarmes qui sont repoussés manu militari. Ce premier incident est suivi par un second où c’est le préfet d’Alger qui est un peu malmené. Pour Gazagne et ses amis, ça suffit.

Patrick Pesnot : Ça signifie quoi ?

Monsieur X : Messali accusé de sédition est arrêté et plusieurs autres militants sont inculpés de rébellion. Quand Chataigneau revient à Alger, il est trop tard.

Patrick Pesnot : Messali va même être exilé, m’avez-vous dit, en Afrique noire, hein ?

Monsieur X : En effet. Sa seule présence sur le territoire algérien est jugée trop dangereuse. Quoi qu’il en soit, la nouvelle de l’arrestation de Messali Hadj provoque une immense émotion dans les milieux algériens. Le reste est prévisible. Quand les nationalistes vont descendre dans la rue pour célébrer la fête du travail puis la victoire, ils demanderont forcément la libération de Messali, malgré l’interdiction des pancartes politiques. Et pour être bien sûr que l’affaire dégénérera, il y aura encore ces meurtres en début de cortège.

Patrick Pesnot : À Sétif puis à Guelma. Alors, la colère des manifestants indigènes qui vont assassiner des Européens était prévue ?

Monsieur X : Je le pense. Même si Gazagne n’avait certainement pas prévu une réaction aussi brutale.

Patrick Pesnot : Il y avait donc en quelque sorte préméditation ?

Monsieur X : Je le pense, oui. Quant à Ferhat Abbas, il a été arrêté le matin même du 8 mai 1945 dans l’antichambre du gouverneur qui s’apprêtait à le recevoir.

Les événements de Sétif sont revenus au premier plant de l’actualité en février 2005. Alors que l’Assemblé nationale discutait de la loi, très contestée, sur le rôle positif de la colonisation, l’ambassadeur de France, en déplacement à Sétif, a reconnu, au nom de notre pays, que le massacre était inexcusable. C’était la première fois qu’un représentant officiel de la République française reconnaissait la réalité des faits et employait des mots aussi fort que : massacre et tragédie inexcusable.

Enfin, je voudrais vous recommander trois livres relatant ces événements : « Chroniques d’un massacre », de l’historien algérien, Boucif Mekhaled, chez Syros ; « Aux origines de la guerre d’Algérie », d’Annie Rey-Goldzeiguer, à La Découverte, et l’ouvrage le plus récent : « Sétif 1945, Histoire d’un massacre annoncé », de Jean-Louis Planche, paru en 2006 chez Perrin. Et plus généralement aussi, les nombreux ouvrages que Benjamin Stora a consacrés à cette Algérie où il est né, dont le dernier : « Les trois exils, Juifs d’Algérie », Benjamin Stora, chez Stock. Autant de livre dont vous pourrez retrouver les références sur franceinter.com.


Bibliographie signalée sur le site de l’émission

 « Aux origines de la guerre d’Algérie, 1940-1945 », Annie Rey-Goldzeiguer, Ed. La Découverte (textes à l’appui), 2002.

 « Histoire intérieure du FLN », Gilbert Meynier, Ed. Fayard, 2002.

 « Chroniques d’un massacre, 8 mai 1945 : Sétif, Guelma, Kherrata », Boucif Mekhaled, Ed. Syros, 1995.

 « Sétif 1945, Histoire d’un massacre annoncé », Jean-Louis Planche, Ed. Perrin, 2006.

 « Les trois exils, Juifs d’Algérie », Benjamin Stora, Ed. Stock, 2006.

 « La guerre d’Algérie : 1954-2004, la fin de l’amnésie », Benjamin Stora et Mohammed Harbi, Ed. Robert Laffont, 2004.


Contribution de GD : Pour aller plus loin, voire :

Le texte de la Charte de l’Atlantique

 Sur le site de l’ONU

 Sur le site de l’AIDH

En anglais : 1 et 2

Sur le Manifeste

 La colonisation française en Algérie vue par les colonisés à travers une lecture du Manifeste de mars 1943

 Le PCF et la question algérienne, un texte de Jean-Pierre Vernant :

Des notes diplomatiques

 les documents britanniques
et suisses 1 et 2

En plus de la bibliographie du site France Inter :

La communication de Mekhaled Boucif « La répression de mai 1945 dans le Constantinois » au colloque Pour une histoire critique et citoyenne - Le cas de l’histoire franco-algérienne

Messages

  • 1 27 décembre 2010, 18:40, par David Wynot

    Il manque à la bibliographie de France-Inter, le livre ou le rapport de Germaine Tillon qui insiste, en plus, sur le rôle des mauvaises récoltes et de la famine.

    C’est tout de meme très bien documenté et raconté. Je l’avais entendu en direct mais je l’ai relu avec émotion. Merci

    David de Constantine

    • 1 27 décembre 2010, 19:24, par tinhinane

      Merci pour votre message.

      Comme vous pouvez le constater, GD a signalé de pertinentes ressources complémentaires. De votre côté, vous signalez un texte de Germaine Tillion, si vous avez plus d’éléments n’hésitez pas à revenir nous les indiquer elles seront assurément fort utiles pour les Internautes.

      Vous pouvez, si vous le souhaitez lire les cinq entretiens d’« À voix nue » avec Germaine Tillion, diffusés en janvier 1997 et repris en avril 2008 dans un programme de France Culture en hommage à Germaine Tillion, décédée le samedi 19 avril 2008.
      Voir le lien ici : http://www.fabriquedesens.net/A-voix-nue-avec-Germaine-Tillion ?



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